Les manifestations anti-Israël font du centre de Londres une « zone interdite aux Juifs », dit un responsable britannique
Robin Simcox parle d'un "environnement favorable à la radicalisation" alors que de nombreux Juifs britanniques évitent le centre de la capitale le samedi par crainte de violences

Les rues du centre de Londres sont devenues « zone interdite aux Juifs le week-end » en raison des manifestations anti-Israël de grande ampleur organisées chaque semaine par des manifestants pro-palestiniens, a déclaré le chef de la lutte contre le terrorisme au Royaume-Uni.
Ces manifestations donnent lieu à des slogans anti-Israël et à des arrestations. Malgré tout, nombreux sont les membres de la communauté juive britannique qui estiment que le maintien de l’ordre ne suffit pas.
Dans un éditorial publié jeudi dans The Telegraph, Robin Simcox a évoqué l’atmosphère qui règne en Grande-Bretagne depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre, marquée par un « fort regain » de l’antisémitisme au Royaume-Uni.
« Des discours provocants, dans les limites de la légalité, sont publiés sur les réseaux sociaux. Avec un sentiment que la menace terroriste avance », a écrit Simcox.
Les manifestations sont de plus en plus bruyantes et le slogan ‘Du fleuve à la mer’ a été diffusé non loin de Big Ben au moment d’un vote au Parlement sur Gaza. Plus encore qu’auparavant, les députés craignent pour leur sécurité », a-t-il écrit, rappelant le slogan que ses critiques qualifient d’appel au génocide et à la destruction d’Israël.
Le haut-fonctionnaire de la police faisait sans doute notamment allusion à la récente décision du député du Parti conservateur Mike Freer – fervent partisan d’Israël – de ne pas se représenter cette année, en raison de « graves menaces » sur sa sécurité.

D’importantes manifestations ont eu lieu à Londres, quasiment chaque samedi depuis que la guerre a éclaté, le 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes du Hamas se sont livrés à des atrocités et des agressions sexuelles dans le sud d’Israël, avant d’assassiner près de 1 200 personnes, essentiellement des civils, et d’emmener 253 otages à Gaza, pour moitié encore en captivité.
Chaque semaine, lors de ces manifestations londoniennes, des dizaines de milliers de personnes lancent des appels à l’« intifada » – le soulèvement – ou scandent des slogans favorables à la destruction d’Israël, à l’instar de « Nous ne voulons pas de deux États, Palestine 48 ».
Certaines de ces manifestations ont été émaillées de propos de personnes glorifiant le Hamas, d’incidents ou encore de chants antisémites.
Depuis l’attaque terroriste dévastatrice menée par le Hamas et le début de la guerre, les Juifs britanniques se disent victimes d’agressions verbales de la part de certains partisans pro-palestiniens.
En janvier, employés et clients d’un supermarché casher familial de Golders Green ont repoussé un agresseur armé d’un couteau qui leur a demandé : « Soutenez-vous Israël ou la Palestine ? »
Nombre d’attaques antisémites ont été rapportées contre des personnes arborant des photos d’otages du Hamas ou parlant hébreu dans la rue.

Simcox a écrit : « Toutes ces choses – et bien d’autres encore – sont désormais monnaie courante au Royaume-Uni », ce qu’il impute à l’émergence d’un « environnement permissif envers la radicalisation » qui, selon lui, doit être immédiatement combattu.
Il accuse par ailleurs l’Iran de financer des écoles et mosquées britanniques, et explique que les Frères musulmans et le Hamas soutiennent des organisations caritatives et chaînes de télévision actives au Royaume-Uni.
« Ce n’est pas trahir la démocratie que d’empêcher les extrémistes d’exploiter des chaînes de télévision », a-t-il déclaré. « Ne plus laisser Londres se transformer en zone interdite aux Juifs le week-end ne fera pas davantage de nous un État autoritaire. »

Dans son éditorial, Simcox se réjouit des initiatives prises par son gouvernement pour lutter contre l’extrémisme sur le sol britannique, mais l’invite également à s’en prendre « aux activités des groupes qui propagent des récits extrémistes tout en se maintenant juste en dessous du seuil du terrorisme », comme certaines institutions religieuses ou éducatives.
Le chef du groupe de sécurité juif britannique CST a réagi à cet éditorial en déclarant à la BBC que lui-même – et d’autres Juifs de Londres – évitait le centre-ville par crainte d’incidents violents en marge des manifestations anti-Israël et pro-palestiniennes.
« Je ne vais pas en ville lors des manifestations », a déclaré le directeur général de CST, Mark Gardner, cité par le journal britannique Jewish News.

Le mois dernier, le CST, qui documente l’antisémitisme au Royaume-Uni depuis 40 ans, a annoncé un nombre record d’incidents antisémites en 2023, ceux enregistrés depuis le 7 octobre dépassant de loin les chiffres des 40 dernières années.
Au début, ces incidents semblaient liés aux célébrations des attaques du Hamas et non à la colère envers la riposte militaire d’Israël à Gaza, explique le CST dans ses données.
Avant cette année, le record d’incidents antisémites en Grande-Bretagne avait été enregistré en 2021, dans le contexte d’une guerre de 11 jours entre Israël et le Hamas.