Les proches d’ex-otages utilisent le crowdfunding pour pallier le manque d’aides publiques
Un député de l'opposition estime "honteux" que les ex-otages doivent demander au grand public de compléter les aides ; le cabinet de Netanyahu assure qu'ils n'en ont pas besoin

Plusieurs otages récemment libérés et leurs proches ont fait appel à la générosité de la population israélienne dans le but de compléter les aides et allocations publiques que touchent les ex-otages de Gaza pour gérer leurs soins, à leur retour.
La chaîne N12 et le site d’information Ynet ont indiqué, dimanche, que les familles de plusieurs otages libérés dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas ont lancé des campagnes de financement participatif en ligne pour financer les soins et autres dépenses requises durant la convalescence de leurs proches.
Ces deux sources donnent le détail des aides publiques que touchent les ex-otages et leurs proches sans faire l’impasse sur les manques que les familles tentent de combler en faisant appel à la générosité publique.
Selon la chaîne N12, c’est, au sein du cabinet du Premier ministre, la direction des otages, des personnes disparues et des rapatriés qui octroie aux ex-otages une carte de débit créditée de 10 000 shekels ainsi qu’une « aide à des fins d’organisation » de 50 000 shekels. En outre, chaque otage reçoit une année d’indemnités d’invalidité médicale complète calculée sur la base de son salaire d’avant-guerre.
L’État accorde par ailleurs des aides au logement de plus de 250 000 shekels pour l’achat d’un premier logement, une assistance qui est assorti de prêts complémentaires allant jusqu’à 600 000 shekels. Les ex-otages qui ne peuvent pas revenir chez eux, dans les communautés frontalières de Gaza, ont droit à une aide au logement spéciale.

Les otages percevront une aide spécifique pour des thérapies de santé mentale à hauteur de 6 000 shekels par an et l’Institut national d’assurance prendra intégralement en charge les traitements médicaux exclus des forfaits d’assurance des ex-otages durant trois ans.
Ils auront également droit à des aides pour l’achat d’un véhicule, à des déductions sur leurs impôts fonciers et sur leurs factures d’électricité, ainsi qu’à des services de réadaptation professionnelle et des aides à la reprise d’études universitaires.
Les familles des otages ont, pour leur part, droit à 4 500 shekels pour des services d’aide à domicile. Elles peuvent également solliciter 2 000 shekels pour couvrir les frais de déplacements pendant les trois premiers mois suivant la libération de leurs proches.
Selon Ynet, les familles d’Arbel Yehoud, Eli Sharabi et Ohad Ben Ami, revenus en Israël ces dernières semaines après 500 jours de captivité à Gaza, ont toutes lancé des collectes sur des sites de financement participatif en ligne.
S’agissant de Sharabi, dont la femme et la fille ont été assassinées lors de l’attaque brutale du Hamas, le 7 octobre 2023, et du pogrom qui a fait plus de 1 200 morts et déclenché la guerre à Gaza, ses proches ont créé une page de collecte de fonds afin de réunir un million de shekels.
Sharabi et son frère, Yossi, font partie des 251 personnes qui avaient été enlevées par le Hamas et par d’autres groupes terroristes, le 7 octobre 2023. Sa maison du kibboutz Beeri a été détruite lors de l’attaque. Son frère est mort en captivité aux mains du Hamas, probablement à la suite d’une frappe de Tsahal.

En à peine 24 heures, leur campagne a permis de récolter plus de 2,4 millions de shekels.
« Eli revient à la vie – et nous sommes là avec lui pour lui construire un nouvel avenir », peut-on lire dans la campagne de financement, ajoutant que Sharabi « est revenu dans un monde difficilement imaginable ».
« Nous ne pouvons pas changer le passé, mais nous pouvons donner à Eli un nouveau départ : un rétablissement physique et émotionnel, une vie pleine de sens, un véritable soutien – c’est entre nos mains », affirme le texte qui accompagne la campagne de financement participatif.
« C’est un projet tout récent », explique à la chaîne N12 Sharon Adan, un ami proche de Sharabi, à l’origine de cette collecte de fonds.
« Nous nous sommes aperçus que l’on n’avait pas une idée très précise de ses besoins à l’avenir, que ce soit sur le plan médical ou au sujet de de sa réadaptation à cette vie », ajoute-t-il en précisant qu’il importe de lui assurer son avenir financier et de faire en sorte qu’il ne connaisse pas de difficultés financières.

Les familles de Yehoud et Ben Ami ont collecté respectivement 600 000 et 760 000 shekels.
En réponse aux informations faisant état d’un appel à la générosité publique en faveur des ex-otages, la députée démocrate Naama Lazimi a fait part de son intention d’ouvrir le débat sur la question à la Knesset. Elle a ajouté que, selon elle, l’aide aux ex-otages et à leurs familles devait être intégralement à la charge de l’État.
« C’est honteux qu’ils soient obligés de lever des fonds dans leur situation », a déclaré Lazimi à la chaîne N12. « L’État doit faire preuve de générosité et assumer son obligation de prendre en charge leur complet rétablissement. »
Les ex-otages et leurs familles « ont besoin d’une aide sur mesure qui aille au-delà des prestations que l’État fournit actuellement », a-t-elle ajouté.

Le député Yitzhak Kroizer, membre du parti d’extrême droite Otzma Yehudit à l’origine de travaux, à la Knesset, relatifs à l’indemnisation des otages et de leurs familles, a dit à la chaîne N12 être en contact avec les familles de certains otages au sujet d’une éventuelle extension du programme d’indemnisation.
Le bureau de Kroizer a déclaré que le parlementaire « travaille sans relâche pour augmenter l’aide aux familles des otages suivant leurs besoins », par exemple en plaisant en faveur de « nouveaux amendements législatifs » lorsque cela s’avère nécessaire.
La direction des otages, au sein du cabinet du Premier ministre, a réagi au reportage de la chaîne N12 sur les programmes d’aides en disant : « L’État d’Israël mobilise des sommes importantes pour le rétablissement des otages de retour afin d’éviter que les familles ne doivent le financer par des dons. »

Sur les 251 otages enlevés le 7 octobre 2023, soixante-dix restent en captivité à Gaza. Dix-neuf otages israéliens ont été libérés jusqu’à présent dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur le mois dernier : quatre femmes civiles, cinq femmes soldats de Tsahal et 10 civils masculins. En outre, cinq otages thaïlandais ont été libérés en dehors du cadre de l’accord avec Israël.
Il est prévu que 14 otages israéliens de plus – dont huit sont morts, selon le groupe terroriste – soient libérés dans le cadre de la phase initiale de la trêve avec le Hamas. Le groupe terroriste avait libéré 105 civils à la faveur d’une trêve d’une semaine, fin novembre 2023, et quatre autres avaient été libérés auparavant.
Huit otages vivants ont été secourus par des soldats et les corps de 40 otages ont été retrouvés – dont trois qui avaient été tués par erreur par l’armée israélienne alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.
Le Hamas détient par ailleurs deux civils israéliens entrés de leur plein gré dans la bande de Gaza respectivement en 2014 et 2015, ainsi que le corps d’un soldat israélien tué en 2014. Le corps d’un autre soldat de Tsahal, lui aussi tué en 2014, a été retrouvé à Gaza en janvier dernier.