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Analyse

Les rebelles en Syrie profitent des succès d’Israël contre un axe iranien affaibli

L'avancée fulgurante d'une force djihadiste anti-Assad sur Alep pourrait être le début d'un soulèvement plus large contre Téhéran et ses mandataires

Des combattants anti-gouvernement brandissant des drapeaux de l'opposition dans la ville d'Alep, au nord de la Syrie, le 30 novembre 2024, dans le cadre d'une offensive éclair contre les forces du gouvernement soutenu par l'Iran et la Russie. (Crédit : Omar Haj Kadour/AFP)
Des combattants anti-gouvernement brandissant des drapeaux de l'opposition dans la ville d'Alep, au nord de la Syrie, le 30 novembre 2024, dans le cadre d'une offensive éclair contre les forces du gouvernement soutenu par l'Iran et la Russie. (Crédit : Omar Haj Kadour/AFP)

Les rebelles syriens, menés par le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ont surpris le régime du dictateur syrien Bashar el-Assad et les observateurs en lançant la semaine dernière une offensive qui leur a permis de s’emparer en 72 heures de la ville d’Alep, deuxième ville la plus peuplée après Damas, la capitale, après des années d’impasse stratégique.

Ils n’auraient sans doute pas dû être aussi stupéfaits.

Les affrontements entre les forces syriennes et les groupes d’opposition dans le nord-ouest du pays se sont récemment multipliés. Ils ont fait des victimes civiles et ont été considérés par les rebelles comme une violation de l’accord de cessez-le-feu de 2019 entre la Russie, qui soutient le régime Assad, et la Turquie, qui soutient certains groupes rebelles dans le nord.

Depuis des années, le HTS renforce ses capacités militaires en prévision d’une telle offensive.

« Le groupe gère une académie militaire professionnelle dirigée par des transfuges de l’armée syrienne, et il a restructuré son aile armée en une structure de force armée conventionnelle », a écrit Charles Lister, expert de la Syrie au Middle East Institute. « Ces dernières années, il [le HTS] a également développé des unités de ‘forces spéciales’ vouées aux opérations secrètes, aux raids éclairs derrière les lignes ennemies et aux opérations nocturnes. »

Mais la première raison du succès de l’offensive rebelle et de l’effondrement des forces du régime est l’efficacité des opérations militaires menées par Israël contre le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah et l’Iran depuis le 8 octobre 2023, au lendemain du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas dans le sud d’Israël.

Des personnes en deuil portant les cercueils des terroristes du Hezbollah, tués lors des combats contre les troupes israéliennes au cours des deux derniers mois de guerre, lors de leur procession funéraire, dans le village de Maarakeh, au sud du Liban, le 29 novembre 2024. (Crédit : Hussein Malla/AP)

« Cette date n’est pas une coïncidence », a déclaré au Times of Israel Carmit Valensi, responsable du programme « Northern Arena » à l’Institut d’études de sécurité nationale de Tel Aviv.

« Ils identifient bien la situation de faiblesse dramatique, voire historique, dans laquelle se trouve ‘l’axe de la résistance’, principalement le Hezbollah et l’Iran », a-t-elle ajouté.

Certains terroristes du Hezbollah et des milices chiites soutenues par l’Iran ont été transférés de Syrie au Liban pour faire face à l’opération terrestre israélienne en octobre. Des milliers d’autres ont été tués et blessés par les raids aériens israéliens, les forces terrestres et les opérations spéciales, comme les raids stupéfiants de septembre, au cours desquels des milliers de bipeurs du Hezbollah ont explosé sur leurs détenteurs…

L’Iran est dans une position de repli défensif, ayant perdu ses deux menaces de dissuasion les plus efficaces contre Israël, le Hamas et le Hezbollah, et subi des préjudices importants lors du raid aérien israélien du 26 octobre sur l’Iran, en réponse à la deuxième attaque directe de missiles balistiques du régime contre l’État hébreu le 1er octobre.

Illustration : Un char arborant le drapeau du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, dans la zone de Qara, dans la région de Qalamoun, en Syrie, le 28 août 2017. (Crédit : Louaï Beshara/AFP)

Pour ne rien arranger à la situation du gouvernement Assad, si le Hezbollah est affaibli, la Russie l’est tout autant. Depuis près de trois ans, elle se concentre sur la longue lutte contre l’Ukraine et réduit ses troupes et ses moyens en Syrie.

De plus, avec l’entrée en fonction de l’administration de Donald Trump qui se fera dans quelques semaines, l’Iran sera probablement confronté à des sanctions accrues et à une pression plus forte sur son économie mise à mal.

Un haut membre d’un groupe rebelle syrien a déclaré dimanche à la chaîne N12 que l’offensive surprise lancée contre l’armée syrienne la semaine dernière a coïncidé avec le début d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah au Liban, après que les rebelles ont estimé que les éléments du groupe terroriste chiite libanais soutenu par l’Iran pourraient fuir vers la Syrie en traversant la frontière du Liban.

L’officier, identifié par la chaîne N12 sous la seule lettre « Y », a affirmé que la reprise des combats contre les forces d’Assad est nécessaire pour s’assurer que « les membres du Hezbollah du Liban, qui sont venus en Syrie et ont soutenu le régime Assad, ne disposeront pas d’un point d’ancrage permanent ».

Un officier de la police militaire russe montant la garde sur la base aérienne russe de Hemeimeem, en Syrie, avec un avion de renseignement électronique Il-20 de l’armée de l’air russe à l’arrière-plan, le 4 mars 2016. (Crédit : AP)

Selon lui, le groupe rebelle a compris la nécessité de cette offensive. « C’était le bon moment » pour la mener à bien.

« Nous ne les laisserons pas [les mandataires de l’Iran] combattre dans nos régions, et nous ne permettrons pas aux Iraniens de s’y installer et de soutenir les milices iraniennes pour mener des actions hostiles contre les régions que nous avons libérées, qu’il s’agisse d’Idlib ou de la province d’Alep », a ajouté l’officier rebelle.

Il a affirmé que le rêve des rebelles est de « renverser le régime Assad et de créer un climat pour tous les Syriens, quelles que soient leurs ethnies et leurs nationalités », et d’établir des relations solides « avec tous les pays voisins ».

« Ce sera un pays fondé sur l’égalité et la justice pour tous les citoyens syriens sans exception, où règneront la paix et la sécurité avec l’ensemble de la région, y compris avec Israël », a-t-il déclaré à la chaîne N12.

Le commandant rebelle n’a pas caché le lien entre l’offensive et le succès militaire d’Israël.

« Nous avons examiné l’accord [de cessez-le-feu] avec le Hezbollah et nous avons compris que le moment était venu de libérer nos terres », a déclaré l’officier. « Cette opération était cruciale. Nous ne laisserons pas le Hezbollah combattre dans nos régions et nous ne laisserons pas les Iraniens s’y implanter. »

Le chef de l’opposition syrienne en exil, Fahad al-Masri, s’est également adressé à la chaîne N12. Il exhorte Israël à agir contre l’Iran pour soutenir les groupes rebelles syriens.

Des portraits du dictateur syrien Bashar el-Assad (à droite) et du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, devant des Palestiniens assis à l’entrée du camp de Yarmuk pour les réfugiés palestiniens, au sud de Damas, lors d’une livraison d’aide humanitaire fournie par l’Iran dans le cadre du ramadan, le 26 mars 2024. (Crédit : Louaï Beshara/AFP)

« Nous appelons les dirigeants israéliens à lancer des attaques intensives contre les positions et les troupes des milices soutenues par l’Iran sur le territoire syrien. Des sites à Homs, à Damas et à la frontière libanaise devront être frappés. Cela permettra de débarrasser le territoire syrien de la présence libanaise, des armes du Hezbollah et des tentacules de la pieuvre iranienne. »

Toutefois, il est peu probable que cette offensive suffise à elle seule à provoquer la chute d’Assad. Le HTS aura besoin d’autres groupes pour mener des attaques, en particulier à partir du sud de la Syrie. Ils devront également apprendre à coopérer, ce qu’ils n’avaient pas réussi à faire au plus fort de la guerre civile, il y a près de dix ans.

Par ailleurs, rien ne garantit que les récents succès se poursuivront, surtout si l’Iran, la Russie et le Hezbollah prennent conscience de la menace et trouvent les moyens de mobiliser des ressources suffisantes pour contrer cette attaque.

« Si c’est le cas, nous pourrions assister à une fin très rapide », a estimé Valensi.

Illustration : De la fumée s’élevant à la suite d’une explosion dans la province syrienne de Quneitra, alors que les rebelles syriens affrontent les forces du régime du dictateur syrien Bashar el-Assad, vue du plateau du Golan en 2014. (Crédit : Ariel Schalit/AP)

La disparition du régime Assad serait une aubaine énorme et inattendue pour Israël : le prochain pilier de la façade iranienne dans la région à s’effondrer. Elle se concrétiserait au moment où Israël se concentre, dans le nord, sur l’empêchement du Hezbollah de se réapprovisionner en armes, dont la majeure partie est acheminée vers le Liban via la Syrie.

S’adressant au Times of Israel, un fonctionnaire israélien a refusé de dire si Israël considérait le succès des rebelles comme un développement positif, notant seulement qu’Israël « est très attentif à ce qui se passe en Syrie et est prêt à faire face à n’importe quel scénario ».

Si les rebelles parviennent à faire tomber Assad, les menaces ne manqueront pas.

« La chute du régime pourrait créer le chaos, et l’on ne sait pas très bien qui gouvernerait dans ce pays », a déclaré Valensi.

« Il n’y aura pas d’interlocuteur qui plaise à Israël, avec lequel on puisse discuter par la force militaire ou par d’autres méthodes. »

Selon les estimations, Israël ne s’impliquerait directement que s’il voyait des armes chimiques syriennes tomber entre de mauvaises mains ou si le plateau du Golan se voyait menacé.

Quelle que soit l’issue des événements, que la Russie et l’Iran trouvent un moyen d’endiguer l’avancée des rebelles ou que le HTS déclenche une vaste offensive contre le régime, le moment choisi et le succès de l’attaque révèlent l’érosion de la position iranienne. Des années durant, Téhéran a été la force la plus agressive de la région, et les attaques de ses mandataires ont effrayé les États du Golfe pro-Occident, en les incitant à entamer un dialogue diplomatique avec Téhéran.

Avec son assaut barbare et sadique du 7 octobre, le Hamas pensait provoquer un déluge de violence contre Israël de la part de l’axe iranien. Au lieu de cela, Israël est passé à l’offensive stratégique contre l’Iran, et il n’est pas impossible que le groupe terroriste palestinien ait, par inadvertance, déclenché un raz-de-marée contre ses protecteurs à Téhéran.

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