Les violences à Amsterdam s’ajoutent aux complications rencontrées par le football israélien depuis le début de la guerre

Les violences organisées qui ont pris pour cible les supporters du Maccabi Tel Aviv à Amsterdam, jeudi soir, inquiètent profondément de nombreux Israéliens, qui craignent pour la sécurité de leurs clubs et de leurs supporters lorsqu’ils sont appelés à se déplacer à l’étranger.

Ce qui vient s’ajouter à la situation déjà compliquée qui est celle du football israélien depuis le début de la guerre qui oppose l’État juif au Hamas à Gaza – avec notamment l’interdiction faite à Israël d’accueillir des matchs internationaux à domicile et dans un contexte de pressions constantes, de la part des Palestiniens, qui visent à bannir totalement les équipes israéliennes des événements mondiaux et de la planète football en général.

Les équipes israéliennes continuent à s’affronter dans le cadre de rencontres nationales, malgré la guerre. Mais l’instance du football au niveau européen, l’UEFA, a statué qu’en raison du conflit en cours, l’État juif ne pouvait plus accueillir de matchs internationaux.

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Les soutiens de la campagne lancée par les Palestiniens, qui cherchent à faite interdire Israël de toutes les compétitions internationales, ont essayé de faire une équivalence entre l’invasion de l’Ukraine par les forces de Vladimir Poutine et le conflit qui oppose Israël au groupe terroriste du Hamas à Gaza. Un conflit qui avait éclaté dans le sillage du pogrom commis par le Hamas, le 7 octobre 2023 – les hommes armés avaient massacré plus de 1 200 personnes, des civils en majorité, dans le sud d’Israël, kidnappant également 251 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza.

La FIFA et l’UEFA avaient suspendu l’équipe nationale russe de toutes leurs compétitions, quelques jours après l’invasion de l’Ukraine.

Sports et guerre

Les équipes israéliennes ont joué leurs matchs à domicile en Hongrie, en Serbie et à Chypre. Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán entretient des liens étroits avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et il s’enorgueillit depuis longtemps d’être à la tête d’un pays, la Hongrie, qui serait actuellement la nation européenne la plus sûre pour les Juifs. Il a interdit les manifestations pro-palestiniennes et anti-israéliennes, estimant qu’elles constituent une menace pour la sécurité.

En Ligue des Nations masculine, l’équipe nationale d’Israël a disputé tous ses matchs à domicile, cette saison, au stade Bozsik de Budapest.

Une supportrice du club de football israélien Maccabi Tel-Aviv est accueillie par un membre de sa famille à l’aéroport Ben Gurion à son retour d’Amsterdam, où des attaques organisées ont visé des fans, le 8 novembre 2024. (Crédit : Jack Guez/AFP)

Le Maccabi Tel-Aviv – la seule équipe israélienne masculine à s’être qualifiée pour les championnats européens des clubs, cette saison – a joué ses matchs à domicile à Szombathely, en Hongrie, et à Belgrade, en Serbie.

Une question aussi sur les matches à l’extérieur

La Belgique avait refusé d’accueillir une rencontre de la Ligue des nations masculine contre Israël, au mois de septembre. Le match avait finalement eu lieu en Hongrie, en l’absence totale de spectateurs dans le stade. D’autres matchs à l’extérieur se sont déroulés sans incident – mais les violences survenues à Amsterdam pourraient changer les choses – et pas seulement pour le football.

Le Conseil de sécurité nationale israélien a exhorté les Israéliens à ne pas assister à un match de basket où devait s’illustrer le Maccabi Tel Aviv, un match qui était prévu dans la journée de vendredi à Bologne, en Italie. L’objectif était d’éviter « autant que possible d’arborer des signes d’identification israéliens ou juifs ». La police italienne avait fait savoir, de son côté, que la sécurité avait été renforcée pour cette compétition, à la fois pour les fans et pour les joueurs de l’équipe.

Même avant les violences extrêmes d’Amsterdam, l’UEFA avait annoncé que le prochain match de l’équipe de football du Maccabi en Ligue européenne – une rencontre qui devait avoir lieu à Istanbul contre le Besiktas, le 28 novembre – se disputerait en lieu neutre « suite à une décision des autorités turques ».

Scènes de violence anti-Israël et antisémite, dans les rues d’Amsterdam, le 8 novembre 2024. (Crédit : Capture d’écran X ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Le président turc Recep Tayyip Erdogan est l’un des critiques les plus virulents d’Israël et l’un des principaux soutiens du Hamas.

Le prochain match à l’extérieur de l’équipe nationale israélienne de football se déroulera dans le cadre de la Ligue des Nations, jeudi. Elle rencontrera la France au Stade de France, en banlieue parisienne. Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a déclaré vendredi que le match aurait lieu après que la police lui a assuré qu’elle pourrait assurer la sécurité des supporters.

Assaf Nachum, porte-parole du club de football israélien du Beitar Jerusalem, estime que les supporters israéliens « auront besoin de constater qu’un grand nombre de mesures de sécurité auront été prises et qu’un grand nombre de policiers auront été déployés autour de l’endroit où nous allons rester » à Paris.

« J’imagine que ce sera plus difficile de convaincre les supporters israéliens de venir, en particulier à cause de ce qui s’est produit à Amsterdam », dit-il.

Menaces, huées et protestations lorsque des Israéliens participent à des compétitions

Les athlètes israéliens ont participé aux Jeux olympiques de Paris sous haute sécurité. Il n’y a pas eu d’incidents majeurs, mais certains athlètes israéliens ont déclaré avoir reçu des menaces.

L’équipe israélienne a été accueillie par des huées dans les stades alors que résonnait l’hymne national du pays, et les athlètes sont arrivés sous forte escorte policière, y compris dans des fourgons de la police anti-émeute.

Des manifestations anti-israéliennes ont eu lieu lors d’événements sportifs en Europe cette année. Cela a notamment été le cas lors des matchs de football disputés par le Maccabi face à l’équipe roumaine du Steaua Bucarest ou face à la formation portugaise de Braga. Les deux équipes ont été condamnées à une amende de 10 000 euros chacune pour leur comportement anti-sportif après que des supporters ont brandi des drapeaux palestiniens.

Des manifestants brandissant une banderole sur laquelle on peut lire « Les Jeux olympiques du génocide » lors du match de football entre Israël et le Paraguay, au Parc des Princes, lors des Jeux olympiques d’été de 2024, à Paris, en France, le 27 juillet 2024. (Crédit : Aurélien Morissard/AP)

Au mois de septembre, un groupe d’une cinquantaine de supporters italiens, qui étaient vêtus de noir, ont tourné le dos en signe de protestation pendant l’hymne national israélien, avant un match de la Ligue des nations qui se déroulait à Budapest.

Au mois de mai, un match de qualification pour le championnat d’Europe féminin entre l’Écosse et Israël, à Glasgow, a été retardé après qu’un manifestant pro-palestinien s’est enchaîné au poteau de but. Le manifestant est entré sur le terrain alors que la rencontre se déroulait sans spectateurs, en raison des craintes de perturbations liées à l’offensive israélienne dans la bande de Gaza.

Les Palestiniens veulent bannir Israël du football international

Les voisins d’Israël au Moyen-Orient participent à des compétitions asiatiques. Israël avait fait de même jusque dans les années 1970, lorsque le pays avait été exclu de la Confédération asiatique de football, plusieurs nations arabes et musulmanes ayant refusé de jouer contre l’État juif. Israël avait été invité à participer aux qualifications européennes pour la Coupe du monde de 1982. Il est membre de l’UEFA depuis 1994.

La Fédération palestinienne de football a soumis de nombreuses demandes à la FIFA, réclamant la suspension d’Israël des compétitions internationales de football. Une campagne de pressions déjà menée bien avant que ne commence la guerre actuelle à Gaza.

Dans sa dernière requête, la Fédération a invoqué des « violations du droit international commises par l’occupant israélien en Palestine, en particulier à Gaza » et elle s’est appuyée sur les engagements en matière de droits de l’Homme et de lutte contre la discrimination qui figurent dans les statuts de la FIFA.

Idan Nachmias (Israël), à droite, Manor Solomon (Israël), à gauche, se disputent le ballon avec Jeremy Doku (Belgique) lors du match de football de l’UEFA Nations League entre la Belgique et Israël, au stade Nagyerdei, à Debrecen, dans le nord-est de la Hongrie, le vendredi 6 septembre 2024. (Crédit : AP Photo/Denes Erdos)

Elle a également déclaré que ses infrastructures en matière de football – y compris son célèbre stade Al-Yarmuk – ont été détruites ou endommagées.

La FIFA a reporté à plusieurs reprises l’adoption de mesures concernant Israël elle n’a pas suspendu l’État juif au mois d’octobre – mais elle a demandé l’ouverture d’une enquête disciplinaire sur d’éventuels faits de discriminations de la part des responsables israéliens.

La fédération israélienne de football nie ces accusations.

Depuis plus de dix ans, la Fédération palestinienne de football demande également à la FIFA de prendre des mesures à l’encontre de la fédération israélienne de football qui a intégré dans ses championnats des équipes issues des implantations de Cisjordanie.

Israël pourrait-il être banni comme la Russie ?

La Russie est un paria du football européen. Ses équipes ont été interdites par la FIFA avant les éliminatoires de la Coupe du monde 2022 en raison du chaos susceptible de s’ensuivre si ses adversaires refusaient de jouer contre la Russie. La FIFA avait déclaré que si la Russie se qualifiait pour le tournoi au Qatar, les conséquences pour la Coupe du monde « seraient irréparables et chaotiques ».

Aucune fédération européenne n’a refusé de faire jouer l’équipe nationale ou les clubs qui appartiennent à Israël, qui est membre de l’UEFA depuis 30 ans.

L’équipe masculine d’Israël participera au tirage au sort des groupes de qualification européens pour la Coupe du monde 2026, qui aura lieu le 13 décembre à Zurich. La prochaine Coupe du monde sera organisée conjointement par les États-Unis, le Canada et le Mexique.

Les équipes nationales et les clubs ukrainiens n’ont pas joué de matchs internationaux sur leur propre territoire depuis l’invasion militaire russe au mois de février 2022.