Israël en guerre - Jour 534

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L’ex-président de la Cour suprême craint qu’Israël n’aille vers la guerre civile

Selon Aharon Barak, « la population est immensément clivée et rien n’est fait pour y remédier » et s'il était toujours juge en chef, il s’opposerait au limogeage du chef du Shin Bet et de la procureure générale

L'ancien président de la Cour suprême israélienne, Aharon Barak à Jérusalem, le 8 décembre 2019. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
L'ancien président de la Cour suprême israélienne, Aharon Barak à Jérusalem, le 8 décembre 2019. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le juriste le plus respecté d’Israël, l’ancien président de la Cour suprême Aharon Barak, a déclaré jeudi dans plusieurs interviews qu’il craignait que les dernières mesures prises par le gouvernement, à commencer par le limogeage du chef du Shin Bet et de la procureure générale, ne conduisent le pays à la guerre civile.

S’adressant au site d’information Ynet peu de temps avant que le Premier ministre Benjamin Netanyahu ne réunisse le Conseil des ministres pour voter le limogeage de Bar, Barak a déclaré que « le plus gros problème de la société israélienne est… le grave clivage qui existe entre Israéliens ».

« Ce clivage ne fait que s’aggraver, ce qui me fait craindre que cela se termine comme un train qui sort des rails et tombe dans le vide, en guerre civile », a-t-il déclaré.

Dans une autre interview, cette fois pour la chaîne N12, interrogé sur la proximité d’une guerre civile en Israël, Barak a répondu que c’était dû au « clivage entre les gens, immense, et au fait que rien ne soit fait pour y remédier. Tout le monde fait en sorte d’aggraver la situation. »

« Aujourd’hui, ce sont des manifestations pendant lesquelles une voiture force le passage et écrase quelqu’un », a-t-il dit en parlant de l’incident survenu lors d’une manifestation anti-Netanyahu à Jérusalem, mercredi. Un conducteur avait en effet renversé et blessé un manifestant.

« Mais demain, il y aura des tirs, et après-demain, des effusions de sang », a poursuivi Barak.

Barak a également déclaré à la chaîne N12 qu’il aurait invalidé la décision du gouvernement de limoger le chef du Shin Bet, Ronen Bar, s’il siégeait encore à la Cour Suprême aujourd’hui.

L’ancien président de la Cour suprême a expliqué que le renvoi de Bar en milieu de mandat était, selon lui, illégitime parce que le poste de chef du Shin Bet est tout sauf une « nomination qui suppose la complaisance » avec les autorités politiques. Bien au contraire, la personne nommée à ce poste est supposée s’acquitter de ses fonctions comme le commande explicitement la loi.

« Il y a pouvoir de limoger, mais il n’y a pas de motif de destitution », a-t-il ajouté en assurant qu’il invaliderait de la même manière le limogeage de la procureure générale, Gali Baharav-Miara, autre haut responsable que le gouvernement tente d’évincer.

Interrogé sur le tweet du Premier ministre, mercredi soir, alléguant l’existence d’un « État profond de gauche » en Israël qui nuirait au gouvernement Netanyahu, Barak a répondu : « J’ignore ce qu’est un État profond ».

« Nous ne sommes pas les États-Unis, nous n’avons pas d’État profond ici. Nous avons des fonctionnaires loyaux ici, et ils font les choses conformément à la loi », a-t-il ajouté.

Barak en a directement appelé à Netanyahu, en lui demandant de mettre fin aux procédures de limogeage de Bar et Baharav-Miara, tout comme à d’autres mesures considérées comme destructrices par l’ancien juge, ajoutant que Netanyahu devait se faire offrir la possibilité – qu’il devrait accepter – de passer un accord de plaidoyer dans le cadre de son procès au pénal.

Des manifestants protestent contre la décision du Premier ministre Benjamin Netanyahu de limoger le directeur du bar Shin Bet Ronen, devant les services du Premier ministre à Jérusalem, le 20 mars 2025. (Chaim Goldberg/Flash90)

« Je pense que ce serait bien pour Netanyahu. Pour l’histoire. Et que ce serait bien aussi pour l’État d’Israël. Et selon moi, c’est tout-à-fait envisageable », a-t-il poursuivi.

« Sinon, le procès va se poursuivre. Le clivage entre les pro- Bibi et les anti-Bibi va se poursuivre », a-t-il ajouté en utilisant le surnom de Netanyahu.

Interrogé par l’intervieweur sur ce qu’il dirait à Netanyahu s’il pouvait lui parler, Barak a répondu : « C’est votre politique et je suis totalement contre. Je vous le demande, n’allez pas plus loin que ce que vous avez fait aujourd’hui. Arrêter. Arrêtez. »

« Ne creusez pas davantage le clivage actuel », a-t-il conclu.

En réponse à Barak, le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, a publié une déclaration laconique sur X disant qu’il « n’y aura pas de guerre civile. »

Le ministre de l’Éducation, Yoav Kisch, membre du parti du Likud, le parti de Netanyahu, a déclaré dans un message sur X que Barak « menaçait de provoquer une guerre civile » avec ses mises en garde, ajoutant que « ces menaces ne dissuaderont pas » le gouvernement de mettre en œuvre ses politiques.

Le député Almog Cohen, du parti d’extrême droite Otzma Yehudit, a pour sa part dit que Barak était « un homme imprudent et irresponsable », « envoyé agiter le spectre d’effusions de sang et de guerre civile dans le plus pur style de la mafia sicilienne ».

Le président de la Cour suprême à la retraite, Aharon Barak, prêtant serment en tant que représentant d’Israël à la Cour internationale de justice de La Haye, le 11 janvier 2024. (Crédit : Cour internationale de justice)

Auparavant, il avait été juge à la Cour suprême entre 1978 et 1995, puis président de cette institution avant de faire valoir ses droits à la retraite de la magistrature en 2006.

Critique virulent de Netanyahu et de sa politique, Barak a néanmoins été choisi par le Premier ministre pour représenter Israël en qualité de juge ad hoc à la Cour internationale de justice dans l’affaire de génocide intentée contre Israël par l’Afrique du Sud lors de la guerre à Gaza. Barak a renoncé à ces fonctions en juin dernier pour raison personnelle.

Rescapé de la Shoah, Barak est très respecté au niveau international et est considéré comme le juriste le plus éminent d’Israël. En Israël, il est depuis longtemps considéré par Netanyahu et d’autres politiciens de droite comme un « activiste » de gauche, en partie responsable des supposés nombreux problèmes du système judiciaire israélien que le projet polémique de refonte judiciaire entend corriger.

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