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Le Hebrew Union College admet les étudiants en couple avec des non-juifs

Le séminaire s'aligne ainsi sur les normes du mouvement réformé, habitué aux mariages mixtes ; les étudiants ayant des enfants doivent s'engager à les élever en tant que Juifs

Andrew Rehfeld prononçant son discours inaugural en tant que président du Hebrew Union College-Jewish Institute of Religion, à la Synagogue Plum Street, à Cincinnati, dans l’Ohio, le 27 octobre 2019. (Crédit : HUC)
Andrew Rehfeld prononçant son discours inaugural en tant que président du Hebrew Union College-Jewish Institute of Religion, à la Synagogue Plum Street, à Cincinnati, dans l’Ohio, le 27 octobre 2019. (Crédit : HUC)

JTA – Le Hebrew Union College (HUC), le séminaire rabbinique du mouvement réformé, commencera à admettre et à ordonner des étudiants qui ont des relations avec des non-juifs, à la suite d’une décision de son conseil d’administration d’abandonner une interdiction de longue date sur les relations interconfessionnelles pour les étudiants en rabbinat.

Cette décision aligne les règles applicables aux personnes étudiant en vue de devenir rabbin ou chantre – hazan – au HUC sur les normes en vigueur dans le mouvement réformé, où les mariages mixtes sont fréquents.

Elle signifie également qu’en moins de dix ans, trois des plus grands séminaires juifs des États-Unis auront commencé à admettre des étudiants ayant des relations interconfessionnelles et seuls les deux séminaires du mouvement massorti (conservateur) continuent à les interdire. Cela constitue un changement important par rapport au rejet autrefois généralisé des mariages mixtes par la communauté juive.

Le président du HUC, Andrew Rehfeld, a déclaré lors d’une interview que le changement de politique – qui fait suite à une série de discussions étalées sur 18 mois – reflétait les valeurs éducatives de l’école, ainsi que des données récentes qui réfutent l’idée selon laquelle les mariages mixtes sonnent le glas de l’identité juive.

« Nous ne revenons pas sur le fait que l’endogamie juive est une valeur », a déclaré Rehfeld. « Mais nous disons que l’interdiction de l’exogamie juive n’est plus rationnelle parce que les mariages mixtes peuvent donner naissance à des couples juifs engagés. »

Pour remplacer l’interdiction des mariages mixtes, le HUC adopte une nouvelle exigence selon laquelle les étudiants ayant des enfants s’engagent à les élever « exclusivement en tant que Juifs engagés dans la pratique religieuse, l’éducation et la communauté juives ».

La mariée Lin Dror et le marié Alon Marcus cassant deux verres à la fin de leur cérémonie de mariage juif réformé célébré devant la Knesset pour protester contre le monopole du Rabbinat orthodoxe sur les certificats de mariage et l’absence de mariages civils en Israël, à Jérusalem, le 18 mars 2013. (Crédit : Flash 90)

Cet engagement est conforme à ce que les rabbins réformés sont invités à exiger des couples qu’ils marient et reflète la position du mouvement sur la question du caractère juif d’un individu. Historiquement, le judaïsme est conféré par la conversion ou la descendance matrilinéaire. Mais depuis quarante ans, le judaïsme réformé considère que tout enfant d’un parent juif est Juif à condition qu’il soit élevé avec une « identité juive positive et exclusive ».

Ce revirement du HUC survient près d’une décennie après le dernier réexamen public par l’école de la politique interdisant aux étudiants en rabbinat d’entretenir des relations interconfessionnelles.

Depuis lors, deux autres grands séminaires ont abandonné leurs propres exigences : le Reconstructionist Rabbinical College (RRC) l’a fait en 2015 et le pluraliste Hebrew College a suivi l’année dernière – dans le cadre d’une concurrence accrue pour un nombre de plus en plus restreint d’aspirants rabbins.

La diminution du nombre d’inscriptions au HUC l’a conduit à commencer à supprimer progressivement la plupart des activités sur l’un de ses quatre campus, son site d’origine à Cincinnati, en 2022.

Cependant, Rehfeld a déclaré que la modification des admissions n’était pas un moyen d’attirer davantage de candidats. Il a fait remarquer que ni la RRC ni le Hebrew College n’avaient connu de croissance exponantielle après avoir commencé à admettre des étudiants dans le cadre de relations interconfessionnelles.

« Il s’agit d’une décision de principe concernant le type de leaders que nous devrions avoir dans l’institution », a-t-il déclaré. « Pour chaque étudiant qui s’inscrira grâce à cette décision, nous risquons de perdre ceux qui ne viendront pas dans notre établissement à cause de cela. »

Il a également souligné que le moment choisi pour prendre cette décision n’était pas lié à la modification du règlement du Hebrew College l’année dernière ni au décès inattendu, en décembre, du rabbin David Ellenson, l’ancien président très apprécié du HUC, qui était un fervent défenseur de l’interdiction des relations interconfessionnelles.

Rehfeld a déclaré que le processus avait commencé à l’automne 2022, avant l’annonce du Hebrew College. Il s’est achevé avant la réunion du conseil d’administration prévue en octobre.

Le Hebrew Union College, à Jérusalem, le 8 juillet 2013. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Cette réunion a été annulée après l’assaut barbare et sadique du groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes ont envahi le sud du pays à partir de Gaza, tuant près de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et prenant 251 otages, déclenchant ainsi la guerre actuelle entre Israël et le groupe terroriste.

Dans une prise de position préparée pour la réunion d’octobre, la proviseure du HUC, Andrea Weiss, a écrit : « Je pense que nous devrions nous concentrer sur nos étudiants, et non sur leurs partenaires [s’ils en ont un] », et a exhorté l’école à donner à ses étudiants les outils nécessaires pour « mener une vie juive authentique, engagée et pleine de sens ».

Le rabbin Rick Jacobs, qui dirige l’Union pour le judaïsme réformé (URJ), un groupe représentant les quelque 900 congrégations du mouvement, a déclaré qu’il ne s’attendait pas à ce que le changement de politique affecte directement de nombreux candidats. Mais il a ajouté qu’il pensait que de nombreux étudiants et congrégations actuels le soutiendraient fermement.

« Beaucoup de nos meilleurs rabbins et hazanim ont été élevés dans des foyers où il n’y avait qu’un seul parent officiellement juif […] Beaucoup de nos responsables laïcs dans les synagogues sont mariés à des personnes qui ne sont pas officiellement juives », a déclaré Jacobs. « Je pense qu’il est assez clair, à l’heure actuelle, qu’il est possible – et même plus que possible – d’avoir une famille juive profondément engagée avec un seul partenaire officiellement juif. »

Pour ses détracteurs, l’interdiction faite par le HUC aux étudiants rabbiniques mariés a longtemps été considérée décalée des valeurs du mouvement réformé. Les mariages entre Juifs et non-Juifs sont interdits par la halakha, la loi juive traditionnelle.

Mais le mouvement réformé, qui a vu le jour au XIXe siècle et qui est de loin la plus grande confession aux États-Unis, a toujours considéré la halakha comme une tradition culturelle et un outil spirituel, mais pas comme une loi contraignante. Dans cette optique, le HUC n’exige pas des étudiants qu’ils observent la casheroute ou le Shabbat, ce qui fait ressortir l’exigence relative aux relations interpersonnelles.

De nombreuses personnes ont demandé un changement par le passé. En 2007, une étudiante nommée Yaël Shmilovitz a profité de son sermon de fin d’études, un rite auquel assistent de nombreux membres de la communauté du séminaire, pour décrier cette politique et appeler à une large acceptation des mariages mixtes.

En 2012, Daniel Kirzane, aujourd’hui rabbin à Chicago, a également utilisé son dernier sermon pour appeler à un changement de politique. « Cette interdiction va à l’encontre des valeurs réformistes et reflète une conception obsolète et bornée de la communauté juive », a déclaré Kirzane à propos de l’interdiction. « Elle exclut ceux qui devraient être accueillis. »

L’année suivante, la rabbin Ellen Lippmann, à la tête de la congrégation Kolot Chayeinu à Brooklyn, a écrit une lettre ouverte au conseil d’administration du HUC pour demander la suppression de cette règle, au milieu d’un débat ouvert au cours duquel l’exigence a été confirmée.

Lippman a déclaré qu’elle aurait été exclue du HUC si elle n’avait pas gardé privée sa relation avec une femme non juive, car les étudiants n’étaient pas autorisés à avoir des partenaires de même sexe durant leurs études dans les années 1980.

« Vous devez choisir entre une vision inclusive du leadership juif et une vision exclusive », a écrit Lippmann. « Laissez vos décisions audacieuses d’ordonner des femmes, des lesbiennes, des homosexuels et des rabbins transgenres vous montrer la voie. »

Il y a quatre ans, un aspirant rabbin nommé Ezra Samuels, à l’époque étudiant de 20 ans en relation avec un non-juif, a suscité un tollé après avoir écrit qu’il s’était senti « anéanti » après avoir été informé de cette règle alors qu’il cherchait comment devenir rabbin dans la communauté dans laquelle il avait été élevé.

Le campus du Hebrew Union College-Jewish Institute of Religion, à New York. (Crédit : Plexi Images/ GHI/UCG/Universal Images Group via Getty Images via JTA)

« Toute ma vie, ma communauté m’a dit que peu importe qui vous êtes ou qui vous aimez, vous êtes égaux dans notre communauté et selon le divin. Mais aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir été trahi, on m’a menti, on m’a induit en erreur », a écrit Samuels.

Certains étudiants ont menti ou, comme Lippmann, ont caché leur situation conjugale jusqu’à ce qu’ils soient ordonnés, moment où ils sont autorisés à se marier entre eux tout en travaillant au sein du mouvement réformé.

Rehfeld a déclaré qu’il pensait que ceux qui avaient menti l’avaient fait par principe pour s’opposer à cette politique. Il a fait remarquer que l’interdiction signifiait qu’ils ne pouvaient pas s’investir pleinement dans leurs études et qu’ils ne pouvaient pas contribuer pleinement aux conversations sur l’exercice du culte dans les communautés comptant de nombreuses unions mixtes.

Certains, qui ont été honnêtes, ont pâti de cette situation. Rehfeld a décrit le cas d’un candidat dont le curriculum vitae était excellent – avec notamment un passage dans les forces armées et une période de travail dans l’éducation juive – qui a été refusé après avoir révélé une relation avec un non-Juif et qui a préféré chercher à se faire ordonner ailleurs.

« C’était pour moi la façon la plus tangible de montrer que cette politique n’est tout simplement pas conforme à nos valeurs ou à la société dans laquelle nous vivons », a-t-il expliqué. « Nous perdons de grands leaders du peuple juif, pour des raisons qui n’ont aucun sens. »

Rehfeld, qui est devenu président en 2018, a souligné que la décision n’était pas facile et qu’il y a des membres de la communauté HUC et du mouvement réformé plus large qui seront insatisfaits du changement.

Il a déclaré qu’il pensait que le mécontentement serait largement générationnel. Les rabbins réformés plus âgés ont grandi à une époque où les mariages mixtes étaient largement redoutés au sein du mouvement, a-t-il expliqué, tandis que de nombreux rabbins plus jeunes sont eux-mêmes issus de mariages mixtes.

Rehfeld a déclaré qu’il espérait que les deux camps résisteraient à l’envie de prendre la décision personnellement, mettant notamment en garde contre les célébrations de « ceux qui ont attendu cette décision » et qui ont qualifié la politique de discriminatoire, un discours qu’il rejette.

Illustration : La huppah d’un mariage juif. (Crédit : Scott Rocher via Flickr Commons via JTA)

« Je pense que ce ne serait pas la bonne réaction. Nous devons, dans notre comportement et dans notre réaction, être respectueux et ne pas personnaliser notre désaccord. »

L’opposition à ce changement de politique reflète une préoccupation de longue date des dirigeants juifs américains, qui craignent qu’un taux élevé de mariages interconfessionnels ne mette en péril l’avenir du judaïsme en réduisant une population juive déjà peu nombreuse. Les dirigeants juifs supposaient autrefois que les Juifs qui épousaient des non-Juifs, et leurs enfants, ne s’impliqueraient pas dans la vie juive et ne s’identifieraient pas au peuple juif.

Lors d’une conférence des Fédérations juives en 1991, les orateurs ont comparé les mariages mixtes à la Shoah. Même si les organisations ont par la suite adopté une attitude moins hostile, certains sociologues ont affirmé que l’augmentation du nombre de mariages interconfessionnels signifiait un déclin démographique du judaïsme américain.

Steven Cohen, qui a travaillé au HUC jusqu’en 2018, date à laquelle il a démissionné à la suite d’allégations d’inconduite sexuelle, a été l’un des plus ardents défenseurs de ce point de vue.

Cependant, au fur et à mesure que les données s’accumulent, il apparaît de plus en plus clairement que les mariages mixtes ne signifient pas la fin de l’identité juive. L’enquête Pew de 2020 sur les Juifs américains a révélé que près des trois quarts des Juifs non orthodoxes qui se sont mariés au cours de la décennie précédente l’ont fait avec des non-Juifs – et que la plupart des couples mariés ayant des enfants élèvent ces derniers dans la religion juive. 12 % supplémentaires ont déclaré élever leurs enfants en partie dans la religion juive.

L’étude indique que l’identité juive des enfants élevés par des parents de confessions différentes diffère de celle des enfants élevés par deux parents juifs. L’enquête a révélé que les couples juifs élèvent leurs enfants dans un esprit juif à un taux plus élevé et plus fréquemment avec des marqueurs traditionnellement associés au judaïsme.

Les partisans de l’accueil des familles interconfessionnelles estiment que cet écart peut s’expliquer en partie par la tendance des institutions juives à ne pas accueillir pleinement ces familles.

Pour ces défenseurs, le changement de politique du HUC est susceptible d’être considéré comme un signal fort d’inclusion. Néanmoins, Rehfeld a déclaré que certaines expressions de partenariat interconfessionnel resteraient hors limites, car le processus d’admission personnalisé de l’école continue à susciter des conversations sur la façon dont le judaïsme est vécu dans les foyers des candidats.

« Si vous [nous] dites ‘alors, le samedi matin nous sommes à la synagogue et le dimanche matin, nous allons célébrer la messe’, nous vous répondrons ‘merci, mais il semble que votre foyer et votre vie de famille ne soient pas exclusivement juifs. Nous ne sommes pas l’endroit qu’il vous faut’. »

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