L’histoire des rouleaux de la lanterne magique de Samuel Ringer
La chanteuse des ex-Rita Mitsuko présente l'histoire d'un rouleau dessiné par son père qui raconte une nouvelle de Shlomo Aleikhem
Un rouleau du peintre Samuel Ringer, né à Tarnow en Pologne en 1918 et mort à Paris en 1986, est exposé au Musée d’art et d’histoire du judaïsme à Paris, le mahJ.
Sa fille la chanteuse Catherine Ringer, l’a offert au musée 1999 en témoignage de la « vie, de l’art, de l’histoire, des Juifs ashkénazes de cette époque, » raconte-t-elle.
Ce document est « fait en calque de toutes petites miniatures qui raconte le Kasrilevker Theatre de Shlolem Aleikhem, » détaille-t-elle.
Le calque laissait passer la lumière d’une « lanterne magique » construite par son père, et un comédien racontait les scènes qui défilaient ainsi.
Comme ici, pour le Kadimah Jewish Cultural Centre and National Library de Melbourne qui reprend la nouvelle en yiddish par voix de Rafael Goldwasser :
Le rouleau reprend la nouvelle de Aleikhem, sur une troupe de théâtre qui arrive dans le shtetl de Kasrilevker.
Elle dépeint les habitants de cette ville comme « des Juifs bons vivants », et pas trop religieux. « Mais la représentation ne se passe pas comme prévu, » raconte Catherine Ringer en montrant le rouleau où l’on devine des scènes de bagarre, un peu comme dans une bande dessinée.
Samuel Ringer a réalisé ce rouleau en 1946-1947 dans le kibboutz Nili qui se trouvait en Bavière, et qui servait alors de camp pour personnes déplacées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Il s’y installé après avoir été libéré en 1945 du camp de Theresienstadt par les Soviétiques. Samuel Ringer avait été déporté 5 ans plus tôt. Il est passé par 5 camps différents, dont Buchenwald. Sa fille raconte dans une chanson que même dans les moments les plus durs, il n’arrêtait jamais de dessiner.
Le kibboutz Nili était une sorte de ferme-école du mouvement sioniste dans laquelle les candidats à l’alyah apprenaient l’agriculture avant d’émigrer en Palestine mandataire. Après-guerre où n’y trouvait de jeunes sionistes aussi bien que des rescapés des camps nazis qui ne savaient pas où aller.
Il existait 35 kibboutz de ce genre en 1945. Le dernier a fermé en 1948 après que ses membres ont rejoint le tout jeune Israël.