« L’hôpital a été utilisé à des fins non médicales » – médecin britannique de Shifa
Cet ancien médecin d'al-Shifa, qui a été averti de ne pas approcher une certaine "partie", sous peine "de se faire tirer dessus", décrit une atmosphère de "véritable peur" du Hamas
Un médecin britannique qui travaillait à l’hôpital al-Shifa, le plus grand centre hospitalier de Gaza City, sous lequel Tsahal affirme que le groupe terroriste palestinien du Hamas opère une importante base de commandement et de contrôle, a confirmé qu’il y avait des zones de l’hôpital où il ne pouvait pas aller, sous peine d’être abattu. Dans une récente interview accordée à la chaîne anglophone du radiodiffuseur français France24, le médecin, qui a refusé de donner son nom par crainte de mettre en danger ses collègues à Gaza, a déclaré qu’il avait travaillé à al-Shifa et dans d’autres hôpitaux de Gaza et de Cisjordanie pendant trois mois, il y a trois ans.
« Lorsqu’on m’a demandé de travailler à Shifa, on m’a dit qu’il y avait une partie de l’hôpital dont je ne devais pas m’approcher, et que si je le faisais, je risquais de me faire tirer dessus », a-t-il expliqué.
« On vous a expliqué pourquoi ? », lui a demandé la journaliste Irris Makler.
« Non, mais implicitement, ça voulait dire que cette partie était utilisée à des fins non médicales », a répondu le médecin.
« Et avez-vous vu quelque chose de non médical ou avez-vous suivi les instructions et vous êtes-vous tenu à l’écart ? »
« Je suis resté à l’écart, mais j’ai vu quelques individus ‘non médecins’ à l’allure douteuse entrer et sortir en continu. Il s’agissait d’une salle menant à un sous-sol. Comme je l’ai dit, je n’y suis pas allé, je me suis bien comporté », a répondu le médecin.
« Ils diront qu’il peut y avoir beaucoup d’autres raisons pour lesquelles on vous dit de ne pas vous rendre dans une zone particulière d’un hôpital. Ce n’est pas inhabituel », a fait valoir la journaliste.
« J’étais le bienvenu partout ailleurs et, comme je l’ai dit, les médecins et les infirmières étaient très accueillants et très gentils, et le ton feutré avec lequel cela a été dit était cohérent avec tous les autres tons feutrés avec lesquels le Hamas a été abordé. Vous savez, les gens avaient vraiment peur », a répondu le médecin.
Le médecin a également indiqué au journaliste que si le personnel de l’hôpital craignait à 10 % d’éventuelles frappes aériennes israéliennes, il craignait à 90 % d’être persécuté par le groupe terroriste palestinien du Hamas.
« Je ne saurais trop insister sur l’atmosphère [ambiante] de paranoïa collective qui régnait là-bas », a-t-il poursuivi.
British doctor who worked in al-Shifa describes how there were areas in the hospital that he could not go near, otherwise he would be shot, as well as the constant level of fear regarding discussing Hamas operations in the hospital. (Listen from 1:20) pic.twitter.com/p4pliaiVj2
— The Mossad: Satirical, Yet Awesome (@TheMossadIL) November 19, 2023
Un journaliste italien qui s’est entretenu avec le Times of Israel sous couvert d’anonymat a raconté qu’en 2009, juste après l’opération israélienne « Plomb durci » contre le Hamas, il s’était rendu dans les hôpitaux de Gaza pour interviewer des membres blessés du Fatah – la faction palestinienne rivale que le Hamas a violemment évincée de l’enclave côtière en 2007.
« J’ai fini par me rendre compte qu’ils étaient tous [rentrés] chez eux – les membres du Fatah avaient trop peur de rester à l’hôpital, même s’ils étaient blessés », a expliqué le journaliste italien.
« Shifa est un très grand complexe. Je me suis perdu à l’intérieur, et à un moment donné, je me suis retrouvé à un étage souterrain, face à deux hommes armés du Hamas en tenue militaire, qui m’ont indiqué de sortir. »
« J’ai eu l’impression qu’ils gardaient une porte blindée qui donnait accès à leur infrastructure souterraine. Plusieurs sources palestiniennes avec lesquelles je me suis entretenu par la suite ont confirmé que le centre de commandement et de contrôle du Hamas était situé sous l’hôpital Shifa et que [le chef du Hamas] Ismaïl Haniyeh s’y était caché pendant toute la durée de l’Opération ‘Plomb durci’. »
Peu après l’assaut du 7 octobre au cours duquel 1 200 Israéliens ont été brutalement massacrés par des terroristes palestiniens du Hamas et au moins 240 ont été enlevés et emmenés à Gaza, Tsahal a révélé que le Hamas a utilisé les hôpitaux de Gaza pour des opérations terroristes, une affirmation confirmée par l’administration américaine.
L’hôpital al-Shifa est considéré comme l’un des centres névralgiques de l’infrastructure terroriste souterraine du Hamas. Depuis plus d’une semaine, les opérations de Tsahal ont lieu autour et à l’intérieur du centre hospitalier, découvrant des preuves de l’utilisation du site par le Hamas pour des activités terroristes.
L’hôpital a été presque entièrement évacué samedi, la plupart des patients, du personnel et des personnes déplacées qui s’étaient réfugiés dans le bâtiment ayant quitté les lieux, ne laissant derrière eux qu’une équipe restreinte chargée de soigner les personnes trop malades pour se déplacer, et les soldats israéliens contrôlant l’établissement.
Démentant une information de l’AFP, l’armée a déclaré qu’elle n’avait pas ordonné d’évacuation et que le personnel soignant était autorisé à rester dans l’hôpital pour s’occuper des patients qui ne peuvent pas être déplacés.
Tsahal a également indiqué que les soldats avaient transféré plus de 6 000 litres d’eau et plus de 2 300 kilogrammes de nourriture à l’hôpital.
« Cette initiative a été réalisée en parallèle avec les activités de Tsahal pour localiser et contrecarrer le terrorisme dans l’hôpital », a précisé l’armée. Tsahal a découvert l’entrée d’un tunnel du Hamas et une cache d’armes, en plus d’autres découvertes au cours des derniers jours.
« Nous constatons la présence du Hamas dans tous les hôpitaux. Ils font un usage cynique des hôpitaux, comme ici au cœur de Shifa », a déclaré vendredi le général de division Yaron Finkelman, chef du Commandement du Sud de Tsahal.
Emmanuel Fabian et l’équipe du Times of Israel ont contribué à cet article.