Londres: le centre Habad réprimandé pour avoir collecté des fonds pour un soldat de Tsahal
La loi britannique interdit aux ONG de collecter des fonds pour des armées étrangères ; Habad, qui ne contestera pas cette "regrettable" décision de la commission, affirme que ça ne se reproduira pas

Les autorités britanniques ont demandé à un centre du mouvement Habad-Loubavitch de Londres de cesser de collecter des fonds pour l’armée israélienne, en raison de l’interdiction légale faite aux organisations caritatives de collecter de l’argent pour un membre d’une armée étrangère.
Les centres Habad du nord-est de Londres et de l’Essex ont collecté environ 2 300 dollars pour un soldat de Tsahal à la fin de l’année 2023. Cette modeste collecte de fonds s’inscrit dans le cadre d’innombrables actions de ce type organisées par des Juifs du monde entier en faveur des soldats israéliens qui se battent contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza.
Cependant, la loi britannique interdit aux organisations caritatives de collecter des fonds pour un soldat d’une armée étrangèreok. Des citoyens opposés à la collecte de fonds ont déposé 180 plaintes contre l’organisation, ce qui a incité l’organisme gouvernemental à ouvrir une enquête en décembre 2023, selon un communiqué de la Charity Commission (commission des Organisations caritatives) publié jeudi.
« Il n’est pas légal, ni acceptable, pour une organisation caritative de collecter des fonds pour soutenir un soldat d’une armée étrangère », a déclaré Helen Earner, directrice des services réglementaires de la commission qui supervise les organisations caritatives en Angleterre et au Pays de Galles, dans un communiqué.
« Notre avertissement officiel exige de l’association caritative qu’elle remette les choses en ordre et constitue un message clair à l’intention des autres associations caritatives pour qu’elles restent fidèles à leurs objectifs établis », a-t-elle ajouté.
Les administrateurs du centre Habad, qui est affilié au mouvement juif mondial basé à Brooklyn, ont qualifié les conclusions de la commission de « regrettables », mais ne les ont pas contestées.

« Nous reconnaissons qu’en facilitant une campagne visant à fournir des vêtements chauds et autres, même si les résultats ont été brefs et modestes, l’organisation caritative a outrepassé ses objectifs et nous sommes reconnaissants à la commission des Organisations caritatives pour les conseils qu’elle nous a prodigués afin que cela ne se reproduise plus », a déclaré le centre au Jewish Chronicle.
C’est la première fois que la commission des Organisations caritatives réprimande une organisation pour sa collecte de fonds en faveur de l’armée israélienne, mais ce ne sera peut-être pas la dernière. Depuis que la guerre contre le Hamas a éclaté suite au pogrom perpétré par ce dernier le 7 octobre 2023, la commission a traité 200 dossiers réglementaires et a renvoyé 40 dossiers aux autorités chargées de l’application des lois, a indiqué la commission dans un communiqué de presse. Ces cas impliquent des organisations ayant des points de vue différents sur le conflit.
En juillet dernier, la commission a annoncé une enquête sur l’agence d’aide humanitaire World Aid Convoy après qu’elle eut collecté des fonds par l’intermédiaire de Gaza Now, un média qui soutient le Hamas, désigné comme un groupe terroriste par le gouvernement britannique.
Quelques mois plus tôt, le Centre Al-Manar, une institution islamique de la ville de Cardiff, a été ciblé par la commission pour avoir publié sur son compte Facebook une vidéo « qui pourrait suggérer un soutien au Hamas ».
Les autorités de régulation d’autres pays sont également confrontées à un grand nombre de collectes de fonds pour les troupes israéliennes qui peuvent contourner ou enfreindre les lois locales. Les Juifs de la Diaspora ont fait don de centaines de millions de dollars d’équipement aux unités et aux soldats de Tsahal.
Aux États-Unis et en France, où la majeure partie des collectes de fonds a eu lieu, certaines voix ont critiqué l’utilisation de fonds exonérés d’impôts, appelant le gouvernement à prendre des mesures à cet égard. Certains pays, dont le Canada, ont inscrit dans leur code juridique l’interdiction d’apporter un soutien caritatif à des armées étrangères, mais cette interdiction n’est pas toujours bien appliquée.
Les batailles réglementaires surviennent alors que l’armée israélienne compte sur les dons des citoyens du monde entier depuis que la guerre avec le Hamas a éclaté, lorsque le groupe terroriste a envahi le sud d’Israël, tuant plus de 1 200 personnes et prenant 251 otages.
Dans le cadre de la mobilisation sans précédent de centaines de milliers de soldats par Israël, de nombreux soldats ont publié des appels à dons sur les réseaux sociaux pour pallier les pénuries.

Tsahal nie officiellement toute pénurie, mais la demande d’articles tels que les casques tactiques et les bottes de combat est restée élevée quinze mois après le début des combats, et alors que les unités de réservistes retournent sur le front.
La page de collecte de fonds du centre Habad de Londres, créée pour soutenir un seul soldat, fait partie des efforts les plus modestes et les moins médiatisés déployés pour aider l’armée israélienne après le 7 octobre.
« Immédiatement après le 7 octobre, nous nous sommes inquiétés, en nous appuyant sur les réseaux sociaux, du manque de vêtements d’hiver et d’équipements de protection pour protéger ces jeunes gens, mobilisés en grand nombre et rapidement », a déclaré le centre au Jewish Chronicle.
« Il est compréhensible que notre communauté ait voulu apporter son aide. »
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