L’UE approuve l’étiquetage des produits des implantations
Israël avait averti mardi l'UE que sa décision d'étiqueter les produits aurait des "implications politiques"
La Commission européenne a demandé mercredi aux 28 Etats membres de mettre en oeuvre l’étiquetage des produits originaires des implantations israéliennes dans les Territoires palestiniens, selon un communiqué officiel.
La décision, reportée à plusieurs reprises et à laquelle s’oppose vivement Israël, a été adoptée lors d’une réunion du collège des commissaires européens à Bruxelles.
La Commission a « adopté ce matin la notice interprétative sur l’indication d’origine des marchandises en provenance des Territoires occupés par Israël depuis juin 1967 », précise le communiqué.
L’UE considère qu’il s’agit avant tout d’une mesure « technique » visant à informer les consommateurs européens et non d’une décision « politique » comme l’affirme le gouvernement israélien.
Elle porte l’obligation à l’industrie alimentaire et à la distribution de mentionner l’origine des produits sur les étiquettes.
Aujourd’hui les produits des colonies israéliennes — toutes illégales au regard du droit international — sont étiquetés comme fabriqués en Israël.
Israël avait averti mardi l’UE que sa décision d’étiqueter les produits aurait des « implications politiques ».
« Demain (mercredi) probablement les directives seront publiées. Franchement, c’est très décevant, c’est inacceptable et cela ne sera pas pris à la légère en Israël. Cela aura des implications », a déclaré à des journalistes le chef de la mission israélienne auprès de l’Union européenne à Bruxelles, David Walzer.
« Il s’agit d’une affaire politique, d’une mesure politique, qui a très peu à voir avec la protection des consommateurs, et elle aura donc des implications politiques », a insisté M. Walzer, sans vouloir entrer dans les détails et précisant que ces dernières sont « toujours en cours de discussion » en Israël.
« Depuis l’entrée en fonction de la nouvelle équipe à la tête de l’UE (il y a un an) nous avons clairement dit en Israël que nous nous félicitions des contributions de l’UE au processus de paix. Ce qui arrive demain pourrait nous forcer à reconsidérer » cette position, avait toutefois prévenu le diplomate israélien.
L’UE est impliquée dans le processus de paix israélo-palestinien notamment par l’intermédiaire du Quartette pour le Proche-Orient (qui regroupe l’Union, les Etats-Unis, l’ONU et la Russie).
L’étiquetage « discriminatoire » des produits des colonies est « contre-productif et ne ramènera pas la reprise des négociations de paix », au point mort depuis avril 2014, a prédit M. Walzer.
La Commission européenne était censée délivrer depuis plusieurs mois des directives aux 28 Etats membres de l’UE prévoyant l’étiquetage des produits en provenance des implantations israéliennes de Cisjordanie, de Jérusalem-Est et du plateau du Golan, toutes illégales au regard du droit international.
La Commission, qui se refuse à en dévoiler la date, considère qu’il s’agit avant tout d’une mesure « technique » visant à informer les consommateurs européens et non d’une décision de politique étrangère. Elle donnerait ainsi des instructions à l’industrie alimentaire et à la distribution pour mentionner l’origine des produits sur les étiquettes. Aujourd’hui les produits des colonies sont étiquetés comme manufacturés en Israël.
Selon des responsables et les médias israéliens, l’annonce a eu lieu mercredi à Bruxelles, dans un contexte de regain des violences en Israël et dans les Territoires palestiniens.
Les produits visés représentent « 2 % à 3 % » des exportations israéliennes vers l’UE, a précisé l’ambassadeur israélien, évaluant leur valeur à 200 millions de dollars (187 millions d’euros) chaque année.
Mais plus que son impact commercial, le gouvernement de Benjamin Netanyahu craint que la mesure européenne ne « soutienne et encourage » le mouvement international BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) contre l’Etat hébreu, qui monte en puissance.
« L’Histoire montre que nous représentons un peuple qui ne réagit pas très bien aux sanctions et aux coups de bâton », a conclu M. Walzer.