Israël en guerre - Jour 305

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Reportage

Malgré la menace d’une guerre multi-fronts, l’aéroport Ben Gurion fonctionne toujours, mais à débit réduit

Après que quelque 18 transporteurs ont annulé leurs vols vers l'État hébreu en prévision d'une escalade des hostilités, le principal aéroport d'Israël était plus calme que d'habitude en ce dimanche de vacances

Le hall d'arrivée à l'aéroport Ben Gurion, le 4 août 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)
Le hall d'arrivée à l'aéroport Ben Gurion, le 4 août 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)

Dimanche après-midi, dans le hall des arrivées de l’aéroport Ben Gurion, habituellement très animé, la foule se faisait visiblement plus rare. Quelques groupes de familles et d’amis attendaient pour saluer les passagers qui franchissaient les doubles portes automatiques de la salle des bagages dans un flot régulier mais mince.

« Il y a beaucoup moins de monde, à cause de tous les vols annulés », explique Yoav, un chauffeur de taxi qui espère faire une course. Il était venu à l’aéroport de toute façon, a-t-il dit, après qu’un client régulier, « une grande famille », n’a pas pu arriver à cause de l’annulation d’un vol en provenance d’Europe.

Depuis le double assassinat, la semaine dernière, du chef militaire du Hezbollah, Fuad Shukr, à Beyrouth, revendiqué par Israël, et du chef du Hamas, Ismail Haniyeh, dans un immeuble de Téhéran contrôlé par les Gardiens de la Révolution islamique, événement qui n’a pas été officiellement revendiqué par Israël, plus de 18 compagnies aériennes ont annulé ou suspendu leurs vols à destination et en provenance de Ben Gurion, compte tenu du risque d’escalade de la situation.

En résultat, 100 000 Israéliens se sont retrouvés bloqués à l’étranger, sans moyen rapide ou facile de rentrer chez eux, selon un reportage de la Douzième chaîne datant de samedi. Les voyageurs bloqués à l’étranger ont reçu pour consigne de se rendre en Grèce ou à Chypre et de prendre un vol pour rentrer en Israël. La compagnie nationale israélienne El Al a annoncé dimanche une série de vols aller simple à prix réduit au départ d’Athènes et de Larnaca.

Ces vols supplémentaires n’ont pas encore eu d’impact à Ben Gurion, car le hall des arrivées était relativement calme et silencieux, à l’exception d’un groupe de jeunes russophones dans un coin, tout juste arrivés dans le cadre d’un programme Taglit-Birthright, qui chantaient et applaudissaient en se dirigeant vers l’extérieur. Quelques familles attendaient avec des ballons, et certains arrivants ont été accueillis par des accolades.

Près de la sortie, Alexia, une jeune femme qui vient d’arriver de Paris, explique qu’elle est venue « rendre visite à sa famille à Eilat ». Pour des raisons de sécurité, son vol de correspondance entre Ben Gurion et Eilat a été annulé, ce dont elle ne s’est rendu compte qu’à son arrivée.

« Pour l’instant, je vais aller chez des amis à Netanya », dit-elle avec pragmatisme.

Le hall des arrivées à l’aéroport Ben Gurion, le 4 août 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)

Dehors, deux amis, Hagai et Lior, fument des cigarettes avant de rentrer chez eux. Ils avaient pris quelques jours de vacances à Chypre – « pour se changer les idées » – et n’avaient pas changé leurs plans à cause des problèmes de sécurité, bien que leur compagnie aérienne ait inopinément avancé leur vol de retour de plusieurs heures, sans explication.

« C’est bon d’être de retour », a déclaré Lior, expliquant qu’ils étaient tous deux mariés et avaient de jeunes enfants. Même en vacances, a-t-il ajouté, « on entend les nouvelles, on se demande s’il va se passer quelque chose chez nous ».

« Il n’y a eu aucun problème, aucune plainte », a déclaré Yaakov, un homme âgé qui parle l’hébreu avec un fort accent russe. Il était assis à proximité avec sa femme et leurs bagages, et se reposait après leur vol en provenance de Londres.

Leurs projets de voyage n’ont été que très peu modifiés : une escale supplémentaire à Larnaca sur le trajet de retour pour changer d’équipage, une politique récemment introduite par British Airways sur ses vols Londres-Israël, mais cela « n’a duré qu’une heure », a-t-il assuré.

Le hall des départs à l’aéroport Ben Gurion, le 4 août 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)

Pas d’agitation dans les départs

Le dimanche, début de la semaine de travail en Israël, est généralement un jour de voyages, mais à l’étage, dans la zone des départs, l’agitation habituelle était également très réduite. Les voyageurs traversaient à toute allure les longues et sinueuses files d’attente pour l’enregistrement qui, pendant la saison estivale, débordent souvent.

Au centre de l’immense salle, certains se pressent autour de la liste informatisée des vols, les annulations et les retards apparaissant respectivement en rouge et en jaune.

Omer et Shaked, un jeune couple, se rendaient aux Philippines via Dubaï, pour une aventure de trois semaines prévue depuis longtemps. Ne trouvant pas leur vol de départ sur le tableau, ils sont partis à la recherche d’un employé de l’aéroport pour les aider.

« Nous espérons qu’il n’y aura pas de problèmes à l’avenir », a déclaré Shaked, interrogé sur l’éventualité d’autres vols annulés. « Nous prendrons les choses au jour le jour. »

Le hall d’arrivée à l’aéroport Ben Gurion, le 4 août 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)

Iris, une femme à la voix douce et aux cheveux blonds bouclés, voyageait avec son mari et son fils vers la Suède, où ils devaient rejoindre des membres de leur famille vivant en Europe pour des vacances collectives. Ils avaient planifié ce voyage depuis longtemps, mais s’étaient assurés de prendre des billets avec El Al, dit-elle, « parce que nous savions qu’ils n’annuleraient pas les vols si quelque chose se produisait ».

Assis en cercle à proximité, un groupe de travailleurs indiens tentent de rentrer chez eux. Shailesh, leur patron, est le seul à parler anglais ou hébreu. Il leur a expliqué qu’ils travaillaient pour une entreprise indienne qui gère une installation de recyclage du papier dans la ville de Hadera, au nord du pays.

« Air India a annulé leur vol de retour. Il les a donc amenés à l’aéroport aujourd’hui pour rencontrer un responsable d’Air India et faire en sorte qu’ils puissent rentrer d’une manière ou d’une autre. Ils attendaient patiemment depuis plusieurs heures déjà », a-t-il ajouté.

« Nous sommes aux côtés d’Israël, l’amitié entre Israël et l’Inde est très solide », a-t-il tenu à préciser.

La guerre entre Israël et le Hamas, qui menace depuis des mois de dégénérer en un conflit plus vaste et plus direct avec le Hezbollah dans le nord, a perturbé le trafic aérien à destination et en provenance de l’État hébreu et a entraîné une augmentation considérable des prix des billets d’avions. L’attaque lancée en avril contre Israël par l’Iran, dont le gouvernement soutient directement le Hamas et le Hezbollah, a donné lieu au lancement de quelque 300 missiles directement depuis la République islamique, sans grand effet. Cet événement a toutefois entraîné une multitude d’annulations et de reprogrammations de la part des transporteurs aériens. Aujourd’hui, l’Iran menace à nouveau Israël en l’accusant d’être responsable de l’assassinat, mercredi à Téhéran, du chef terroriste du Hamas, Ismail Haniyeh ; Israël n’a pas revendiqué cet assassinat.

Embarquement à l’aéroport Ben Gurion le 4 août 2024. Les vols annulés sont en rouge et les vols retardés en jaune. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)

Ces derniers jours, de nombreux gouvernements, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, ont conseillé à leurs ressortissants de quitter le Liban en prévision d’une conflagration potentielle avec Israël.

Malgré l’atmosphère générale de conflit imminent, aucune longue file d’Israéliens fuyant le pays n’a été observée à l’aéroport Ben Gurion, et la plupart des voyageurs semblaient vaquer à leurs occupations en toute décontraction.

Au niveau des départs, deux jeunes hommes, Shauli et David, cherchent leur vol. Lunettes de soleil sur le visage et kippa noire sur la tête; ils se rendaient à Ouman, lieu de repos du maître hassidique Rabbi Na’hman, et avaient décidé de faire le voyage sur un coup de tête, « quelque chose que nous avons déjà fait auparavant ».

Uman se trouvant en Ukraine, pays déchiré par la guerre, il n’y a pas de vols directs depuis Israël. Le duo a donc prévu de se rendre en Pologne, puis de poursuivre son voyage en bus.

« Nous allons de guerre en guerre. Tout va bien, tout vient du ciel », dit David.

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