Massacre au kibboutz Beeri : les erreurs incompréhensibles de l’armée et la bravoure des habitants
L'enquête sur l'invasion par le Hamas révèle que l'armée a réagi de manière désastreuse au cours de la lutte contre des centaines de terroristes
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le matin du 7 octobre 2023, des centaines de terroristes ont déferlé sur le kibboutz Beeri, une localité frontalière de Gaza qui allait devenir le théâtre de l’un des champs de bataille les plus meurtriers de l’assaut terroriste mené par le Hamas, et la pire attaque menée contre une seule localité. Les habitants ont été livrés à eux-mêmes pendant de longues heures, car l’armée – abasourdie par l’attaque de dizaines de villes et en plein désarroi – n’est pas venue à leur secours alors que les terroristes se déplaçaient de maison en maison, kidnappant, brutalisant et massacrant des civils jusque tard dans l’après-midi.
Au total, 101 civils et 31 membres des services de sécurité ont été tués à Beeri – une communauté d’un millier d’habitants – et 30 autres habitants et deux autres civils ont été pris en otage par les terroristes du Hamas, dont 11 se trouvent toujours à Gaza. Au moins 125 maisons de la communauté ont été endommagées ou détruites au cours des combats.
Jeudi, l’armée israélienne a présenté les conclusions de son enquête sur la bataille du kibboutz – la première d’une série d’investigations détaillées sur les nombreuses batailles de ce jour-là – et a mis en évidence l’héroïsme de l’équipe de sécurité locale de Beeri et des autres forces israéliennes qui ont participé aux combats, ainsi que les échecs colossaux de l’armée qui ont permis au massacre d’avoir lieu.
Beeri a été la localité la plus durement touchée par le massacre du Hamas du 7 octobre, au cours duquel quelque 3 000 terroristes ont franchi la frontière et massacré près de 1 200 personnes chez elles et lors d’un festival de musique dans le sud d’Israël, et ont emmené 251 otages à Gaza.
L’enquête, menée par le général de division (Rés.) Mickey Edelstein, ancien commandant de la division de Gaza, a porté sur tous les aspects des combats dans le kibboutz ce jour-là.
Edelstein et son équipe – dont aucun membre n’a été impliqué dans les événements eux-mêmes, selon Tsahal – ont passé des centaines d’heures à enquêter sur le massacre et la bataille de Beeri, en examinant toutes les sources d’information possibles, des messages WhatsApp que se sont échangés les habitants aux communications radio d’Israël et du Hamas, en passant par les vidéos de surveillance, les images aériennes, les entretiens avec les survivants et ceux qui ont combattu, ainsi que les visites sur place.
Deux raisons expliquent que l’enquête sur Beeri soit la première à être présentée. Premièrement, l’armée considère que l’enquête sur Beeri est la première à être prête à être présentée au public, bien que certains détails finaux doivent encore être réglés. Deuxièmement, Tsahal considère la présentation de l’enquête comme un moyen de rétablir la confiance avec le kibboutz en particulier et les citoyens israéliens en général, après les échecs de l’armée israélienne le 7 octobre.
L’enquête sur les combats à Beeri visait à tirer des conclusions opérationnelles spécifiques pour l’armée. Elle ne s’est pas penchée sur un tableau plus large de l’idée que se faisait l’armée de Gaza et du Hamas ces dernières années, qui doit faire l’objet d’enquêtes distinctes et plus vastes sur le renseignement et les défenses de Tsahal. L’armée n’examine pas non plus les politiques définies par les dirigeants, afin d’éviter un conflit avec les membres du gouvernement qui ont insisté sur le fait que de telles enquêtes devaient attendre la fin de la guerre contre le Hamas.
L’enquête a conclu que l’armée israélienne « a failli à sa mission de protection des résidents du kibboutz Beeri », principalement parce que l’armée ne s’était jamais préparée à un tel événement – la prise d’assaut d’une communauté israélienne par des terroristes, ainsi qu’une attaque à grande échelle menée simultanément par des milliers de terroristes dans de nombreuses villes et bases militaires.
Les forces israéliennes s’étaient entraînées à faire face à des « infiltrations isolées » et, par conséquent, leurs forces ont été déployées de telle sorte qu’aucun militaire n’a pu être envoyé à Beeri au cours de l’attaque.
L’enquête a révélé que l’armée a eu du mal à se faire une idée précise de ce qui se passait à Beeri jusqu’en début d’après-midi, bien que l’équipe de sécurité locale ait signalé que des combats avaient commencé tôt dans la matinée. Elle a également constaté que les autorités chargées de la sécurité n’avaient pas prévenu Beeri de l’attaque de manière adéquate.
Selon l’enquête, les forces israéliennes ont peiné à gérer la situation au cours des premières heures des combats à Beeri.
Au cours du massacre, de nombreuses unités ont participé à la lutte contre le Hamas à Beeri, et il y a eu peu de coordination. Par conséquent, de nombreux soldats se sont rassemblés à l’extérieur de la communauté et ne se sont pas immédiatement impliqués dans les combats, selon l’enquête.
Certaines troupes ont reçu l’ordre de ne pas entrer et de ne pas combattre, mais d’aider à évacuer les civils ; d’autres ont d’abord combattu à l’intérieur du kibboutz, mais se sont ensuite retirées pour évacuer les soldats blessés ; dans certains cas, les troupes ont attendu l’arrivée de leurs commandants pour entrer dans le kibboutz. Plus tard dans la soirée, les commandants ont informé les troupes avant d’entrer pour éviter les tirs amis, ce qui a également provoqué un important regroupement des troupes à l’extérieur de Beeri.
L’enquête a également révélé des cas où les troupes ont agi de manière inappropriée à l’égard des civils, notamment en ne les protégeant pas lors de tirs de roquettes dans la région.
L’équipe d’enquête a également établi que les habitants de Beeri et les membres de l’équipe de sécurité locale du kibboutz ont réussi, pendant les premières heures de l’attaque, à empêcher les terroristes de massacrer d’autres civils.
L’enquête a également mis en évidence des défaillances tactiques au cours de la bataille de Beeri, dont certaines étaient « compréhensibles » compte tenu des circonstances, notamment le manque d’informations et la situation extrêmement tendue et chaotique, et d’autres défaillances dues à des décisions erronées prises par les commandants.
Parmi ces échecs dus à de mauvaises décisions, on peut citer le fait que certaines unités sont entrées à Beeri puis ont quitté les lieux, que pendant les sept premières heures de l’attaque, seuls 13 soldats et 13 membres de l’équipe de sécurité locale du kibboutz ainsi que d’autres civils armés ont lutté contre l’invasion et que, dans quelques cas, les soldats blessés ont eu la priorité sur les civils lors de l’évacuation.
Plus de 300 terroristes ont envahi Beeri. Parmi eux, 100 à 120 membres de la force d’élite Nukhba du Hamas, 50 à 70 autres membres du Hamas et environ 100 à 150 membres du Jihad islamique palestinien, d’autres organisations terroristes et des civils palestiniens qui sont arrivés par la suite pour se livrer au pillage et à l’émeute.
Au moins 100 terroristes ont fini par être tués par les forces israéliennes dans le kibboutz, et 18 ont été capturés vivants.
Chronologie d’un massacre
L’assaut du Hamas sur Beeri a commencé peu après 6 h 30 le 7 octobre et s’est terminé en grande partie dans la soirée du 8 octobre. Certains terroristes sont toutefois restés dans le secteur et ont été tués ou capturés par les troupes le 9 octobre.
Le 7 octobre, à 5 h 30 du matin, les troupes israéliennes stationnées dans la région de Beeri et de Nahal Oz ont pris leur poste le long de la frontière avec Gaza, au moment du changement de garde. L’assaut du Hamas commencera exactement une heure plus tard.
Sous un déluge de roquettes tirées sur Israël, les premiers terroristes du Hamas ont franchi la barrière frontalière à 6 h 30. Ils ont attaqué deux chars stationnés au poste militaire de Paga, également connu dans l’armée israélienne sous le nom de « protecteur de Beeri », situé à la frontière, juste en face du kibboutz. Les attaquants ont utilisé des RPG et des drones larguant des explosifs.
L’un des chars a été mis hors d’état de nuire par les tirs du Hamas, ses passagers ont été tués et leurs corps ont été enlevés. Le second char a manœuvré plus au nord et s’est attaqué à plusieurs terroristes, mais il a également été touché, et les membres de son équipe, à l’exception du conducteur, ont été tués.
Le conducteur a emmené le char au festival de musique Nova, près de la communauté de Reïm, pour y affronter les terroristes qui massacraient les fêtards. Bien plus tard, à 14 h 30, le colonel Nissim Hazan a ramené ce même char à Beeri et, lors d’un incident tristement célèbre, a tiré des obus sur une maison où le Hamas retenait des otages.
Les troupes qui ont survécu à l’attaque contre l’avant-poste de Paga ont continué à combattre les terroristes et n’ont pas été en mesure de protéger Beeri, tandis que d’autres forces stationnées dans la région allaient combattre les attaquants à Nahal Oz, laissant le kibboutz sans défense.
À 6 h 42, des terroristes du Hamas de la 2e compagnie du bataillon Nuseirat ont franchi la frontière à moto et se sont dirigés vers Beeri. Les derniers membres de la compagnie ont atteint le kibboutz à 7h20.
Le terroristes des 1ère et 3ème compagnies du bataillon, quant à eux, se sont d’abord rendues au festival musical Nova, où ils ont assassiné des centaines de festivaliers. Plus tard, les deux compagnies se sont dirigées vers la ville de Netivot, dans le sud du pays, mais en chemin, elles ont repéré un char de l’armée israélienne et ont fait demi-tour pour se rendre à Beeri, conformément aux instructions données par les commandants du Hamas, rejoignant ainsi la deuxième compagnie.
Arik Kraunik, le chef de l’équipe de sécurité de Beeri, a repéré les premiers terroristes du Hamas à moto qui se dirigeaient vers Beeri et a prévenu l’armée et les habitants. Il a également demandé aux membres de l’équipe de sécurité locale de se retrouver à l’armurerie, où les fusils d’assaut du kibboutz étaient stockés. Kraunik en avait les clés.
Kraunik s’est approché de l’entrée principale du kibboutz au moment où deux terroristes la franchissaient, et a été tué au cours d’un échange de tirs.
Au même moment, Ilan Weiss, l’adjoint de l’équipe d’intervention d’urgence qui vivait à l’ouest du kibboutz et qui disposait également d’une clé, est parti de chez lui pour rejoindre l’armurerie, mais il a également été tué par des terroristes et son corps a été enlevé et emmené à Gaza.
Les membres restants de l’équipe de sécurité n’avaient donc plus de fusils d’assaut à leur disposition et ne disposaient plus que de leurs armes personnelles.
Les deux terroristes qui ont tué Kraunik à l’entrée principale, au nord de Beeri, ont continué à se déplacer à l’intérieur de la communauté, tuant des civils et des membres de l’équipe de sécurité alors qu’ils se dirigeaient vers le nord-ouest de Beeri, où le Hamas avait utilisé un bulldozer pour ouvrir une brèche dans la clôture et permettre à des dizaines d’autres terroristes d’affluer.
L’une des personnes abattues par les deux terroristes à ce moment-là était Gil Boyum, également membre de l’équipe de sécurité, qui a été emmené dans la clinique dentaire du kibboutz, où il est décédé plus tard. Plusieurs agents de sécurité se sont opposés aux terroristes depuis la clinique dentaire.
Vers 7 h 27, un groupe de cinq policiers est entré dans le kibboutz, mais a immédiatement fait demi-tour après avoir entendu des coups de feu et n’a pas été revu ce jour-là, selon les images des caméras de sécurité et le témoignage d’un résident. L’enquête n’a pas permis de déterminer où les policiers se sont rendus après avoir quitté Beeri.
Pendant ce temps, les terroristes du Hamas se déplaçaient de maison en maison dans le quartier ouest de Beeri, assassinaient ceux qui s’y trouvaient et incendiaient les maisons.
L’équipe de sécurité locale et plusieurs civils armés, dont le général réserviste Yossi Bachar, ont riposté, empêchant les terroristes d’avancer dans le centre du kibboutz.
À 9 h 03, 13 membres de l’unité d’élite Shaldag de l’armée de l’air sont arrivés par hélicoptère. Il s’agissait des premières troupes israéliennes à commencer à combattre à Beeri.
L’équipe de Shaldag a été la seule unité de Tsahal à Beeri jusqu’à environ 13 h 30. Selon l’enquête, seuls 26 Israéliens armés étaient présents à Beeri jusqu’à ce moment, contre quelque 340 terroristes.
À un moment donné, l’équipe Shaldag a perdu de ses membres et un autre a été grièvement blessé, ce qui l’a amenée à se replier vers l’entrée et à évacuer les blessés. L’enquête a conclu que la décision de ne pas rester pour combattre aux côtés de l’équipe de sécurité locale et des civils était une grave erreur professionnelle.
L’équipe de l’unité Shaldag s’est repositionnée à l’entrée de Beeri, où elle a tué plusieurs terroristes du Hamas, et est revenue plus tard pour combattre à l’intérieur du kibboutz. D’autres membres de l’unité Shaldag arriveront plus tard, dont le major (Rés.) Yitzhar Hofman (Hofman a ensuite combattu à l’intérieur de Gaza pendant la guerre et a été tué lors d’une attaque de sniper du Hamas dans la ville de Gaza en janvier).
À 11 h 30, des civils palestiniens ont commencé à entrer dans Beeri et à se livrer à des émeutes et à des pillages. Les deux compagnies supplémentaires du Hamas, qui s’étaient d’abord rendues au festival Nova, sont arrivées à Beeri à 12 h 15.
À 13 heures, les 32 otages du kibboutz avaient été emmenés par les terroristes à Gaza. Aucun autre otage n’a été pris après cette heure. Selon l’enquête, les terroristes ont tenté des enlèvements après 13 heures, sans succès.
À ce moment-là, le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, avait décidé de nommer des commandants chargés de prendre en charge des zones spécifiques du sud d’Israël où se déroulaient les combats, afin de tenter de coordonner les troupes. Le général de brigade Barak Hiram, commandant de la 99e division, a été nommé dans la région de Beeri à 13 heures, mais il est arrivé sur place beaucoup plus tard, vers 16 h 15.
Pendant ce temps, les membres de l’unité d’élite Sayeret Matkal ont tenté de rejoindre Beeri, mais ils ont rencontré des terroristes sur la route 232 juste à l’extérieur du kibboutz et ont été retardés.
Vers 13 h 30, les unités Shaldag et Sayeret Matkal ont décidé de prendre chacun des secteurs de Beeri et de fouiller la communauté à la recherche des 200 terroristes restants, selon les estimations, ainsi que de secourir les civils qui s’étaient retranchés dans les pièces sécurisées de leurs maisons pendant des heures.
Pendant que les forces spéciales opéraient, le 890e bataillon des parachutistes est arrivé à Beeri et, sans coordination ni connaissance des activités des autres unités, a également commencé à ratisser le kibboutz. Pourtant, il n’y a eu qu’un seul incident présumé de tir ami entre les troupes à Beeri, et il s’est produit au cours de la nuit. Selon l’enquête, les troupes ont pris soin de ne pas ouvrir le feu à moins d’être engagées dans une bataille directe avec des terroristes, de peur de toucher des civils.
Dans les heures qui ont suivi, entre 13 h 30 et 22 heures, les troupes ont engagé une série d’échanges de tirs avec les terroristes du Hamas à l’intérieur de Beeri. Pendant ce temps, un groupe d’officiers de police a tenté de contourner le kibboutz pour l’atteindre par le côté ouest, mais ils ont été pris en embuscade par des terroristes du Hamas munis de RPG et tous les huit ont été tués.
Entre 14 et 15 heures, les premiers civils de Beeri ont été évacués, mais la plupart d’entre eux n’ont pu quitter le kibboutz que vers 18 heures.
A 17 heures, des chars, dont celui conduit par le colonel Nissim Hazan, arrivent à Beeri et commencent à quadriller la zone avec les autres forces présentes.
La maison de Pessi Cohen
L’incident survenu au domicile de Pessi Cohen à Beeri est l’un des trois face-à-face entre les terroristes et les forces de sécurité lors de l’assaut du 7 octobre. Les autres ont eu lieu dans une maison à Ofakim et au poste de police de Sderot.
Les terroristes du quartier sud de Beeri avaient rassemblé des civils et les avaient amenés dans une seule maison, celle de Cohen. Six d’entre eux ont été détenus à l’extérieur, dans la cour, et neuf autres à l’intérieur de la maison, et selon l’enquête, l’un d’eux était déjà mort.
À 15 h 08, la police reçoit un premier appel téléphonique concernant une prise d’otages à Beeri. En raison d’une erreur de communication, le signalement transmis aux troupes faisait état d’une prise d’otages au réfectoire de Beeri, et non au domicile de Cohen.
À 15 h 59, l’un des terroristes retenant les otages au domicile de Cohen a appelé ses supérieurs à Gaza et leur a annoncé l’arrivée de Tsahal. L’armée a intercepté cet appel.
Avant même de savoir que des otages étaient retenus dans la maison, des membres de l’unité d’élite Yamam de la police ont tiré un missile à l’épaule en direction de la maison de Cohen, après avoir essuyé des tirs de mitrailleuse et de lance-roquettes.
Peu après, le Yamam et l’agence de sécurité Shin Bet ont réalisé que les otages étaient retenus captifs dans cette maison et non pas dans le réfectoire. Alors que les forces encerclaient la maison, elles n’ont pas pu voir les otages qui se trouvaient dans la cour.
Lorsque le char d’assaut de Hazan est arrivé dans la zone vers 17 heures, il a écrasé plusieurs camionnettes du Hamas que les terroristes avaient vraisemblablement utilisé pour emmener les otages détenus au domicile de Cohen.
Au même moment, l’un des huit terroristes qui se trouvaient dans la maison de Cohen s’est rendu aux forces israéliennes, utilisant l’une des survivantes, Yasmin Porat, comme bouclier humain alors qu’il sortait de la maison. Cela a permis de sauver la vie de Yasmin Porat.
Le général de brigade Hiram, qui se trouvait alors à Beeri mais pas dans la maison, a donné l’autorisation de tirer des obus de chars légers à proximité et en direction du bâtiment afin de pousser les terroristes qui s’y trouvaient à se rendre.
À 17 h 33, les commandants de Yamam et du Shin Bet ont ordonné au char de Hazan de tirer le premier obus de char léger près du bâtiment. Le premier obus a frappé l’allée menant à la maison.
À 18 heures, Hiram est arrivé au domicile de Cohen et a parlé au commandant de l’unité Yamam qui s’y trouvait, leur ordonnant de terminer dans les 40 minutes car le soleil était en train de se coucher. Après environ 20 minutes, Hiram est parti pour s’occuper d’autres incidents à Beeri.
À 18 h 26, des commandants du Hamas à Gaza ont appelé les terroristes qui se trouvaient au domicile de Cohen, leur ordonnant de s’enfuir. Une minute plus tard, à 18 h 27, un deuxième obus de char léger a été lancé sur le sentier.
À 18 h 32, les terroristes ont déclaré à leurs commandants à Gaza qu’ils se battraient jusqu’à la mort et, deux minutes plus tard, un troisième obus a été lancé sur le sentier.
Cet obus a rebondi sur le sol et a touché juste le linteau de la porte de la maison de Cohen, selon l’enquête. Des éclats d’obus ont tué l’otage Adi Dagan, 68 ans, et blessé sa femme, Hadas Dagan, 70 ans.
Un quatrième obus visant le toit a été lancé à 18 h 57. Selon l’enquête, il s’agissait également de faire pression sur les terroristes pour qu’ils libèrent les otages, et non de blesser quiconque se trouvait à l’intérieur.
Pendant ce temps, les combats se poursuivaient dans les maisons avoisinantes et les troupes essuyaient également des tirs depuis l’endroit où les otages étaient détenus. Parmi les personnes qui ont tenté d’atteindre les otages, l’inspecteur en chef Arnon Zmora (il a été tué quelques mois plus tard lors d’une mission réussie de libération d’otages dans la bande de Gaza en juin).
À 19 h 57, une longue rafale de tirs a été entendue par les forces, puis le silence s’est installé sans que l’on entende les otages. Les forces spéciales ont alors décidé de pénétrer dans la maison et ont ouvert le feu sur les terroristes restés à l’intérieur. Un seul des otages, Hadas Dagan, a survécu à l’échange de tirs. Les causes de la mort des 13 autres otages n’ont pas été clairement définies, mais on suppose que nombre d’entre eux ont été tués par des tirs israéliens.
Entre 22 heures le 7 octobre et 5 heures le 8 octobre, les force israéliennes ont continué à évacuer les civils de Beeri et à rechercher les terroristes restants, bien qu’il y ait eu beaucoup moins d’échanges de tirs.
Les recherches se sont poursuivies le lendemain, jusqu’à ce que l’armée déclare avoir repris le contrôle du kibboutz. Les jours suivants, il y a tout de même eu un certain nombre d’affrontements dans la région, car certains terroristes du Hamas s’y étaient cachés.
Halevi : « L’enquête illustre l’ampleur de l’échec »
Le chef de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a déclaré dans un communiqué publié à l’occasion de l’enquête que, bien qu’il ne s’agisse que de la première enquête sur le massacre, qui ne reflète pas l’ensemble de la situation du 7 octobre, elle « illustre clairement l’ampleur de l’échec et les dimensions du désastre qui a frappé les résidents du sud qui ont protégé leurs familles avec leurs corps pendant de nombreuses heures, et l’armée israélienne n’était pas là pour les protéger ».
Il a déclaré que des enquêtes supplémentaires permettraient de dresser un tableau plus complet de l’attaque et de tirer des conclusions opérationnelles qui seraient mises en œuvre immédiatement.
Tsahal a indiqué qu’elle mettrait également en place un site web où les conclusions seraient accessibles au public, et qui serait progressivement mis à jour au fil du temps avec des enquêtes supplémentaires sur les batailles du 7 octobre.
L’attaque du Hamas a donné lieu à une quarantaine de combats différents, qui font l’objet d’une enquête menée par plus de 20 commandants militaires.
Chaque enquête sur la bataille ou série d’enquêtes sera présentée une fois terminée, et non pas toutes simultanément, car certains événements se sont révélés plus complexes que d’autres à examiner.
L’armée espère présenter toutes les enquêtes sur les batailles d’ici la fin du mois d’août.
L’armée mène également une enquête sur une période allant de mars 2018, date des émeutes à la frontière de Gaza menées par le Hamas, au 10 octobre 2023, date à laquelle les troupes israéliennes ont repris le contrôle du sud d’Israël à la suite de l’attaque.
Cette enquête porte sur les évaluations des renseignements de Tsahal sur le Hamas depuis 2018 jusqu’au déclenchement de la guerre, ainsi que sur l’idée que se faisait l’armée de ses propres défenses et de ses plans opérationnels contre les menaces à Gaza.
D’autres enquêtes de Tsahal sur le 7 octobre, notamment sur le renseignement et le processus de prise de décision à la veille de l’attaque, ainsi que les jours qui l’ont précédée, seront basées sur les conclusions de cette enquête.