Netanyahu appelle ses rivaux à le rejoindre dans une coalition
Après une nouvelle impasse électorale apparente, le Premier ministre, sans revendiquer la victoire, demande à ses opposants de le rallier - un an après en avoir persuadé Gantz
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Reconnaissant qu’il pourrait ne pas réunir suffisamment de bulletins pour être en mesure de construire une coalition viable après un quatrième scrutin non-concluant, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est abstenu de revendiquer la victoire lors d’un discours qu’il a prononcé tard dans la nuit de mardi, suppliant les membres des partis rivaux de mettre de côté leurs désaccords personnels et de s’associer avec lui pour éviter un cinquième cycle électoral.
« Une majorité claire » des 120 membres de la Knesset qui viennent tout juste d’être élus partagent ses politiques dans l’ensemble, a-t-il affirmé, et il a donc l’intention de passer les quelques prochains jours « à parler à tous les parlementaires » transfuges qui pourraient être désireux de construire un gouvernement stable. La seule alternative à une coalition sous sa gouvernance, a-t-il déclaré, serait un nouveau retour aux urnes des Israéliens.
Alors que les bulletins ont été décomptés pendant toute la nuit, les sondages de sortie des urnes réactualisés suggèrent que ni Netanyahu, ni aucun de ses adversaires n’est en mesure actuellement de réunir une majorité à la Knesset.
Après une impasse similaire, l’année dernière, Netanyahu avait persuadé son principal adversaire de l’époque, Benny Gantz, à la tête du mouvement Kalhol lavan, de le rejoindre dans un « gouvernement d’unité d’urgence ». Son discours prononcé dans la soirée de mardi semble traduire la même volonté de ralliement autour de lui.
L’accord de coalition conclu entre Netanyahu et Gantz s’était effondré, l’année dernière, après l’échec du Premier ministre à adopter un budget – ce qui avait entraîné la dissolution automatique de la Knesset et provoqué le scrutin qui a eu lieu mardi. Gantz a juré de ne plus jamais établir de partenariat avec Netanyahu. Le Premier ministre pourrait néanmoins espérer être en mesure d’accueillir des déserteurs du parti de Gantz ou d’autres formations qui ont juré de ne jamais intégrer une coalition placée sous son autorité, et notamment des membres de Tikva Hadasha, dirigé par l’ex-ministre du Likud Gideon Saar.
L’air fatigué mais calme, au lendemain d’une campagne épuisante, Netanyahu, âgé de 71 ans, a salué le « résultat extraordinaire » remporté par son parti du Likud avec, selon les estimations, plus de 30 sièges au Parlement. Il a ensuite détaillé les réussites enregistrées par son gouvernement sortant et par lui-même – avec une campagne de vaccination contre le coronavirus unique au monde, une série d’accords de paix conclus et un positionnement ferme contre les agressions iraniennes et les ambitions nucléaires de la république islamique.
La plus grande partie de la population et de la nouvelle Knesset a soutenu ces initiatives, partageant son opposition à la décision prise par la Cour pénale internationale (CPI) d’ouvrir une enquête pour crimes de guerre contre l’État juif et soutenant également « la sauvegarde des terres d’Israël », a-t-il précisé – utilisant une terminologie se référant à Israël et à la Cisjordanie, la « Judée et Samarie biblique ».
« Avec cette majorité, nous devons construire un gouvernement israélien stable », a-t-il continué. « Je tends la main à tous les députés qui croient que cette voie est la bonne et je n’exclus personne. J’attends de tous ceux qui croient en nos principes qu’ils agissent conformément à leurs convictions ».
« Rejoignez-nous en ce gouvernement », a-t-il recommandé avec vivacité, promettant de construire « un gouvernement de droite qui s’occupera de tous les citoyens israéliens ».
Netanyahu a précisé s’être entretenu, après le vote, avec les responsables des partis Shas, Yahadout HaTorah et du Parti sioniste religieux – ses alliés déclarés – et avec Naftali Bennett de Yamina, un ancien allié devenu son adversaire qui s’est montré évasif, mardi soir, lorsqu’il lui a été demandé s’il soutiendrait Netanyahu.
Bennett a déclaré pendant toute sa campagne et de manière répétée que Netanyahu n’était pas fiable. Saar lui a reproché publiquement d’avoir fait sombrer Israël dans ce nouveau scrutin et il a à nouveau promis, mardi soir, de ne jamais intégrer un gouvernement placé sous son autorité. Gantz, qui a qualifié Netanyahu de « menteur » et de « manipulateur », a affirmé de son côté qu’il s’inquiétait de ce que certains, dans le camp anti-Netanyahu, puissent être tentés de rallier le leader du Likud, établissant clairement que cela ne serait jamais son cas.
Le décompte des votes avait à peine commencé quand Netanyahu a fait son discours et les résultats finaux pourraient modifier l’image d’ensemble de l’impasse politique en cours.
Netanyahu, qui est au pouvoir depuis 2009 et qui a aussi servi au poste de Premier ministre de 1996 à 1999, ne se bat pas seulement pour son avenir politique : il est actuellement au cœur d’un procès pour corruption dans trois dossiers distincts, dont la phase de présentation des preuves commencera le 5 avril.
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Les membres du Likud et de l’alliance du Parti sioniste religieux ont indiqué qu’ils chercheraient à faire avancer une législation qui suspendrait son procès ou y mettrait un terme, même si Netanyahu lui-même a fait savoir qu’il ne lui apporterait pas personnellement son soutien. Ce résultat électoral au point mort, s’il devait se confirmer dans les derniers décomptes, pourrait réduire la probabilité de l’adoption d’une telle loi sans gagner l’approbation de la Knesset.