Israël en guerre - Jour 431

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Netanyahu limoge Gallant : Katz à la Défense ; Saar aux Affaires étrangères

Manifestations à Jérusalem, Tel-Aviv et dans le centre ; Le Forum des otages et des proches de disparus a déploré "la médiocrité des priorités du gouvernement israélien" ; Itamar Ben Gvir jubile

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant lors d'un événement pour les soldats exceptionnels dans le cadre des célébrations du 75e anniversaire de la Journée de l'indépendance, à Jérusalem, le 26 avril 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant lors d'un événement pour les soldats exceptionnels dans le cadre des célébrations du 75e anniversaire de la Journée de l'indépendance, à Jérusalem, le 26 avril 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a limogé mardi son ministre de la Défense Yoav Gallant, avec qui les relations étaient devenues tendues durant la guerre à Gaza, et a nommé à sa place l’actuel chef de la diplomatie Israël Katz.

« En pleine guerre, la confiance est plus que jamais requise entre le Premier ministre et son ministre de la Défense » mais « ces derniers mois, cette confiance s’est érodée, a affirmé Netanyahu dans une lettre adressée à Gallant, ajoutant avoir « choisi de nommer le ministre Israël Katz pour le remplacer ».

Gallant, qui s’est imposé comme une figure de proue de la guerre qu’Israël mène depuis septembre contre le Hezbollah au Liban voisin, a répondu sur X que « la sécurité d’Israël a été et restera la mission de (sa) vie ».

Netanyahu a remis en mains propres à Gallant, un général en retraite devenu l’une des principales figures du gouvernement, la lettre de licenciement officielle lors d’une brève réunion à 20 heures dans son bureau, a indiqué le bureau du Premier ministre au Times of Israel.

Après cette brève entrevue, Netanyahu a quitté la pièce et a enregistré la vidéo annonçant le licenciement, selon la chaîne N12.

La lettre, qui ne contient qu’une seule phrase, indiquait que le mandat de Gallant prendrait fin dans 48 heures.

Selon le site d’information Walla, citant des sources proches du Premier ministre, celui-ci prévoirait également de limoger le chef d’État-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, ainsi que le chef du Shin Bet, Ronen Bar. Netanyahu a tout le pouvoir pour renvoyer Bar, mais le ministre de la Défense est responsable du renvoi ou de la nomination d’un chef d’État-major de l’armée israélienne. Le nouveau ministre de la Défense, Katz, un fidèle du Premier ministre surnommé le « bulldozer » a la réputation d’être prêt à faire tout ce que Netanyahu lui demandera mais n’a aucune expérience militaire.

Cette annonce intervient dans l’attente du résultat de l’élection présidentielle aux Etats-Unis.

« Le ministre Gallant a été un partenaire important sur toutes les questions liées à la défense d’Israël. En tant que partenaires proches, nous continuerons à travailler en collaboration avec le prochain ministre de la Défense d’Israël », a déclaré le porte-parole du Conseil de Sécurité nationale au Times of Israel. « Nous vous renvoyons vers le gouvernement israélien pour plus d’informations sur ses décisions en matière de personnel », a ajouté le porte-parole.

Gallant a été le ministre le plus souvent en contact avec les hautes autorités de l’administration Biden, comme en témoigne sa centaine d’appels avec le Secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, depuis le début de la guerre. En dépit de quelques désaccords, les responsables de l’administration Biden voyaient en Gallant la voix de la raison au sein du gouvernement israélien, celle capable de comprendre que la poursuite de la guerre contre le Hamas dépendait de sa capacité à permettre l’acheminement de l’aide humanitaire aux civils palestiniens.

Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, à gauche, et le ministre de la Défense Yoav Gallant, à Bruxelles, le 15 juin 2023. (Crédit : Elad Malcha/Ministère de la Défense)

Sans mentionner nommément le Premier ministre Netanyahu ni le ministre de la Défense Yoav Gallant, le président Isaac Herzog a affirmé tard dans la soirée que « la dernière chose dont Israël a besoin en ce moment est un bouleversement et une rupture en pleine guerre. La sécurité d’Israël doit être au-dessus de toute considération ».

« Cent un otages sont toujours captifs de l’ennemi ce soir », a écrit Herzog sur X. « Des milliers de jeunes filles endeuillées et des membres de leurs familles pleurent leur monde brisé. De nombreux réservistes portent le fardeau de la protection du peuple et de la patrie et réclament, avec leurs familles, un large partenariat israélien. Des milliers de nos frères sont évacués de leurs maisons depuis plus d’un an ».

« Nous ne devons pas retourner vers l’abîme ! », a mis en garde Herzog. « Les ennemis d’Israël n’attendent qu’un signe de faiblesse, de désintégration ou de division en notre sein. »

Il a appelé les dirigeants israéliens à « faire preuve d’un grand sens des responsabilités ».

Le Forum des otages et des proches de disparus a pour sa part condamné le limogeage du ministre, qu’il a qualifié de « nouvelle manœuvre destinée à empêcher la conclusion d’un accord sur les otages ». L’organisation, qui représente les intérêts des familles des otages enlevés le 7 octobre, a exigé que le nouveau ministre de la Défense « s’engage de façon claire à mettre fin à la guerre et conclure un accord global pour le retour immédiat de tous les otages ». « Le limogeage du ministre de la Défense est la preuve désolante de la médiocrité des priorités du gouvernement israélien », a dénoncé le Forum dans un tweet, ajoutant que « les objectifs militaires dans la bande de Gaza ont été atteints » et qu’Israël doit maintenant conclure un « accord global pour acter la libération de tous les otages et la fin de la guerre ». « Il est impensable que les intérêts politiques, personnels ou des partis, continuent d’interférer avec la priorité réellement nationale qu’est le retour des otages », a-t-il conclu.

Gallant plaidait aussi pour une trêve avec le Hamas à Gaza en vue d’obtenir la libération des otages enlevés lors du pogrom du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël.

Depuis une seule et unique trêve en novembre 2023, tous les efforts diplomatiques en vue d’un retour des otages contre un cessez-le-feu dans le territoire palestinien de Gaza se sont avérés infructueux. Sur 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 97 restent otages à Gaza dont 34 déclarées mortes par l’armée.

La décision de Netanyahu de remplacer le ministre de la Défense en pleine guerre « est une folie », a tweeté le chef de l’opposition Yair Lapid, en appelant les Israéliens à manifester contre cet important remaniement ministériel. « Netanyahu trahit la sécurité d’Israël et les combattants de Tsahal pour les besoins de [son] indigne survie politique. Le gouvernement d’extrême droite préfère les réfractaires [à la conscription] à ceux qui servent [dans l’armée] », a accusé Lapid en invitant les partisans de son parti et « tous les patriotes sionistes à descendre dans la rue, ce soir, en signe de protestation ».

Le chef des Démocrates Yaïr Golan assistant à une réunion de faction, à la Knesset, à Jérusalem, le 22 juillet 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« Descendez dans la rue », avait aussi plus tôt tweeté Yair Golan, président des Démocrates, juste après l’annonce de Netanyahu.

Des manifestants ont investi peu après 21h l’autoroute Ayalon, à Tel-Aviv, pour bloquer la circulation et allumer des feux en guise de protestation contre le limogeage du ministre.

La chaîne N12 a diffusé des images de la police en train d’installer des barricades à proximité de la résidence officielle de Netanyahu, à Jérusalem tout comme devant le QG de l’armée israélienne à Tel Aviv.

« La politique au détriment de la sécurité nationale », a de son côté déploré Benny Gantz, président de HaMahane HaMamlahti, et ancien membre du cabinet de guerre de Netanyahu, aujourd’hui disparu.

« Il n’y a pas de bas niveau où ce gouvernement ne puisse pas tomber », a ajouté pour sa part Orit Farkash Hacohen (HaMahane HaMamlahti). « Un ministre de la Défense qui annonce des ordres de conscription pour des milliers de Haredim est renvoyé en pleine guerre, à la veille d’une attaque [iranienne attendue], au nom de la loi sur l’évasion [des Haredim]. »

Gallant avait déclaré ce mardi que Tsahal avait besoin d’un recrutement à grande échelle des jeunes ultra-orthodoxes pour répondre aux besoins urgents en effectifs. Lors d’une visite auprès de l’unité d’élite Egoz, Gallant avait souligné qu’à court terme, il était nécessaire d’avoir « plus de soldats au sein de Tsahal ». Il avait précisé que les mesures à prendre incluraient l’extension de la durée du service obligatoire pour les hommes à trois ans, comme c’était le cas auparavant, et « qu’il sera indispensable d’enrôler d’autres populations, en premier lieu les ultra-orthodoxes, à grande
échelle ». Gallant avait exprimé l’espoir que, dans le futur, les jeunes haredim ne se contenteront pas de servir, mais qu’ils intègreront également des unités de commando d’élite, telles qu’Egoz. « Nous devons partager équitablement le fardeau du service », avait-il ajouté, précisant que cela n’est pas seulement pour la solidarité sociale, mais « plus important encore, pour la sécurité ». « Nous savons comment produire des munitions, importer des armes, acheter des ressources et tout organiser, mais les soldats proviennent du peuple d’Israël ; il n’y a personne d’autre », avait-il conclu.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant rencontre des soldats du commando Egoz dans le nord d’Israël le 5 novembre 2024 (Crédit : Ariel Hermoni/Ministère de la Défense)

Le leader d’Israel Beytenu et ancien ministre de la Défense, Avigdor Liberman, a vivement critiqué le renvoi de Gallant, affirmant que le Premier ministre menait le pays tout droit vers une « république bananière ». « Au lieu de s’occuper de la sécurité du pays en premier et de faire passer le bien-être des citoyens et des soldats en premier, le Premier ministre a décidé de limoger le ministre de la Défense et de lancer une nouvelle série de nominations politiques en pleine guerre, tout cela dans le but de répondre à des besoins politiques honteux », a asséné Liberman. « Si un ministre de la Défense peut être remplacé en pleine guerre, un Premier ministre peut également être remplacé », a-t-il prévenu.

L’ex-Premier ministre Naftali Bennett a critiqué le Premier ministre pour avoir limogé le ministre de la Défense Gallant en temps de guerre, affirmant que les dirigeants actuels étaient « fous et malades ». « Cette nation de lions a des dirigeants malades et fous », a dénoncé Bennett dans un communiqué sur X. « J’appelle nos soldats sur tous les fronts : ne perdez pas de vue l’ennemi. Si vous nous protégez, nous, le public, vous protégerons. Ne désespérez pas, le changement arrive. »

Ses commentaires interviennent alors que des rapports généralisés font état du mécontentement de milliers de soldats de réserve qui craignent que leur sort soit confié à des politiciens sans aucune expérience militaire.

Le Forum des entreprises israéliennes, qui représente la plupart des travailleurs du secteur privé du pays, a lui aussi jugé que le limogeage du ministre de la Défense Yoav Gallant et la nomination d’un ministre sans aucune expérience en matière de sécurité en pleine guerre est une « décision dangereuse ».

« C’est un coup dur pour les citoyens et une récompense pour nos ennemis », a averti le forum. « Un Premier ministre qui préfère sa survie politique et ses intérêts personnels à la sécurité du pays ne mérite pas de rester en fonction. »

Le forum de 200 entreprises de premier plan comprend la chaîne de centres commerciaux Big Shopping Centers, le groupe Azrieli et des institutions bancaires.

Les médias israéliens ont indiqué que les chefs d’entreprise et la centrale syndicale de la Histadrout envisageaient de lancer un appel à la grève pour protester contre cette décision.

Le ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite très controversé Itamar Ben Gvir a lui en revanche – et sans surprise – salué cette décision, estimant qu’ « il n’est pas possible d’obtenir une victoire absolue » avec Gallant au pouvoir. « Le Premier ministre a bien fait de le démettre de ses fonctions », a déclaré Ben Gvir, qui avait déjà appelé à plusieurs reprises au limogeage de Gallant.

Le ministre du Patrimoine Amichai Eliyahu (Otzma Yehudit) a aussi applaudi le limogeage de Gallant, déclarant que si le haut responsable du Likud est « un homme aux nombreuses vertus », il était également une force d’opposition au sein de la coalition dont les positions n’étaient pas en phase, selon lui, avec les intérêts de l’État. « Il y a des moments où il faut du courage pour changer de direction », a affirmé Eliyahu, ajoutant que la fin du mandat de Gallant conduira « à une meilleure réalité sécuritaire ».

Le ministre des Communications Shlomo Karhi (Likud) a aussi salué le limogeage de Gallant, assurant que son collègue du Likud n’avait « pas su se montrer à la hauteur de l’esprit héroïque de nos braves guerriers qui réclament la victoire » et que son départ ouvre la voir à la victoire à Gaza. « La dernière personne qui reste pour entraver et combattre le gouvernement est Mme Miara », a-t-il poursuivi, faisant référence à la procureure générale Gali Baharav-Miara. « Renvoyez-la chez elle maintenant. » Cette remarque intervient alors que les tensions sont de plus en grandes entre la procureure générale et l’actuelle coalition sur de nombreux sujets dont une réforme très controversée que Kahri défend et qui vise à accorder au gouvernement un contrôle accru sur le budget de l’Autorité de radiodiffusion d’Israël (Israeli Public Broadcasting Corporation ou IPBC), suscitant des inquiétudes quant au maintien de l’indépendance du radiodiffuseur public du pays.

À gauche, Gali Baharav-Miara, le 8 février 2022 ; à droite, Benjamin Netanyahu, le 2 novembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel ; Olivier Fitoussi/Flash90)

Le Mouvement pour un gouvernement de qualité en Israël a demandé mardi à Baharav-Miara, « d’examiner en urgence la légalité » de la décision de Netanyahu de limoger le ministre de la Défense. Par voie de communiqué, l’organisme de surveillance de la bonne gouvernance explique que le limogeage de Gallant est « une manœuvre politicienne qui place les intérêts personnels et politiques au-dessus de l’intérêt général du pays et de la sécurité de ses citoyens ». Le groupe voit un lien entre cette décision de Netanyahu et le projet de son gouvernement de faire adopter une loi permettant aux Israéliens ultra-orthodoxes « d’échapper » au service militaire. Il estime que le limogeage de Gallant « au moment où l’armée israélienne se bat sur plusieurs fronts est une atteinte grave au système de sécurité et aux principes de bonne administration, le signe d’un profond échec des autorités ».

Gallant est opposé à la proposition de loi des Haredim destinée à exempter les étudiants des yeshivot du service militaire.

Lundi, l’armée israélienne a annoncé qu’elle procéderait la semaine prochaine à l’envoi de 7 000 ordres de conscription supplémentaires aux membres de la communauté ultra-orthodoxe, la première phase de l’appel des soldats haredim s’étant révélée infructueuse.

On s’attendait aussi à ce que Gallant vote contre une proposition de loi très controversée soutenue par la coalition et destinée à contourner une décision de la Cour Suprême interdisant de verser des aides pour la garde des enfants d’ultra-orthodoxes refusant de servir dans l’armée.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) serrant la main du leader de Tikva Hadasha, Gideon Saar, après que ce dernier a annoncé sa rentrée au gouvernement, le 29 septembre 2024. (Crédit : Chaïm Tzach/GPO)

Gideon Saar, actuel ministre sans portefeuille du gouvernement israélien, a été nommé ministre des Affaires étrangères, dans la foulée du limogeage de Gallant.

Saar, ancien ministre et ancien rival de longue date de Netanyahu, remplace Katz, nommé à la Défense à la place de Gallant. Saar était entré au gouvernement en septembre, permettant au Premier ministre d’élargir sa majorité de coalition de droite près d’un an après le début de la guerre à Gaza.

Katz a été très critiqué depuis qu’il avait remplacé Eli Cohen à la tête de la diplomatie israélienne pour son manque de tact et ses insultes « infantiles » répétées contre des dirigeants du monde.

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