Sinwar affirme que ses forces sont sur la voie de la victoire contre Tsahal – WSJ
Le chef du groupe terroriste aurait envoyé un message aux chefs du Hamas en exil, affirmant qu'un cessez-le-feu serait imposé en raison du nombre de victimes civiles
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le Hamas est en train de gagner la guerre à Gaza. Voici ce qu’a déclaré le chef de l’organisation terroriste palestinienne dans la bande de Gaza déchirée par les combats, à ses hauts responsables au Qatar, selon un article publié jeudi.
Début février, inquiets de voir Tsahal prendre la main sur le groupe terroriste et le nombre élevé de morts parmi ses membres, tués par les troupes au sol et les frappes aériennes israéliennes, les dirigeants en exil du Hamas se sont réunis à Doha, selon le Wall Street Journal, citant des « personnes informées de la réunion ».
Un message du chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, aurait été reçu dans lequel il aurait affirmé que malgré les pertes tactiques, le Hamas avait le dessus et que la pression internationale forcerait Israël à suspendre ses opérations. Il ajoutait que les quatre bataillons présents à Rafah étaient prêts à faire face à un probable assaut terrestre de Tsahal sur la ville frontalière.
On ignore toutefois si Sinwar prend la mesure de la réalité sur le champ de bataille, car il semblerait qu’il se cache dans des tunnels, probablement sous Khan Younès. Les responsables égyptiens cités dans l’article pensent « qu’il a perdu le contact avec la réalité ».
Tsahal a indiqué qu’en quatre mois d’offensive terrestre à Gaza, 242 de ses soldats ont été tués, et que l’armée a tué environ 12 000 membres du Hamas et en a blessé de nombreux autres. Elles ont également tué 1 000 terroristes à l’intérieur d’Israël lors de l’assaut du Hamas le 7 octobre.
Israël estime que le 7 octobre, le Hamas comptait, dans ses rangs, environ 30 000 hommes armés.
Le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, a rapporté jeudi que depuis le début de la guerre, plus de 30 000 personnes avaient été tuées à Gaza. Ces chiffres ne peuvent être vérifiés de manière indépendante et sont censés inclure à la fois des civils et des terroristes du Hamas tués à Gaza, y compris ceux qui ont été tués à la suite de tirs de roquettes mal lancés par les groupes terroristes eux-mêmes.
Le WSJ a également rapporté que depuis le cessez-le-feu de novembre, le Hamas avait changé de tactique, passant d’assauts à grande échelle réunissant jusqu’à 30 hommes à des embuscades utilisant des armes légères et des lance-roquettes.
L’objectif de ces attaques est de saigner Israël jusqu’à ce qu’il soit contraint de mettre fin à la guerre, éventuellement dans le cadre d’un accord sur les otages avec le Hamas. Les négociations sur un tel accord sont en cours. Les négociateurs israéliens sont en relation avec leurs partenaires américains, qataris et égyptiens à Doha.
Les divergences restent importantes, notamment en ce qui concerne la durée de la pause des combats. Le Hamas souhaite la fin de la guerre et le retrait des troupes israéliennes.
Les dirigeants israéliens sont déterminés à poursuivre les combats jusqu’à la « victoire totale », qui, pour eux signifie la chute du Hamas sur le plan militaire et gouvernemental, et la libération de tous les otages détenus à Gaza.
Toujours selon le WSJ, le Hamas utiliserait également des enregistrements d’otages israéliens implorant d’être secourus en hébreu pour attirer les soldats dans des embuscades et placerait des explosifs dans des sacs provenant de kibboutzim israéliens pour que les soldats les ramassent.
Cette semaine, des officiers de Tsahal à l’intérieur de la bande de Gaza ont fait part au Times of Israel du même constat d’un changement dans les tactiques du Hamas.
« Il y a une certaine résistance, mais ce n’est pas comme au début », a indiqué le lieutenant-colonel Aviran Alfasi, commandant du bataillon Tzabar de la brigade Givati dans le district de Zeitoun de la ville de Gaza. « Ils tirent puis ils courent. »
« La bataille est beaucoup moins complexe qu’elle ne l’était », a-t-il déclaré. Bien que son bataillon ait la liberté d’action à Zeitoun, « il y a encore du travail », a déclaré Alfasi.
« Plus nous et la brigade Nahal opérons, plus les capacités [du Hamas] s’amenuisent », a-t-il ajouté.
Le WSJ a rapporté que selon les commandants de Tsahal, même les plus hauts gradés, sont de plus en plus sceptiques sur la possibilité que leurs succès tactiques se traduisent par une victoire claire aux niveaux stratégique et politique.
À un moment donné, Israël – et ses partenaires internationaux – devront remplacer le Hamas par une autre entité pour gouverner Gaza.
« Ce qui se trouve entre le maintien en place à Gaza et le renversement du Hamas, c’est un gouvernement civil différent », a insisté le théoricien militaire Eran Ortal.
Mais le Premier ministre Benjamin Netanyahu Netanyahu est réticent à discuter de sa vision du remplaçant du Hamas, disant seulement qu’il ne remettra pas le pouvoir à l’Autorité palestinienne, dont il se méfie, et qu’Israël maintiendra un contrôle total de la sécurité.
« Après le grand sacrifice de nos civils et de nos soldats, je ne laisserai pas entrer à Gaza ceux qui forment au terrorisme, soutiennent le terrorisme et le financent », a-t-il déclaré. « Gaza ne sera ni un Hamastan ni un Fatahstan. »
La semaine dernière, un haut responsable israélien a déclaré que Jérusalem recherchait des Palestiniens non affiliés au Hamas pour gérer les affaires civiles dans les zones de la bande de Gaza conçues comme des terrains d’essai pour l’administration d’après-guerre de l’enclave.
Le responsable israélien a déclaré que les « poches humanitaires » prévues se trouveraient dans des districts de la bande de Gaza d’où le Hamas a été expulsé, mais que le succès final dépendrait de la réalisation par Israël de son objectif de détruire le groupe terroriste islamiste dans le minuscule territoire côtier qu’il gouverne depuis 16 ans.
« Nous cherchons les bonnes personnes pour prendre les choses en main », a déclaré le responsable à Reuters sous le couvert de l’anonymat. « Mais il est clair que cela prendra du temps, car personne ne se présentera s’il pense que le Hamas lui tirera une balle dans la tête. »
Les officiers israéliens ont néanmoins affirmé au Times of Israel qu’ils sont en passe de vaincre le Hamas.
« Si nous n’y croyions pas, nous n’aurions rien à faire ici », a affirmé le commandant du bataillon 931, le lieutenant-colonel Oz Meshulam. « Chaque jour, nous infligeons des défaites et des destructions au Hamas.
« Pour en venir à bout, il nous faudra du temps », a-t-il ajouté. « Au moins jusqu’à la fin de l’année. »