Sinwar avait mis en place un service pour espionner les habitants de Gaza – NYT
Le dispositif, qui aurait été préparé par le chef du Hamas, illustre la surveillance exercée par les terroristes sur les Gazaouis soupçonnés de dissidence
Le chef du groupe terroriste palestinien du Hamas, Yahya Sinwar, a mis en place une police secrète qui surveillait les jeunes, les journalistes et les personnes dissidentes, en compilant des documents concernant au moins 10 000 habitants de la bande de Gaza, a rapporté lundi le New York Times.
Le Service général de sécurité (GSS) s’est focalisé sur la censure, l’intimidation et la surveillance plutôt que sur la violence, a indiqué le journal, en se basant sur des documents internes du Hamas qu’il a reçus de responsables du Directorat des Renseignements militaires israéliens, ainsi que sur des informations émanant de responsables des agences de renseignement.
Un Palestinien connaissant bien le GSS a déclaré qu’il s’agissait de l’une des trois entités de sécurité interne à Gaza, les deux autres étant les renseignements militaires et le service de sécurité interne du ministère de l’Intérieur dirigé par le groupe terroriste palestinien.
Le statut actuel du service n’est pas clair en raison de la guerre en cours dans la bande de Gaza et de la poursuite de la destruction des infrastructures du Hamas par Israël. Un porte-parole du groupe terroriste a déclaré au New York Times que les responsables du GSS n’étaient pas disponibles pendant la guerre en cours.
L’article cite une présentation de 62 diapositives qui aurait été préparée quelques semaines avant l’assaut barbare et sadique du Hamas sur Israël, le 7 octobre, déclenchant ainsi la guerre. Le dossier a été récemment découvert dans la bande de Gaza, ont indiqué des responsables israéliens au New York Times.
Trois responsables des services de renseignement, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, ont déclaré que Sinwar supervisait directement le GSS. Ils ont noté que le document consulté par le New York Times avait été préparé pour être examiné par Sinwar lui-même.
Les diapositives portent sur la sécurité des dirigeants du Hamas et sur la manière de réprimer les manifestations, notamment celles de l’année dernière concernant les pénuries d’électricité et le coût de la vie.
Elles ont montré que le GSS comptait 856 agents avant le 7 octobre et que ses dépenses mensuelles s’élevaient à 120 000 dollars. Parmi le personnel, 160 étaient employés pour diffuser la propagande du Hamas et attaquer en ligne les opposants du groupe terroriste à Gaza ou à l’étranger.
Les journalistes ont pu s’entretenir avec certaines des personnes figurant dans les documents et qui ont pu confirmer les détails des informations fournies par le GSS.
Le New York Times a déclaré avoir passé en revue sept dossiers de renseignement couvrant la période allant d’octobre 2016 à août 2023. Le Directorat des Renseignements militaires israéliens a déclaré au journal qu’il savait que le GSS avait des dossiers sur au moins 10 000 habitants de Gaza.
Les informations montrent que le Hamas ne tolère aucune dissidence, s’efforce de faire supprimer les critiques des réseaux sociaux et cherche des moyens de diffamer ses rivaux politiques.
Les diapositives suggèrent « d’entreprendre un certain nombre de campagnes médiatiques offensives et défensives pour confondre et influencer les adversaires en utilisant des informations privées et exclusives », selon l’article.
Il s’appuyait sur un réseau d’informateurs, dont certains fournissaient même des informations sur leurs propres voisins.
Un dossier traite d’Ehab Fasfous, un journaliste de la bande de Gaza, le décrivant comme l’un des « principaux détracteurs du Hamas ».
Palestinian photojournalist Ehab Fasfous sentenced to 2 months in prison and a 400 shekel fine for taking pictures of Hamas officers assaulting a child. He was released after a friend paid the fine this morning. pic.twitter.com/2h3G4JUmOX
— Khaled Abu Toameh (@KhaledAbuToameh) February 8, 2021
Il décrit comment Fasfous a été arrêté par des officiers du GGS l’année dernière alors qu’il se rendait à une manifestation, et que son téléphone lui a été confisqué. L’examen de son historique d’appels a révélé qu’il était en contact avec des « personnes suspectes » en Israël, d’après le dossier le concernant.
« Nous pensons qu’il est nécessaire de se rapprocher de lui car c’est une personne négative, pleine de haine, qui ne fait que mettre en avant les défauts de la bande », indique le dossier, qui recommande de le « diffamer ».
Fasfous, lors d’un appel téléphonique passé depuis Gaza, a décrit l’incident au New York Times en disant qu’il avait été accosté par deux officiers en civil. Il a indiqué que les personnes en Israël avec lesquelles il était en contact étaient des Palestiniens qui possédaient des entreprises dans le domaine de l’alimentation et de l’habillement et qu’il avait aidé à gérer leurs comptes sur les réseaux sociaux. Il a également affirmé que les agents avaient utilisé son téléphone pour envoyer des messages de drague à une collègue « pour m’accuser d’une violation de la morale ».
Les dossiers examinés par le New York Times indiquent que certaines personnes ont également été placées sous surveillance parce que soupçonnées d’entretenir des relations extraconjugales.
Le Hamas, selon les documents, se méfie des organisations et des journalistes étrangers, et le GSS a également surveillé des membres du groupe terroriste allié, le Jihad islamique palestinien.
Michael Milshtein, un ancien officier du renseignement militaire israélien qui était chargé des affaires palestiniennes, a décrit le GSS comme « exactement comme la Stasi de l’Allemagne de l’Est ».
Mkhaimar Abusada, professeur de sciences politiques à Gaza, a déclaré au New York Times « qu’il y a beaucoup de gens qui pratiquent l’autocensure […] Ils ne veulent tout simplement pas de problèmes avec le gouvernement du Hamas ».
La guerre a éclaté lorsque quelque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tuant près de 1 200 personnes, principalement des civils, tout en prenant 252 otages de tous âges, en commettant de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle. Sinwar se cache depuis le début de la guerre.
Fasfous a eu des démêlés avec les autorités depuis le début de la guerre, lorsqu’il a pris des photos des forces de sécurité de Gaza frappant des personnes impliquées dans une altercation alors qu’elles faisaient la queue devant une boulangerie. Son appareil photo lui a été confisqué.
Il s’est plaint à un représentant du gouvernement à Khan Younès, mais on lui a répondu de cesser de « déstabiliser » la bande de Gaza.
« Nous ne pouvons pas vivre ici tant que ces criminels restent aux commandes », a déclaré Fasfous.