Toute l’horreur du massacre du « bunker de la mort », le 7 octobre, dans un enregistrement audio
Dans l'audio enregistré sur son portable par une rédactrice de Kan, avant de mourir, on entend des rescapés de la rave Nova en train de tenter de contrer les grenades des terroristes et de se réconforter
L’effroyable massacre des festivaliers de la rave Supernova, attaqués notamment dans le « bunker de la mort », le long de la route non loin du kibboutz Reim, est gravé dans un enregistrement téléphonique de trois heures, dont des extraits ont été diffusés ces derniers jours.
Ayelet Arnin, 22 ans, rédactrice à Kan News assassinée à l’intérieur de ce même abri, a instinctivement commencé l’enregistrement lorsque les terroristes ont lancé l’assaut, le matin du 7 octobre. Cet enregistrement donne à entendre trois heures – soit la moitié de la durée totale – du calvaire enduré par les festivaliers à l’intérieur de l’abri : il se termine quelques heures avant que les survivants ne soient secourus.
Dans cet enregistrement, et d’autres, diffusés dans un épisode d’une heure de la série documentaire de Kan « Zman Emet », on entend ceux qui ont trouvé refuge à l’intérieur de cet abri en bord de route, tenter de se défendre contre les terroristes dirigés par le Hamas venus les assassiner et les kidnapper, et faire en sorte de se réconforter alors que le massacre était en cours.
Dans cet épisode, des vidéos montrent les festivaliers effrayés arriver à l’abri et filmer les premiers tirs de roquettes. Au fil des arrivées, les informations se font plus nombreuses et précises sur les dangers de la situation.
« Ils nous ont tiré dessus », dit dans une de ces vidéos Laor Abramov, 20 ans, ajoutant que les tirs avaient eu lieu tout à côté. Il sera tué plus tard à l’intérieur de l’abri.
On entend alors le groupe dire qu’il est impossible de s’enfuir en raison de l’attaque qui fait rage dehors.
S’adressant à Kan, Ziv Abud, un rescapé du massacre, a rappelé qu’Aner Shapira, qui a repoussé les terroristes avant d’être tué par eux, leur a dit qu’il y avait « énormément de terroristes, que ce n’était pas normal ».
À 7h52, au début de l’enregistrement d’Arnin, on entend des terroristes crier en arabe à l’extérieur de l’abri.
Segev Israel Kizhner, 22 ans, un bon ami d’Arnin qui sera ensuite assassiné, commente : « Ils ont vu nos voitures. »
« Je n’arrive pas à croire qu’ils soient déjà là, mon Dieu, aidez-nous », dit Arnin.
« Mettez votre téléphone en mode silence », ordonne Kizhner.
C’est alors que l’on entend des terroristes, à l’extérieur, qui tentent d’entrer. Kizhner essaie de calmer Arnin, qui a pris peur en entendant parler arabe dehors.
« Je ne supporte pas d’entendre parler arabe », dit Arnin. « Il faut se taire », lui répond Kizhner.
En entendant les explosions dehors, les festivaliers réfugiés à l’intérieur se demandent si les forces de l’ordre vont bientôt arriver (elles mettront en fait beaucoup de temps et arriveront beaucoup trop tard pour la plupart de ceux qui se trouvent à l’intérieur de l’abri).
Dans les enregistrements, on entend Osama Abu Assa, âgé de 36 ans et agent de sécurité bédouin recruté pour les besoins de la fête, sortir de l’abri pour parler aux terroristes.
« Hauts les mains ! Les mains en l’air ! », dit un terroriste.
« Je suis musulman », lui répond Abou Assa, en les suppliant d’arrêter, alors qu’un des terroristes continue de lui crier de mettre les mains en l’air. On entend les festivaliers, à l’intérieur de l’abri, pleurer pendant la confrontation.
« Sortez, sortez », crie un terroriste, qui ordonne à Abou Assa de s’allonger sur le sol et pointe son arme sur lui.
« Y a-t-il des Juifs à l’intérieur ? », lui demande un terroriste.
Selon le témoignage de rescapés cité par le New York Times, Abou Assa « a supplié les hommes armés de ne pas entrer dans l’abri » et de ne pas tuer ceux qui y avaient trouvé refuge.
Abu Assa sera abattu par les terroristes.
À 7h56, on entend Kizhner crier qu’un terroriste a lancé une grenade à l’intérieur de l’abri, demandant que quelqu’un la jette dehors. Sur les images de la caméra embarquée d’un véhicule stationné devant l’abri, on voit Lidor Levi, 28 ans, sortir de l’abri et être abattu par les terroristes. Au même moment, Shapira renvoie la grenade hors de l’abri.
On entend Nitzan Rahoum, la fiancée de Levi, enceinte, crier le nom de son fiancé. « Ils ont pris Lidor », l’entend-on dire. Elle sera elle aussi tuée plus tard.
« Il est dehors », lui répond Itamar Shapira – sans lien de parenté avec Aner -, qui survivra au massacre.
« Je ne sais pas ce qui se passe. Nous sommes pris au piège », entend-on dire Kizhner, tout en essayant de réconforter Arnin.
On leur lance alors une nouvelle grenade, que Shapira renvoie, et l’on entend ensuite une explosion et des pleurs. Huit grenades seront relancées par Aner Shapira.
À 8h01, on entend quelqu’un dire : « Ne bouge plus, ne bouge plus, à terre. »
« Les gars, éloignez-vous du mur », entend-on un terroriste dire à ses complices. Ils jettent une nouvelle grenade, que Shapira leur renvoie.
Kizhner dit à Shapira : « Tu es un vrai combattant, mon frère », tandis que les autres l’encouragent pour qu’il continue à les défendre avec autant de courage.
Itamar Shapira lui dit : « Renvoie toutes les grenades. » Arnin dit : « C’est le roi. »
À 8h02, Itamar Shapira demande autour de lui : « Quelqu’un a appelé la police ? » On lui répond que oui, mais que la police ne répond pas.
Lorsque l’un d’entre eux parvient à joindre les urgences de la police, on l’entend dire : « Salut, il faut venir au kibboutz Reim. Très vite. Il se passe des choses très graves. Il y a des terroristes à l’extérieur au niveau de l’arrêt de bus. Nous sommes coincés à l’intérieur de l’abri. Ils nous lancent des grenades. Nous sommes vingt et dehors ils sont des dizaines d’hommes armés. »
Kizhner dit aux autres dans l’abri : « Baissez la tête, baissez la tête, tout le monde baisse la tête. Il faut le faire, maintenant. »
À 8h05, Abud parvient lui aussi à joindre la police, quand soudain, on entend une explosion à côté de l’abri.
On entend les gens essayer de se rassurer mutuellement. Puis on entend Alon Ohel dire à la police, au téléphone : « Faites le plus vite possible, je vous en supplie, je vous en supplie. »
On entend alors Kizhner dire à Ohel de préciser à la police que les forces de l’ordre devraient bombarder les hommes armés d’en haut.
« [Le policier] m’a dit : ‘Cachez-vous, au revoir.’ Qu’est-ce qu’il a voulu dire ? », s’interroge Kizhner, ce à quoi Arnin répond : « Qu’est-ce que j’en sais, moi. »
À 8h06, on leur lance une nouvelle grenade au moment où on entend passer un avion de l’armée de l’air : Kizhner dit espérer qu’il va bombarder les assaillants, à l’extérieur.
On entend alors Aner Shapira dire « Non, non », puis une explosion, peut-être celle d’une grenade qui lui explose dans les mains et le tue.
« Bébé, ça va ? », entend-on Itamar Shapira demander à sa petite amie, Agam Yosefzon. On entend des pleurs en arrière-plan, puis Ohel appeler de nouveau la police pour les supplier de venir, alors qu’une autre grenade est lancée sur eux.
« Non, non, non, ils nous tirent dessus sans arrêt, nous saignons tous », dit-il à la police.
« Il faut sortir », lui dit une policière. « Mais c’est impossible, impossible, nous sommes dans l’abri. C’est impossible », lui répond Ohel.
« Quelqu’un est mort », entend-on. « Que se passe-t-il là ? », demande la policière. « Ils nous tirent dessus et quelqu’un est mort », dit Ohel, sans doute en parlant d’Aner Shapira.
À 8h09, Ohel est enregistré en train de supplier la police de venir à leur secours, tandis que Kizhner regrette qu’il n’y ait plus personne pour les protéger.
« Alon, s’il y a une autre grenade, tu dois la relancer. Nous avons besoin de quelqu’un pour relancer les grenades », dit Kizhner.
On leur jette alors une nouvelle grenade, et Tamar Samet, 20 ans, dit paniquée : « Je l’ai relancée là, là, là ! » Elle sera ensuite assassinée.
Kizhner demande au reste du groupe d’être vigilant et de veiller sur l’entrée du bunker. On entend alors arriver une nouvelle grenade, qui est relancée hors de l’abri. Les terroristes tirent alors plusieurs coups de feu sur l’abri.
À 8h10, on entend Kizhner dire de relancer une nouvelle grenade, mais celle-ci explose à l’intérieur de l’abri.
On entend Hersh Goldberg-Polin, 23 ans, dire : « Je n’ai plus de main », alors que quelqu’un dit de faire un garrot autour de la plaie, et que Kizhner continue à dire de relancer les grenades.
À mesure que le temps passe et que la situation s’aggrave, les gens réfugiés à l’intérieur de l’abri tentent de se réconforter ou se disent adieu. Rahoum interpelle ses amis – Antonio Macías Montaño, 28 ans, et Yvonne Rubio Vargas, 26 ans – qui se disent qu’ils s’aiment. Ils ne survivront pas.
Kizhner fait remarquer à Arnin qu’il est blessé : « Tu es avec moi, mon amour ? Je t’aime. »
« Moi aussi, moi aussi », lui répond-elle.
À 8h27, on entend les terroristes prendre plusieurs personnes en otage : la résistance à leur attaque faiblit.
L’un des terroristes dit : « Yalla, yalla, faites-le sortir, faites-les tous sortir ! »
« Ils sont là, ils sont là, ces chiens », dit un autre.
« Faites-le sortir, tirez-le, tirez-le par les cheveux », dit un terroriste.
On entend Itay Banjo dire : « Je vous en supplie, je vous en supplie. »
« Viens, ou je te tire dessus, viens », dit un terroriste.
« Nous avons une famille, je vous en supplie », entend-on leur dire Banjo. « Aidez-moi », ajoute-t-il, alors que les terroristes leur crient de sortir du bunker.
Banjo sera tué par les terroristes.
« Tu es militaire ? », demande un terroriste. On entend Itamar Shapira dire en arabe : « Salaam, salaam », ce qui signifie paix.
Quatre personnes sont prises en otage en vie dans cet abri : Goldberg-Polin, Alon Ohel, Eliya Cohen et Or Levy.
Après les prises d’otages, on entend les terroristes revenir pour tirer à l’intérieur de l’abri et s’assurer de tuer tout le monde. Au total, 16 personnes seront assassinées et sept seront secourues.
Les deux heures qui suivent, on entend les survivants se réconforter et attendre les secours.
À 8h31, on entend Shapira dire à Yosefzon de s’occuper de sa blessure à la jambe. « Tiens bon, respire, on va s’en tirer », dit-il. On entend alors le véhicule des terroristes s’éloigner. À 9h47, de nouveaux coups de feu se font entendre à l’extérieur de l’abri.
On entend le groupe se demander si les terroristes sont toujours dehors et envisager de sortir.
Abud appelle ensuite de nouveau la police pour leur dire où ils se trouvent. À 10h59, la batterie d’Arnin se décharge et l’enregistrement se termine.
Au final, ce sont 364 personnes qui ont été assassinées par les terroristes lourdement armés dirigés par le Hamas qui ont attaqué la rave Supernova, le 7 octobre.
Près de 1 200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées avec une grande cruauté dans le sud d’Israël, et 251 ont été prises en otage à Gaza, ce qui a déclenché la guerre contre le Hamas, qui se poursuit aujourd’hui encore.