Israël en guerre - Jour 434

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Trump pourrait imposer un embargo sur les armes à Israël en cas de poursuite de la guerre, selon un représentant arabe

Le Times of Israel s'est rendu à une soirée électorale organisée dans le Michigan par l'organisation Arab Americans for Trump - où ces membres de la communauté ont expliqué pourquoi ils ont apporté leur soutien au candidat républicain dans cette campagne

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le président national de l'organisation Arab Americans for Trump, Bishara Bahbah, lors d'une soirée électorale à Dearborn, Michigan, le 5 novembre 2024. (Crédit : Jacob Magid/Times of Israel)
Le président national de l'organisation Arab Americans for Trump, Bishara Bahbah, lors d'une soirée électorale à Dearborn, Michigan, le 5 novembre 2024. (Crédit : Jacob Magid/Times of Israel)

DEARBORN, Michigan — Bishara Bahba est le président de l’organisation Arab Americans for Trump – qui rassemble des membres de la communauté arabe et musulmane qui ont voté Trump aux présidentielles, une perspective qui paraissait impensable il y a encore quatre ans. En cette soirée de scrutin, il a retrouvé les autres membres de son organisation dans un salon où flotte la fumée des narguilés dans la ville de Dearborn, dans le Michigan. Tous se sont regroupés pour découvrir ensemble les résultats du scrutin.

Ce soir, plusieurs dizaines d’Américains appartenant à la communauté arabe locale – elle est considérée comme la plus importante hors des frontières du Moyen-Orient – vont et viennent dans la salle, alors qu’une image claire des résultats du dépouillement ne devrait pas s’esquisser avant plusieurs heures au moins. Les organisateurs ont fait savoir que la soirée durerait jusqu’à au moins deux heures du matin.

Bahba confie au Times of Israel que le candidat républicain à la présidence est susceptible d’imposer un embargo sur les ventes d’armes à Israël si le Premier ministre devait ignorer son appel à mettre un terme rapide à la guerre à Gaza.

« S’il dit à Netanyahu : ‘Cessez cette guerre avant que je prenne mes fonctions’ et que Netanyahu échoue à le faire, rien n’empêchera Trump de stopper les ventes d’armes à Israël », dit Bahbah.

Mais comment Trump prévoit-il donc de tenir sa promesse de mettre un terme à la guerre multi-fronts qui secoue actuellement le Moyen Orient ? A cette question, Bahbah reconnaît que le républicain a été avare de détails sur le sujet mais il souligne l’influence significative qu’il a sur Netanyahu. Il fait également remarquer que l’ancien président semble s’être remis des félicitations qui avaient été envoyées par le Premier ministre israélien à Joe Biden lorsqu’il avait remporté la course à la Maison Blanche en 2020 – des félicitations qui avaient entraîné l’indignation et la colère du président sortant.

Au vu des antécédents de Trump en tant que président, malgré tout, peu d’éléments peuvent laisser penser qu’il abandonnera Israël.

Ce à quoi Bahbah rétorque que « le Trump de 2016 et celui de 2020 sont des personnalités très différentes du Trump de 2024. »

« Il a rencontré les communautés américaines d’origine arabe et musulmane. Il s’est entretenu au moins à quinze reprises avec les leaders arabes et musulmans », explique-t-il.

Le candidat républicain à la présidence, l’ancien président Donald Trump, s’exprime lors d’une visite au café The Great Commoner, tandis que le propriétaire Albert Abbas, à droite, l’écoute, à Dearborn, Michigan, le 1er novembre 2024. (Crédit : Julia Demaree Nikhinson/AP)

En effet, parmi les personnes qui ont intégré, depuis un an, le cercle proche de Trump figure l’homme d’affaires Massad Boulos, né au Liban, dont le fils Michael a épousé Tiffany Trump en 2022.

Boulos père a passé la nuit électorale aux côtés de Trump à Mar-a-Lago, la demeure que possède le candidat républicain en Floride, note Bahbah.

« Trump s’est engagé publiquement, à de multiples occasions, à mettre un terme aux guerres et à apporter la paix au Moyen-Orient et c’est quelqu’un qui tient ses promesses », ajoute-t-il avec conviction.

Mais l’ancien président a aussi exhorté Israël à « finir le job » à Gaza et il a utilisé le terme « Palestinien » comme une insulte dans des propos qui avaient été tenus l’an passé, alarmant les membres de la communauté arabe américaine.

Bahbah affirme que Trump, en prononçant la première phrase, a simplement voulu dire qu’il voulait mettre fin à la guerre. Il faut aussi remarquer qu’il n’a plus utilisé la seconde après l’avoir fait pour la première fois lors d’un débat présidentiel qui avait été organisé au mois de juin.

« C’était au début. Après, il s’est arrêté », dit Bahbah, ajoutant que « lors de la Convention nationale républicaine, il n’a pas du tout mentionné le mot ‘palestinien’ ou ‘Palestine’, et il n’a pas non plus utilisé le mot ‘musulman’ ou ‘islamique’. »

Des électeurs quittent un bureau de vote à l’école élémentaire McDonald, mardi 5 novembre 2024, à Dearborn, Michigan (Crédit : AP Photo/Charlie Neibergall).

Le président national d’Arab Americans for Trump déclare qu’il devra « comparer quatre autres années de Harris à quatre années de Trump », minimisant la décision prise par l’ancien président de déplacer l’ambassade des États-Unis en Israël à Jérusalem.

« Déplacer une plaque accrochée à Tel Aviv pour la mettre à Jérusalem n’équivaut pas au meurtre de 43 000 personnes », s’exclame-t-il, faisant référence au bilan humain avancé par le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas, dans le cadre de la campagne militaire qui oppose le groupe terroriste à Israël dans la bande de Gaza. Un bilan invérifiable.

« Je ne crois absolument pas que Harris serait en mesure d’obliger les Israéliens à faire quoi que ce soit, » ajoute-t-il.

Seulement deux heures se sont écoulées depuis que les bureaux de vote ont commencé à fermer dans certains états et le question du décompte, dans les états-bascule, n’a pas encore été abordée – peu d’attention est donc accordée aux chaînes d’information qui diffusent les images des élections, et les personnes présentes discutent les unes avec les autres.

S’il ne semble pas y avoir grand-monde, la simple existence d’une campagne menée par des Américains d’origine arabe ou musulmane en soutien à l’ancien président Donald Trump aurait été pratiquement inimaginable il y a quatre ans, alors que le bilan du président républicain, au cours de son premier mandat, avait compris une série de mesures en faveur d’Israël et une interdiction de l’immigration en provenance des pays à majorité musulmane.

Mais la fureur suscitée par la prise en charge, de la part de l’administration Biden-Harris, de la guerre à Gaza a entraîné un abandon massif du parti Démocrate au sein de la communauté arabe américaine qui avait massivement soutenu le candidat démocrate en 202, aidant Biden à s’imposer dans cet état pivot déterminant. Certains reconnaissent apprécier la rhétorique anti-guerre, voire isolationniste de Trump.

Bahba, qui a passé la journée à faire du porte-à-porte à Dearborn, indique qu’à ses yeux, la participation électorale, dans la communauté, a été dans la moyenne – quoique moins importante qu’en 2020, lorsque l’impératif d’empêcher Trump de remporter un second mandat avait mobilisé l’électorat arabe américain.

Cette fois-ci, Bahbah prédit une répartition radicalement différente, les électeurs de la communauté arabo-américaine, forte d’un demi-million de personnes, ayant partagé leurs votes entre Trump et la candidate d’un parti tiers, Jill Stein.

« Très peu de gens voudront admettre qu’ils ont voté pour Harris », prédit le président du groupe.

Des Américains arabes pour Trump lors d’une soirée de veille électorale à Dearborn, Michigan, le 5 novembre 2024. (Autorisation)

Bill Bazzi, le maire de Dearborn Heights, est venu lui-même à la soirée électorale. Il explique avoir décidé de soutenir la candidature de Donald Trump après avoir, dit-il, constaté que le Moyen-Orient était une région beaucoup plus calme lorsque l’ancien président américain était aux manettes.

« Sous son mandat, il n’y avait pas de guerre et il a fait en sorte d’extraire les États-Unis des théâtres des conflits qui avaient été initiés par les administrations antérieures », dit-il au Times of Israel.

Dearborn Heights, la ville dont Bazzi est le premier magistrat, accueille une population forte d’environ 70 000 personnes, aux abords de Détroit – avec une majorité d’Américains d’origine arabe, précise-t-il.

Bazzi est l’un des deux maires à avoir apporté leur soutien à Trump en amont du scrutin de mardi – une illustration de l’importante frustration ressentie au sein de cette communauté face à la prise en charge de la guerre opposant Israël au Hamas de la part de l’administration Trump.

Ce natif du Liban déclare s’être aussi senti frustré face à la gestion de la guerre en Ukraine.

« Je n’aime pas voir l’argent du contribuable utilisé pour financer des machines de guerre, que ce soit en Israël ou en Ukraine. Nous continuons à les financer, mais il n’y a pas de diplomatie », déplore-t-il alors que les discussions, déjà vives, commencent à s’intensifier dans la salle, autour des tables, au vu des premiers résultats qui semblent accorder l’avantage à Trump.

Le maire de Dearborn Heights, Bill Bazzi, lors d’une soirée électorale à Dearborn, Michigan, le 5 novembre 2024. (Crédit : Jacob Magid/Times of Israel)

Les États-Unis ont cherché à négocier un cessez-le-feu à Gaza – mais ils ont reproché au Hamas de refuser de s’engager dans les pourparlers et ils l’ont accusé de rejeter les offres soumises dans le cadre des discussions, tout en exprimant leur frustration à l’égard du Premier ministre Benjamin Netanyahu qui a ajouté, au fil du temps, de nouvelles conditions et exigences à la conclusion d’un accord.

Bazzi estime que les États-Unis n’ont pas utilisé leur influence sur Israël pour mettre fin à la guerre et que, s’ils ne le font pas, le conflit finira par embraser toute la région.

Il reconnaît que les États-Unis soutiendront toujours l’État d’Israël « mais il faut quand même faire assumer à ce gouvernement ses responsabilités concernant certaines atrocités qui ont été commises à l’encontre des Palestiniens et des Libanais. »

Interrogé sur la rhétorique utilisée par Trump concernant la question des immigrants et sur l’interdiction d’entrée aux États-Unis qu’il avait décrétée à l’encontre des ressortissants des pays à majorité musulmane, Bazzi déclare que la politique de l’ancien président n’avait visé que sept des plus de 40 pays musulmans dans le monde et qu’elle avait alors pour objectif d’empêcher la venue sur le sol américain d’anciens terroristes de l’État islamique.

Vétéran de l’armée, homme à la voix douce, Bazzi se souvient qu’il a grandi dans le sud du Liban, pendant la guerre civile, dans les années 1970 – une période qui avait été également été marquée par des bombardements israéliens.

« Je me souviens que j’avais dormi sous une cage d’escalier lorsque notre village avait été bombardé. Nous pouvions sentir la terre trembler », raconte-t-il.

« Je suis moi-même un enfant de la guerre et je ne veux pas que d’autres enfants vivent ce que j’ai vécu », ajoute Bazzi.

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