Gaza City – Sous le siège même de l’Office controversé de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient à Gaza, communément appelé UNRWA, le groupe terroriste palestinien du Hamas a caché l’un de ses atouts les plus précieux, révèle l’armée israélienne.
Le centre de données souterrain – doté d’une salle équipée d’électricité, de batteries industrielles et de logements pour les terroristes du Hamas qui exploitent des serveurs informatiques – a été précisément construit à l’endroit où Israël n’envisagerait pas de regarder, et encore moins de viser lors d’une frappe aérienne.
La révélation intervient alors que de nombreuses accusations de collusion entre l’UNRWA et le groupe terroriste au pouvoir à Gaza ont été formulées et que l’organisme de l’ONU, qui fournit des services sociaux et humanitaires aux réfugiés palestiniens des guerres de 1948 et de 1967 et à leurs descendants, est empêtré dans diverses affaires complexes.
Le mois dernier, Israël a notamment accusé 12 employés de l’agence onusienne d’avoir participé au massacre du 7 octobre perpétré par les terroristes du Hamas, qui ont tué 1 200 personnes et pris 253 otages. La plus jeune victime avait 10 mois et le plus jeune otage a un an.
Depuis que ces allégations ont été rendues publiques fin janvier, l’UNRWA a vu un grand nombre de ses principaux pays donateurs annoncer le gel de ses financements.
Or, la récente découverte par l’armée israélienne du centre de données du Hamas, alors que l’UNRWA fait l’objet d’une surveillance accrue, semble n’être qu’une simple coïncidence.
Le siège de l’UNRWA à Gaza est situé dans le quartier chic du Rimal, une zone dans laquelle l’armée israélienne avait déjà opéré, démantelé le bataillon local du Hamas et retiré ses troupes.
Au moment de l’incursion terrestre initiale dans la ville de Gaza, Tsahal n’avait pas trouvé le centre de données du Hamas et n’en savait pas beaucoup plus à son sujet. Mais de nouveaux renseignements, provenant principalement des interrogatoires de terroristes capturés par l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, ont permis de déterminer où il fallait chercher.
« Tsahal est venu ici auparavant, la première fois pour détruire l’ennemi, mais quand nous étions ici la dernière fois, nous avons recueilli beaucoup de documents et de renseignements, beaucoup de prisonniers, et c’est grâce à cela que nous sommes arrivés jusqu’ici. Maintenant, nous avons mené une opération ciblée pour éliminer cette capacité », a déclaré le commandant de la 401e Brigade Blindée, le colonel Benny Aharon, lors d’une visite du tunnel et du complexe de l’ONU pour les journalistes, jeudi.
« Nous disposions d’une base d’informations, mais pas suffisamment pour pouvoir creuser à 20 mètres de profondeur et trouver le tunnel, nous avions besoin d’un peu plus. Nous obtenons des informations des prisonniers que nous capturons, des ordinateurs que nous trouvons, des documents, des cartes », a-t-il ajouté.
Ces dernières semaines, Tsahal a recommencé à mener des opérations de moindre envergure dans le nord de la bande de Gaza, après avoir largement détruit les capacités de combat du Hamas au cours des premières phases de l’incursion terrestre.
Le colonel Nissim Hazan, officier supérieur de la 401e brigade, a déclaré que l’armée peut désormais mener des raids avec des effectifs beaucoup plus restreints, pour des opérations « qui nécessitent beaucoup plus de recherche, beaucoup plus de temps, et beaucoup plus de patience ».
Ces raids comportent toujours un risque, et Aharon a fait remarquer que deux soldats sous son commandement avaient été tués au cours de leur opération visant à atteindre le centre informatique du Hamas – le major (Rés.) Yitzhar Hofman, commandant de l’unité d’élite Shaldag de l’armée de l’air israélienne, et le major David Shakuri, commandant adjoint du 601e bataillon du Corps du Génie Militaire – tous deux par des tirs de snipers.
Hazan, qui est chargé de coordonner les opérations souterraines de la brigade, a déclaré que l’entrée principale du tunnel était située sous une école de l’UNRWA. Cependant, elle avait été bloquée par le Hamas au moment de l’arrivée des troupes. Les soldats du Corps du Génie Militaire ont donc creusé à environ huit mètres de profondeur pour trouver la partie « haute » du passage souterrain.
D’un labyrinthe boueux et humide à un centre informatique
Les journalistes, accompagnés de soldats de l’unité d’élite du Corps du Génie Militaire Yahalom, de l’unité Shaldag et de Hazan, sont entrés dans le passage souterrain qui avait été découvert. En raison de l’humidité, tous les systèmes de filtration d’air du Hamas étant désactivés, on nous a conseillé d’enlever nos gilets pare-balles avant d’entreprendre le trajet vers le centre informatique.
Le premier tronçon du tunnel de 700 mètres de long, soit quelques dizaines de mètres avec les arches de béton caractéristiques du Hamas et un sol de sable, était relativement banal, semblable aux centaines de kilomètres de passages souterrains que le groupe terroriste a construits à travers la bande de Gaza.
Le passage comportait plusieurs autres embranchements, mais pour que les journalistes ne se perdent pas, les soldats avaient placé des bâtons lumineux au sol.
L’itinéraire que nous avons suivi a débouché sur une petite ouverture qui, après avoir été franchie, a révélé un grand couloir équipé d’un sol, de carrelages muraux, d’un système d’air conditionné et de luminaires.
Le couloir était recouvert d’affiches portant le logo de la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam. Certaines affiches contenaient des consignes de sécurité destinées aux terroristes qui géraient le centre de données informatiques.
Selon Hazan, dans cette partie du tunnel, le personnel du Hamas chargé des technologies de l’information et du renseignement superviserait et gérerait le centre de données.
Le long du couloir, il y avait plusieurs pièces, dont une kitchenette, une salle de réunion avec des chaises de bureau, deux salles de bains et des chambres à coucher avec plusieurs matelas.
Toujours dans le couloir, les soldats ont trouvé plusieurs petites trottinettes, qui auraient été utilisées par les membres du Hamas pour circuler facilement à travers les installations du tunnel.
« Au-dessus de nous, il y a une école pour enfants de l’UNRWA », a expliqué Hazan, alors que nous explorions les pièces du couloir principal. « C’est le fruit d’années de travail, de beaucoup de détermination et de ressources. Depuis le couloir principal, un passage de 300 mètres mène au centre informatique et à la salle électrique voisine. »
« Nous traversons maintenant une route principale du Rimal, en dessous de plusieurs tours résidentielles », a ajouté Hazan.
Certaines parties du tunnel, du fait des opérations du Corps du Génie Militaire, n’étaient pas pourvus du plafond en béton habituel.
« Gardez la tête baissée et ne touchez pas le plafond », nous a dit un officier du Shaldag, alors que nous rampions dans la section, tout en veillant à ce que le tunnel ne s’effondre pas sur nos têtes.
Les membres du Corps du Génie Militaire ayant creusé pour atteindre le tunnel, l’eau de pluie s’était infiltrée, provoquant des flaques d’eau atteignant à certains endroits les genoux.
Après les sections inondées du tunnel, une pente glissante mène à la première installation principale du tunnel, la salle électrique.
La pièce, qui comprend plusieurs armoires électriques, des onduleurs et des dizaines de batteries industrielles autonomes, est désormais recouverte d’une épaisse couche de boue.
Une partie du plafond de la pièce s’effondrait, là où les soldats avaient creusé à 20 mètres de la cour du complexe de l’UNRWA, adjacente à l’un des principaux bâtiments.
Quelques dizaines de mètres supplémentaires de tunnel à partir de la salle électrique menaient au cœur de l’installation, le centre informatique du Hamas.
Il y avait environ six rangées d’armoires de serveurs, chacune contenant des racks d’ordinateurs pour les opérations du Hamas.
« Nous sommes maintenant au cœur du secret (…) sous le bâtiment principal de l’UNRWA. C’est ici que le Hamas gardait ses serveurs de renseignement », a déclaré Hazan. Il a ajouté que « pour le détruire totalement, afin que le Hamas ne puisse plus être en mesure d’utiliser ce bijou en matière de renseignement, il faut avoir des troupes sur le terrain ».
Les responsables de Tsahal pensent que le Hamas utilisait la salle de serveurs pour la collecte de renseignements, le traitement de données et les communications. Les disques durs et certains ordinateurs ont été emmenés en Israël pour être examinés par les agences de renseignement avant que le système de tunnels ne soit démoli à l’aide d’une forte explosion.
Hazan a déclaré que l’armée a connaissance de plusieurs autres tunnels « stratégiques » du Hamas dans la bande de Gaza, qu’elle atteindra au moment venu.
« Nous avons du temps, des mois devant nous dans la guerre, et un par un nous les démantèlerons et emporterons ce que l’ennemi essaie de cacher, et ce qu’il dissimule d’une manière très sophistiquée et cynique », a-t-il déclaré.
Le siège de l’UNRWA à Gaza
Après avoir quitté le tunnel par le chemin par lequel nous étions entrés, nous sommes montés à bord d’un véhicule blindé de transport de troupes qui nous a emmenés au siège de l’UNRWA, car marcher en surface nous aurait trop exposé aux snipers potentiels du Hamas.
Le quartier général semblait en grande partie intact, contrairement à de nombreux bâtiments environnants qui avaient été détruits par les frappes israéliennes.
Après avoir franchi la porte principale, sur laquelle on peut lire UNRWA HQ GAZA, et un bâtiment voisin portant un texte similaire en anglais et en arabe et arborant le logo de l’ONU, nous avons atteint la cour à partir de laquelle les soldats ont creusé jusqu’à la salle électrique.
Au siège de l’UNRWA, Aharon a déclaré que ses troupes ont trouvé plusieurs caches d’armes appartenant au Hamas lorsqu’elles ont effectué un raid et combattu les terroristes armés du Hamas pour accéder au complexe, une fois que le personnel de l’ONU a été évacué.
L’armée a également indiqué que dans certains bureaux de fonctionnaires de l’UNRWA, les troupes ont trouvé des équipements et des documents qui indiquent « que ces mêmes bureaux étaient également utilisés par des terroristes du Hamas ».
« Il ne fait aucun doute que le personnel de l’UNRWA savait que [le Hamas] creusait un tunnel de grande envergure en dessous d’eux », a déclaré Aharon. « Il y a un mur d’enceinte, une porte, des caméras, et à la porte, ils enregistrent les entrées et les sorties. Ceux qui travaillaient à l’UNRWA savaient très bien qui entrait et qui ils couvraient. »
« L’UNRWA fournit une couverture au Hamas, l’UNRWA sait exactement ce qui se passe sous terre, et l’UNRWA utilise son budget pour financer certaines capacités armées du Hamas, c’est certain », a-t-il souligné.
Dans le bâtiment principal du complexe de l’ONU, Aharon a conduit les journalistes à la salle des serveurs de l’UNRWA, qui, selon lui, se trouve directement au-dessus du centre de données souterrain du Hamas, où les journalistes s’étaient rendus peu de temps auparavant.
« Certains des câbles sont connectés vers le bas », a-t-il dit en montrant une ligne de câbles qui descendent vers le sol et s’y enfoncent, alors que nous nous tenions au-dessus du centre informatique du Hamas.
Selon Tsahal, les câbles électriques reliant le bâtiment de l’ONU au tunnel alimentaient l’infrastructure souterraine du Hamas.
La salle des serveurs de l’UNRWA, contrairement à celle du Hamas, semble être en grande partie vide. Une armoire de serveurs était placée à l’extérieur de la salle, mais elle avait été vidée de tous ses ordinateurs.
« Ils ont vidé tous les ordinateurs, tous les DVR (enregistreurs vidéo numériques pour les caméras de surveillance), coupé [la plupart] des câbles, c’est le comportement de quelqu’un qui a quelque chose à cacher », a déclaré Aharon.
« Quelqu’un qui travaille à l’UNRWA, qui est censé se préoccuper des droits de l’Homme, des affaires sociales de la population de Gaza, ne devrait pas se précipiter pour déconnecter tous les DVR, les caméras, couper tous les câbles et prendre tous les ordinateurs. Ce sont les actions de quelqu’un qui savait que l’armée arrivait et qui voulait dissimuler les preuves », a-t-il ajouté.
Hazan a déclaré que le Hamas « n’a pas choisi cette zone au hasard ». « Il sait qu’en temps de paix et lors des guerres précédentes, [Israël] n’avait pas la légitimité pour frapper un bâtiment de l’UNRWA et de le faire s’effondrer au niveau du tunnel. »
Outre les nombreuses allégations de sa collusion avec le Hamas, Israël accuse également depuis très longtemps l’UNRWA de perpétuer le conflit israélo-palestinien en étendant le statut de réfugié à des millions de descendants de Palestiniens qui ont fui ou ont été chassés de leurs maisons dans l’Israël actuel au moment de la création de l’État juif en 1948, au lieu de le limiter aux seuls réfugiés d’origine, comme c’est la norme pour les autres réfugiés dans le monde.
« Nous avons été choqués au plus profond de nous-mêmes qu’une organisation censée défendre les droits de l’Homme coopère de manière aussi claire et brutale, sans aucune crainte, avec le groupe terroriste du Hamas », a déclaré Aharon.
L’UNRWA n’a pas encore répondu aux demandes de commentaires. Dans un tweet publié à la suite de la publication, le directeur de l’agence, Philippe Lazzarini, a nié toute connaissance du centre informatique du groupe terroriste palestinien du Hamas.