Israël en guerre - Jour 58

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Tsahal ne s’attend pas à des infiltrations à la frontière par les Syriens

Le responsable du programme d'aide humanitaire "Bon Voisin" d'Israël indique qu'une partie de l'aide provient d'États arabes ; Israël poursuit son aide malgré les combats

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Une jeune fille syrienne déplacée de la province de Daraa, fuyant les bombardements des forces pro-gouvernementales, transporte un nourrisson dans un camp de fortune dans la province de Quneitra, au sud-ouest de la Syrie, près de la frontière avec le plateau du Golan, le 22 juin 2018. (AFP PHOTO / Mohamad ABAZEED)
Une jeune fille syrienne déplacée de la province de Daraa, fuyant les bombardements des forces pro-gouvernementales, transporte un nourrisson dans un camp de fortune dans la province de Quneitra, au sud-ouest de la Syrie, près de la frontière avec le plateau du Golan, le 22 juin 2018. (AFP PHOTO / Mohamad ABAZEED)

Le chef du programme de l’armée chargé de fournir une assistance à la Syrie du Sud a déclaré dimanche qu’il ne s’attend pas à ce qu’un grand nombre de Syriens tentent de franchir la frontière et de chercher refuge en Israël, suite à une nouvelle offensive du dictateur Bashar el-Assad, qui a tué des dizaines de personnes et déplacé plus de 150 000 personnes.

« Les Syriens ne se précipiteront pas vers la clôture », a indiqué le lieutenant-colonel « Aleph », dont l’identité ne peut être révélée sauf par son grade et la première lettre de son nom hébreu pour des raisons de sécurité.

« Tout d’abord, nous ne le permettrons pas. Deuxièmement, il y a une grande, grande différence entre obtenir de l’aide d’Israël, se faire soigner en Israël et venir vivre en Israël », a-t-il expliqué.

Cela contredit les affirmations d’un certain nombre d’analystes et de chercheurs, qui ont déclaré que les Syriens leur ont dit qu’ils seraient effectivement intéressés à chercher refuge en Israël si cela était possible.

Interrogé sur ces commentaires, Aleph a dit qu’il était « heureux de l’entendre », car cela signifiait que l’État juif était vu sous un meilleur jour par les Syriens, mais les a rejetés comme anecdotiques, notant qu’aucune des personnes autorisées à entrer en Israël n’a formellement demandé l’asile.

Des Syriens fuyant les bombardements des forces gouvernementales dans la campagne du sud de la province de Daraa se déplacent en tracteurs et camions près de la ville de Shayyah, au sud de la ville de Daraa, vers la zone frontalière entre les hauteurs du Golan et la Syrie le 28 juin 2018. (AFP PHOTO / Mohamad ABAZEED)

Au cours de la semaine dernière, l’armée israélienne, ainsi que le ministre de la Défense et le Premier ministre, ont déclaré sans équivoque qu’Israël n’accueillera pas de réfugiés syriens, mais tentera de fournir une aide humanitaire.

Aleph a déclaré que les militaires ont vu des milliers de Syriens affluer vers la frontière israélienne au cours de la semaine et demie écoulée, depuis qu’Assad a commencé sa campagne dans la province voisine de Daraa, avec l’aide des forces aériennes russes et des milices chiites soutenues par l’Iran.

« Nous avons vu des personnes déplacées [installer] des camps près de la frontière israélienne. Ce n’est pas à la frontière, ce sont des villages près de la frontière », a déclaré l’officier de Tsahal, notant que beaucoup d’entre eux sont à plus d’un kilomètre de la clôture de sécurité.

Depuis 2016, Aleph et ses soldats gèrent l’Opération Bon Voisin, un projet conçu pour contribuer à l’envoi d’aide humanitaire et d’autres formes d’assistance en Syrie. Israël a également fourni des soins médicaux et d’autres formes d’aide aux Syriens touchés par la guerre civile depuis au moins 2013, mais de manière moins organisée.

« C’est une chose morale pour nous en tant que Juifs », a déclaré Aleph aux journalistes lors d’une conférence de presse téléphonique.

Des médecins de l’armée israélienne transportent des ressortissants syriens blessés en Israël pour y recevoir des soins médicaux le 29 juin 2018. (Armée israélienne)

Selon l’officier, depuis le début de l’opération Bon Voisin, l’armée israélienne a effectué environ 700 missions d’assistance humanitaire. Aleph a précisé que ses soldats n’entrent pas sur le territoire syrien, mais seulement jusqu’à la clôture de sécurité, où ils transmettent l’aide ou récupèrent les Syriens blessés pour être soignés en Israël.

Depuis le début de la nouvelle offensive d’Assad le mois dernier, l’armée israélienne a livré 30 tonnes de nourriture, 30 tonnes de vêtements et des tonnes de matériel médical, a ajouté Aleph. Des dizaines de milliers de personnes se sont déplacées vers la frontière israélienne pour fuir la campagne intensive de bombardements de l’armée syrienne et de l’armée russe.

Les camps installés dans la région n’ont généralement pas accès à l’eau potable, à l’électricité et à d’autres besoins de base. Ils sont souvent occupés au-delà de leur capacité, forçant les gens à dormir à l’extérieur.

« Les gens arrivent sans rien », a expliqué Aleph. « Nous avons donc mené des opérations humanitaires. Nous avons apporté des tentes pour leur permettre de s’asseoir et de dormir à l’abri du ciel et du soleil. »

Une partie de l’aide humanitaire fournie par l’armée israélienne au sud-ouest de la Syrie a été fournie par des pays arabes, a indiqué l’officier, s’abstenant de les désigner, car, a-t-il dit, il serait « compliqué » pour eux que leur coopération avec l’État juif se sache.

Le reste de l’aide a été fourni par des organisations non gouvernementales israéliennes et américaines, a-t-il ajouté.

Des soldats de Tsahal se tiennent à côté des vivres en cours de préparation dans le cadre de l’aide humanitaire pour les Syriens touchés par la guerre civile dans leur pays, le 19 juillet 2017. (AFP/Menahem Kahana)

Les étiquettes sur la nourriture et les autres marchandises sont toutes en hébreu, indiquant clairement le pays d’origine, a ajouté Aleph.

L’officier a souligné que le programme Bon Voisin, qui a commencé en 2016 et a été révélé publiquement en 2017, ne s’occupait que de fournir de l’aide humanitaire et d’aider à évacuer les Syriens blessés vers les hôpitaux et cliniques israéliens.

« Nous ne nous occupons pas de l’assistance militaire, mais seulement de l’aide humanitaire », a-t-il précisé.

Lorsqu’on lui a demandé si les autorités syriennes locales savaient qu’Israël ne fournirait pas de soutien militaire, Aleph a répondu par l’affirmative.

« Je pense qu’ils le savent. Nous sommes constamment en contact avec eux et nous leur disons que nous les aidons, eux et les citoyens, et que nous leur fournissons une aide humanitaire, mais nous n’interviendrons pas », a-t-il dit.

« Nous ne nous impliquons pas. Nous n’aidons ni ce côté-ci ni ce côté-là », a-t-il poursuivi, rappelant la politique de non-intervention pratiquée de longue date par Israël à l’égard de la Syrie.

Cependant, Aleph a observé que la zone autour de la frontière avec Israël a néanmoins été beaucoup plus calme que d’autres parties des provinces syriennes de Deraa et de Quneitra.

Dimanche, les militaires ont annoncé qu’ils avaient envoyé des renforts sur le plateau du Golan, car les combats ont repris en Syrie et ne devraient que s’intensifier.

« Je ne peux pas dire que c’est une zone tampon. Je peux simplement dire qu’au cours de l’année écoulée, il y a eu moins d’attaques dans ces villages que dans d’autres régions », a-t-il ajouté.

Un tank de l’armée israélienne déployé sur le plateau du Golan, à proximité de la frontière syrienne, le 1er juillet 2018 (Crédit : Armée israélienne)

Vendredi, dans le cadre des programmes d’aide humanitaire, des soldats de la 210e Division Bashan de l’armée ont aidé à faire venir en Israël six Syriens gravement blessés, dont quatre enfants qui seraient devenus orphelins lors de la campagne de bombardement aérien menée par Assad et la Russie.

« Nous leur avons sauvé la vie à la frontière », a dit Aleph.

Après avoir prodigué les premiers soins à la frontière, les Syriens blessés ont été emmenés au Centre Médical Galilée à Nahariya pour y être soignés.

Les personnels médicaux de l’armée israélienne soignent un enfant syrien blessé amené au sein de l’Etat juif pour y être pris en charge dans un hôpital, le 29 juin 2018 (Crédit : Armée israélienne)

Les deux hommes qui ont été transportés étaient en âge de se battre, l’un avait 19 ans, l’autre 25 ans.

Selon Aleph, les militaires n’ont pas demandé s’ils étaient impliqués dans les combats ou non.

« Je ne vais pas lui demander : êtes-vous un combattant ou non ? C’est juste un être humain gravement blessé et je vais lui venir en aide », a dit l’officier.

Des médecins de l’armée israélienne soignent un ressortissant syrien blessé, qui a été amené en Israël pour recevoir des soins médicaux le 29 juin 2018. (Armée israélienne).

Aleph a souligné les considérations morales qui sous-tendent les programmes d’aide humanitaire d’Israël pour le sud de la Syrie, affirmant que fournir une assistance à ces civils confrontés à un assaut impitoyable est « la chose la plus remarquable qu’un être humain puisse faire ».

Cependant, il a reconnu qu’une motivation supplémentaire dans le cadre de l’Opération Bon Voisin est le désir de gagner le cœur et l’esprit des Syriens, à qui l’on enseigne depuis longtemps qu’Israël est un « monstre ».

Aleph a dit croire que des milliers de Syriens conserveront des opinions positives à l’égard d’Israël, quel que soit le résultat de la campagne d’Assad.

Une soldate israélienne donne le biberon à un bébé syrien en Israël, dans le cadre de l’opération Bon voisin d’aide humanitaire aux Syriens touchés par la guerre civile. Photographie non datée, publiée le 19 juillet 2017. (Crédit : unité des porte-paroles de Tsahal)

« Personne ne peut effacer ce que nous avons fait au cours des six dernières années. « Je ne pense pas que les enfants qui sont venus pour une opération du cœur et dont nous avons sauvé la vie ou les milliers de personnes qui ont mangé de la nourriture israélienne, oublieront si vite Israël ».

Depuis 2013, Israël a fourni des soins médicaux à quelque 4 800 personnes, soit dans des hôpitaux de campagne à la frontière, soit dans des hôpitaux publics, principalement dans le nord d’Israël.

Selon l’armée, environ la moitié des personnes traitées étaient des enfants, un tiers étaient des hommes et les 17 % restants étaient des femmes.

Une soldate israélienne avec un enfant syrien en Israël, dans le cadre de l’opération Bon voisin d’aide humanitaire aux Syriens touchés par la guerre civile. Photographie non datée, publiée le 19 juillet 2017. (Crédit : armée israélienne)

En outre, Israël a également travaillé avec des organisations d’aide internationale pour ouvrir une clinique le long de la frontière en 2017 dans le cadre de l’Opération Bon Voisin. Depuis son ouverture l’année dernière, la clinique a traité quelque 6 000 patients syriens.

Des centaines de tonnes de nourriture, d’équipement médical, de vêtements et de carburant diesel ont également été acheminées de l’autre côté de la frontière.

Tsahal a également facilité la construction de deux cliniques en Syrie, qui sont gérées par des locaux et des travailleurs d’ONG. Cela a consisté en une coordination logistique et l’envoi de matériaux de construction et d’équipements médicaux, a souligné l’armée.

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