Israël en guerre - Jour 368

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Tsahal n’était pas dans le secteur quand une fillette de six ans a été tuée à Gaza – enquête

Les investigations initiales ne révèlent aucune responsabilité d'Israël dans la mort de Hind Rajab, de sa famille et de deux secouristes ; l'enfant avait appelé à l'aide pendant des heures au téléphone, bouleversant le monde

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Cette photo non datée fournie par la famille montre la fillette palestinienne Hind Rajab, âgée de 6 ans. L'enfant a disparu après que la voiture de la famille a été la cible de tirs à Gaza, selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas. Elle a été retrouvée morte le 10 février 2024. (Crédit : Famille/AFP)
Cette photo non datée fournie par la famille montre la fillette palestinienne Hind Rajab, âgée de 6 ans. L'enfant a disparu après que la voiture de la famille a été la cible de tirs à Gaza, selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas. Elle a été retrouvée morte le 10 février 2024. (Crédit : Famille/AFP)

Suite aux informations portant sur la mort d’une fillette palestinienne de Gaza, fin janvier – qui, avait-il semblé, avait été tuée par des tirs israéliens aux côtés de cinq membres de sa famille et de deux secouristes qui leur étaient venus en aide – l’armée a indiqué, samedi, que son enquête initiale laissait penser qu’aucun soldat ne se trouvait dans la zone concernée au moment de l’incident.

Le Croissant rouge palestinien avait accusé Israël d’avoir délibérément pris pour cible l’ambulance qui avait été envoyée pour secourir Hind Rajab qui avait passé des heures au téléphone à supplier les services d’urgence en leur demandant de l’aide, le bruit des tirs résonnant autour d’elle.

Des membres de la famille avaient finalement retrouvé le corps de Hind Rajab ainsi que ceux de son oncle, de sa tante et de leurs trois enfants dans une voiture, aux abords d’un rond-point situé dans la banlieue de Tel al-Hawa, à proximité de la ville de Gaza, selon l’agence de presse palestinienne officielle Wafa. Un autre oncle de Hind, Sameeh Hamadeh, avait indiqué que la voiture était criblée d’impacts de balles.

En réponse à une question sur le sujet, l’unité du porte-parole de Tsahal a déclaré au Times of Israel que « selon les investigations préliminaires que nous avons réalisées, il apparaît que les troupes n’étaient pas présentes à proximité du véhicule ou à portée de feu du véhicule décrit dans lequel la fillette a été retrouvée ».

« Et au vu de l’absence de soldats dans le secteur, il n’a pas été nécessaire de coordonner de manière individuelle les déplacements de l’ambulance ou de tout autre véhicule venu pour prendre l’enfant », a continué l’armée.

« Chaque jour, des dizaines d’ambulances se déplacent sans coordination individuelle dans toute la bande et tant qu’il n’y a pas de soldats israéliens dans les zones concernées, ces déplacements ne nécessitent aucune coordination », a ajouté l’unité.

L’armée a annoncé que le dossier avait été confié au Mécanisme d’évaluation des faits, une instance militaire indépendante chargée d’enquêter sur les incidents inhabituels au cours de la guerre.

Les États-Unis avaient demandé à Israël d’ouvrir une enquête sur cet incident.

Des troupes de Tsahal de la brigade Nahal opèrent au sud de la ville de Gaza, le 20 février 2024 (Crédit : Lazar Berman/Times of Israel)

Le porte-parole du département d’État Matthew Miller avait fait savoir que Washington avait été « bouleversé » par la nouvelle de la mort de l’enfant.

« Nous avons demandé aux autorités israéliennes d’enquêter de manière urgente sur cet incident. Nous savons qu’elles sont en train de procéder à cette enquête et nous attendons de voir les résultats dans les meilleurs délais. Ceux-ci devraient inclure des mesures de responsabilisation », avait indiqué Miller lors d’un point presse, le 12 février.

La mère de Hind, Wissam Hamada, a attribué la responsabilité de la mort de sa fille aux « infidèles », citant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président américain Joe Biden, et « à tous ceux qui ont comploté contre Gaza et contre sa population ».

« J’interrogerai devant Dieu, le Jour du Jugement, ceux qui ont entendu les cris de ma fille qui appelait à l’aide et qui ne l’ont pas sauvée », avait-elle dit à l’AFP.

Les enregistrements poignants de la conversation de la petite fille terrifiée avec les secouristes, à la fin du mois de janvier, avaient souligné les conditions difficiles dans lesquelles vivent les civils face à la guerre menée par Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza.

D’autres enregistrements diffusés par le Croissant-Rouge au début du mois avaient rapporté la conversation entre Layan Hamadeh, la cousine de Hind, une adolescente, avec les secouristes, les informant de l’approche d’un char israélien, avant que des coups de feu ne retentissent et qu’elle ne se mette à hurler.

Seule survivante du véhicule dans lequel elle voyageait avec sa famille, Rajab était restée en ligne pendant trois heures avec des standardistes, qui avaient tenté de la rassurer tout en préparant l’envoi d’une ambulance.

Dans un autre enregistrement audio, la fillette criait désespérément : « Venez me chercher. J’ai tellement peur, venez s’il vous plaît ».

Dès que les standardistes avaient reçu le feu vert, après quelques heures, pour circuler en toute sécurité dans la zone, ils avaient envoyé une ambulance avec deux secouristes, Youssef Zeino et Ahmed Al-Madhoon.

Le contact avec les secouristes et Rajab avait été rapidement perdu, laissant familles, collègues et de nombreuses personnes à travers le monde inquiets sur leur sort.

La guerre a commencé le 7 octobre avec l’assaut du Hamas sur le sud d’Israël, accompagné d’un barrage de roquettes tirées sur des villes et des communautés à travers le pays. Au cours de cet assaut, les terroristes du groupe ont brutalement assassiné près de 1 200 personnes, commettant des actes de torture et des violences sexuelles à grande échelle. Les hommes armés avaient aussi enlevé 253 personnes, prises en otage dans la bande de Gaza. Israël avait rapidement déclaré la guerre au Hamas, jurant de renverser le groupe terroriste au pouvoir à Gaza et d’obtenir la remise en liberté des otages.

Des cerfs-volants flottent devant un nuage de fumée suite à un bombardement sur Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 février 2024. (Crédit : Said Khatib/AFP)

Depuis, l’armée israélienne a envahi l’enclave palestinienne, procédant à des frappes intenses dans le cadre d’un conflit qui a fait plus de 29 000 morts, selon les autorités de la santé qui sont placées sous l’autorité du Hamas. Des chiffres qui ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante et qui comprendraient les plus de 12 000 terroristes qui ont perdu la vie sur le front, ainsi que les Gazaouis tués par les tirs de roquette errants des factions palestiniennes qui, manquant leur trajectoire, sont retombées dans la bande.

L’armée israélienne maintient depuis le début de la guerre qu’elle fait tout son possible pour éviter les pertes civiles, mais que celles-ci sont inévitables puisqu’elle combat des terroristes infiltrés dans la population civile qui, de surcroit, utilisent des civils comme boucliers humains.

Israël subit néanmoins les critiques montantes de la communauté internationale en raison du nombre de morts et de blessés.

Tout en défendant le droit d’Israël à attaquer le Hamas, l’administration du président américain Joe Biden a appelé à plusieurs reprises Israël à faire davantage pour réduire le nombre de victimes civiles et permettre l’acheminement de l’aide humanitaire.

Jacob Magid et l’AFP ont contribué à cet article.

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