Visite dans un tunnel du Hamas à 5 mètres du sol israélien
L'armée a laissé la presse arpenter un ancien tunnel du Jihad islamique et donne un aperçu de la construction de la barrière souterraine qui encerclera la zone d'ici la fin 2019

KISSUFIM – A cinq mètres sous terre, à environ 200 mètres au sein du territoire israélien, se trouve l’entrée d’un tunnel étroit dont la destruction en octobre a fait monter la tension autour de la bande de Gaza, déclenchant des tirs de mortiers et de roquettes ainsi que plusieurs émeutes le long de la barrière de sécurité entourant l’enclave côtière.
En janvier, l’armée a autorisé la presse à visiter le tunnel creusé par le groupe terroriste palestinien du Jihad islamique, ainsi que deux chantiers de construction sur lesquels les ouvriers foraient profondément sous terre afin de créer une barrière souterraine massive – des murs en béton renforcé et équipés de capteurs. Cette barrière d’un nouveau genre sera censée encercler la bande de Gaza et mettre ainsi fin aux tunnels souterrains.
Dans les semaines et les mois à venir, au fur et à mesure des travaux, l’armée s’attend à trouver et à détruire plusieurs autres tunnels d’attaque reliant Gaza à Israël. Le mur souterrain en construction privera le Hamas, le Jihad islamique palestinien et les autres groupes terroristes basés à Gaza de ce qui est sans doute la seule arme stratégique qu’ils possèdent actuellement.
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L’entrée du tunnel d’attaque du Jihad islamique palestinien visité par les journalistes est située dans la ville de Khan Younès, à un peu plus d’un kilomètre de la frontière avec Israël. Selon un responsable de l’armée, 10 à 20 mètres ont été creusés par jour par des ouvriers qui travaillaient par équipes. Le tunnel s’enfonçait à une profondeur maximale de 28 mètres.

Il n’y avait pas grand-chose à voir dans le tunnel en lui-même. Le sol était jonché de bouteilles de soda vides et de sacs en plastique qui retenaient autrefois la poussière. Des morceaux de barres d’armature taillées dépassaient des murs. La tête d’un journaliste a frôlé le plafond. Mais pour les résidents du kibboutz Kissufim, situé à deux kilomètres de là, l’existence de ce tunnel aurait pu mener à une catastrophe.
Selon un scénario cauchemardesque, des dizaines de terroristes pourraient théoriquement emprunter un tunnel d’attaque et pénétrer dans un quartier israélien près de la frontière, massacrant les résidents ou les prenant en otage. En pratique, les tunnels ont jusqu’à présent été utilisés pour lancer des attaques furtives contre des soldats israéliens, y compris en les enlevant.
Le 30 octobre, l’armée israélienne a fait exploser le passage souterrain, tuant aussitôt cinq membres du Jihad islamique palestinien occupés à le creuser. Neuf autres terroristes qui ont tenté de sauver leurs camarades – et notamment deux hauts commandants et deux membres du Hamas – ont également été tués.
Le Jihad islamique, soutenu par l’Iran, a juré de se venger et a même lancé plusieurs attaques au cours des mois suivants, rejoints par d’autres organisations terroristes radicales dans la bande de Gaza.
Avant cette vague d’attaques, l’année 2017 était sur le point d’être l’une des années les plus calmes en terme d’attaques menées depuis la bande de Gaza, avec plusieurs mois sans incident. Néanmoins, en l’espace de quelques semaines, Israël a été témoin de presque autant d’attaques de roquettes et de mortiers que durant les deux années précédentes combinées.
Début décembre, les forces israéliennes ont découvert et détruit un autre tunnel creusé par le Hamas qui entrait en territoire israélien depuis Khan Younès. Puis mi-janvier, l’armée en a démoli un troisième, qui entrait en Israël depuis la ville de Rafah, à Gaza, sous le passage de Kerem Shalom, par lequel presque toute l’aide humanitaire entre dans l’enclave assiégée.
Bien que deux semaines se soient écoulées depuis que le dernier obus de mortier de Gaza a frappé Israël – d’autres ont été lancés entre temps mais n’ont pas explosé à l’endroit désiré –, l’armée estime qu’il existe toujours un risque de reprise du conflit.
Une barrière « à tout prix »
Pendant ce temps, les travaux se poursuivent sur la barrière souterraine de 65 kilomètres de long, surnommée en Israël « l’obstacle ».

L’une des principales préoccupations de l’armée israélienne est que le Hamas ou le Jihad islamique tente d’utiliser l’un de leurs derniers tunnels restants afin de mener une attaque en Israël. Néanmoins, les responsables militaires ont déclaré à plusieurs reprises que cela ne les dissuaderait pas d’achever la barrière.
« Israël va défendre cette barrière de toutes les manières possibles », a déclaré un responsable militaire en août. « Cette barrière sera construite. Point. Et ce à tout prix. »
Jusqu’à présent, depuis le début des travaux l’été dernier, environ quatre kilomètres de la barrière ont été construits autour des communautés israéliennes les plus à risque. En plus de la barrière, les militaires ont également dû construire cinq cimenteries dans la région.
Le mur souterrain devrait être achevé d’ici la fin 2019 si les travaux se poursuivent à leur rythme actuel, a déclaré le haut responsable de l’armée.
Sans accès aux tunnels, ces groupes terroristes de Gaza devront se tourner vers d’autres méthodes afin de menacer Israël – probablement des drones, des attaques tournées vers la mer ou l’utilisation de missiles plus avancés, a-t-il expliqué.
L’armée israélienne a averti que le Hamas essayait de faire des progrès sur ces trois fronts.
Alors que l’armée se prépare à ces nouvelles menaces, la division Gaza de Tsahal travaille 24 heures sur 24, six jours par semaine – bien que la plupart des ouvriers ne soient pas Juifs, la construction s’arrête le Shabbat – afin d’achever cette barrière souterraine qui mettra fin à la menace des tunnels, a déclaré le haut responsable.
Comment construire un énorme mur souterrain
L’armée a proposé de construire la barrière après la guerre de Gaza de 2014, connue en Israël sous le nom d’opération Bordure protectrice. Durant les combats, le Hamas a largement utilisé ses réseaux de tunnels afin d’envoyer des combattants en Israël et de déplacer ses terroristes et ses munitions au sein de la bande de Gaza.
Si l’armée a déjà révélé les méthodes de construction de la barrière souterraine – utilisant une technique courante connue sous le nom de « murs de boue » –, peu de journées ouvertes à la presse avaient jusqu’alors étaient organisées sur le chantier. Les photos étaient néanmoins interdites.
Les centaines de personnes travaillant sur le projet sont originaires du monde entier, du Brésil à l’Inde, a indiqué le responsable de l’armée.

Craignant que le Hamas ou d’autres groupes terroristes essaient d’interrompre la construction, les travailleurs sont tous censés porter des casques et des gilets de protection. Néanmoins, lors de la visite, beaucoup ne portaient ni gilets ni casques.
A l’aide d’une machine appelée « hydromill », ils creusent une profonde tranchée et la remplissent avec un mélange liquide d’argile, de bentonite et d’eau, ce qui empêche l’effondrement du trou. Ils enfoncent ensuite un treillis métallique, qui fournit soutien et force au mur. Enfin, ils enfoncent un tuyau au fond de la tranchée et le remplissent avec du béton, ce qui pousse le mélange de bentonite.
Une fois qu’une tranchée est terminée, l’équipe passe à la suivante, et ce sur 65 kilomètres.
Le processus est également supposé dévoiler automatiquement tous les tunnels qui traversent en Israël, car le mélange de bentonite liquide s’y déverserait.
L’armée n’a pas précisé la profondeur de la barrière souterraine. Le responsable de l’armée a simplement affirmé avec sourire qu’il était « assez profond ».
La barrière est entièrement construite à l’intérieur du territoire israélien, à 50 mètres de la frontière de Gaza à son point le plus proche et à 300 mètres au plus loin.
Au total, la fortification de la frontière de Gaza devrait coûter environ 3 milliards de shekels (720 millions d’euros), dont 2,4 milliards (575 millions d’euros) seront consacrés au mur souterrain.
En plus de la barrière souterraine, l’armée construit également une nouvelle clôture en métal, d’environ huit mètres de haut, et installe des brise-lames supplémentaires sur la côte autour de Gaza afin d’empêcher l’infiltration en Israël depuis la mer, comme cela s’est produit durant la guerre de Gaza en 2014.
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