Un an après le 7 octobre, des Gazaouis s’insurgent contre le Hamas, à l’origine de la guerre
Si ceux qui célèbrent le massacre évoquent une victoire de la "résistance" - et ils sont nombreux - d'autres maudissent Sinwar, réfugié dans son "trou à rats" et les chefs terroristes qui vivent en sécurité à l'étranger alors que les civils souffrent

À l’occasion du premier anniversaire du pogrom commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre, certains usagers de réseaux sociaux gazaouis ont largement critiqué le Hamas, lui attribuant la responsabilité des ravages survenus dans la bande de Gaza et de la souffrance extrême de sa population. Ils s’en sont également pris à ses chefs qui vivent en sécurité alors que les civils sont confrontés à la faim et aux déplacements forcés.
Toutefois, la grande majorité des messages écrits en arabe sur les réseaux sociaux font l’éloge du massacre qui avait été perpétré, l’année dernière, par le groupe terroriste.
Dès dimanche, les utilisateurs des réseaux sociaux ont commencé à partager des messages et des images rappelant l’invasion et les horreurs commises dans le sud d’Israël – certains d’entre eux fustigeant ce déchaînement barbare de violences. « Roufaida », par exemple, a écrit sur X que la nuit du 6 octobre 2023 avait été « la dernière fois que nous avons été considérés comme des êtres humains – avant d’être transformés en chiffres, puis en outils servant à faire pression [sur Israël] et Dieu seul sait ce que nous deviendrons ensuite ».
Concernant le 7 octobre lui-même, l’écrasante majorité des messages arabophones qui ont été postés sur les réseaux sociaux ont salué l’attaque sauvage commise par les hommes armés du Hamas qui avaient massacré plus de 1 200 personnes sur le sol israélien, kidnappant également 251 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza.
Parmi les comptes les plus populaires à avoir fait l’éloge du pogrom, il y a celui de Jamal Rayyan, un présentateur palestinien d’Al Jazeera qui compte 2,3 millions d’abonnés sur X. Rayyan, qui est depuis longtemps une personnalité emblématique de la chaîne qatarie, a épinglé sur son compte X une image de roquettes ressemblant à des feux d’artifice s’échappant du Dôme du Rocher à Jérusalem, avec un chiffre 7 qui brille au milieu.
« C’est la journée qui a rendu à la nation sa dignité et son prestige », dit la légende écrite par le journaliste. La photo a été vue à plus de 1,2 million de reprises.
Il a publié une série d’autres messages saluant le « déluge Al-Aqsa » – le nom donné par le Hamas à son pogrom du 7 octobre – et il a insisté sur le fait que la « résistance » n’était pas vaincue.
Toutefois, un nombre considérable d’internautes, vivant à Gaza, ont semblé ne pas être d’accord avec Rayyan, ne voyant aucune raison de célébrer le massacre.
Certains ont ainsi qualifié le 7 octobre de « premier anniversaire du martyre de Gaza ». Un Gazaoui se présentant, sur X, sous le nom d’al-Aqra, qui est suivi par 5 000 abonnés, a écrit dans sa biographie : « Le 7 octobre est une malédiction qui nous a privés de tous nos proches, de nos souvenirs, de notre confort et de notre sécurité ».
Dans un message virulent où il dénonce le Hamas, il écrit : « [Nous vivons] depuis un an dans des tentes et vous, les tarés, et vous, les vampires, qui vous êtes emparés de l’argent des pays arabes au nom de la résistance, vous avez des millions sur vos comptes en banque. »
Dans un autre commentaire, il déclare : « Que Dieu maudisse le 7 octobre et tous ceux qui l’ont planifié et qui le soutiennent. Allez vous faire voir, [chef du Hamas Yahya] Sinwar. Allez vous faire voir, [Premier ministre Benjamin] Netanyahu. Que Dieu puisse nous laisser tous mourir, puisse-t-il enfin nous soulager de tout ce que nous vivons et de tout ce que nous voyons ».
De nombreux messages dénonçant le Hamas étaient assortis du hashtag en arabe #la_septième_de_mes_chaussures » (en lieu et place de 7 octobre, sachant que les chaussures évoquent la saleté et l’humiliation dans la culture arabe) et du hashtag #nous_ne_sommes_pas_votre_peuple – un message adressé aux chefs du Hamas qui prétendent avoir mené cet attentat terroriste sans précédent au nom de la population palestinienne et au bénéfice de cette dernière.
Un compte satirique appelé « The Sieve », qui compte 2 200 abonnés, a publié une série de messages remplis de sarcasme à l’encontre des dirigeants du groupe terroriste.
Le compte a partagé une image de Sinwar s’enfuyant par un tunnel, avec la légende suivante : « Un an depuis que le rat est entré dans son trou. Bonne année à tous les partisans du Hamas ».
عام على دخول الفأر إلى جحره…
كل عام وانتو بخير يا الحمساوية ????#السابع_من_كندرتي #لسنا_شعبكم pic.twitter.com/IHIw6yAwvY— المنخل (@almonkhol) October 7, 2024
L’ironie semble être un mécanisme d’adaptation qui a été adopté par de nombreux habitants de Gaza, au sein de l’enclave côtière comme à l’étranger. Le compte Facebook d’un militant anti-Hamas vivant en Belgique, qui est suivi par plus de 122 000 abonnés, a écrit : « Partout dans le monde, les gens renouvellent leur abonnement à la salle de sport ou leur carte de bus. Aujourd’hui, dans la bande de Gaza, nous renouvelons notre abonnement à la guerre pour une année supplémentaire. Félicitations à nous ».
Un autre compte gazaoui qui se présente sous le nom de Kareem Jouda, fort de 2 600 abonnés sur X, s’en prend au chef du Hamas, Khalil al-Hayya, qui vit à Doha et qui a publié, à la veille du 7 octobre, une déclaration saluant la « fermeté » du peuple palestinien et estimant que le massacre « glorieux » sans précédent commis dans le sud du pays a mis Israël « à genoux ».
Jouda a écrit que « Khalil Al-Hayya nous fait des sermons sur la victoire et sur la fermeté le jour de l’anniversaire de #la_septième_de_mes_chaussures, et il s’adresse à nous en prenant pour hypothèse que nous sommes son peuple. Mais nous ne sommes pas ton peuple, Khalil ! Tu n’es qu’un mercenaire iranien qui a joué avec son peuple et dont le résultat a été le déplacement, la mort, la catastrophe, une nakba et une naksa [les déplacements massifs de Palestiniens en 1948 et 1967, respectivement] ».
Le compte s’en est également pris à Khaled Meshaal, un chef du Hamas basé à Doha, qui a déclaré lundi que l’opération du 7 octobre ramenait Israël à la « case départ », « menaçant son existence ».
En réponse, Jouda a estimé que « le 7 octobre a apporté la défaite absolue à la population de Gaza et une victoire à Khaled Meshaal, au Qatar. Un dirigeant n’incendie pas son pays, sacrifiant son peuple dans le brasier. Un dirigeant protège son peuple et le mène là où il sera en sécurité. »

Les critiques adressées au groupe terroriste à l’occasion du premier anniversaire du massacre du 7 octobre ne se sont pas limitées à la scène palestinienne. « Nafea bin Kalib », un compte yéménite opposé aux Houthis et à l’axe iranien qui, sur X, est suivi par plus de 100 000 internautes, a noté que juste avant l’assaut dévastateur commis par le groupe au pouvoir à Gaza au sein de l’État juif, l’Arabie saoudite était sur le point de conclure un accord de normalisation avec Israël – accord qui stipulait que le gouvernement israélien était tenu d’ouvrir la voie à la création d’un État palestinien.
Le compte yéménite a tweeté : « Le 7 octobre est un jour noir dans l’histoire de la Palestine qui a apporté la destruction […] à un moment où les diplomaties émiratie et saoudienne déployaient des efforts intenses et qu’elles réalisaient des progrès vers la reconnaissance d’un État palestinien ».
Le porte-parole en langue arabe de Tsahal, Avichay Adraee, a également marqué le premier anniversaire de l’ouverture des hostilités, de la part du Hamas, à l’encontre d’Israël avec une vidéo qui a mis en évidence les destructions causées par le groupe terroriste à Gaza et les ravages infligés à sa population.
ما قبل #السابع_من_أكتوبر وما بعده حكاية دواعش ارهابيين من حماس جلبوا لأنفسهم الدمار والخراب والنكسة والهزيمة ليبقى هذا اليوم – يوم وكسة حماس ووصمة عار على جبين كل ما خطط ونفذ وأشرف وساند ودعم هذا العمل الارهابي الوحشي الهمجي. حماس ستبقى مهزومة ولن ينعم قادتها القلائل الذين ما… pic.twitter.com/UdoCkOTVtl
— افيخاي ادرعي (@AvichayAdraee) October 7, 2024
La première moitié de ce clip court, qui a été conçu comme une publicité touristique, montre des scènes d’habitants heureux sur les plages et sur les marchés de l’enclave côtière avant le 7 octobre. La seconde partie montre des vidéos des brutalités commises par le Hamas à partir du 7 octobre, ainsi que des scènes de dévastation et des images de bâtiments détruits par les bombes.
« Ce qui s’est passé avant et après le 7 octobre, c’est l’histoire des terroristes du Hamas-État islamique, qui ont provoqué la dévastation et le déplacement de la population. Ce jour restera dans l’histoire comme le jour de la défaite du Hamas et une souillure honteuse pour ceux qui avaient planifié, exécuté et soutenu ces actes barbares. Le Hamas sera vaincu et ses quelques dirigeants survivants ne seront plus jamais en sécurité », a prédit Adraee.
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