Un « bouclier humain » gazaoui pour Tsahal abattu par erreur par un officier – média
Le Palestinien aurait aidé la Brigade Nahal dans la région de Rafah cet été ; l'armée a déclaré que cette pratique était interdite, mais ne nie pas qu'elle ait eu lieu

Un Palestinien qui aidait les troupes de l’armée israélienne à ratisser des bâtiments et des tunnels potentiellement piégés dans la bande de Gaza au cours de l’été a été abattu par erreur par un officier, selon un article publié par le site d’information indépendant HaMakom Hachi Ham Bagehenom (« L’endroit le plus chaud de l’enfer »).
L’article précise que l’homme palestinien servait de bouclier humain au 931ᵉ bataillon de la Brigade Nahal, lorsque l’unité avait été déployée dans la région de Rafah au mois d’août.
Le média a indiqué que le Palestinien avait été envoyé pour inspecter les bâtiments et les tunnels avant que les troupes ne le fassent, une pratique qui aurait été courante au sein de Tsahal pendant la guerre menée contre le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza.
Le média HaMakom Hachi Ham Bagehenom a également indiqué que ce Gazaoui avait été autorisé à séjourner dans un bâtiment aux côtés des troupes de Nahal.
Un commandant du bataillon qui est entré dans le bâtiment a repéré l’homme et il a ouvert le feu dans sa direction, sans savoir qu’il coopérait avec l’armée, selon l’article.
L’unité des porte-parole de Tsahal a confirmé l’incident au média, déclarant que « l’affaire a fait l’objet d’une enquête de la part du commandant de la brigade. Les conclusions de l’enquête ont été intégrées aux activités des troupes ».

Un article détaillé du New York Times, publié au mois d’octobre, avait décrit la pratique consistant à utiliser des Palestiniens pour effectuer des missions de reconnaissance tout au long des opérations à Gaza, de manière à limiter au maximum les risques pour les troupes. Le journal a indiqué qu’il s’était entretenu avec sept soldats israéliens qui avaient déclaré qu’il s’agissait d’une pratique « routinière, banale et organisée ».
En réponse, l’armée avait déclaré au Times of Israel que « les ordres et les instructions de Tsahal interdisent d’utiliser des civils de Gaza qui ont été arrêtés sur le terrain pour des missions militaires ».
« Les ordres et les instructions sont régulièrement communiqués aux soldats sur le terrain tout au cours de la guerre », avait alors ajouté l’armée.
Le New York Times avait également cité le général de brigade à la retraite Tamir Hayman, ancien chef du Directorat des Renseignements militaires, qui avait déclaré que certains détenus avaient été contraints de pénétrer dans des tunnels soupçonnés d’être piégés ou qu’ils s’étaient portés volontaires pour guider les soldats sur le terrain afin de s’attirer les faveurs de l’armée.
L’article du New York Times avait précisé que les soldats de Tsahal avec lesquels les journalistes s’étaient entretenus avaient indiqué que cette pratique nécessitait que « les hauts commandants en aient connaissance sur le terrain ». D’après le journal, certains soldats ont régulièrement exprimé leur opposition à cette pratique, mais leurs préoccupations ont été largement ignorées.
Israël accuse depuis longtemps le Hamas d’utiliser systématiquement des civils gazaouis comme boucliers humains, en plaçant les rampes de lancement de roquettes, les centres de commandement du groupe et autres au cœur de zones résidentielles. De nombreux otages libérés ou secourus à Gaza ont fait savoir qu’ils avaient été détenus dans des maisons situées dans des immeubles d’habitation surpeuplés, au milieu de familles.
L’armée israélienne a souvent dit que des informations recueillies auprès de détenus de Gaza avaient été utilisées dans des opérations de sauvetage d’otages ou de récupération de leurs corps sans vie à Gaza. Au mois de juillet, l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet avait publié une photographie montrant un détenu palestinien menotté et vêtu d’un équipement de protection aux côtés de soldats de Tsahal lors d’une opération visant à récupérer les corps de cinq otages israéliens.