Un général armé d’un simple couteau a tenté de défendre son kibboutz le 7 octobre

Alors que les enquêteurs de l’armée israélienne se penchent, depuis quelques mois, sur les échecs liés au pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, le général de brigade Yisrael Shomer, un habitant de Kfar Aza qui avait décidé de défendre son kibboutz armé d’un simple couteau, a témoigné de ce qu’il a vécu ce jour-là.

Selon un article publié lundi par le site d’information Walla, alors que Tsahal finalise certaines parties de ses enquêtes, Shomer s’est parfois laissé submerger par l’émotion en racontant ce qui s’était passé, et les détails qu’il a relatés ont fait monter les larmes aux yeux de certains des généraux présents.

Shomer avait déjà parlé publiquement par le passé de son expérience du 7 octobre, date à laquelle il avait été témoin de l’attaque de son kibboutz par plus de 100 terroristes armés du Hamas, qui avaient massacré 62 personnes et en avaient pris 19 autres en otage.

Il a raconté au quotidien Israel Hayom qu’il s’était réveillé quelques minutes avant le début de l’assaut pour aller courir, en début de matinée, et qu’il était en train de boire de l’eau dans sa cuisine, à 6h29, lorsque les sirènes d’alerte avaient commencé à retentir et qu’il avait vu les roquettes voler au-dessus de sa tête.

Après les premières minutes de sirènes, il avait jeté un coup d’œil dehors pour voir ce qui se passait et il avait a vu deux parapentes voler vers son kibboutz. Il avait immédiatement compris ce qui se passait.

« Je ne comprenais pas l’ampleur mais je savais qu’il s’agissait d’une invasion de Kfar Aza », avait-il déclaré au micro de la Treizième chaîne en décembre 2023, alors qu’il rentrait chez lui pour la première fois depuis cette attaque sans précédent.

Des terroristes palestiniens lançant des roquettes depuis la Bande de Gaza en direction d’Israël, à Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : Hatem Moussa/AP)

Ne possédant pas d’arme à feu chez lui, il avait laissé son épouse et leurs trois enfants dans leur mamad – abri anti-atomique. Il leur avait dit de verrouiller la porte et il était parti armé d’un simple couteau, vêtu d’une tenue de sport.

Il était sorti ; il avait pris des photos des deux parapentes utilisés pour envahir le kibboutz et il avait appelé plusieurs généraux de l’armée, dont le chef d’état-major Herzl Halevi, a expliqué Shomer à Israel Hayom.

Pendant environ trois heures, il avait lutté contre les terroristes armés du Hamas avec son seul couteau, jusqu’à ce qu’il récupère une arme sur un membre de l’escouade de sécurité locale lui-même blessé, a-t-il ajouté. Pendant des heures, il avait tiré sur les terroristes qu’il croisait dans le kibboutz, en veillant à ne pas gaspiller ses munitions, tuant ainsi une vingtaine de terroristes, selon ses estimations.

« J’étais constamment en mouvement, à l’affût, me précipitant, tirant deux balles et repartant. »

Des soldats israéliens autour des destructions causées par les terroristes du Hamas dans le kibboutz Kfar Aza, près de la frontière entre Israël et la bande de Gaza, dans le sud d’Israël, le 15 octobre 2023. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Quelques heures après le début de l’assaut barbare, il avait commencé à comprendre qu’il ne s’agissait pas seulement d’une attaque contre Kfar Aza. Alors que les soldats commençaient à arriver en renfort dans le kibboutz et qu’ils lui parlaient des attaques contre presque tous les kibboutzim situés le long de la frontière avec Gaza, l’ampleur de la catastrophe était devenue évidente.

Lorsque d’autres troupes, dont des unités des brigades Golani, des parachutistes et Givati, étaient arrivées, « j’ai senti pour la première fois ce jour-là que nous inversions la tendance », a déclaré Shomer.

Vers 18 heures, sa femme l’avait contacté et elle lui avait dit qu’il y avait des terroristes dans leur maison et qu’elle entendait des coups de feu, mais le temps que Shomer arrive, les terroristes étaient repartis.

« Ce n’est qu’une fois sur place que j’ai réalisé à quel point on avait frôlé la catastrophe », a-t-il ajouté.

Un soldat israélien en position, dans le kibboutz Kfar Aza, le 10 octobre 2023. (Crédit : Ohad Zwigenberg/AP)

« Quel miracle ! »

Une fois qu’il a su que sa famille était en sécurité et que Tsahal avait commencé à reprendre le contrôle de la majeure partie du kibboutz, Shomer a décidé qu’il était temps pour lui de rejoindre son unité, qui avait été chargée de tenir en échec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah à la frontière nord.

« Ce n’était pas une décision facile à prendre, car il y avait encore des terroristes dans le kibboutz et ma famille y était toujours, mais je savais qu’il y avait déjà beaucoup de soldats et de commandants, et j’ai donc estimé que je devais partir et rejoindre ma division », a-t-il déclaré.

Il était ensuite monté dans sa voiture criblée de balles, il avait chargé son fusil et il s’était dirigé vers le nord pour rejoindre son unité.

Le frère cadet de son épouse, Yuval Salomon, avait été assassiné ce jour-là à Kfar Aza. Shomer a raconté à Israel Hayom que Salomon avait affronté les terroristes et réussi à poignarder l’un d’entre eux. Il avait ensuite appelé Shomer : « Je lui ai parlé au téléphone, puis ils [les terroristes] sont revenus et il n’a pas survécu. Il avait 29 ans. »

Le 7 octobre, Shomer était commandant de la 146ᵉ division, la plus grande division de réserve de l’armée israélienne. En juin 2024, il a pris la tête du Directorat des Opérations.

En décembre 2024, le ministre de la Défense, Israel Katz, a ordonné à Tsahal de conclure ses enquêtes sur le 7 octobre d’ici la fin du mois de janvier, bien qu’elles ne le soient pas encore.

Lorsque le chef d’état-major, le général Halevi, avait annoncé le mois dernier qu’il démissionnerait de ses fonctions le 6 mars, il avait promis d’achever les enquêtes militaires sur le 7 octobre avant la date de sa démission.

Le brigadier général Yisrael Shomer, nouveau chef du Directorat des Opérations, lors d’une cérémonie de passation de pouvoir, aux quartiers généraux de l’armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 25 juin 2024. (Crédit : Armée israélienne)

« Une fois les enquêtes de l’armée israélienne terminées, nous comprendrons mieux ce qui nous est arrivé, pourquoi cela s’est produit et comment y remédier », avait-il déclaré à l’époque, appelant également à la nomination d’une commission externe chargée d’enquêter sur les défaillances de l’armée.

Les enquêtes de Tsahal au niveau de l’état-major portent sur quatre sujets principaux : l’évolution de la perception de la bande de Gaza par Tsahal, en particulier à la frontière, à partir de 2018 ; les évaluations du Hamas par les agences de renseignement de Tsahal de 2018 jusqu’au déclenchement de la guerre ; le processus de renseignement et de prise de décision à la veille du 7 octobre, ainsi que les jours qui l’ont précédé ; le commandement et le contrôle, les formations et les ordres donnés pendant les combats entre le 7 et le 10 octobre, lorsque les troupes ont repris le contrôle de tous les kibboutzim et bases militaires du sud d’Israël qui avaient été envahies par le groupe terroriste palestinien du Hamas.

Les enquêtes ont été menées par des unités considérées comme ayant joué un rôle dans l’incapacité à détecter les préparatifs du Hamas ou à se préparer adéquatement au pogrom du 7 octobre perpétré par ce groupe terroriste. Par ailleurs, Tsahal enquête sur 41 batailles distinctes et incidents majeurs qui ont eu lieu le 7 octobre.