Une application controversée pour rester connecté le Shabbat
La « Shabbos App » génère déjà une controverse dans la communauté juive - et un débat houleux en ligne
David Shamah édite notre section « Start-Up Israel ». Spécialiste depuis plus de dix ans en technologies et en informatique, il est un expert reconnu des start-up israéliennes, de la high-tech, des biotechnologies et des solutions environnementales.
L’une des caractéristiques de l’observance du Shabbat juif orthodoxe représente un sérieux défi.
Les créateurs d’une nouvelle application affirment qu’ils permettront aux Juifs pratiquants d’utiliser leurs smartphones pour envoyer des messages pendant le jour saint.
La Shabbos App, déclare l’un de ses promoteurs, Yossi Goldstein, respecte la Halakha (loi juive), et repose sur des principes bien connus de tous les érudits du Talmud et autres textes juridiques.
« Beaucoup de gens restent attelés à une mentalité ancienne, disant que ce qui fut, sera toujours », affirme Goldstein dans une interview exclusive accordée au Times of Israel.
« Il y a beaucoup d’autres dispositifs technologiques qui permettent aux utilisateurs d’exécuter des fonctions que la plupart des gens pensent ‘assour’ – interdites – mais qui sont en réalité ‘mutar’ – admises. »
La plupart des gens – même les non-Juifs – savent que durant le Shabbat, les Juifs orthodoxes n’ont pas le droit d’allumer la lumière, de prendre la voiture, d’appuyer sur un bouton d’ascenseur, ou même de transporter des objets à l’extérieur dans les zones où il n’existe pas de
« erouv », limite fictive incarnée par un fil.
Mais ceux qui connaissent vraiment la loi juive, insiste Goldstein, comprennent que bon nombre des pratiques des Juifs orthodoxes ne sont pas vraiment issues de la « halakha de base » – mais sont des « chumrot, » pratiques supplémentaires qui donnent aux gens l’impression qu’ils sont plus « religieux ».
Pour Goldstein, ces pratiques rendent à la religion un mauvais service.
La plupart des rabbins – et des Juifs orthodoxes, d’ailleurs – ne distinguent pas entre les deux types de restrictions, alléguant qu’elles constituent un forfait de pratiques qui définissent la vie juive, en particulier celles qui ont attrait au jour du Shabbat. Les courants libéraux du judaïsme rejettent beaucoup ces limites, mais pas toutes.
Goldstein explique que c’est la distinction entre ce qui est admissible en vertu de la loi juive, mais considéré par les gens comme interdit, qui est au cœur du travail derrière l’application Shabbos.
« Déjà, la moitié des enfants de la communauté orthodoxe (aux États-Unis) utilise leurs smartphones pour envoyer des messages le Shabbat, » dit Goldstein. « Les enfants ne savent pas que la halakha est suffisamment souple pour permettre ce comportement. »
« Nous ne voulons pas perdre une génération de la communauté orthodoxe parce que ses dirigeants ont peur d’adopter un changement qui reste dans les normes de la loi juive », déclare Goldstein.
« C’est pourquoi nous avons développé l’application, qui permet à ces enfants d’utiliser leur smartphone d’une manière qui les maintienne dans le giron des Juifs pratiquants, en se conformant à la Halakha. »
Les questions juridiques posées par l’application sont claires. Toutes sont expliquées sur la page Kickstarter de l’application, où le groupe de dix programmeurs, dirigé Yitz Appel, font encore des appels de fonds pour terminer son développement et commencer à la commercialiser.
Selon le site, elle sera fin prête en février prochain.
Le site décrit la manière dont l’application contourne les questions halakhiques comme l’interdiction d’écrire (qui ne serait pas applicable à l’écriture électronique, non permanente), d’utiliser une batterie (comme avec un climatiseur, l’application conserve la batterie à une température constante, qui n’augmente pas lorsque l’utilisateur saisit du texte), ou d’utiliser de l’électricité (selon presque tous les décisionnaires halakhiques du siècle dernier, l’électricité n’est pas soumise aux lois bibliques interdisant d’allumer le feu le Shabbat), entre autres.
Selon Goldstein, un certain nombre de rabbins sont d’ores et déjà prêts à donner leur autorisation.