Israël en guerre - Jour 304

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Une équipe israélienne serait arrivée au Caire pour discuter d’un accord trêve contre otages

Netanyahu procède "à l'assassinat ciblé" d'un potentiel accord, a dit la mère d'un otage ; l'Égypte a exprimé son inquiétude face au "risque d'escalade qui augmente dangereusement" dans la région

Ronen Bar (à gauche), chef des services de sécurité du Shin Bet, avec le chef du Mossad, David Barnea, lors de la cérémonie annuelle de commémoration de la Shoah, à Yad Vashem, à Jérusalem, le 5 mai 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)
Ronen Bar (à gauche), chef des services de sécurité du Shin Bet, avec le chef du Mossad, David Barnea, lors de la cérémonie annuelle de commémoration de la Shoah, à Yad Vashem, à Jérusalem, le 5 mai 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Une délégation de haut-rang est arrivée au Caire, samedi, pour des pourparlers indirects – où l’Égypte et les États-Unis jouent un rôle d’intermédiaire – portant sur la finalisation d’un accord « otages contre trêve » entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, selon deux sources proches de ces négociations qui ont été citées par les médias israéliens.

Le site d’information Walla a signalé que le chef de l’agence d’espionnage du Mossad, David Barnea, celui de l’agence de sécurité du Shin Bet, Ronen Bar et le général Ghassan Alian, à la tête du bureau du Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), devaient s’entretenir avec Abbas Kamel, le responsable des renseignements égyptiens et de hauts-responsables de l’armée égyptienne.

Les discussions devraient se focaliser sur la remise en liberté des otages ainsi que sur des questions sécuritaires relatives à la frontière entre la bande et l’Égypte, ont fait savoir les sources citées par Walla. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait annoncé, vendredi, qu’il avait approuvé la participation de la délégation à de nouvelles discussions indirectes.

Le Hamas avait rapidement rejeté l’annonce faite par Netanyahu – et Sami Abu Zuhri, un responsable de premier plan du groupe terroriste, avait confié à Reuters que « Netanyahu ne veut pas que la guerre s’arrête et il prononce des paroles vides de sens qui lui permettent de couvrir ses crimes et d’échapper à leurs conséquences ».

Netanyahu avait fait sa déclaration immédiatement après la diffusion d’un reportage de la Douzième chaîne qui affirmait que le Premier ministre avait rejeté les appels lancés par les chefs de la sécurité à saisir l’opportunité donnée de conclure un accord. Axios avait aussi fait savoir, dans la journée, que le président américain Joe Biden avait pressé le Premier ministre, au cours d’un entretien téléphonique, de cesser de créer une escalade des tensions et de chercher immédiatement à finaliser un accord.

L’article publié par Walla a ajouté que le Qatar avait décidé de se tenir à l’écart des négociations, pour le moment, pour des raisons politiques : le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, a été inhumé vendredi à Doha après avoir été assassiné au Qatar, mercredi en tout début de matinée, dans une frappe dont la responsabilité a été largement attribuée à Israël.

Le président américain Joe Biden avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, à Washington, le 25 juillet 2024. (AP/Susan Walsh)

La participation de l’équipe israélienne a suivi les intenses pressions exercées par l’administration Biden qui a sommé Jérusalem et le Caire de continuer les discussions malgré la mort de Haniyeh, ont dit les sources, une semaine après le retour de Netanyahu d’une visite à Washington.

Axios a aussi indiqué que l’administration Biden était frustrée d’avoir été maintenue dans l’ignorance par Israël concernant l’assassinat de Haniyeh. Netanyahu avait donné à la Maison Blanche l’impression, la semaine dernière, qu’il prenait en compte la détermination du président américain à parvenir à finaliser un accord avec le Hamas à Gaza.

Si Israël a revendiqué la responsabilité du meurtre du chef militaire du Hezbollah Fuad Shukr, qui a été tué à Beyrouth mardi dernier, le pays n’a pas commenté l’assassinat de Haniyeh. Le Hamas, l’Iran et leurs alliés ont affirmé que c’était Israël qui en était à l’origine.

Malgré les pressions américaines, les sources qui ont été citées par Walla ont indiqué que Netanyahu ne pensait pas que les discussions, au Caire, seraient fructueuses et que dans cette mesure, il a décidé de ne pas envoyer le responsable militaire chargé des négociations sur les otages, Nitzan Alon, dans le cadre de la délégation.

Les pays jouant le rôle de médiateurs dans cet accord à Gaza ont averti, mercredi, que les frappes menées à l’encontre des deux chefs terroristes pourraient représenter un obstacle dans la conclusion d’un accord.

Des gens se rendent à la mosquée Muhammad bin Abdul Wahhab Mosque à Doha pour rendre hommage au chef du groupe terroriste du Hamas assassiné Ismail Haniyeh, le 2 août 2024. (Crédit : Mahmud Hams/AFP)

« Les assassinats politiques et la prise pour cible continue des civils à Gaza, alors même que les négociations se poursuivent actuellement, nous amènent à nous demander comment la médiation pourra être menée à bien au moment où l’une des deux parties a décidé d’assassiner le négociateur de l’autre ?… « , s’est interrogé cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al Thani sur X. « La paix a besoin de partenaires sérieux et d’un positionnement global fermement opposé au mépris de la vie humaine. »

De son côté, le ministère égyptien des Affaires étrangères a déclaré que ces frappes sapaient « les efforts acharnés déployés par l’Égypte et ses partenaires pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza », estimant qu’ « elles signalent l’absence de volonté politique de la part d’Israël d’apaiser la situation ».

Washington, qui parraine les discussions, a déclaré à plusieurs reprises qu’un accord était proche ; les dernières négociations se sont basées sur une proposition dont le contenu avait été dévoilé par le président américain Joe Biden, au mois de mai. Les États-Unis n’ont pas semblé être inquiets, mercredi, à l’idée que les négociations puissent avoir été mises en danger par les assassinats. Le secrétaire d’État Antony Blinken s’est contenté de dire qu’un cessez-le-feu à Gaza était le seul « impératif permanent ».

Le Hamas souhaite un accord de cessez-le-feu pour mettre un terme à la guerre à Gaza, tandis que Netanyahu affirme que le conflit ne s’arrêtera qu’une fois que le Hamas aura été vaincu. Il y a également des différends sur la manière dont un accord sera mis en œuvre.

C’est dans ce contexte que les familles des otages à Gaza ont fait leurs déclarations à la presse aux abords du siège de l’armée, la Kirya, à Tel Aviv, avant le rassemblement hebdomadaire des familles et des soutiens des captifs, qui réclament le retour immédiat de leurs proches.

Einav Zangauker, dont le fils Matan est retenu en otage à Gaza, proteste devant les quartiers généraux de l’armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 9 mai 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

« Il y a un accord sur la table et le Premier ministre Netanyahu est en train de commettre un assassinat ciblé de ce dernier », a déploré Einav Zangauker dont le fils, Matan, a été kidnappé par des terroristes palestiniens le 7 octobre, faisant référence aux meurtres, cette semaine, du chef du Hamas et du commandant du Hezbollah.

Zangauker a accusé le Premier ministre de « choisir de nous entraîner dans une escalade au lieu de finaliser un accord qui sauvera des vies et qui préviendra une nouvelle flambée. »

Au Caire, le ministre des Affaires étrangères Badr Abdelatty a fait part à son homologue libanais, Abdallah Bou Habib, de la vive inquiétude de son pays face au « risque d’escalade qui augmente dangereusement. »

Abdelatty a affirmé au cours d’un entretien téléphonique avec Ben Habib que l’Égypte soutenait le droit du Liban à affronter les menaces pesant sur le pays, a fait savoir le ministère égyptien des Affaires étrangères dans un communiqué.

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