Une Palestinienne qui a poignardé sa voisine sur la liste de l’accord des otages
Dvir Cohen, dont l'épouse Moriah a été attaquée par Nafoz Hamad à Jérusalem, se dit "heureux pour les familles des otages", mais dit qu’il se battra pour qu'elle reste en prison
Une adolescente palestinienne condamnée à 12 ans de prison au début du mois pour avoir poignardé sa voisine israélienne figure sur la liste de détenus qui pourraient être relâchés dans le cadre d’un accord prévoyant la libération par Israël de 150 prisonniers palestiniens en échange de 50 des près de 240 otages détenus par le Hamas dans la bande de Gaza.
Au début du mois, Nafoz Hamad avait été condamnée pour tentative de meurtre et entrave à la justice après avoir poignardé Moriah Cohen dans le quartier sous tension de Sheikh Jarrah, à Jérusalem.
Cohen a été informée mercredi que Nafoz Hamad, qui avait 14 ans au moment de l’attaque, pourrait être libérée. Elle fait partie des 300 prisonniers palestiniens figurant sur une liste rendue publique mercredi qui pourraient être libérés dans le cadre de l’accord conclu avec le Hamas.
Hamad est l’une des 13 prisonnières figurant sur cette liste, la plupart d’entre elles ayant été condamnées pour des tentatives d’agression à l’arme blanche. Les 287 autres sont des hommes âgés de 18 ans ou moins. La plupart d’entre eux sont détenus pour avoir participé à des émeutes ou jeté des pierres en Cisjordanie ou à Jérusalem-Est.
En décembre 2021, Cohen, âgée de 26 ans à l’époque, était sortie avec cinq de ses six enfants lorsqu’elle a été poignardée par Hamad avec un couteau de 30 centimètres. Ses blessures avaient été jugées légères. Alors que l’affaire vient d’être close après avoir été jugée, Cohen redoute aujourd’hui la perspective de se retrouver nez à nez avec elle dans son quartier.
Selon les termes de l’accord, Israël libérera 150 adolescents et femmes palestiniens considérés comme des prisonniers sécuritaires lors d’un cessez-le-feu qui durera quatre jours, en échange de 50 femmes et enfants israéliens détenus par le Hamas dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre.
Les 150 Palestiniens restants sur la liste pourraient être libérés par la suite en échange d’autres otages israéliens.
Le cabinet a approuvé l’accord sur les otages mardi soir par 35 voix contre 3. Les membres du parti ultranationaliste du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir s’y sont opposés.
Les otages sont détenus à Gaza depuis le 7 octobre, date à laquelle des milliers de terroristes du Hamas ont attaqué le sud d’Israël, enlevant quelque 240 personnes, dont des bébés et des personnes âgées, et tuant au moins 1 200 personnes. La plupart des otages sont des civils. À ce jour, la Croix-Rouge n’a pas pu visiter les otages.
S’adressant à la Douzième chaîne mardi matin, Dvir Cohen, le mari de Moriah, a déclaré que même si la famille savait qu’il s’agissait d’un événement national et qu’elle ne représentait qu’un « rouage dans le système global », il avait du mal à accepter la possibilité qu’Hamad soit libérée.
« Les enfants étaient avec ma femme lorsqu’elle a été poignardée et nous leur avons promis qu’ils ne la reverraient jamais [la terroriste] et qu’elle resterait en prison pour le reste de sa vie. Je ne peux imaginer ce qui se passera samedi prochain si, en ouvrant la porte, ma femme se retrouve face à ce diable. »
Bien qu’il compatisse avec les familles des otages qui attendent un quelconque accord depuis plus de six semaines, Cohen, qui est actuellement réserviste de Tsahal, a déclaré qu’il se battrait contre la décision d’inclure le nom de Hamad sur la liste des prisonniers libérables.
« La sentence a été prononcée il y a environ deux semaines et nous pensions que l’affaire était close. Aujourd’hui, nous sollicitons à nouveau une aide juridique – nous espérons vraiment que la terroriste ne reviendra pas ici ou qu’ils lui donneront au moins un ordre d’expulsion », a-t-il déclaré.
« Nous aimerions souligner que nous sommes très heureux pour les familles d’otages, dont les proches vont être libérés », a-t-il poursuivi. « Nous compatissons avec elles et nous les embrassons. Nous espérons que tout le monde rentrera bientôt chez soi. C’est juste un peu difficile pour nous, étant donné les circonstances. »