Une tribune dans Le Monde appelle à intégrer dans la loi l’antisionisme comme forme d’antisémitisme
"Pour que l’antisionisme ne serve plus de prétexte à l’antisémitisme, c’est à la République de protéger les Juifs", écrit le collectif de plus de 200 personnalités de tout bords

« Pour que l’antisionisme ne serve plus de prétexte à l’antisémitisme, c’est à la République de protéger les juifs », plaident dans une tribune publiée vendredi dans Le Monde plus de 200 personnalités, parmi lesquelles Elisabeth Badinter, Aurore Bergé et François Hollande.
« L’antisionisme est à la mode », débute cette tribune initiée par le collectif « Nous vivrons » créé au lendemain de l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
« Le déroulé est simple : le sionisme est un colonialisme qu’il faut éliminer », déplore le texte, publié à la veille de manifestations prévues en France contre le racisme et l’antisémitisme.
Le sionisme est un mouvement politique apparu à la fin du XIXe siècle dans la diaspora européenne et visant à doter les Juifs d’une patrie sur les terres de l’ancien royaume d’Israël dans ce qui est alors la Palestine sous domination ottomane.
Parmi les signataires : des personnalités de tous bords dont le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi, l’ancien Premier ministre Gabriel Attal, l’ancien président de la République François Hollande, la philosophe Elisabeth Badinter, la ministre de l’Egalité femmes-hommes Aurore Bergé, l’actrice Charlotte Gainsbourg, l’écrivaine Anne Sinclair…
« Depuis le 8 octobre 2023, nous assistons à un relativisme des massacres du 7 octobre 2023 et à une condamnation du sionisme. En résumé, si les juifs n’étaient pas là, tout cela ne serait pas arrivé », souligne la tribune, rappelant que « selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, un tiers des actes antisémites recensés en 2024 étaient motivés par la cause palestinienne ».

L’an passé, 1 570 actes antisémites ont été recensés, dont 518 faisait « explicitement référence à la question de la Palestine », selon ces chiffres.
« Tout juif soutenant le sionisme devient coupable, tout juif attaché à Israël est condamné », poursuit la tribune.
Les signataires se disent « pour la coexistence de deux Etats démocratiques ». « Ni antisionisme ni suprémacisme, nous reconnaissons les mêmes droits à tous les peuples », assurent-ils.
« Pour que l’antisionisme ne serve plus de prétexte à l’antisémitisme, c’est à la République de protéger les juifs en intégrant dans sa loi l’antisionisme comme nouvelle forme d’antisémitisme », écrit le collectif.
« Il ne s’agit pas ici de museler la critique légitime de la politique d’un gouvernement israélien auquel le sionisme survivra, mais de condamner l’antisionisme qui frappe, l’antisionisme qui viole, l’antisionisme qui discrimine, l’antisionisme qui humilie », ajoute-t-il.