USA : Des milliers de panneaux pro-Israël volés quotidiennement depuis le 7 octobre
Selon la police, des activistes fabriquent des centaines de pancartes chaque jour, mais des vandales anti-Israël détruisent leur travail chaque nuit
NEW YORK – Quelques jours après l’infiltration des terroristes du Hamas en Israël, Rachel Glazer a installé une pancarte de soutien à Israël sur sa pelouse, dans la banlieue de Boston.
« Dès que je me lève, je regarde si ma pancarte est toujours là », a confié Glazer, organisatrice d’événements. Bien qu’elle vive dans un quartier où la population juive est importante, elle n’est jamais à 100 % sûre que sa pancarte passera la nuit, car les médias américains font état d’incidents quasi quotidiens de vandalisme antisémite depuis le 7 octobre.
Depuis le début du mois de novembre, des rapports de police font état de raids nocturnes à travers les États-Unis, au cours desquels des groupes de vandales auraient volé des « dizaines » ou « plus de 100 » panneaux pro-Israël dans une même ville.
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Bon nombre d’informations font également état de drapeaux israéliens volés dans les jardins de particuliers, parfois en même temps que des panneaux pro-Israël.
En l’absence de données nationales, les rapports de police et les informations diffusées par les médias indiquent que plusieurs milliers de panneaux et de drapeaux en faveur d’Israël ont été volés aux États-Unis, sans compter les panneaux et les drapeaux qui ont été endommagés.
Depuis l’assaut sans précédent du Hamas, durant lequel 1 200 personnes ont été assassinées en Israël et 240 ont été kidnappées et prises en otages à Gaza, Glazer fait partie des centaines d’activistes qui distribuent aux partisans d’Israël des panneaux qu’ils peuvent placer sur leur pelouse à travers les États-Unis. Parfois sans bénéficier du soutien des fédérations juives locales.
Glazer était préparée à cette nouvelle crise. En effet, elle avait déjà vendu des panneaux de soutien à l’Ukraine l’année dernière et, pendant la pandémie, elle « amenait la fête chez les gens », en créant des installations sur les pelouses pour les remises de diplômes, les anniversaires et d’autres occasions.
« J’espère continuer », a affirmé Glazer, qui a récolté 7 000 dollars pour le Magen David Adom et Brothers for Life, en vendant 325 pancartes pro-Israël, a-t-elle confié au Times of Israel.
Contrairement à ce qui se passe ailleurs dans le pays, seules deux personnes du réseau de Glazer dans la région de Boston ont signalé que leurs panneaux pro-Israël avaient été enlevés ou vandalisés, a-t-elle dit.
En dehors de la banlieue verdoyante de Boston, les panneaux de soutien à Israël sont vandalisés ou enlevés à un rythme effréné.
À Skokie, dans l’Illinois, des dizaines de panneaux pro-Israël ont été enlevés par des vandales au cours de raids nocturnes. Nombre de ces actes ont été filmés par des caméras de sécurité, les images montrant plusieurs vandales agissant de concert.
« Cela concerne une bonne centaine de maisons, ce qui est incroyablement effrayant et très problématique », a déclaré Annie Warshaw, une habitante de Skokie, dont la pancarte pro-Israël – ainsi que de nombreuses autres – a été volée dans la nuit du 2 au 3 novembre.
« Nous sommes tous terrifiés. Je suis la petite-fille d’un survivant de la Shoah. Chez nous tous, c’est profondément ancré », a confié Warshaw aux médias locaux.
D’autres Juifs de Skokie ont expliqué que le vandalisme les incitait à davantage montrer leur soutien à Israël sur leur terrain.
« Et je vais avoir cinq, dix [pancartes] de plus », a affirmé Leah Graber, une habitante, à un journaliste.
La majeure partie des pancartes pro-Israël que l’on trouve sur ces pelouses sont fabriquées par des particuliers ou des organisations juives – et parfois chrétiennes. Des recherches sur des sites Internet tels qu’Amazon, eBay ou Etsy montrent que les panneaux pro-Israël les plus vendus le sont souvent en petits lots – tout-au-plus par centaines. Il est rare que les envois excèdent les 1 000 unités.
« Je suis à la recherche de ma famille »
Les panneaux politiques installés sur les pelouses jouent depuis longtemps un rôle important dans le discours public américain. La pratique en a même été introduite par John Quincy Adams il y a de cela plus de 200 ans. Mais leur efficacité fait l’objet de vifs débats.
Selon les données disponibles, un foyer américain sur cinq apposera une pancarte politique sur sa pelouse au cours de l’année. Même s’il n’existe pas de lien direct entre ces pancartes et les votes effectifs, elles ont quelque chose d’unique aux États-Unis, assurent les experts.
« Les pancartes sur les pelouses alimentent l’envie irrépressible de la plupart d’entre nous, humains, de transformer ce que nous faisons en sport », écrit le politologue Mark Robinson dans le CT Mirror. « C’est bien beau de dire ce que nous pensons et de soutenir nos candidats, mais ce que nous voulons vraiment faire, c’est GAGNER ! »
Lors des élections de 2016 et 2020, les pancartes de pelouse ont joué un rôle démesuré. Traditionnellement associés aux Républicains, les électeurs progressistes ont apposé des pancartes en faveur de causes telles que « Black Lives Matter » ou les droits reproductifs.
Selon les données disponibles en matière de criminalité, des pancartes sont volées ou vandalisées dans les États « rouges » tout autant que dans les « bleus ».
Par exemple, à Wilton, dans le Connecticut, dont l’histoire coloniale est riche, la première élue de la ville, Lynne Vanderslice, a déclaré que le vol de pancartes pro-Israël, ces dernières semaines, était « illégal » et « intolérable ».
« J’ai peur de mettre des pancartes »
Après avoir acheté un panneau de pelouse « We Stand With Israel » et l’avoir placé dans son jardin, Ed Wallack, à Boston, s’est porté volontaire pour aider Glazer à distribuer des pancartes dans les environs.
« Les gens à qui j’ai distribué les pancartes soutiennent simplement l’État juif d’Israël contre cette campagne gratuite, meurtrière, terroriste et sauvage qui consiste à tuer des bébés, violer des femmes et mutiler des soldats », a confié Wallack au Times of Israel.
« En parlant avec des voisins qui ont vu ma pancarte et en ont parlé à des amis, je me suis aperçu que nombre d’entre eux étaient surpris que je déclare ouvertement mon soutien à Israël », a expliqué Wallack, qui se présente comme un Juif laïc qui ne va pas à la synagogue.
« Je crois que nombre de personnes qui soutiennent Israël rechignent à mettre des pancartes par crainte pour leur sécurité ou celle de leur famille », a expliqué Wallack.
Comme un écho aux propos de Wallack, Glazer dit « conseiller aux gens de faire des dons aux organismes de bienfaisance mais de ne pas prendre de pancartes ».
Parmi les vendeurs de pancartes pour Israël interviewés pour cet article, les plus importants sont Dana Bar-Or et Sharona Taibe, toutes deux installées dans les environs de Boston.
Outre leur activisme en faveur d’Israël, les deux femmes ont des enfants qui sont des « soldats seuls », partis servir dans l’armée israélienne. Les bénéfices de leurs pancartes vont au Centre Michael Levin Lone Soldier en Israël.
« Il nous fallait faire quelque chose parce que notre fédération locale ne faisait rien », explique Bar-Or, qui est avocate, au Times of Israel.
Jusqu’à présent, les deux femmes ont vendu plus de 4 000 pancartes dans le Massachusetts, sans compter celles qui ont été données. Fabriqués à Stoughton, dans le sud de Boston, ces pancartes mettent en avant des morceaux des drapeaux des deux pays, assortie d’une caméra, pour dissuader les vandales. Il y a aussi un code QR pour obtenir des informations sur les otages.
« Nous voulions faire quelque chose qui dise le lien qui existe entre l’Amérique et Israël », a précisé Bar-Or. Elle a dû remplacer à plusieurs reprises la pancarte installée par le Habad à Wellesley en raison de vols et de vandalisme, dit-elle.
« Nous avons également eu quelqu’un à Sudbury, dans le Massachusetts, qui a acheté 100 pancartes disant : « Unis contre l’antisémitisme », ajoute Bar-Or. A l’origine, Taibe et elle se sont mobilisées parce que personne ne produisait assez de pancartes pro-Israël pour les membres de la communauté.
« Nous ne devrions pas craindre de dire fièrement qui nous sommes », affirme Bar-Or. « Sinon, c’est retour dans l’Allemagne des années 1930 ».
Aux yeux de Gilad Skolnick, membre de la communauté de Boston et ancien combattant de Tsahal, les initiatives d’activistes comme Bar-Or et Taibe sont « belles parce qu’elles sont locales ».
« Je pense sincèrement qu’aucune organisation n’aurait imaginé que les gens voudraient mettre ces pancartes dans leur jardin, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité ou d’inconfort vis-à-vis Israël », a ajouté Skolnick, ancien directeur exécutif de Hillel.
« On a l’impression que certaines organisations ne se sont pas mobilisées, mais les organisations juives sont submergées en ce moment. C’est aussi la beauté de notre communauté, le fait que de nombreuses personnes prennent des initiatives », a conclu Skolnick.
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