USA : vives réactions après la coupe budgétaire de 3 M de $ du musée de l’Holocauste
64 représentants demandent que le financement du mémorial de la Shoah de Washington soit maintenu ; l'ADL estime que cette restriction est une “erreur”
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël

WASHINGTON – La réduction de trois millions de dollars proposée par le président américain Donald Trump au budget du musée mémorial de l’Holocauste des États-Unis a déclenché une réaction violente des deux grands partis du pays.
Soixante-quatre membres du Congrès ont envoyé une lettre au président vendredi, exigeant que la proposition soit amendée pour maintenir le niveau actuel de financement, et le directeur de l’Anti-Defamation League (ADL) Jonathan Greenblatt a diffusé un communiqué qualifiant cette coupe budgétaire d’ « erreur ».
La proposition de budget de Trump pour 2018, intitulée A New Foundation for American Greatness, appelle à des coupes budgétaires massives dans des dépenses non-discrétionnaires afin de laisser place à des dépenses plus conséquentes pour les infrastructures, le mur frontalier et la défense nationale.
Les restrictions budgétaires proposées incluent trois millions de dollars alloués au musée de l’Holocauste de Washington, D.C., soit une baisse de 5 % du budget du musée, ce qui le ramène à 54 millions de dollars, son budget de 2016.
« De notre point de vue, la mission du musée n’a jamais été aussi importante, particulièrement dans un contexte où les attaques antisémites dans le monde entier connaissent une importante recrudescence, affirme la lettre du Congrès. Ce n’est pas le moment de réduire le financement de ce trésor national. »

La lettre est une initiative du représentant républicain de la Floride Carlos Curbelo, du représentant républicain de New York John Katko, de la représentante démocrate de Floride Stephanie Murphy, et de la représentante démocrate de l’Arizona Krysten Sinema, selon The Hill.
Le projet de budget de la Maison Blanche indique que cette restriction spécifique « permettra de remplir les objectifs du président, tout en octroyant les fonds nécessaires pour couvrir les augmentations de salaires et les coûts croissants des services actuels des infrastructures du musée et de ses collections. La baisse se fera par une réduction du personnel et des domaines non-rémunérés. »

Depuis janvier, près de 150 centres communautaires juifs ont fait l’objet d’alertes à la bombe. Les centres ont dû être évacués et certains parents ont choisi de retirer leurs enfants des structures juives.
L’auteur de la plupart de ces alertes était un adolescent israélo-américain arrêté à Ashkelon et accusé d’être à l’origine de milliers d’alertes à la bombe ces deux dernières années.
Le directeur de l’ADL a déclaré que la recrudescence de l’antisémitisme et d’autres crimes racistes imposent l’existence d’un musée « robuste et actif ».

« Comme l’ont montré les évènements de ces derniers mois, nous avons, plus que jamais, besoin d’un musée de l’Holocauste robuste et actif, et ce serait une erreur de réduire le financement du musée, a déclaré Greenblat dans un communiqué. Dans une époque de séparatisme, avec un nombre de crimes racistes contre les Juifs et les autres minorités religieuses qui augmente, la mission du musée est plus cruciale que jamais. Nous appelons le Congrès à financer totalement le musée. »
En avril, l’ADL a indiqué que les incidents antisémites ont augmenté de 86 % durant le premier trimestre 2017, selon les données de son étude annuelle sur l’antisémitisme aux États-Unis.
Depuis son entrée en fonction, l’administration Trump a dû, à plusieurs reprises, se défendre contre des accusations d’insensibilité face à des questions ayant trait à l’antisémitisme ou à l’Holocauste.
En avril, le secrétaire de Presse Sean Spicer s’est attiré les foudres des critiques, pour avoir affirmé, à tort, que le dictateur nazi Adolf Hitler n’avait jamais eu recours à des gaz toxiques et pour avoir qualifié les camps de concentration de « centres de l’Holocauste ».
Après que Spicer a présenté ses excuses, l’ADL avait proposé d’organiser une session de formation sur l’Holocauste pour Spicer et d’autres employés de la Maison Blanche.
De plus, la déclaration de Trump sur son omission des juifs et de l’antisémitisme lors du communiqué à l’occasion de la Journée internationale de Commémoration de l’Holocauste a également été à l’origine de controverses.
Trump est le premier président américain à avoir des membres de sa famille proche juifs. Sa fille Ivanka a épousé Jared Kushner, un juif orthodoxe en 2009, et s’est convertie au judaïsme.
Ils observent le Shabbat et mangent casher, et élèvent leurs trois enfants dans la tradition juive.
Trump a visité Yad Vashem, le musée de la Shoah en Israël le mois dernier, lors de son premier voyage officiel à l’étranger, au cours duquel il s’est rendu notamment en Arabie saoudite, en Israël et en Cisjordanie.
Il a également condamné fermement la haine des Juifs lors de son discours au musée de l’Holocauste à Washington en avril, lors de la Journée nationale de la Commémoration, en avril.
« C’est une promesse que je vous fais, avait-il déclaré. Nous combattrons l’antisémitisme. »