Vancouver: Un festival de BD s’excuse pour l’exclusion d’une artiste juive qui a servi dans Tsahal
VanCAF a annoncé que "la vaste majorité" des membres de son conseil d'administration impliqués dans la décision d'interdire la présence de Miriam Libicki ont démissionné
JTA — Un festival de bande-dessinée, à Vancouver, a présenté ses excuses à une artiste juive dont il avait interdit la présence parce qu’elle avait fait son service militaire en Israël. De plus, un musée de Seattle a fait savoir qu’il allait maintenir une exposition consacrée à l’antisémitisme qui avait entraîné une grève de son personnel. Deux incidents qui sont les derniers revirements en date dans un contexte de sanctions prises dans le milieu artistique nord-américain en lien avec la guerre qui oppose actuellement Israël aux terroristes islamistes palestiniens du Hamas à Gaza.
Le festival de bande dessinée d’art de Vancouver et le Wing Luke Museum, aux États-Unis, avaient suscité une vive indignation suite à leurs décisions, dans un contexte de vague d’activisme anti-Israël qui a déferlé sur le monde.
« VanCAF a perdu et continue à perdre la confiance d’un grand nombre de ceux que nous cherchions précisément à servir », a indiqué le festival de Vancouver dans une publication écrite sur les réseaux sociaux, dimanche dans la soirée, quelques jours après avoir annoncé que l’artiste Miriam Libicki, une ressortissante américano-israélienne, avait été exclue du festival parce qu’elle avait effectué son service militaire au sein de Tsahal.
Le festival n’avait pas mentionné spécifiquement le nom de Libicki, que ce soit dans le communiqué initial où il annonçait l’interdiction de sa présence – un communiqué qui avait été rapidement supprimé suite au tollé qu’il avait provoqué – ou dans celui où il avait présenté ses excuses. Toutefois, son boycott était explicitement du au service militaire de l’artiste, un service qui a fait l’objet d’une bande-dessinée. Le post où le festival faisait part de ses regrets faisait également référence à un autre ouvrage de la jeune femme, « Mais je vis », un ouvrage réalisé en collaboration avec des survivants de la Shoah.
Après les critiques qui ont été formulées par Libicki et par les responsables des principales institutions juives canadiennes, VanCAF a indiqué dans ses excuses que « la vaste majorité » des membres de son conseil d’administration impliqués dans cette interdiction ont depuis présenté leur démission. L’organisation a ajouté qu’elle entrait « dans une nouvelle période de transition » suite à la controverse, notant qu’elle ne comptait pas de salariés à plein-temps et qu’elle ne s’appuyait que sur des bénévoles.
« Cette confusion entre la politique et la sécurité physique de ceux qui prennent part à ce festival a été une mauvaise initiative », a fait remarquer le post. VanCAF a indiqué avoir décidé, dans un premier temps, d’interdire la présence de l’artiste parce que les organisateurs s’inquiétaient de la sécurité lors de l’événement, après avoir estimé que les plaintes émises par les activistes pro-palestiniens concernant l’apparition de Libicki à ses deux derniers festivals avait créé « un climat volatile ».
(Une synagogue de Vancouver a été le théâtre d’un incendie criminel, la semaine dernière, renforçant un niveau d’alerte déjà élevé après des coups de feu en direction de sites juifs à Toronto et à Montréal dont des écoles. Les autorités de Vancouver ont ouvert une enquête sur l’incendie criminel, privilégiant la piste d’un crime de haine).
VanCAF est l’une des institutions artistiques à essuyer les retombées de la guerre qui oppose actuellement Israël et le Hamas à Gaza, une guerre qui avait été déclenchée par l’attaque barbare qui avait été commise par le Hamas, le 7 octobre. Certains Juifs appartenant au monde artistique ont fait part de leur malaise, disant ressentir un rejet de la part de leurs pairs.
De plus, à Seattle, le Wing Luke Museum, un musée qui se concentre sur la culture, l’art et l’histoire des Américains d’Asie-Pacifique, s’est décidé à ouvrir son exposition sur la façon dont les communautés asio-américaines, juives américaines et afro-américaines ont conjointement répondu à la haine. Une annonce qui a été faite quelques jours après une grève des salariés qui s’étaient opposés aux « points de vue sionistes », avaient-il expliqué, qui figuraient dans l’exposition. Cette grève avait entraîné la fermeture temporaire de l’institution.
« Nous restons attachés au message qui est au cœur de cette exposition, qui est du devoir de confronter les haines », a indiqué le musée dans un communiqué conjoint qui a été émis avec la Jewish Historical Society de l’état de Washington, partenaire de l’exposition, et avec la Black Heritage Society. « Nous reconnaissons la complexité de ce travail qui est profondément difficile. Nous comprenons bien que le fanatisme, les préjugés et le racisme qui touchent nos communautés vont bien au-delà de nous-mêmes et qu’ils touchent un grand nombre de personnes. Même si les récents événements ont entraîné des nuisances significatives, nous ne nous laisserons pas dissuader ».
Les trois groupes ont aussi expliqué qu’ils procéderaient à des changements – dont il n’ont pas précisé la nature – au sein de l’exposition, « offrant un cadrage supplémentaire sur sa genèse, les réactions initiales du public et l’Histoire du travail conjoint qui a été mené, dans le passé, par nos communautés, main dans la main » avant l’ouverture de l’exposition, le 30 juin. Le personnel s’était insurgé face à certaines descriptions de l’antisémitisme moderne telles qu’elles étaient présentées dans l’exposition, avec notamment l’inclusion des manifestations qui ont balayé les campus universitaires depuis le 7 octobre. Ils avaient aussi demandé au musée de faire des changements, et notamment de reconnaître l’absence de point de vue palestinien.
Le travail sur l’exposition avait commencé avant le 7 octobre.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.