Washington révèle que Netanyahu a ajouté des conditions qui ont entravé les pourparlers en juillet
Les États-Unis avaient auparavant évité d'accuser directement le Premier ministre par crainte que cela n'incite le Hamas à durcir ses positions
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Quelques heures après l’annonce d’un accord sur la libération des otages, un haut responsable de l’administration Biden a confirmé publiquement, pour la première fois, que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait ajouté des conditions aux propositions négociées par le passé, conditions qui avaient entravé les pourparlers.
Pendant des mois, l’administration Biden avait publiquement insisté sur le fait que le Hamas était le principal obstacle à un accord et, si elle a parfois déclaré que « les deux parties » ne se montraient pas suffisamment coopératives, elle avait évité de pointer directement du doigt Netanyahu.
Des responsables israéliens, arabes et américains ont tous déclaré au Times of Israel, sous couvert d’anonymat, que Netanyahu avait été parfois le principal responsable de l’échec des négociations, notamment en juillet, lorsqu’il avait ajouté des conditions à sa proposition antérieure concernant le retrait des troupes israéliennes de Gaza, ce qui avait torpillé les négociations à l’époque.
Les anciens membres du cabinet de guerre israélien, Benny Gantz, Gadi Eisenkot et Yoav Gallant, se sont tous exprimés publiquement à ce sujet à des degrés divers, révélant que le désir de Netanyahu de s’assurer que sa coalition resterait intacte avait nui aux efforts déployés pour parvenir à un accord.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait semblé suggérer au début du mois que les États-Unis s’abstenaient de critiquer publiquement le rôle d’Israël dans les pourparlers par crainte que cela n’incite le Hamas à durcir ses positions.
Le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a déclaré lors d’un point de presse : « Il est arrivé qu’Israël introduise de nouvelles conditions et de nouvelles propositions qui ont rendu plus difficile l’obtention d’un accord ».

En revanche, il a affirmé que le Hamas a parfois fait la même chose et que depuis le mois d’août, il a été le principal obstacle à tout accord. C’est au cours de ce mois que le Hamas a décidé de ne plus négocier du tout, a-t-il déclaré.
Les pourparlers ont également été entravés par l’assassinat de Yahya Sinwar par Israël en octobre, étant donné qu’il était le principal décideur, mais Miller a déclaré que les États-Unis avaient soutenu la décision de l’éliminer et qu’elle avait finalement favorisé les négociations.
Par ailleurs, Matthew Miller a nié qu’il avait fallu faire pression sur Israël pour obtenir un cessez-le-feu et un accord de libération des otages.
Cette affirmation contredit ce que des diplomates arabes de haut niveau et deux autres sources proches des négociations ont déclaré mardi au Times of Israel, disant qu’une réunion « tendue » entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l’envoyé du Président américain élu Donald Trump au Proche-Orient, Steve Witkoff, avait conduit à une percée dans les pourparlers après que ce dernier avait fait pression sur le Premier ministre pour qu’il fasse les compromis nécessaires à la conclusion d’un accord.
Les deux diplomates arabes avaient déclaré que le niveau de pression exercé sur Netanyahu par l’envoyé de Trump lors de cette seule réunion était sans égal dans les innombrables conversations que les responsables de l’administration Biden ont eues avec le Premier ministre tout au long de la guerre.

Interrogé sur ces informations lors de sa conférence de presse, Matthew Miller a insisté : « Ce n’est pas grâce aux pressions exercées par une quelconque partie sur le gouvernement israélien ces derniers jours que nous sommes parvenus à un accord ».
Miller a expliqué que cette avancée est due à l’affaiblissement et à l’isolement du Hamas et au fait que ses combattants « avaient besoin d’une pause » dans les combats.
Il a cependant reconnu que l’équipe de Trump avait contribué à cet effort, mais a nié que les pressions exercées par le président élu et son équipe aient joué un rôle dans l’obtention de l’accord.