Vingt-cinq ans après sa fondation, Taglit-Birthright Israel est devenu un rite de passage de la diaspora juive, qui a permis à plus de 900 000 jeunes adultes issus de 70 pays de passer 10 jours en Israël, tous frais payés.
En 1999, lorsque Taglit a annoncé son intention d’offrir un voyage en Israël aux jeunes Juifs de 18 ans et plus, la plupart n’ont pas compris son intention.
« Les gens trouvaient l’idée ridicule », rappelle au Times of Israel Gidi Mark, président de Taglit-Birthright. « A quoi bon offrir des voyages tous frais payés ? Quel impact éducatif espérait-on ? Nous avons fait face à beaucoup de questions et de critiques. »
Un quart de siècle plus tard, pour la plupart des Juifs, le message est bien passé : selon une enquête du Pew Research de 2020, jusqu’à 20 % des Juifs américains âgés de 18 à 46 ans ont bénéficié de Birthright et près de 30 % des parents juifs y ont inscrit au moins un de leurs enfants.
Birthright Israël est désormais un acteur de poids au sein du monde juif, en particulier aux États-Unis dont sont orifinaires 70 à 80 % des bénéficiaires.
Pour beaucoup, c’est une expérience qui change leurs perspectives sur la vie et contribue au réveil de leur identité juive, même si ses détracteurs lui reprochent de ne pas promouvoir un récit plus nuancé de l’histoire d’Israël.
Ce qui est clair, c’est que le programme a un impact considérable sur la communauté juive de la diaspora.
« Nous avons mené des dizaines d’études et rédigé près de 100 articles et rapports, et les données le montrent très clairement », explique Leonard Saxe, directeur du Centre Cohen pour les études juives modernes de l’Université Brandeis, qui a étudié l’impact du voyage depuis sa fondation, grâce au financement de Taglit-Birthright. « En résumé, Birthright a un impact énorme sur les participants, autant à court qu’à long terme. »

Une étude longitudinale à long terme menée par le centre montre que l’impact d’un voyage Taglit-Birthright est encore perceptible 20 ans après.
« Cette expérience change la trajectoire de vie des gens sur le plan des relations avec le peuple juif et Israël, en particulier pour ceux qui se marient entre juifs », poursuit Saxe.
Un programme né de mariages mixtes
L’idée de permettre à de jeunes Juifs de la diaspora de se rendre en Israël a germé au milieu des années 1990 dans la tête du député travailliste Yossi Beilin, inquiet pour l’avenir de la communauté juive américaine.
Pareille crainte était tout sauf isolée, à l’époque, suite à la parution des résultats d’une enquête menée dans tout le pays en 1990 sur la population juive : selon cette enquête, le taux de mariages mixtes avait atteint le niveau sans précédent de 52 %, rappelle l’historienne et auteure Pamela Nadell, professeure d’études juives à l’American University.
« A l’époque, on pensait très fort que les mariages mixtes signeraient la fin de la communauté juive américaine », poursuit Nadell.
Beilin a présenté son idée à l’Agence juive et d’autres organismes, qui l’ont rejetée, la jugeant trop coûteuse, pour ne pas dire irréaliste. Plus tard, il a approché les philanthropes Charles Bronfman, qui avaient financé des voyages d’adolescents en Israël dans les années 1980, et Michael Steinhardt, un investisseur de Wall Street passionné par l’idée de préserver le judaïsme. Peu convaincus au début, les deux hommes finissent, après de longues délibérations, à verser les fonds nécessaires au programme pour l’été 1999.

Les participants du premier voyage de Birthright, en décembre 1999, en parlent comme d’une expérience qui les a changés, et pas seulement parce qu’ils ont passé 10 jours à faire la fête, randonner et rencontrer d’autres Juifs tous frais payés. Plusieurs personnes qui se sont entretenues avec le Times of Israel par le truchement de Taglit-Birthright ont déclaré que cela leur avait ouvert les yeux sur un nouveau monde.
« Ce voyage a été une expérience très importante : je suis rentrée d’Israël avec un nouveau sens de la communauté », confie Rachel Strauss, habitante de Houston qui avait 19 ans et étudiait à l’Université d’État du Michigan en 1999.
Elevée dans une famille juive sans repères juifs, elle « ne savait rien sur la judéité » et a entendu parler de ce voyage gratuit en Israël sur le campus, dans le cadre de Hillel. Elle est aujourd’hui militante et donatrice pour de nombreuses causes juives.
A la même époque, Adam Pollack étudiait au Muhlenberg College, en Pennsylvanie : il estime que c’est grâce à ce voyage qu’il a eu accès à des Juifs d’un autre type que ceux qu’il avait jusqu’alors rencontrés.
« A l’adolescence, quand j’ai compris que j’étais gay, j’ai pensé que je n’avais pas ma place au sein du monde juif », confie Pollack, qui vit maintenant à San Francisco et travaille dans une ONG juive spécialisée dans les couples interconfessionnels. « Mais dans le cadre de Birthright, j’ai rencontré toutes sortes de Juifs inspirants, ce qui m’a permis de comprendre qu’il y avait bien plus de diversité dans le judaïsme que je ne le pensais. J’ai adoré faire la fête pendant ce voyage et découvrir les paysages et les sons d’Israël, mais plus que tout, j’ai pour la première fois eu le sentiment d’avoir ma place au sein du judaïsme. »
Pollack est marié à un non-juif et a occupé des postes de direction dans des organisations juives pendant toute sa carrière. Il pense que son parcours personnel reflète l’impact de Taglit-Birthright sur les Juifs qui vivent en dehors des milieux communautaires classiques.
« Dès le départ, l’objectif de Birthright a été d’aller chercher les jeunes adultes coupés de la vie de la communauté juive », souligne Kelner. « C’est la raison pour laquelle la part des orthodoxes est beaucoup plus faible que leur représentation au sein de la population. En un sens, le candidat « idéal » de Taglit-Birthright est l’enfant non affilié d’un couple mixte.
10 jours pour faire un jumelage
Le rapport le plus récent du Centre Cohen, publié en février, montre que les participants non orthodoxes à Taglit-Birthright sont 49 % plus susceptibles d’épouser des Juifs que ceux qui ne participent pas au programme, avec un taux de 55 % contre 37 %.

Si d’aucuns estiment que l’engagement juif ne doit se juger au taux des mariages mixtes, Saxe dit que les données montrent que le mariage entre Juifs donne le ton et a une forte influence sur les décisions ultérieures.
« L’effet mariage est très important », souligne Saxe. « Il est beaucoup plus facile de rester engagé si votre conjoint partage les mêmes intérêts. »
Pour les anciens bénéficiaires de Taglit-Birthright ayant des partenaires juifs, les données montrent une probabilité plus élevée de se sentir fortement lié à Israël, de respecter le Shabbat et les fêtes juives, d’aller à la synagogue, d’assumer des positions au sein d’organisations juives ou encore d’avoir des amis juifs. Les enfants sont plus susceptibles d’être élevés dans la religion juive, de se faire circoncire et de faire leur bar mitzva, d’étudier dans des établissements juifs, formels ou informels.
Toujours selon cette étude, les bénéficiaires de Taglit-Birthright qui épousent des non juifs ont eux aussi une probabilité beaucoup plus grande de se sentir très liés à Israël, d’avoir des amis juifs, d’inscrire leurs enfants dans des établissements juifs pour la petite enfance et de célébrer la bar ou la bat mitzvah de leur enfant.
Dans l’ensemble, 84 % des bénéficiaires de Taglit-Birthright élèvent leurs enfants exclusivement dans le judaïsme, quelle que soit l’origine du conjoint. Ils sont 122 % plus susceptibles que les non-participants de célébrer la bar ou la bat mitzvah de leur enfant, et deux fois plus susceptibles de se sentir très liés à Israël, même des années après leur voyage, explique le rapport.

Un changement individuel
Si le taux de mariages mixtes est effectivement mesurable, l’impact le plus important de Taglit-Birthright se situe sur le plan personnel et ne peut donc pas être appréhendé par des outils statistiques, relève Shaul Kelner, professeur agrégé de sociologie et d’études juives à l’Université Vanderbilt et auteur de « Tours That Bind : Diaspora, Pilgrimage, and Israeli Birthright Tourism ».
« Des enquêtes comme [le récent rapport Cohen] donnent des moyennes, mais ne disent rien de l’intensité transformatrice de l’expérience Birthright », poursuit Kelner. « C’est Birthright qui crée des dirigeants juifs. »
« Dans le cadre de mon travail, j’ai lu plus d’un millier de candidatures pour une école rabbinique ou des programmes professionnels juifs, et Birthright est clairement un élément clé du récit que nombre d’entre eux évoquent à propos de leur parcours, en tant que juif », ajoute Kelner. « Il suffit que deux personnes, dans chaque bus touristique, vivent une expérience qui leur donne envie de devenir des leaders communautaires pour obtenir des dizaines de milliers de personnes désireuses de s’engager pour la communauté. »

Il existe plusieurs formes de « tourisme patrimonial » susceptibles d’avoir un impact puissant sur la formation de l’identité, mais le pèlerinage en Israël a toujours eu un pouvoir unique sur les Juifs de la diaspora, rappelle l’historienne juive Nadell.
« Nombreux sont celles et ceux qui se rendent dans le pays où ils ont vécu, ou celui dans lequel ont vécu leurs parents, dans le but de renouer avec leurs racines, mais de nombreux Américains qui ne sont jamais allés en Israël voient toujours dans le récit sioniste une part importante de ce qu’ils sont », poursuit Nadell.
« L’histoire de la renaissance d’Israël sur les cendres de la Shoah est un puissant vaccin contre l’antisémitisme qui fonctionne, dans l’ensemble. Le succès de Birthright repose sur le fait de s’emparer de ce récit pour le transmettre à la prochaine génération », conclut-elle.
Opposition et critiques
Taglit-Birthright est critiqué pour ce que certains qualifient de vision unilatérale d’Israël, pour sa distanciation avec les discussions sur le conflit israélo-palestinien et les revendications palestiniennes et la promotion d’un récit qui glorifie Israël et favorise l’immigration. D’autres dénigrent un environnement qui encourage les participants à chercher l’âme soeur, ce qui correspond au souhait amusé du cofondateur de Taglit-Birthright, Steinhardt, que les bénéficiaires se retrouvent et « fassent des bébés juifs ».
Entre 2017 et 2019, les groupes anti-sionistes juifs Jewish Voice for Peace et IfNotNow ont fait campagne pour que les Juifs boycottent Taglit-Birthright et ont encouragé les participants à quitter les lieux où ils se trouvaient, en Israël, pour manifester contre l’absence de perspectives palestiniennes. D’autres manifestations de mouvements juifs progressistes ont gagné en popularité depuis, en particulier à la suite de la guerre que le Hamas a lancée contre Israël, le 7 octobre 2023.

Cette polarisation croissante a des impacts, même sur les participants de Taglit-Birthright fortement liés à Israël, relève David Barak-Gorodetsky, chef du programme Ruderman pour les études judéo-américaines à l’Université de Haïfa.
« Ces dernières années, de plus en plus d’étudiants hésitent à prendre publiquement position à propos d’Israël et préfèrent faire profil bas », poursuit Barak-Gorodetsky. « C’est perceptible dans la façon dont certains participants s’abstiennent de publier des photos ou de parler publiquement de leur voyage sur les réseaux sociaux. Les directeurs de Hillel et d’autres organisations disent que les étudiants sont plus discrets au sujet de leurs voyages : ils partagent leur expérience dans le cadre privé, mais évitent d’en parler sur la place publique. »
En outre, dit-il, il y a une augmentation notable des « déceptions » – des vidéos et des articles où d’anciens participants estiment que leur expérience de Taglit-Birthright leur a donné le sentiment d’avoir été induits en erreur. « Nous n’avons pas de chiffres précis sur leur impact, mais ils ont gagné du terrain en ligne », assure-t-il.

Saxe entrevoit un autre phénomène, involontaire, mais qui affecte négativement les étudiants juifs des campus américains.
« À cause de la guerre, et aussi à cause de la COVID, il y a moins de participants aux voyages de Birthright, ce qui fait qu’il y a moins d’étudiants engagés qui défendent Israël sur les campus », explique-t-il.
Alors que le nombre de participants de Taglit-Birthright augmentait, année après année, avant la pandémie de coronavirus, avec un maximum de 50 000 participants en 2019, cette tendance s’est stoppée nette lorsque le monde s’est arrêté, en mars 2020. Depuis le début de la guerre à Gaza, seulement 20 000 sont arrivés en 2024.
« Nombre d’étudiants se trouvaient au lycée lorsque le COVID a frappé et n’ont jamais eu l’occasion de participer à un voyage organisé en Israël ou de faire l’expérience de ce lien direct », estime Barak-Gorodetsky. « Il est tout à fait possible que le dialogue sur de nombreux campus universitaires serait différent, aujourd’hui, si davantage d’étudiants avaient participé à Birthright. Il est prouvé que les anciens de Birthright sont beaucoup plus susceptibles de réagir lorsque quelqu’un dit quelque chose de totalement faux ou ridicule sur la situation en Israël. »
Éduquer sur Israël

Sara Yael Hirschhorn, chercheuse principale et maîtresse de conférences à l’Université de Haïfa et auteure d’un livre sur les Juifs américains et le mouvement des résidents d’implantations israéliens, a une autre approche critique sur le programme : Taglit-Birthright ne forme pas bien les participants sur le sujet « Israël ».
« L’une des questions que nous nous posons à propos de Birthright est la suivante : ‘Obtiendrions-nous les mêmes résultats en enfermant des gens dans une cabane dans les Poconos pendant 10 jours ?’ » questionne Hirschhorn.
« Pourquoi se donner toute cette peine et dépenser tout cet argent pour faire venir des gens en Israël ? Tout dépend de l’objectif du programme. Si la réponse est que nous voulons que les gens soient mieux informés sur le conflit israélo-palestinien et qu’ils s’engagent davantage sur ces questions, alors il n’est pas certain que cet objectif soit atteint. »
Les données montrent que les participants ne présentent qu’une légère augmentation des connaissances sur Israël, « pas autant qu’on pourrait le penser après avoir passé 10 jours en Israël », estime Hirschhorn.

Tout le monde n’est pas d’accord avec ce constat. Pour Kelner, de Vanderbilt, c’est grandement grâce à Taglit-Birthright que les Juifs américains se sentent liés à Israël.
« Birthright a été créé précisément à une époque où les Juifs s’inquiétaient du fossé en train de se creuser entre les deux plus importantes communautés juives du monde », rappelle Kelner. « Le fait d’investir de l’argent dans ce programme, à cette hauteur, était le signal fort qu’Israël était important pour les Juifs américains et qu’ils voulaient maintenir le lien. »
« Comment imaginer ce qui se serait passé s’ils avaient décidé de ne pas investir ? Il y aurait beaucoup moins de compréhension entre les deux communautés aujourd’hui », estime-t-il.
Représenter la diaspora auprès des Israéliens
Taglit-Birthright ne se contente pas d’apprendre des choses sur les Israéliens aux Américains. Le rôle du programme, celui de pont entre les deux communautés, a un double objectif, affirme Barak-Gorodetsky.
« Pour nombre d’Israéliens, Birthright est sans doute le symbole le plus éclatant de la présence juive américaine en Israël », poursuit-il. « Les Israéliens ne connaissent pas les fédérations ou organisations juives américaines. Les bus remplis d’étudiants américains sont devenus un symbole très clair du lien judéo-américain avec Israël. »
Cela n’a pas toujours été aussi positif. « Depuis les années 1950-1960 traîne l’idée – renforcée par les sketchs du programme humoristique israélien Eretz Nehederet – que les Américains sont un tantinet superficiels et viennent en Israël pour s’amuser, sans être bien conscients de la situation compliquée qui est la nôtre, ici », estime Barak-Gorodetsky.

« Mais depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, quelque chose a changé », poursuit-il. « Pour beaucoup, le fait de voir des bus d’étudiants ici, à un moment où les touristes craignent de venir, agit comme un contrepoids aux reportages sur l’antisémitisme endémique sur les campus américains. Le fait que Birthright fasse venir des gens décidés à faire du bénévolat en Israël aide à rééquilibrer le message que les gens reçoivent lorsqu’ils voient des organisations juives organiser des manifestations anti-Israël. »
Dès le début, Taglit-Birthright a reconnu la valeur des interactions personnelles entre les participants et les soldats. Tous les voyages Taglit-Birthright incluent des mifgashim (rencontres, en hébreu) avec des soldats de Tsahal et de jeunes professionnels israéliens, dont certains accompagnent un groupe tout au long de la visite. Des études ont montré que ce sont les moments souvent les plus marquants de l’expérience.
« Mettre les jeunes de la diaspora en contact avec leurs pairs israéliens s’avère être un élément clé de la formule », explique Saxe, le démographe. « Leur permettre de nouer des relations avec des Israéliens et vivre des expériences profondes fait une très nette différence. »

Aussi précieuses que soient les rencontres entre Juifs américains et soldats ou étudiants israéliens dans le cadre de Taglit-Birthright, elles servent également de point d’entrée à des Israéliens pour développer des relations avec leurs homologues américains, ajoute Barak-Gorodetsky.
« L’histoire classique pourrait être celle-ci: ‘J’étais dans un bus Birthright, j’ai fait la connaissance des Juifs américains, puis j’ai travaillé dans un camp en Amérique et j’ai passé quelques années aux États-Unis à travailler en tant que représentant de l’Agence juive’ », explique Barak-Gorodetsky. « C’est une expérience formatrice pour les deux parties. »
Des réalités changeantes
Taglit-Birthright a mis à jour sa programmation, ces dernières années, pour tenir compte de l’évolution des besoins, notamment en raison de la guerre de Gaza, souligne Elias Saratovsky, président de la Fondation Birthright Israel, nommé pour conduite la collecte de fonds de l’organisation aux États-Unis en septembre 2023.
Peu de temps après le début de la guerre, Taglit-Birthright a créé un nouveau programme pour les personnes désireuses de faire du bénévolat en Israël. Avec un franc succès puisque 9 000 personnes sont allées aider en 2024 et 10 000 sont attendues cette année.
« Nous avons lancé ce programme à titre expérimental parce que nous voulions aider », explique Saratovsky. « Les Juifs âgés de 18 à 50 ans peuvent venir pour une période de sept à 14 jours : nous les plaçons dans des fermes, des centres logistiques, des bases militaires, pour aider les familles déplacées. On mélange des anciens de Birthright qui cherchent à renouer avec Israël et des gens de l’extérieur qui veulent aider à la reconstruction d’Israël.

Taglit-Birthright espère renouer avec la croissance, cette année, et attirer 33 000 participants. En supposant que la situation sécuritaire s’améliore, le programme pourrait faire venir jusqu’à 200 000 personnes d’ici 2029, poursuit Saratovsky.
Taglit-Birthright s’est en outre développé dans d’autres directions. En 2022, il a commencé à proposer des séjours aux étudiants de plus longue durée en Israël, de l’ordre de 6 à 10 semaines, suite à la fusion avec Onward Israel, un projet précédemment porté par l’Agence juive.
Un autre programme, Birthright Excel, est un programme de leadership très sélectif dans lequel les participants recontrent des acteurs israéliens du changement dans les domaines des affaires, de la technologie ou des politiques publiques. Cet été, 160 d’entre eux, sélectionnés parmi un millier de candidats, commenceront le programme intensif, ajoute M. Saratovsky.
Birthright a également entrepris un processus d’écologisation sur cinq ans au cours duquel il intégrera la durabilité à ses programmes, compensera les émissions carbone de ses voyages en plantant des arbres et offrira des modules d’éducation environnementale « verts ». L’an dernier, Taglit-Birthright a fait venir un groupe de 12 bénévoles, tous autistes ou avec d’autres handicaps non physiques, lors d’une visite unique en son genre.

Le financement d’un rêve
Tous ces programmes nécessitent des fonds importants. L’organisation a levé un montant record de 85 millions de dollars en 2023 et attiré bon nombre de nouveaux donateurs en 2024, souligne Saratovsky.
« Nous avons environ 40 000 donateurs aux États-Unis, qui apportent des contributions de différentes tailles », précise Saratovsky. « Nous avons un millier de donateurs qui donnent plus de 10 000 dollars par année et 18 donateurs qui donnent plus d’un million de dollars chaque année. Sheldon et Miriam Adelson ont été nos plus généreux donateurs, avec plus d’un demi-milliard de dollars depuis notre fondation. »
Près de 67 % des fonds proviennent de donateurs individuels, 27 % du gouvernement israélien et 6 % des fédérations juives et de l’Agence juive, précise Taglit-Birthright.

Tout cela s’ajoute aux fonds investis par Michael Steinhardt et Charles Bronfman au début de l’aventure. M. Bronfman, aujourd’hui âgé de 93 ans, a annoncé en février de cette année qu’il verserait 25 millions de dollars de plus pour la création d’un nouveau fonds de dotation pour les donateurs testamentaires. Plus de 80 millions de dollars ont ainsi déjà été promis par une centaine de donateurs, souligne M. Saratovsky.
Taglit-Birthright a encore une bonne marge de croissance, déclare Mark, président de Birthright.
« C’est très satisfaisant de voir ce que nous avons accompli, mais je crois que nous pouvons faire beaucoup plus », conclut Mark. « Nous n’en sommes qu’au début de notre mission », assure-t-il.