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L'actrice britannique Elizabeth Taylor pendant le tournage de "Cléopâtre" aux studios Cinecitta de Rome, en Italie, le 8 mai 1962. (Crédit : AP Photo)
L'actrice britannique Elizabeth Taylor pendant le tournage de "Cléopâtre" aux studios Cinecitta de Rome, en Italie, le 8 mai 1962. (Crédit : AP Photo)

Avant Gal Gadot, Liz Taylor aussi avait fait polémique pour le rôle de Cléopâtre

La conversion de Liz Taylor au judaïsme et son soutien à Israël l’avaient rendu persona non grata en Egypte. Le pays avait plus tard réalisé l’ampleur de la publicité

JTA — Après l’annonce faite par l’actrice israélienne Gal Gadot, la semaine dernière, qu’elle prêterait ses traits à la légendaire reine d’Egypte dans un blockbuster, les accusations dénonçant une tentative d’appropriation culturelle n’ont pas tarde à inonder les réseaux sociaux.

Une publication sur Twitter en particulier – qui disait que Gadot « volait » le rôle d’une actrice arabe – a provoqué un débat plutôt animé.

Certains utilisateurs ont souligné que Cléopâtre n’était pas égyptienne – en tant que reine ptolémaïque, elle était la descendante d’un père macédonien et les historiens ignorent à quelle ethnie appartenait sa mère.

Ce n’est pas la première fois que, de mémoire récente, la capacité d’un Juif à jouer le rôle d’un non-Juif est mise en doute. Mais ce n’est pas non plus la première fois qu’une star de cinéma juive interprétant le rôle de Cléopâtre suscite la controverse.

Gal Gadot arrive à la soirée Vanity Fair Oscar Party le 9 février 2020 à Beverly Hills, Californie. (Evan Agostini / Invision / AP)

Le film le plus célèbre était sorti en 1963, avec Elizabeth Taylor en tête d’affiche. Il avait été outrageusement coûteux pour l’époque – Taylor aurait été la première actrice à être payée un million de dollars pour tenir un rôle – et il avait eu beaucoup de succès, malgré les rumeurs portant sur la relation amoureuse de Liz Taylor avec son partenaire à l’écran, Richard Burton, et toutes autres sortes d’anecdotes de tournage peu reluisantes.

Elizabeth Taylor aux côtés de Richard Burton dans « Cléopâtre », sorti en 1963. (Crédit : ullstein bild via Getty Images via JTA)

Taylor s’était convertie quelques années auparavant au judaïsme, avant son mariage avec le chanteur Eddie Fisher, et elle n’hésitait jamais à témoigner de son soutien fervent à Israël. A l’époque, l’Egypte considérait l’Etat juif comme un ennemi et avait interdit toutes les relations avec des Juifs ou avec des Israéliens.

Le film avait donc été interdit en Egypte lors de sa sortie.

Mais l’épreuve, qui devait toutefois connaître une sorte de happy end, avait commencé avant même que le film ne sorte sur les écrans, comme le révèlent les archives de la JTA. Voici une chronologie rapide de l’histoire de la Cléopâtre juive incarnée par Liz Taylor.

• En 1959, Taylor avait fait part de son soutien au sionisme de manière spectaculaire, en achetant 100 000 dollars d’obligations israéliennes lors d’un dîner de collecte de fonds organisé à Los Angeles auquel elle s’était rendue avec Fisher, son nouveau mari (ce dernier avait acheté lui-même 10 000 dollars d’obligations). Elle avait déjà terminé sa conversion, fêtée lors d’une grande cérémonie au Temple Israel, à Hollywood, et elle avait évoqué son amour du judaïsme devant les journalistes. Elle ne s’était pas convertie pour son mari, avait-elle clairement déclaré, ajoutant qu’elle admirait « depuis longtemps » cette religion.

• L’acquisition par Liz Taylor de ces obligations israéliennes et le montant de l’achat avaient fait des vagues dans le monde arabe et, peu après, JTA avait fait savoir que le département d’Etat américain avait reçu une information stupéfiante : la République arabe unie – qui était alors un Etat unique qui rassemblait l’Egypte et la Syrie – avait « officiellement interdit tous les films de cinéma » où apparaissait Liz Taylor.

• Le tournage de « Cléopâtre » avait eu lieu en 1962, majoritairement à Rome, mais l’équipe avait néanmoins prévu, par souci d’authenticité, de tourner quelques scènes en Egypte. Mais Taylor avait été interdite de territoire et ce voeu était resté vain. La JTA avait noté à l’époque : « Officiellement, les films de Taylor sont sur liste noire, en Egypte, depuis longtemps. Toutefois, certains de ses films sont diffusés en Egypte de manière occasionnelle et ils suscitent l’enthousiasme du public égyptien ».

• Tout s’était bien terminé pour « Cléopâtre » – le film était sorti en 1963, il était devenu le plus gros succès au box-office de l’année et il avait été couronné par quatre Oscars en 1964. De plus, les officiels égyptiens devaient tellement l’apprécier qu’ils devaient ôter le nom de l’actrice de la liste noire interdisant l’entrée dans le pays. Comme l’avait remarqué la
JTA : « Les officiels ont décidé que le film était une bonne publicité pour l’Egypte, qui est mentionnée à 122 reprises ».

Si vous êtes curieux, l’activisme pro-israélien de l’actrice américaine aura encore duré des décennies, et la JTA l’a couvert :

L’actrice Elizabeth Taylor visite le mur Occidental au premier jour de son voyage en Israël au mois de décembre 1982. (Crédit : AP Photo/ Max Nash)

Elle et Burton, qu’elle devait plus tard épouser, avaient aidé à rassembler près d’un million de dollars pour Israël lors d’une collecte de fonds, en 1967. Plus tard, la même année, elle avait annulé un voyage à un festival du film de Moscou pour protester contre « l’offensive diplomatique soviétique lancée contre Israël ».

Taylor et Burton avaient fait les gros titres en se rendant au sein de l’Etat juif, en 1975 et l’actrice avait apposé sa signature dans un télégramme défendant Israël qui avait été envoyé par 60 femmes éminentes, parmi lesquelles Betty Friedan, Bella Abzug et Gloria Steinem, au chef de l’ONU, en 1975.

En 1983, Taylor s’était livrée à « l’effort de paix d’une seule femme », comme l’avait écrit la JTA à ce moment-là, en rencontrant le Premier ministre Menachem Begin à Jérusalem et le président libanais Amin Gemayel à Beyrouth, alors que les deux pays tentaient de mettre au point un traité de paix après la guerre qui avait opposé les deux Etats, l’année précédente.

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