Israël en guerre - Jour 64

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Daniel Mualem, muni d'un sac en plastique, regarde la maison de Rachel et David Edry à Ofakim, en Israël, le 9 octobre 2023. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)
Daniel Mualem, muni d'un sac en plastique, regarde la maison de Rachel et David Edry à Ofakim, en Israël, le 9 octobre 2023. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)

Ces exemples de courage qui réconfortent un Israël en deuil

Rachel Edry a charmé cinq ravisseurs armés, retranchés chez elle, tout en transmettant discrètement des informations à une équipe SWAT qu’elle savait aux aguets

Lorsque les terroristes du Hamas ont envahi la maison de Rachel Edry à Ofakim lors de l’assaut brutal lancé depuis la bande de Gaza samedi, elle les a accueillis de la manière qui lui était la plus naturelle : avec politesse.

Les terroristes ont passé 15 heures, jusqu’à dimanche matin, dans la maison de Rachel Edry et de son mari David, un couple de septuagénaires originaire d’Ofakim.

Pendant tout ce temps, Rachel Edry, qui est née dans ce qui est aujourd’hui l’Iran, a servi des friandises aux terroristes, a plaisanté avec eux dans un arabe rudimentaire et a même chanté avec eux une chanson en hébreu de Lior Narkis que les terroristes avaient entendue à la radio.

Ce semblant d’hospitalité est sans doute ce qui a sauvé la vie du couple.

Dimanche matin, à 3 heures, la police a fait irruption dans le duplex après plusieurs heures de négociations. Ils ont neutralisé les cinq terroristes ainsi permis au couple, sain et sauf, de retrouver leur fille et leurs deux fils, ces derniers sont tous deux des policiers et ont participé à l’opération de sauvetage.

« Je n’arrive pas à croire que je suis en vie », a confié Rachel Edry au site d’information Walla après sa libération.

Capture d’écran de la vidéo de Rachel Edry décrivant comment elle a subrepticement indiqué à la police le nombre de terroristes qui la retenaient prisonnière dans sa maison d’Ofakim, le 8 octobre 2023. (Crédit : Treizième chaîne ; utilisé conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

L’histoire de survie des Edry est l’un des rares rayons de soleil à éclairer les sombres lendemains de ce massacre sans précédent, à Ofakim et dans tout le pays.

Leur histoire fait partie d’un flot d’anecdotes inspirantes, souvent héroïques, qui jouxtent les innombrables récits d’atrocités, de tragédies et d’échecs opérationnels survenus lors de l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre, qui a déclenché des représailles massives et plongé le pays dans un état de guerre.

Des taches de sang autour desquelles grouillent des mouches devant le domicile de Rachel et David Edry à Ofakim, Israël, le 9 octobre 2023. (Crédit : Times of Israel/Canaan Lidor)

L’une de ces anecdotes concerne une poignée d’hommes et de femmes qui, armés de seulement deux fusils et de quelques armes de poing, ont réussi à empêcher un détachement de terroristes lourdement armés d’entrer dans leur communauté d’Ein Habesor.

Aucun des défenseurs n’a perdu la vie au cours des 20 minutes d’échanges de tirs. Les défenseurs ont utilisé des subterfuges pour faire croire aux terroristes qu’ils étaient confrontés à une force beaucoup plus importante.

Ein Habesor n’a pas été pénétré.

Noam Gotliv garde son moshav d’Ein Habesor, en Israël, près de la frontière avec Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation/Gotliv)

Un autre exemple de bravoure est celui de Noam Tibon, un général de réserve de Tel Aviv qui, dans l’heure qui a suivi l’incursion terroriste, a dirigé une équipe d’intervention rassemblée à la hâte vers la maison de son fils – Amir Tibon du quotidien Haaretz – dans le kibboutz Nahal Oz.

L’équipe a tué plusieurs terroristes se trouvant à l’extérieur de plusieurs maisons, dont celle de son fils, Amir, qui était retranché à l’intérieur avec sa femme et ses filles.

Un troisième témoignage relate l’histoire d’Inbal Rabin-Lieberman, la coordinatrice de la sécurité du kibboutz Nir Am, âgée de 25 ans. Aux côtés de son oncle Ami, elle a monté une garde si vigilante qu’elle a tué deux terroristes qui tentaient de pénétrer dans un élevage de poulets situé à proximité. Sa réaction a été si efficace qu’elle a réussi à dissuader tout le détachement de terroristes de pénétrer dans le kibboutz.

Grâce à cela, aucun habitant de Nir Am n’a été ajouté à la liste des 900 Israéliens au moins tués par des terroristes de Gaza samedi et dimanche, ni à celle des personnes enlevées (environ 130 Israéliens) ou blessées (plus de 2 600).

Le courage de Rachel Edry est devenu viral et a inspiré des mèmes humoristiques (« Rachel Edry dit : « Pourquoi vos armes sont-elles si sales, prenez un mouchoir, nettoyez-les pour pouvoir tirer comme des êtres humains » », a plaisanté un utilisateur X) et des blagues, qui ont apporté à de nombreux Israéliens désemparés un moment de légèreté.

Un bénévole de la société funéraire Hevra Kadisha nettoie le sang devant la maison de David et Rachel Edry à Ofakim, en Israël, le 9 octobre. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)

À Ofakim, l’incident n’a pas donné lieu à des plaisanteries. Dans cette ville majoritairement religieuse, l’incident a été largement perçu comme un signe d’intervention divine. Les habitants ont célébré à la fois la bravoure des deux officiers qui sont morts en combattant les ravisseurs des Edry et la ruse employée par la maîtresse de maison pour assurer le succès de l’opération.

« C’est un miracle et c’est encourageant parce que cela prouve que Dieu veille sur nous et que, avec son aide, nous avons l’intelligence et l’humanité nécessaires pour vaincre la brutalité bestiale de nos ennemis, même lorsque nous sommes dos au mur », a affirmé Daniel Mualem, père de quatre enfants, âgé de 33 ans, qui vit à proximité des Edry.

Il fait partie des milliers de juifs haredim qui vivent dans cette ville du désert de 29 000 habitants.

Un drapeau israélien flotte sur l’entrée tachée de sang de la maison de la famille Edry, le 9 octobre 2023. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)

Plusieurs milliers d’habitants d’Ofakim ont quitté la ville lundi dernier. Des familles entières sont parties dimanche matin, après que la police a confirmé qu’elle avait tué tous les terroristes qui avaient occupé la ville samedi.

Les terroristes de Gaza ont tiré des centaines de roquettes sur Ofakim et au-delà, une menace qui n’est pas nouvelle pour les habitants, mais qui a exacerbé leurs craintes à la suite du carnage.

Voitures et fêtards fuyant le site de la rave au kibboutz Reim, le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation/Shye Weinstein)

La plupart de ceux qui sont restés sur place sont restés enfermés chez eux pendant de nombreuses heures, et certains ne sont pas sortis jusqu’à lundi. « Nous avions peur que les terroristes ne se cachent quelque part et ne préparent un second massacre surprise », a expliqué Mualem lundi.

Sa femme et ses enfants n’ont pas quitté la maison depuis vendredi, et il n’est, lui-même, sorti que deux fois : une fois pour manger et une seconde fois pour aider à nettoyer le sang dans la maison des Edry, un processus long et ardu qui nécessite des volontaires et qui est supervisé par la Chevra Kadisha locale, le service funéraire juif.

Autour de la porte d’entrée maculée de sang, le trottoir est souillé de sang. Il en va de même dans la cour, après la fusillade qui a coûté la vie à deux policiers et au cours de laquelle les cinq terroristes ont été tués.

Un missile explose dans la ville de Gaza lors d’une frappe aérienne israélienne le 8 octobre 2023 (Crédit : Mahmud Hams / AFP)

Sous le regard des voisins, les volontaires versent de l’eau sur les taches de sang pour les dissoudre, avant d’absorber le liquide rouge dans des rouleaux de tissu qui seront enterrés avec les corps des victimes juives auxquelles appartiendrait le sang.

« Lui c’est un terroriste, lui c’est un policier », explique aux volontaires un rabbin local qui a étudié la scène, en montrant deux taches desséchées et grouillantes de mouches. Ils absorbent patiemment le sang du policier jusqu’à ce que le tissu devienne presque blanc après avoir été tamponné sur le trottoir. Ils versent de l’eau de Javel sur la zone supposée avoir été souillée par le sang d’un terroriste et enlèvent la saleté en frottant. Les volontaires procèdent de la même manière avec une mare de sang identifiée comme étant celle d’un chien tué par les terroristes.

Capture d’écran de la vidéo de David Edry, qui a été retenu captif avec sa femme par des terroristes du Hamas pendant 15 heures à Ofakim, le 8 octobre 2023. (Crédit : Douzième chaîne – Utilisé conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

C’est à ce moment que les habitants ont commencé à venir chez les Edry, qui logent chez l’un de leurs fils en attendant que leur maison, criblée de balles, soit retapée. Certains sont venus par pure curiosité, et posent pour des selfies devant ce qui est devenu en une nuit un monument local. D’autres affichent une sorte de vénération de pèlerin pour l’endroit.

« À l’intérieur, un miracle s’est produit. Mais à l’extérieur de la maison, c’était une petite Shoah », explique Oded Omesi, un habitant qui a ralenti sa voiture devant la maison. Il est venu accompagné de sa femme, Hanna, et de leurs deux jeunes enfants pour remettre aux Edry un paquet décoré par les enfants et rempli de friandises.

Ce n’est qu’en arrivant devant la maison, que les Omesi ont réalisé que les Edry n’étaient pas chez eux. Ils ont alors décidé de rapidement quitter les lieux avant que les enfants ne voient les traces de sang. « Je ne savais pas qu’il y aurait autant de sang, sinon je n’aurais pas emmené les enfants », a confié Omesi avant de s’en aller.

Shmuel Schwartz accueille les visiteurs dans sa rue à Ofakim, en Israël, le 9 octobre 2023. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)

Le voisin immédiat des Edry, Shmuel Schwartz, 60 ans, a lui aussi été confronté de près à un terroriste, une expérience qu’il décrit avec humour. « Je suis sorti pour voir d’où venait le bruit. Un homme portant un AK-47 a posé sa main sur mon épaule et a commencé à marcher avec moi dans la direction où j’allais. Je n’ai rien dit et lui non plus. Je me suis alors demandé pourquoi je marchais avec ce type comme s’il était ma petite amie, puis j’ai haussé les épaules et je suis parti. Je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle il ne m’a pas tiré dessus », confie Schwartz, qui est né en Roumanie et a immigré en Israël à l’âge de 10 ans.

Certains terroristes « sont venus ici avec le désir de tuer », explique Itzik Mealam, un chauffeur de taxi de 53 ans qui a vu les terroristes arriver dans deux camionnettes, les garer et en sortir avec des fusils automatiques (les habitants de la ville ont rapidement mis le feu aux voitures pour les empêcher de s’enfuir). « Mais s’il y a une personne à Ofakim capable de charmer même les terroristes du Hamas, c’est bien Rachel Edry », a déclaré Mealam, qui a travaillé autrefois comme chauffeur de camion avec David Edry.

Des visiteurs arrivent à la maison de David et Rachel Edry à Ofakim, en Israël, le 9 octobre 2023. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)

« Elle a une telle grâce innée. Ee elle ne vous laissera pas tranquille si vous avez l’air malade, ou si vous êtes pâle, ou même si vous avez un bleu. C’est plus fort qu’elle, elle s’occupe des gens autour d’elle. Parfois même contre leur gré », a ajouté Mealem à propos de sa voisine.

Mais Rachel Edry a fait bien plus qu’être agréable et polie pendant sa détention. Elle a demandé à plusieurs reprises à aller aux toilettes pour permettre aux tireurs d’élite qui surveillaient la maison de constater sa présence. Elle a menti sans ciller lorsque les ravisseurs ont trouvé la preuve que ses fils étaient policiers, en leur disant qu’ils avaient émigré aux États-Unis, un mensonge supposé contenter les terroristes du Hamas, car le groupe rêve de voir les juifs quitter Israël.

« Elle m’a dit qu’elle leur avait donné de la nourriture parce qu’elle sait qu’un homme qui a faim est plus dangereux qu’un homme qui vient de manger », a expliqué Mealam. « Elle savait aussi que ces jeunes hommes sentaient qu’ils allaient mourir et s’est dit que leur mère leur manquait sans doute. Ce n’était pas une mauvaise idée de prendre ce rôle ».

Si Edry a fait tout son possible pour rendre la situation plus agréable aux envahisseurs, elle ne cessait de réfléchir à la manière de rester en vie et à ce qu’il convenait de faire si la mort devenait inéluctable. « J’ai chuchoté à David que si nous mourions, je voulais que nous mourions en nous tenant la main », a-t-elle expliqué à Walla. Elle a également montré à plusieurs reprises cinq doigts à travers une fenêtre qu’elle supposait surveillée, pour indiquer aux troupes le nombre d’infiltrés hostiles qui se trouvaient à l’intérieur.

Un homme à vélo à Ofakim, en Israël, le 31 octobre 2010. (Crédit : Yossi Zamir/Flash 90)

Avant de pénétrer dans la maison, les policiers ont lancé une grenade. David Edry, un patient cardiaque, s’est jeté sur sa femme pour la protéger de toute autre explosion, a-t-elle expliqué à Walla. Puis la police est entrée et a abattu les terroristes.

« Je les ai accueillis du mieux que j’ai pu. J’ai plaisanté avec eux. J’ai joué à un jeu avec eux, ils m’apprenaient un mot en arabe et je leur en apprenais un en hébreu », raconte-t-elle. « J’ai fait tout cela pour rester en vie. Je devais gagner du temps jusqu’à l’arrivée de la cavalerie. »

À Ein Habesor, Noam Gotliv, un habitant, affirme : « Nous n’avons encore entendu que la partie émergée de l’iceberg en ce qui concerne les actes de bravoure dont les Israéliens ont fait preuve au cours des deux derniers jours ». Noam Gotliv a utilisé une arme de poing pour tirer à bout portant sur des terroristes armés. Un autre habitant armé d’une hache était resté avec Julie, la femme de Gotliv, et leurs trois enfants à l’intérieur de leur abri, prêt à les défendre au cas où les terroristes franchiraient la porte.

Toutefois, selon Gotliv, « le courage défensif ne suffit pas au Moyen-Orient. Le Hamas doit être écrasé. Gaza doit souffrir, je suis désolé de le dire. Nous devons maintenant faire preuve de courage offensif ».

À Ofakim, Boaz Gross, un rabbin local, se consacre à une tout autre mission. Agenouillé devant la résidence Edry, il ramasse quelques douilles qui traînent sur le sol depuis la fusillade.

« Ils feront une excellente ménorah pour Hanoukka dans quelques mois », dit-il. « D’une grande obscurité émergera une grande lumière ».

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