Parmi les mouvements politiques ayant remporté les victoires les plus remarquables dans leurs combats au cours des dernières décennies en Israël, le mouvement lié au mont du Temple se distingue assurément – c’est un activisme qui a su transformer un point de vue autrefois marginal et qui ne concernait que les membres du camp nationaliste-religieux en conviction qui est même revendiquée aujourd’hui par un nombre croissant de Juifs israéliens laïcs : cette conviction que non seulement les Juifs doivent être autorisés à visiter le mont du Temple, mais qu’ils doivent aussi avoir le droit d’y prier.
Ce changement – qui est véritablement spectaculaire du point de vue historique – s’est clairement affiché lorsqu’un nombre record de Juifs se sont rendus sur le site pour célébrer Yom Yeroushalayim, qui fête la capture par Israël de Jérusalem-Est pendant la guerre des Six jours – c’était la première fois que le mont du Temple se retrouvait ainsi entre les mains des Juifs, au moins en théorie, depuis environ 2000 ans.
Plus de 2 600 Juifs ont afflué vers le mont du Temple – faisant éclater le record du nombre de visiteurs juifs dans le lieu saint pour une seule journée, et peut-être même une journée record depuis celle de la destruction du Second Temple, en l’an 70 de l’ère commune. C’est une augmentation astronomique en quelques années seulement. Pendant toute l’année 2012, seuls 5 000 Juifs s’étaient aventurés sur le mont du Temple (dans la mesure où il y a pu y avoir des visites répétées de la part des mêmes individus, ce chiffre pourrait être encore bien inférieur). En l’an 2000, mille Juifs seulement s’étaient rendus sur le mont du Temple – bien moins de la moitié du nombre de visiteurs du dernier Yom Yeroushalayim.
Depuis des décennies, les autorités religieuses interdisent strictement l’entrée sur le mont du Temple, le site le plus saint du Judaïsme, expliquant qu’en s’y rendant, les visiteurs pourraient accidentellement le profaner. Et jusqu’à une date relativement récente, ces interdictions étaient majoritairement acceptées par les Juifs israéliens.
Toutefois, ces dernières années, une faction relativement modeste mais particulièrement déterminée issue du camp israélien dit « nationaliste-religieux » – des Juifs orthodoxes généralement favorables à des politiques belliqueuses de droite et connus pour arborer une kippa crochetée – s’est détachée de cette interprétation consensuelle de la Halakha, ou loi juive, émettant des jugements qui ont permis, voire imposé, les visites juives sur le mont du Temple. Dans certaines parties, ont-ils d’abord assuré, et dans des circonstances particulières.
Avec ces deux jugements contradictoires, un nombre de plus en plus important de Juifs religieux se sont sentis à l’aise à l’idée de se lancer dans l’ascension du mont du Temple – s’immergeant souvent dans un mikvé purificateur avant de s’y rendre – ce qui a permis aux activistes de modifier graduellement l’idée de ce qu’est un comportement considéré comme acceptable pour les Juifs dans le lieu saint.

En plus d’être parvenus à faire d’une pierre, deux coups avec la réinterprétation de la Halakha et avec l’inscription d’une nouvelle réalité sur le terrain, les activistes du mont du Temple ont gagné la bataille en termes de relations publiques, transformant le discours autour des visites juives sur le site en le faisant évoluer. Il s’agissait initialement d’une problématique exclusivement religieuse ; la plaidoirie porte dorénavant sur une cause dont l’importance est reconnue même par les Israéliens laïcs et libéraux : celle de la liberté de culte et de la souveraineté.
Et ainsi, alors que le ministre des Affaires étrangères, Yair Lapid, cherchait à apaiser les tensions entourant le mont du Temple, le mois dernier, en répétant l’attachement d’Israël au respect du statu quo – il avait déclaré que « les musulmans prient sur le mont du Temple, les non-musulmans peuvent seulement le visiter. Il n’y a pas eu de changement et il n’y aura pas de changement » – il avait toutefois évoqué son malaise face à ce principe, qu’il avait jugé discriminatoire.
« Au fait, l’idée que les Juifs ne bénéficient pas d’une liberté totale de religion au sein de l’État d’Israël et qu’il leur est interdit de prier sur le mont du Temple me met mal à l’aise »
« Au fait », avait-il dit aux journalistes du monde entier, « l’idée que les Juifs ne bénéficient pas d’une liberté totale de religion au sein de l’État d’Israël et qu’il leur est interdit de prier sur le mont du Temple me met mal à l’aise ».
Les résultats des efforts livrés, ces dernières années, par les activistes du mouvement national-religieux ont été l’augmentation sidérante du nombre de visites de Juifs sur le mont du Temple ; un changement profond qui est survenu dans le statu quo mis en œuvre sur le site et des violations de ce dernier – ainsi qu’un soutien de plus en plus important apporté à la présence juive sur le mont et aux éventuels contrevenants ayant brisé le consensus de la part de la population israélienne.
Et en effet, une enquête récente réalisée auprès de Juifs israéliens par l’Institut israélien de la démocratie a révélé que la moitié très exactement des sondés était favorable à la prière juive sur le mont du Temple, les trois-quarts affirmant qu’autoriser la prière juive transmettrait un message transmis sur l’effective souveraineté d’Israël sur le site et seulement un quart invoquant une raison religieuse. 40 % des personnes interrogées ont expliqué s’opposer à la prière juive sur le mont du Temple, 57,5 % disant y être défavorables parce qu’une telle pratique « pourrait entraîner une réaction négative d’une grande gravité de la part du monde musulman », les autres déclarant s’y opposer dans la mesure où ils estiment qu’elle est interdite par la loi juive.
L’établissement du statu quo
Presque immédiatement après avoir pris le contrôle du mont du Temple – qui se trouvait entre les mains de la Jordanie, qui avait occupé le site suite à la guerre de l’Indépendance de 1948 – les responsables du gouvernement israélien et les responsables religieux avaient reconnu à la fois l’importance de cette saisie du lieu saint et les dangers potentiels posés par cette nouvelle réalité, chacun pour des raisons qui leur étaient propres.

Pour le gouvernement israélien, le problème était à la fois diplomatique et sécuritaire. Le ministre de la Défense de l’époque, Moshe Dayan, pensait qu’exercer une pleine souveraineté sur le mont du Temple entraînerait des représailles féroces de la part du monde musulman – des représailles pires que l’opposition violente considérable rencontrée par l’État juif au cours de ses 19 premières années d’existence – ce qui rendrait plus difficile, pour Israël, de maintenir son contrôle sur le reste de Jérusalem et sur la Cisjordanie, que Dayan considérait comme beaucoup plus déterminants au niveau stratégique. Il avait donc appelé à ce que l’administration du site soit encore confiée aux autorités musulmanes, encourageant même la prière musulmane à reprendre dans les semaines qui avaient suivi la capture du mont du Temple. Dans ce cadre, les forces israéliennes, pour leur part, n’étaient responsables que de la sécurité extérieure.
« Ce renoncement à l’administration [du mont du Temple/Haram al-Sharif], une administration remise aux musulmans, a adouci la résistance internationale aux initiatives qui avaient été prises par Israël, il a aidé à normaliser le contrôle israélien [sur le mont du Temple/Haram al-Sharif] et il a facilité la mise en place de l’autorité israélienne à Jérusalem-Est », avait écrit dans un article de 2017 Yitzhak Reiter, professeur en études moyen-orientales à l’Ashkelon Academic College et spécialiste du mont du Temple.

Des préoccupations qui devaient s’avérer être légitimes lors des émeutes palestiniennes survenues après un office de prière du grand-rabbin de l’armée de l’époque, Shlomo Goren, qui avait été organisé sur le mont du Temple, deux mois après sa capture, à l’occasion de la fête de Tisha Bav, cette journée de jeûne qui commémore les destructions des temples.
Ces violences avaient amené le gouvernement israélien à nommer une commission ministérielle qui consacrerait ses activités à réfléchir aux politiques à mettre en œuvre sur le mont du Temple, et à les officialiser. La commission avait donné l’ordre à Goren de cesser ses offices de prière sur le site et de cesser également de cartographier le lieu saint (dans l’objectif de préparer la construction d’un troisième Temple). La commission avait aussi fait savoir que « lorsque des visiteurs juifs pénètrent sur le mont du Temple avec le dessein d’y prier, ils doivent être renvoyés par les forces de défense vers le mur Occidental ».
Cette décision, prise quelques mois après la guerre, avait largement établi les contours de ce qui est dorénavant connu comme le statu quo actuellement mis en vigueur sur le mont du Temple : Israël contrôlait les arrangements sécuritaires et supervisait les questions bureaucratiques, le Waqf musulman gérant les activités quotidiennes du site. Les musulmans pouvaient prier sur le site ; les non-musulmans pouvaient s’y rendre mais il leur était interdit d’y prier.
Lorsque des visiteurs juifs pénètrent sur le mont du Temple avec le dessein d’y prier, ils doivent être renvoyés par les forces de défense vers le mur Occidental
Le grand rabbinat et d’éminentes personnalités religieuses avaient pour leur part réagi bien plus vite – émettant une ordonnance décourageant les visites des Juifs sur le mont du Temple en affirmant que ceux qui pouvaient s’y aventurer prenaient le risque de profaner le lieu saint. Cette ordonnance avait été rendue publique quarante-huit heures après la capture du mont du Temple, bien avant la décision prise par le gouvernement et avant même, d’ailleurs, que la guerre ne se soit terminée.

Ce jugement s’était fondé sur les inquiétudes portant sur la localisation exacte de certaines parties du Temple original – des parties où les fidèles n’étaient autorisés à pénétrer qu’après un rituel de purification. Il y avait une partie en particulier – le saint des saints – qui était interdite à tous à l’exception du Grand prêtre, qui n’était lui-même autorisé à s’y rendre que lors de Yom Kippour.
Il est actuellement inenvisageable de respecter le rituel de purification indispensable pour se rendre sur le site, le tout premier élément nécessaire – une génisse rousse, ne présentant aucune tache sur sa robe et n’ayant jamais été pleine, n’ayant jamais attelée et dont le lait n’a jamais été trait – ayant été impossible à trouver à notre époque contemporaine. (Il y a eu des efforts constants qui ont été livrés pour en repérer une, voire en faire naître une par le miracle de la manipulation génétique – en vain jusqu’à présent).
Il est aussi difficile de déterminer avec une certitude absolue la localisation de ces parties sacrées du Temple sur le mont. Cette localisation avait été enregistrée avec une certaine précision dans la Mishnah (qui avait été codifiée aux environ de l’an 200) mais l’esplanade elle-même s’est depuis élargie, ce qui rend ces mesures – au mieux – incomplètes.
En résultat de ces incertitudes et parce que tous les Juifs d’aujourd’hui sont, dans les faits, considérés comme irrémédiablement impurs, il leur est donc interdit, par le biais de ce jugement, de se rendre sur l’esplanade, par crainte qu’ils ne traversent accidentellement les périmètres sacrés et qu’ils ne les profanent en conséquence.
Ce jugement reste en vigueur aujourd’hui, ce qui explique pourquoi de nombreux Juifs religieux qui pourraient potentiellement apporter leur soutien à l’idée d’un exercice plein et entier de la souveraineté israélienne sur le site ne vont pas sur le mont du Temple personnellement. C’est le cas, par exemple, du député d’extrême-droite Bezalel Smotrich.
Ce décret du rabbinat avait été très largement accepté par la population juive d’Israël entre 1967 et les années 1990, à l’exception d’individus qui appartenaient à ce qui n’était, à l’époque, qu’une minorité marginale du mouvement nationaliste-religieux. Cette minorité marginale comprenait un groupe d’extrémistes religieux – la dite « résistance israélienne » qui, au début des années 1990, avait ourdi un complot : celui de faire exploser le Dôme du rocher, une attaque qui avait été déjouée à la dernière minute par les forces de sécurité israéliennes.

Vers la fin de cette période, le statu quo avait commencé à se fissurer. Israël avait ouvert les tunnels du mur Occidental, un passage souterrain qui longe la base de l’esplanade, ce que le Waqf avait dénoncé comme une violation de l’accord passé avec l’État juif. Le Waqf, à son tour, avait mis un terme à toute coopération avec le gouvernement israélien, construisant et rénovant les structures présentes sur le site sans les autorisations nécessaires, et sans la permission en particulier de l’Autorité des antiquités. Cherchant à apaiser les tensions, Israël avait délibérément détourné le regard de ces dépassements.
Frustrés par ces événements et craignant qu’Israël n’abandonne le contrôle du mont du Temple dans le cadre d’un éventuel accord de paix avec les Palestiniens, un accord qui était en cours de négociation à ce moment-là – des pourparlers qui s’avéreront vains – les groupes nationalistes-religieux avaient cherché, à la même époque, à renforcer le lien entretenu par les Juifs israéliens avec le mont du Temple. Le groupe activiste le plus significatif était alors l’Institut du Temple, une organisation qui prône non seulement les pèlerinages juifs sur le mont mais qui prépare aussi activement la construction d’un nouveau temple sur l’esplanade, imaginant et concevant les équipements et les vêtements qui seraient nécessaires pour le déroulement d’offices au temple qui seraient pleinement respectueux des normes bibliques strictes.
Et pendant toutes les années 1990, les activistes avaient œuvré à renverser le jugement rendu par le rabbinat décourageant la présence juive sur le mont du Temple – ou au moins à le contester. Ils n’avaient pas rejeté le caractère sacré du site, ni la nécessité d’en éviter certaines parties mais ils étaient convaincus qu’il existait des moyens de se rendre sur l’esplanade sans profaner le mont. Parmi ces moyens, l’immersion dans un bain rituel avant de se lancer dans l’ascension du mont ou arpenter les allées qui, semble-t-il, ne passent pas par ces parties sacrées – pour ce faire, les fidèles choisissent en général de rester le plus près possible de l’arête du mont.
Même si les initiatives prises jusqu’à présent concernant les visites sur l’esplanade ont échoué – et un panneau placé à l’attention des visiteurs rappelant cette interdiction est encore présent aux abords de la porte Mughrabi, qui est empruntée par les non-musulmans pour entrer sur le site – ces groupes sont parvenus à sensiblement modifier la manière dont les Israéliens approchent la question du mont du Temple au cours des trois dernières décennies.

La première fissure dans le consensus sur l’interdiction s’était faite en 1996, quand le conseil rabbinique de Cisjordanie avait émis un jugement qui estimait qu’il était permis d’aller sur le mont du Temple, et qui avait encouragé les rabbins partageant le même point de vue à le faire avec leurs fidèles.
En l’an 2000, l’un des cofondateurs de l’Institut du Temple, le rabbin Yisrael Ariel, avait émis son propre jugement qui était allé encore plus loin, affirmant que se rendre sur le mont du Temple était une nécessité pour les Juifs soucieux de se conformer au commandement biblique de conquête de la terre d’Israël – laissant entendre que l’ascension du mont était non seulement autorisée mais exigée par la loi juive.
Des rabbins ont aussi estimé que certains sacrifices d’animaux – et en particulier le sacrifice d’un agneau à l’occasion de la fête de Pessah – sont encore une obligation aujourd’hui, indépendamment de l’absence de Temple et, chaque année, de petits groupes de Juifs religieux tentent de se livrer à ce rituel, arrêtés dans leur dessein par la police.

Si cette interprétation reste malgré tout très rare parmi les Juifs ultra-orthodoxes ou haredim, elle a été adoptée de manière croissante par les rabbins du camp nationaliste-religieux – notamment par des personnalités très respectées comme le rabbin Dov Lior et le rabbin Chaim Drukman.
Ce qui ne signifie pas que ce point de vue est consensuel parmi les rabbins du mouvement nationaliste-religieux. En 2020, ils ont été 135 à signer un décret maintenant l’interdiction de la présence juive sur le mont du Temple en raison de problématiques liées à la pureté.
Selon l’Institut israélien de la démocratie, même chez les membres du mouvement nationaliste-religieux qui soutiennent la prière juive sur le mont du Temple, cette interprétation de la Halakha reste relativement peu commune. Le sondage a révélé que si 72 % des Israéliens s’identifiant au camp nationaliste-religieux soutiennent la prière juive sur le mont du Temple, ils sont moins d’un tiers à assimiler cette prière à un commandement religieux. Plus de 70 % ont plutôt noté qu’aller sur le mont du Temple était « la preuve de la souveraineté israélienne » dans le lieu saint.

La question de se rendre sur le mont du Temple avait aussi été posée par les Juifs non-orthodoxes. En 2007, David Golinkin, un éminent rabbin du mouvement Massorti, avait statué que non seulement il était permis de le visiter – tout du moins, d’aller dans les secteurs ne nécessitant pas un rituel tout entier de pureté – mais qu’il fallait le faire pour appuyer la revendication de la souveraineté juive sur le site.
« Il est autorisé d’aller sur le mont du Temple et je pense que nous devons le faire dans le cadre d’un effort concerté de manière à souligner que le mont du Temple est notre lieu le plus saint et qu’il ne saurait être saccagé », avait écrit Golinkin en réponse à une question sur le sujet.
Se passer le mot
Un certain nombre d’organisations ont été fondées, au fil des années, par les activistes du camp nationaliste-religieux pour encourager les visites juives sur le mont du Temple.
L’un des groupes les plus importants est donc l’Institut du Temple, qui a été établi en 1987. En plus de préparer la construction du Troisième temple – l’Institut a notamment réalisé des plans d’architecte – l’organisation fait un travail considérable de communication, en particulier en direction des écoles, et elle a mis en place des programmes éducatifs. L’Institut a aussi ouvert son propre séminaire religieux qui se concentre sur les problématiques liées au temple. Dans le cadre de ce travail, le groupe bénéficie de subventions significatives de la part du gouvernement en plus de ses collectes de fonds privés. Des milliers d’étudiants israéliens – religieux et laïcs – ont visité l’Institut, avec au programme une vidéo montrant le Troisième temple remplaçant le Dôme du rocher sur le mont et interrogeant les visiteurs : « Et vous, que faites-vous personnellement pour soutenir la concrétisation de ce projet ? »
Le fondateur de l’Institut, le rabbin Ariel, est un disciple de Meir Kahane, extrémiste né aux États-Unis dont la faction Kach avait été bannie de la Knesset pour son idéologie raciste. Ariel intervient régulièrement lors des cérémonies organisées en hommage à Kahane, qui avait été assassiné en 1990 à New York, et il appelle souvent de manière explicite à ce que le Dôme du rocher soit détruit pour laisser la place à un Temple juif.
Une organisation plus récente, la Fondation du patrimoine du mont du Temple, encourage de manière similaire une plus forte présence juive sur le mont par le biais de campagnes médiatiques et de campagnes de pressions politiques, et elle organise aussi des visites du lieu saint pour les écoles, pour les académies prémilitaires et pour les groupes de façon plus générale.
Sur son site internet, le groupe explique que « à notre grande tristesse et à notre grand malheur, la politique de l’État d’Israël interdit actuellement la prière juive sur le mont du Temple », ajoutant que l’organisation lutte en faveur d’un changement. La fondation rassure également ceux qui envisageraient de contrevenir à l’interdiction en établissant qu’elle n’entraînera, « en fin de compte, qu’une réprimande de la part de la police ».
Le groupe ajoute que c’est « malheureux, mais plus nombreux seront les Juifs qui se rendront sur le mont du Temple, plus rapidement un changement surviendra ».

Et en effet, le nombre de Juifs qui se sont rendus sur le mont, ces dernières années, a augmenté de manière astronomique et un grand nombre des restrictions placées sur la prière ne sont plus aussi respectées qu’elles l’étaient dans le passé.
S’exprimant pendant un événement organisé en 2009 à la Knesset, le rabbin Yehudah Kreuzer, l’un des leaders du mouvement du mont du Temple, avait décrit cette lente avancée de la prière juive sur l’esplanade.
« Lentement, petit à petit, avec une persistance obstinée, les interdictions s’évanouissent et nous faisons la conquête du mont »
« La barrière a été accidentellement brisée lors d’une chaude journée d’été. Un disciple du rabbin Kreuzer a prononcé une bénédiction en se penchant sur l’eau avant de boire, et il a été à l’origine d’un émoi énorme sur le mont. Les gardiens du Waqf ont commencé à crier en disant qu’il était en train de prier au-dessus de l’eau. La police est venue rapidement nous entourer et elle a commencé à essayer de nous faire partir, de nous faire quitter le mont. Mais est-il interdit de boire sur le mont ? Nous avons été surpris. C’est ‘interdit’, a dit le policier. A ce moment même, un groupe de touristes s’est arrêté pour faire une pause et pour boire, juste à côté de nous. Et c’est ainsi que nous avons pris l’avantage », avait déclaré Kreuzer devant le Parlement israélien, des propos qui avaient été rapportés par le journal The Marker.
« Depuis, nous montons toujours sur le mont en nous assurant bien de réciter une bénédiction sur ce que nous allons manger et sur ce que nous allons boire. La prière pour la pluie a été dite et le kaddish récité sur le mont. Là-bas, lentement, petit à petit, avec une persistance obstinée, les interdictions s’évanouissent et nous faisons la conquête du mont », avait-il ajouté.
En effet, aujourd’hui, la prière silencieuse est dans les faits – voire officieusement – autorisée sur le mont du Temple. Des prières de groupes, qui constitueraient une violation claire du statu quo, ont eu lieu et le Waqf en aurait même eu connaissance – mais elles restent généralement moins tolérées. Il y a eu aussi un certain nombre de mariages clandestins qui se sont déroulés sur le mont du Temple au cours de la dernière décennie.

Le nombre de visiteurs juifs sur le mont du Temple a donc commencé à grimper une fois les autorisations religieuses accordées par divers rabbins et suite à la mobilisation intense de la communauté du mouvement national-religieux sur le sujet.
« Au début des années 1990, il n’y avait que seulement quelques dizaines de Juifs religieux qui entraient sur le mont du Temple et qui encourageaient les autres à suivre leur exemple. A la fin de la décennie, ce nombre était passé à un millier de personnes », explique Reiter.
Et depuis, de nombreuses affaires jugées devant les tribunaux ont, en quelque sorte, consolidé le droit des Juifs à se rendre sur le mont du Temple et elles ont aussi porté un coup aux capacités de la police d’y faire respecter l’interdiction de la prière. Ces efforts ont également été renforcés par l’élection d’un certain nombre de politiciens qui soutiennent la présence juive sur le mont – avec notamment l’élection du député Yehuda Glick, qui était et qui reste l’un des activistes les plus célèbres et les plus controversés du mont du Temple.
En résultat de tous ces facteurs, au cours de ces vingt dernières années, les chiffres ont explosé, atteignant des dizaines de milliers de personnes et avec presque 35 000 Juifs qui ont arpenté le lieu saint en 2021, malgré les restrictions liées à la pandémie de coronavirus qui avaient été imposées pendant une partie de l’année. Et cette année 2022 devrait encore marquer un nouveau record.