Israël en guerre - Jour 345

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Paul Morgan-Bentley, auteur de "The Equal Parent", à gauche, avec son fils Solly et son mari Robin. (Crédit : Autorisation)
Paul Morgan-Bentley, auteur de "The Equal Parent", à gauche, avec son fils Solly et son mari Robin. (Crédit : Autorisation)

Ces pères juifs gays ont pas mal d’idées pour encourager au mieux l’égalité parentale

Selon Morgan-Bentley, auteur britannique de « The Equal Parent », l’éducation des enfants est déjà partagée, ce qui bénéficie aux familles, à la société de s’adapter

LONDRES – Paul Morgan-Bentley n’a pas la tête d’une Rachel. Pas plus que son mari, Robin, d’ailleurs. Pourtant, lorsque le couple s’est adressé à la réception des urgences de l’hôpital local où ils emmenaient leur fils, ils ont été accueillis par une question : « Rachel ? »

L’incident n’avait rien de malveillant ou d’homophobe et Rachel, la mère porteuse qui a donné naissance à Solly il y a trois ans, fait toujours partie de la vie de leur fils. L’incident a néanmoins montré que le National Health Service (NHS) [service national de santé] britannique n’a pas l’habitude d’associer les pères, qu’ils soient homosexuels ou hétérosexuels, aux dossiers médicaux de leurs enfants.

Selon Morgan-Bentley, cela illustre également les nombreuses inégalités qui existent entre les mères et les pères et dont sont affectés les nouveaux parents, des inégalités qui sont préjudiciables aux couples, à leurs enfants et à la société dans son ensemble.

Dans son nouveau livre, The Equal Parent [Le parent égal], Morgan-Bentley tente non seulement de proposer des idées pour rééquilibrer la situation, mais aussi de remettre en question certains mythes profondément ancrés sur la parentalité. Ce livre raconte de façon magnifique, touchante et parfois drôle comment ce couple juif a réalisé son rêve de longue date de devenir pères. Il offre également une analyse approfondie des dernières recherches universitaires sur la meilleure façon d’élever nos enfants.

« Ce qui est très positif dans un couple gay, c’est que cela vous libère des stéréotypes traditionnels en termes de rôles parentaux et que vous pouvez tout aborder comme deux adultes égaux », explique Morgan-Bentley au Times of Israel.

Le livre n’est pas moralisateur. Il cherche plutôt à montrer, à travers l’expérience de deux pères gays, « ce qui se passe quand on retire le genre de l’équation ».

Le couple, qui s’est rencontré en 2014, a commencé à explorer les options pour avoir un enfant peu de temps après leur mariage en 2017. Sceptiques au départ, ils ont finalement été séduits par l’idée de la maternité de substitution après avoir parlé à des amis qui avaient noué des liens étroits avec la femme qui avait porté leurs jumeaux.

Par l’intermédiaire d’une organisation à but non lucratif de maternité de substitution, ils ont rencontré Rachel, une femme mariée et mère de deux fils, qui a accepté de porter un embryon créé par une donneuse d’ovules anonyme dans une clinique de fertilité.

Rachel a agi par pur altruisme. La maternité de substitution est légale en Grande-Bretagne, mais la loi interdit toute rémunération des femmes au-delà de la couverture de dépenses simples, telles que les billets de train pour se rendre aux rendez-vous médicaux et les vêtements de maternité, afin d’éviter tout risque d’exploitation.

Selon Rachel, tenir Solly dans ses bras après l’accouchement a été pour elle comme « câliner un neveu, ou le bébé de vos amis les plus proches ». Les deux familles sont devenues « incroyablement proches », dit Morgan-Bentley. En l’honneur de Rachel, le couple a donné à leur enfant le deuxième prénom Ezra, qui signifie « aide » en hébreu.

Paul Morgan-Bentley, au centre, avec son fils Solly et son mari Robin. (Crédit : Autorisation)

« La voir accoucher était une expérience extraordinaire et il nous a été impossible de comprendre qu’elle endurait cette douleur rien que pour nous », confie Paul Morgan-Bentley. « Ces femmes créent littéralement des familles pour d’autres personnes. C’est incroyable. »

Morgan-Bentley, responsable des enquêtes pour le quotidien londonien The Times, précise dès le début du livre qu’aucune de ses idées n’est « un appel à effacer la maternité ou les expériences des femmes » et qu’il ne prétend pas être en mesure de parler au nom des femmes ou des mères.

« Je suis tout à fait conscient que les femmes vivent de nombreuses expériences que nous n’avons pas vécues. Aucun de nous n’a jamais été enceinte, aucun de nous n’a jamais accouché, aucun de nous n’a jamais allaité », déclare-t-il.

Mais, selon lui, si le corps des femmes leur confère un rôle unique, ce n’est pas une excuse pour que les pères ne partagent pas cette responsabilité.

« Il ne faut pas d’utérus pour passer une carotte en purée », dit Morgan-Bentley en plaisantant. « En matière de sevrage, pourquoi est-ce que ce sont toujours les mères qui en prennent la responsabilité ? Il n’y a rien dans leur corps qui justifie que ce soit le cas ».

Selon Morgan-Bentley, l’égalité parentale ne consiste pas à ce que chaque parent fasse la moitié de tout, mais à ce que la charge soit répartie équitablement. « La clé réside dans l’égalité des responsabilités », explique-t-il.

Alors que les stéréotypes traditionnels liés au genre ont été à juste titre éliminés de nombreux aspects de la société, les femmes, y compris les mères qui travaillent, sont toujours censées assumer la plus grande part des responsabilités en matière d’éducation des enfants.

« The Equal Parent », par Paul Morgan-Bentley. (Crédit : Autorisation)

Cela commence dès l’accouchement, les hôpitaux s’efforçant d’expulser les pères de la maternité le plus rapidement possible et les traitant ensuite comme des visiteurs. C’est évident dans la manière dont, malgré leurs droits légaux au congé parental, si peu de pères s’absentent de leur travail pour s’occuper de leur nouveau-né. C’est aussi évident dans la façon dont les mères doivent souvent abandonner leur carrière pour élever leurs enfants. Si de nombreuses mères reprennent le travail, les femmes sont toujours censées assumer la majeure partie des tâches parentales. Les crèches et les écoles, note Morgan-Bentley, semblent systématiquement appeler les mères lorsqu’un enfant ne se sent pas bien, malgré le fait que l’enfant a deux parents, qui sont souvent tous les deux au travail.

« Les institutions sur lesquelles nous nous appuyons en tant que parents, tels les services de santé, les écoles et les lieux de travail, ne semblent pas toujours suivre le rythme auquel la société évolue », écrit-il.

Morgan-Bentley insiste sur le fait qu’il ne considère pas les pères comme des paresseux ou des personnes qui se dérobent à leurs responsabilités. « Il y a un paradoxe dans la façon dont la société les perçoit », dit-il. D’une part, ils sont souvent décrits comme un peu désespérés et dispensables dans leur rôle de parents. D’autre part, ils sont couverts d’éloges condescendants et qualifiés de « pères qui s’investit » lorsqu’ils accomplissent des tâches élémentaires, comme emmener leur enfant se faire vacciner ou aller chercher une ordonnance à la pharmacie – des louanges que personne n’adresserait à une mère.

« Tout ceci relève d’un même phénomène, à savoir que l’on n’attend généralement pas grand-chose des pères « , explique-t-il. « Les pères s’occupent aujourd’hui beaucoup plus des enfants que leurs pères ou leurs grands-pères, mais les institutions continuent de penser que cela reste avant tout un travail de femme. Les femmes ne pourront jamais atteindre l’égalité sur le lieu de travail si les pères sont considérés comme une chose rare et merveilleuse lors des rendez-vous de leurs propres enfants chez le médecin, dans les groupes de jeux pour enfants ou à la sortie de l’école. »

Les femmes ne pourront jamais atteindre l’égalité sur le lieu de travail si les pères sont considérés comme une chose rare et merveilleuse lors des rendez-vous de leurs enfants chez le médecin

Morgan-Bentley a rassemblé un nombre impressionnant de preuves émanant d’experts éminents et prouvant que les hommes sont biologiquement capables d’être des parents à part entière et que c’est même bon pour leurs enfants.

Il cite, par exemple, les recherches de Ruth Feldman, directrice du Centre de neurosciences sociales du développement à l’université Reichman d’Israël. Elle et son équipe ont passé des dizaines d’années à mesurer les niveaux d’hormones et à scanner le cerveau des nouveaux parents. Ils ont découvert que, s’ils passent suffisamment de temps avec leur bébé, les pères produisent des niveaux d’ocytocine, l’hormone de l’attachement, identiques à ceux des nouvelles mères.

« La paternité est biologique. Elle est tout aussi profonde que la maternité », a déclaré Feldman à Morgan-Bentley.

De même, « l’instinct maternel » qui semble conduire les mères à se réveiller en premier lorsque leur bébé commence à pleurer la nuit n’est pas tout à fait ce qu’il semble être. Comme l’a découvert Feldman, les parties du cerveau qui provoquent la vigilance changent chez les mères après la naissance, ce qui les amène à être plus attentives aux besoins de leur bébé. Cependant, elle a également constaté que lorsqu’un bébé a deux pères, le cerveau de ces derniers changeait également, et ils réagissaient de la même manière que les mères vis-à-vis de leurs bébés.

Paul Morgan-Bentley, auteur de « The Equal Parent ». (Crédit : Autorisation)

En outre, comme le montre Morgan-Bentley, la recherche indique que les enfants bénéficient de l’engagement et de la participation active de plusieurs personnes qui s’occupent d’eux, qu’il s’agisse de parents, de familles d’accueil ou de grands-parents.

Ces bénéfices, qui se traduisent notamment par une plus grande confiance en soi et une plus grande empathie, ne sont pas liés au fait que les enfants aient ou non un lien génétique avec les personnes qui s’occupent d’eux. Comme le montrent les recherches approfondies menées par le Center for Family Research de l’université de Cambridge sur les résultats des enfants issus de familles non traditionnelles, ce qui importe le plus, c’est la qualité de la relation entre les parents et leurs enfants, et non le lien génétique.

Ces résultats et d’autres sont essentiels pour défendre l’égalité parentale, écrit Morgan-Bentley, car ils prouvent que « n’importe qui peut assumer la responsabilité principale ou égale de parent et faire du bon travail s’il y consacre le temps et les efforts nécessaires, quel que soit son sexe ».

« Je suis évidemment partial », ajoute-t-il. « Mais je crois fermement que le rôle de parent est lié à ce que l’on fait, à l’amour que l’on porte à son enfant jour après jour, plutôt qu’à la proportion de matériel génétique que l’on partage avec lui, que l’on soit un homme ou une femme, ou à ce qu’un spermatozoïde a fait un jour avec un ovule ».

Alors, comment soutenir et encourager au mieux l’égalité parentale ? Morgan-Bentley a plein d’idées. Certaines sont relativement simples à mettre en œuvre. Les services de santé devraient veiller à ce que les pères soient invités aux rendez-vous de grossesse et de naissance si les mères sont d’accord pour qu’ils y assistent. Les toilettes pour hommes et pour femmes devraient toutes être équipées de tables à langer. (L’une des rares fois où Morgan-Bentley a vu cela, c’était lors de vacances en Israël avec Solly l’année dernière). Morgan-Bentley est également fan des ateliers de formation pour papas destinés à enseigner des compétences pratiques, comme nourrir, baigner et changer un bébé.

D’autres, en revanche, sont plus ambitieux. Il estime que la Grande-Bretagne, par exemple, devrait s’attaquer aux coûts élevés des gardes d’enfants – les couts de gardes d’enfants au Royaume-Uni sont les deuxièmes plus élevés au monde – si elle veut que les mères puissent partager équitablement les responsabilités avec les pères et poursuivre leur carrière. Morgan-Bentley cite en exemple l’Estonie, la Finlande et le Canada, qui ont mis en place des politiques de garde d’enfants de grande qualité, largement subventionnées et abordables.

Être parent, c’est ce que l’on fait, c’est être présent jour après jour pour aimer et s’occuper de son enfant

Toutefois, c’est le congé parental partagé qui, selon Morgan-Bentley, est essentiel pour atteindre l’objectif de l’égalité parentale. Au Royaume-Uni, les couples ont légalement droit à 50 semaines de congé parental – réparties comme ils l’entendent – après la naissance d’un enfant. Cependant, les pères prennent rarement autant de congés que les mères, l’aide financière du gouvernement est limitée et les entreprises varient énormément, tant en ce qui concerne le montant qu’elles versent en complément de ce que paie l’État que pour ce qui est de l’extension de cette aide aux pères aussi bien qu’aux mères.

Comme l’affirme le livre, il s’agit là d’une énorme occasion manquée, étant donné la montagne de preuves qui montrent que, bien géré, le congé parental partagé atténue l’impact négatif de l’accouchement sur la carrière des femmes, donne aux pères la possibilité de tisser des liens avec leurs enfants et établit un modèle pour les hommes qui partagent les responsabilités domestiques et de garde d’enfants longtemps après la fin de leur séjour à la maison. Les recherches montrent que tout le monde en sort plus heureux, les mères, les pères et leurs enfants.

Solly vient d’avoir trois ans, et Morgan-Bentley et son mari se demandent quand et s’ils aimeraient avoir un autre enfant. Ils hésitent encore. Mais ce dont ils sont sûrs, c’est de l’amour qu’ils portent à leur petit garçon et de leur capacité à l’élever.

Si comme tous les parents, le couple connaît parfois des journées difficiles, « nous sommes tous deux totalement impliqués en tant que parents principaux et Solly est un enfant souriant, sociable et drôle », écrit Morgan-Bentley. « Nous ne sommes en rien exceptionnels. Les hommes peuvent et doivent le faire. »

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