Israël en guerre - Jour 59

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Une photo aérienne de Tel Aviv la nuit. Le 15 avril 2018. (Crédit : Photo de Mendy Hechtman/FLASH90)
Une photo aérienne de Tel Aviv la nuit. Le 15 avril 2018. (Crédit : Photo de Mendy Hechtman/FLASH90)

Dans la « nation en croissance », les entrepreneurs israéliens sources d’inspiration

Pour les experts, l’esprit de croissance et le poids des entrepreneurs chevronnés qui encadrent une nouvelle génération de fondateurs font progresser le secteur technologique

Pour les investisseurs et les entrepreneurs israéliens, un changement fondamental vers un état d’esprit de croissance, le penchant des entrepreneurs chevronnés à servir de mentor à une nouvelle génération de fondateurs de startups, et un sens partagé des responsabilités, sont les principales raisons des récentes prouesses du pays en matière de mise à l’échelle.

L’évolution est au centre de l’attention alors que les capitaux affluent dans les start-ups et les entreprises israéliennes, et que le nombre de licornes (les entreprises de high-tech évaluées à un milliard de dollars) sont en hausse en Israël.

« Aujourd’hui, on peut dire qu’il y a un excédent de capital de croissance », a déclaré Alan Feld, cofondateur et associé directeur de Vintage Investment Partners. La société d’investissement basée à Herzliya a récemment levé environ 2 milliards 522 millions de shekels pour soutenir des startups et des investisseurs en Israël, en Europe, au Canada et aux États-Unis.

« Il y a dix ans, si la grande majorité des entreprises israéliennes avaient reçu une offre de rachat avant d’entrer en bourse, elles l’auraient fait », a déclaré M. Feld au Times of Israel lors d’un récent entretien téléphonique. « Il y a dix ans, il n’y avait pas assez de capital de croissance. Et donc, si vous vouliez faire passer votre entreprise à l’étape suivante, vous aviez un réel problème pour lever des capitaux importants. »

La mentalité des startups avait autrefois consisté à développer un produit et, une fois qu’il était arrivé à maturité, à chercher des opportunités pour vendre la startup. Aujourd’hui, le secteur technologique local vise les entreprises mondiales qui pèsent plusieurs milliards de dollars. Et une longue liste d’entreprises à croissance rapide, dont la startup d’authentification sans mot de passe Transmit Security, la société de médias numériques axés sur le sport Minute Media, le fabricant d’applications musicales JoyTunes et la société de cybersécurité At-Bay, parmi beaucoup d’autres, recherchent des entrepreneurs en série, des investisseurs et des conseillers expérimentés pour les aider à se développer.

Dans le passé, les entreprises israéliennes « lançaient une startup, trouvaient quelques anges [investisseurs pour vous aider à démarrer], collectaient environ 200 000 dollars et mettaient les voiles, puis faisaient un tour d’amorçage à un million de dollars et un tour A à trois millions de dollars. Cela n’existe plus », a déclaré Mor Assia, associée fondatrice et co-PDG de la société de capital-risque et de la plate-forme d’investissement iAngels, basées en Israël.

Aujourd’hui, les startups se positionnent dès le départ pour viser à devenir une entreprise à un milliard de dollars, a ajouté Mme Assia.

Les fondatrices d’iAngels, Mor Assia, à gauche, et Shelly Hod Moyal. (Crédit : Amit Shaal)

« Les aspirations des entrepreneurs ont grandi. Ils veulent créer des marques mondiales qui ont du succès. Ils ont de l’audace et des aspirations. Et ils veulent construire quelque chose de significatif », a déclaré Michael Eisenberg, cofondateur et partenaire à part égale de la société de capital-risque israélienne Aleph.

Le portefeuille de la société de capital-risque comprend des entités comme la startup d’insurtech Lemonade, désormais cotée en bourse et l’une des plus fortes croissances du secteur de l’assurance ; la startup de fintech Melio, fondée en 2018 et aujourd’hui valorisée à quelque 4 milliards de dollars ; la startup de robotique Fabric ; la startup de logistique Bringg ; et Empathy, le développeur israélien d’une plateforme qui aide les familles à naviguer dans le parcours bureaucratique compliqué après la perte d’un être cher.

Beaucoup de ces entreprises, et tant d’autres, sont fondées ou soutenues par des entrepreneurs chevronnés qui ont déjà construit et/ou vendu une startup dans le passé.

« Les entrepreneurs ont maintenant des icônes, des personnes à admirer. Check Point, Wix, ils veulent être comme eux et construire des entreprises comme eux. Cela compte beaucoup », a déclaré M. Eisenberg.

Michael Eisenberg, cofondateur et associé à part égale de la société israélienne Aleph. (Crédit : avec l’aimable autorisation d’Aleph)

Eden Shochat, également cofondateur et associé à parts égales chez Aleph, a convenu que les aspirations des entrepreneurs israéliens ont changé au fil des ans.

« Il y a des fondateurs et des entrepreneurs qui en sont à leur deuxième ou troisième année d’existence et qui aiment l’idée de rendre à la génération suivante et à celle d’après leurs connaissances et leur expertise. Il y a tellement de connaissances institutionnelles aujourd’hui sur la création de revenus et d’équipes, et « ces fondateurs savent qu’ils peuvent aspirer à plus. »

« Nous avons franchi le point de basculement de l’écosystème israélien, qui est désormais suffisamment dense et riche pour réellement construire de [grandes] entreprises. Nous avons l’infrastructure pour cela », a déclaré Shochat au Times of Israel.

Un changement d’état d’esprit

« Il y a beaucoup de startups qui sont fondées chaque jour. La différence est que dans le passé, la startup trouvait un problème, trouvait une solution, construisait une société Internet et technologique autour de cette solution, puis la vendait. Aujourd’hui, les gens comprennent qu’ils ne sont pas obligés de vendre leur entreprise à un stade précoce. »

Ils peuvent rester et devenir un leader de l’industrie ou du secteur et c’est un changement d’état d’esprit », a déclaré Lior Handelsman, un des fondateurs de SolarEdge qui l’a vu passer d’une petite startup à une entreprise mondiale de plusieurs milliards de dollars avec une position de leader sur les marchés de l’énergie intelligente et renouvelable.

M. Handelsman, qui est un investisseur actif chez Grove Ventures, estime que ce changement d’état d’esprit favorise la croissance des entreprises.

Lior Handelsman, associé général de Grove Ventures. (Crédit : David Garb, avec l’aimable autorisation de Grove Ventures)

L’investisseur canado-israélien Feld affirme que l’état d’esprit selon lequel les entreprises israéliennes peuvent acquérir d’autres entreprises – et pas seulement être acquises – stimule l’écosystème.

« Nous avons maintenant vu des startups israéliennes faire de nombreuses acquisitions d’entreprises israéliennes et de certaines entreprises non-israéliennes avant de devenir publiques. Nous les voyons aussi faire des acquisitions après leur entrée en bourse. Il y a eu un changement de mentalité, et c’est vraiment important », a déclaré M. Feld.

Un récent aperçu d’un prochain rapport des consultants PwC Israël a montré que les accords « bleu et blanc » où les deux parties – l’acheteur et le vendeur – étaient israéliennes représentaient 30 % du nombre total d’acheteurs en 2021 jusqu’à présent, contre 11 % l’année dernière.

« L’une des choses qui rendent Israël spécial est que c’est comme une grande famille », a déclaré Shelly Hod Moyal, partenaire fondatricee et co-PDG d’iAngels, et partenaire général du fonds iNgenuity, qui se concentre sur les technologies en phase de démarrage. « Lorsque des startups viennent nous parler, même si ce n’est pas pertinent pour nous à un certain stade, nous pensons toujours à la façon dont nous pouvons aider, à la façon dont nous pouvons établir une connexion précieuse ou donner une idée précieuse. »

Alan Feld, un Canadien-Israélien fondateur et associé directeur de Vintage Investment Partners (Crédit : autorisation).

Il y a aussi la persévérance, a déclaré Hod Moyal, « vraiment la notion de ne pas abandonner, de s’acharner à réaliser et à se développer. »

Un écosystème technologique petit mais solide

L’écosystème d’innovation israélien se classe toujours en bonne place dans les listes mondiales. Il est petit mais robuste, et est soutenu par des agences gouvernementales, des programmes d’accélération, des universités, et des investisseurs locaux et internationaux.

Sa taille et le fait qu’il s’agisse d’une « grande famille » jouent en faveur d’Israël. Les ingénieurs, les cadres et les entrepreneurs ont tendance à partager des liens personnels forts et une expérience approfondie de la technologie. Nombre d’entre eux ont déjà travaillé ensemble dans une startup antérieure ou même pendant leur service militaire obligatoire.

« L’un des facteurs de réussite des entreprises israéliennes est la présence de personnes expérimentées dans les coulisses. Il a été prouvé que c’est un outil important », a déclaré M. Handelsman.

Les cofondateurs de Wix (de gauche à droite) : Giora Kaplan, Nadav Abrahami et Avishai Abrahami (Crédit : autorisation)

Des dizaines d’entreprises comptent des entrepreneurs en série parmi leurs conseillers, investisseurs ou cofondateurs. La liste comprend Uri Levine, cofondateur de Waze (vendu à Google), qui est impliqué en tant que cofondateur, président ou membre du conseil d’administration de plus d’une douzaine de startups et de sociétés, dont Fibo, GCNHub et Moovit.

Benny Schnaider, Rami Tamir et Gil Hoffer, les trois fondateurs de la startup de configuration d’applications d’entreprise Salto, ont trois sorties à leur actif (Pentacom racheté par Cisco, Qumranet racheté par Red Hat et Ravello Systems racheté par Oracle).

Le professeur Oded Shoseyov est le fondateur scientifique de plusieurs entreprises, dont Paulee CleanTec, la startup de technologie alimentaire SavorEat et CollPlant, et le chef du conseil consultatif de SupPlant, l’entreprise de technologie agricole que le magazine Time vient de désigner comme l’une des meilleures inventions de l’année.

Toujours dans l’actualité, les entrepreneurs en série Shai Wininger, cofondateur de Lemonade et Fiverr, et Micha Kaufman, également cofondateur de Fiverr, ont récemment investi dans Empathy, elle-même une startup fondée par les entrepreneurs Ron Gura et Yonatan Bergman. Les deux hommes ont commencé à travailler ensemble à The Gifts Project, racheté par eBay en 2011, et au cours de la dernière décennie, ils ont occupé divers postes, notamment chez PayPal, eBay et WeWork.

Ron Gura, à gauche, et Yonatan Bergman, les cofondateurs de la startup israélo-américaine Empathy (Crédit : autorisation)

Mme Assia, dont la société est spécialisée dans les startups en phase de démarrage qui sont en mesure de se développer, a déclaré que cette tendance des entrepreneurs qui ont fondé des startups à succès à lancer une nouvelle startup ou à en rejoindre une en tant que conseiller ou investisseur « propage les leçons apprises ».

Elle a déclaré que les expériences réussies – ou ratées – sont une partie importante de l’avancement de l’entrepreneuriat israélien. « Un entrepreneur qui a appris quelque chose et qui l’applique à la prochaine entreprise en fait bénéficier les jeunes générations, est un mentor, soutient l’écosystème en s’impliquant. »

Il semblerait que le fait d’avoir des conseillers seniors expérimentés dans leurs conseils d’administration ainsi que des investisseurs chevronnés pourrait donner plus de crédibilité aux startups, surtout, lorsqu’un tour de financement se profile à l’horizon.

« L’expérience et les connaissances sont des facteurs critiques, et ce n’est pas différent pour les startups », selon un rapport du cabinet d’études de marché IVC Research Center, basé en Israël. « Un investissement dans une entreprise avec un entrepreneur en série sera moins risqué et offrira une plus grande probabilité de retour sur investissement. »

« À mesure que nous passons de la nation des startups à la nation des entreprises en expansion, les investisseurs se retrouvent dans une situation où les entreprises sont confrontées à des dilemmes auxquels elles n’étaient pas confrontées il y a cinq ou dix ans. Les dilemmes liés aux grandes transactions, les dilemmes des entreprises israéliennes qui acquièrent d’autres entreprises, les dilemmes liés à l’expansion d’une entreprise sur un marché où vous êtes déjà le leader du marché », a déclaré M. Handelsman.

« Lorsque vous avez des investisseurs qui ont plus d’expérience de ces dilemmes, vous apportez plus de matière grise dans la discussion, généralement plus d’expérience et de cheveux gris. Lorsque vous avez plus de personnes facilement disponibles avec un intérêt commun à consulter, vous pouvez généralement obtenir un meilleur résultat », a-t-il ajouté.

Mais M. Feld, de Vintage Investment, estime qu’il n’existe pas de preuve réelle que la présence d’un entrepreneur en série à bord d’une entreprise donne de meilleurs résultats. « On suppose que parce qu’il s’agit d’entrepreneurs expérimentés, les résultats seront des entreprises plus grandes. Il y a des preuves empiriques aux États-Unis que c’est vrai, mais en Israël, nous n’avons pas encore trouvé assez de preuves empiriques pour montrer que c’est vrai. »

Eden Shochat, cofondateur et associé à parts égales de la société de capital-risque israélienne Aleph. (Crédit : avec l’aimable autorisation d’Aleph)

Shochat, d’Aleph, s’est fait l’écho de certains de ces sentiments. « Si vous regardez les résultats, certains des meilleurs résultats dans le monde ont en fait été obtenus par des fondateurs débutants. Parfois, il est bon pour vous de savoir ce que vous ne savez pas, il est bon pour vous de ne pas être influencé par votre expérience passée. Je ne négligerais pas le phénomène des créateurs d’entreprise de la première heure. Par la suite, ils ont en fait besoin d’aide pour certaines choses comme l’octroi d’options [aux employés], la mise en place de leur première infrastructure de vente, etc. »

Et pourtant, la communauté des investisseurs – étrangers et locaux – semble miser sur les entrepreneurs israéliens pour se développer. La scène technologique regorge d’investisseurs et un rapport récent a montré que le secteur technologique local battait des records en matière de financement par capitaux, les entreprises ayant levé environ 55 milliards de shekels dans 575 opérations depuis le début de 2021, soit près du double du total levé sur toute l’année 2020.

Si l’on ajoute à cela les fréquentes valorisations de licornes, il est évident qu’une transformation bien plus importante est en cours.

« Nous sommes encore une puissante nation de startups, mais il n’y a absolument aucune limite à la valeur que vous pouvez donner à votre startup ou à la taille de l’entreprise que vous pouvez démarrer à partir d’ici », a déclaré Handelsman, qui a dirigé quatre investissements cette année pour aider les jeunes entrepreneurs à se développer (Mirato, plateforme de gestion des risques de tiers pilotée par l’IA (Intelligence Artificielle) pour les banques et les institutions financières en février ; Teramount Silicon Photonics pour les transferts de données à haut débit en mars ; NoTraffic plateforme de gestion du trafic en juillet ; et Metrolink omni-plateforme de gestion des flux de données en octobre).

Pour Hod Moyal, l’investissement est « le carburant qui permet de créer de grandes entreprises », et les investisseurs ont un rôle important à jouer pour stimuler le secteur technologique local.

« Nous parlons avec beaucoup d’entrepreneurs, ils se réunissent avec nous, et ils partagent avec nous leurs rêves. Bien souvent, le rêve, surtout pour quelqu’un qui est un nouvel entrepreneur, est étroit », a déclaré Hod Moyal.

« En tant qu’investisseurs, nous essayons vraiment de faire en sorte que les entrepreneurs rêvent en grand, voient grand et recherchent des opportunités qui font vraiment la différence. »

Ricky Ben-David a contribué à cet article.

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