Un matin, le patriarche de la famille Zawahara, Hajj Salameh, s’est réveillé. Il a alors aperçu trois jeunes hommes qu’il ne connaissait pas et qui marchaient nonchalamment entre les tentes de son minuscule village, Ein Rashash, une communauté de bergers bédouins installée en Cisjordanie.
Même si Salameh, 85 ans, s’est, dit-il, habitué aux actes de harcèlement des résidents de l’avant-poste voisin de Malachei Hashalom, il explique n’avoir pas été préparé à l’arrivée, le 24 juin, de dizaines d’Israéliens à bord de véhicules tout-terrain. Certains étaient armés.
Les tensions palpables se sont rapidement transformées en violence. Les Israéliens ont jeté des pierres sur les villageois, tiré des coups de semonce, incendié une tente, cassé des latrines et brisé des vitres, se souviennent les villageois.
Même si l’armée est arrivée ultérieurement sur les lieux, les soldats se sont contentés d’arrêter trois jeunes Bédouins qui avaient jeté des pierres sur les résidents de l’avant-poste en riposte à l’agression, explique Muhammad Zawahra, un berger d’Ein Rashash. Au même moment, des habitants de Malachei Hashalom ont frappé Salameh, le patriarche.
« L’un d’entre eux avait un bâton à la main et l’autre des pierres. Il m’a jeté une pierre et l’autre m’a battu avec son bâton au dos et à la tête, mon sang coulait », se souvient Salameh, montrant ses blessures. Après cet éclat de violences, les médecins d’un hôpital de Ramallah ont dû lui faire des points de suture sur le crâne.
Un porte-parole de l’armée israélienne déclare, sans donner plus de détail, que des militaires ont, à cette occasion, « été déployés pour mettre un terme à un conflit. »
Cela fait quatre ans maintenant que les gestes d’intimidation et d’agression des jeunes résidents de Malachei Hashalom – ce qui signifie les « anges de la paix » – sont devenus la nouvelle norme pour le clan Zawahra qui, fort de ses 80 membres, forme toute la population d’Ein Rashash.
Le clan Zawahra n’est pas le seul à avoir peur. De petites communautés palestiniennes, éparpillées dans toute la Cisjordanie, sont toutes sur le point d’éclater, leurs résidents prenant la fuite ou se préparant à le faire en raison du harcèlement exercé par les habitants d’implantations et qui ne cesse de se renforcer à leur encontre, un harcèlement qu’ils dénoncent aux côtés des activistes œuvrant pour la paix.
Le rabbin Arik Ascherman fait de l’activisme depuis longtemps, et il tente d’assurer la protection les communautés bédouines variées qui vivent dans la vallée du Jourdain depuis des années. Il estime qu’il y a trois « coups portés » qui amènent les communautés palestiniennes à quitter leurs villages : « Il y a le coup porté le plus manifeste – les violences et les intimidations des partisans du mouvement pro-implantation ; il y a le coup porté au niveau économique – qui empêche les Palestiniens d’accéder aux pâtures et il y a le soutien apporté par le gouvernement à cette tendance » par le biais d’une appropriation des pierres et des évictions.
Ces hameaux décimés sont tous dans la Zone C, les 61 % de la Cisjordanie qui sont placés sous le contrôle israélien et qui comprennent la Vallée du Jourdain toute entière. Cette zone accueille les 400 000 résidents d’Israël qui vivent en Cisjordanie et jusqu’à 300 000 Palestiniens, selon les estimations.
Même si elles comptent sur les autorités israéliennes en matière de gouvernance civile, de nombreuses villes palestiniennes, dans la Zone C, sont négligées ou ne sont pas reconnues par l’État. C’est particulièrement le cas d’un grand nombre de communautés agricoles, de taille plus modeste, qui manquent des attributs octroyés aux villes plus développées – des communautés comme Ein Rashash.
Pendant l’été, la plus grande partie des habitants résident dans des tentes, à l’air libre, qu’elles renforcent pendant l’hiver pour rester au chaud. Ces tentes sont installées le long de routes poussiéreuses, sur le versant d’une colline qui, à l’Est, retombe dans la vallée du Jourdain.
This is how we are ethnically cleansed from our homes Today, the settlers attacked the residents of the Ain al-Rashash. settlers broke houses, damaged water tanks, broke solar energy, and wounded the elderly Abu Khaled, 80 years old. the army arrived, and arrested 4 Palestinians. pic.twitter.com/5bOWWh6Axc
— #SaveMasaferYatta (@basel_adra) June 24, 2023
A l’Ouest, les terres agricoles du hameau remontent vers la Route d’Allon. Cette artère Nord-Sud, qui est utilisée par les Palestiniens et par les résidents des implantations israéliennes, marque la frontière entre les Zones C et B, la partie de Cisjordanie placée sous le contrôle militaire d’Israël, mais pas sous son contrôle civil.
Au sommet d’une colline, à environ un kilomètre au Sud d’Ein Rashash, se dresse Malachei Hashalom, un ensemble d’environ une douzaine de structures artisanales édifiées en 2015. L’avant-poste a été nommé en hommage à Malachy Rosenfeld, un Israélien âgé de 27 ans qui avait été abattu, dans le secteur, par un terroriste palestinien, cette année-là.
L’armée a parfois donné pour instruction aux résidents de Malachei Hashalom de rester à l’écart d’Ein Rashash – mais les habitants du hameau expliquent que cela n’empêche pas ces jeunes Israéliens d’encercler ou d’entrer dans le village à leur gré et plusieurs fois par semaine.
Tsahal affirme intervenir lorsque les Israéliens contreviennent à la loi dans la Zone C « en mettant l’accent sur les incidents violents ou sur les incidents prenant pour cible les Palestiniens et leurs biens ».
« Les forces interviennent pour mettre un terme aux incidents ou, si nécessaire, pour retarder ou pour arrêter les suspects jusqu’à l’arrivée de la police », a noté un porte-parole.
Au début de l’été, la famille Zawahra s’est tournée vers les activistes défavorables au mouvement pro-implantation pour leur demander de l’aide, pour écarter les intrus qui s’introduisent dans leur communauté et pour réparer les dégâts commis par les résidents de l’avant-poste voisin. Ascherman, directeur de l’organisation de défense des droits de l’Homme Torat Tzedek, a répondu à l’appel, et il a commencé à mobiliser des activistes susceptibles de venir avec lui à Ein Rashash.
Alors que les activistes n’avaient guère rencontré de difficulté pour se rendre dans le village à d’autres occasions, environ 15 d’entre eux ont tenté, le 2 septembre, de se rendre à Ein Rashash pour aider à réparer la seule route d’accès au hameau. Ils ont été stoppés par l’armée alors qu’ils descendaient la montagne pour rejoindre la communauté, explique Guy Hirschfeld, qui était à la tête du groupe.
« L’armée nous attendait là, carrément, avec une ordonnance de zone militaire fermée et elle ne nous a pas expliqué quoi que ce soit », raconte Hirschfeld, qui dirige aussi l’organisation anti-implantation Looking the Occupation in the Eye.
Cette ordonnance de zone militaire fermée, selon un porte-parole militaire, avait été imposée suite à « des conflits récents dans le secteur, et pour empêcher qu’ils ne se reproduisent ».
D’autres villages, aux alentours, subissent le même harcèlement – voire pire. A un kilomètre au sud de Malachei Hashalom, les 86 habitants de Qabun ont abandonné leur village en date du 8 août, citant également les intimidations des résidents de l’avant-poste.
A environ quatre kilomètres plus au Sud, il y a ce qui reste d’Ein Samia, une communauté plus grande qui avait perdu la majorité de ses habitants au mois de mai après avoir signalé dix attaques commises contre leur village par les résidents d’un avant-poste qui n’avait pas été nommé – des agressions qui s’étaient produites en l’espace de cinq mois seulement.
Les autorités israéliennes ont démoli l’école élémentaire d’Ein Samia, au mois d’août, alors qu’elle ne recevait plus que de rares élèves issus des quelques familles encore présentes. La plupart des familles d’Ein Samia vivent dorénavant à l’Ouest de la Route d’Allon, dans la Zone B, où la garrigue, qui n’accueillait que relativement peu d’habitations dans le passé, est en train de laisser la place à un réseau plus peuplé de villes palestiniennes et d’implantations israéliennes, à l’Est de Ramallah. Même s’ils peuvent dorénavant construire un logement sans la menace de le voir démoli, les anciens résidents déplorent des difficultés financières et un espace moindre pour faire pâturer les troupeaux.
Yisrael Gantz, chef du Conseil régional de Binyamin qui fournit des services municipaux aux implantations situées sur un large pan du centre de la Cisjordanie – dans le secteur de Malachei Hashalom – insiste : Pour lui, le harcèlement est non-existant en Cisjordanie.
« Il n’y a pas de terrorisme juif prenant pour cible les Arabes. Ce sont les Juifs qui sont attaqués sur le terrain », dit-il. « Ces derniers mois, de nombreux résidents d’implantation juifs ont été blessés, pris en charge à l’hôpital. Il n’y a pas eu de blessé du côté arabe ».
Alors que le harcèlement auquel s’adonneraient les habitants d’implantation n’est pas un fait nouveau, il s’est intensifié ces derniers mois, affirment les activistes. En même temps, le gouvernement de droite dure du Premier ministre Benjamin Netanyahu a
significativement accru le nombre de constructions dans les implantations et reconnu officiellement des avant-postes illégaux.
Au mois de février, le Premier ministre a annoncé que son gouvernement procéderait à la légalisation de neuf avant-postes, dont Malachei Hashalom. Il ne s’agit pas d’une simple reconnaissance de principe : ils seront aussi reliés aux réseaux israéliens d’électricité et d’eau.
Plus récemment, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui contrôle également la division chargée des implantations au sein du ministère de la Défense, a établi un plan qui permettrait de légaliser les 155 avant-postes érigés en Cisjordanie.
Si les responsables du mouvement pro-implantation disent ne pas être responsables du départ des Palestiniens des villages de la Zone C, affirmant que ces communautés, au contraire, « ont choisi de partir », cette tendance qui ne cesse de s’accélérer sert, in fine, l’objectif poursuivi par le mouvement, qui désire ardemment élargir le territoire soumis au contrôle israélien dans la Zone C.
« Jusqu’à ce qu’on commence [à Malachei Hashalom], il y avait une ferme bédouine, ici. Lentement, en travaillant très dur, la terre est en train de revenir aujourd’hui à l’armée pour ses exercices et elle nous revient à nous aussi, pour nos troupeaux et pour nos activités agricoles », avait dit le fondateur de l’avant-poste, Elhanan Lerner, dans une vidéo faisant sa promotion.
Des pâtures de plus en plus rares
Une partie d’Ein Rashash et une partie de Malachei Hashalom se situent dans une zone militaire de tir, où l’armée organise parfois des entraînements. Les Palestiniens qui vivent dans ce type de zone, en Cisjordanie, sont souvent expulsés par les autorités – ce qui n’est pas le cas, ou beaucoup plus rarement, pour les Israéliens.
« J’ai l’interdiction d’aller là-bas avec mon troupeau mais les résidents d’implantation, eux, ils peuvent y aller », indique Muhammad Zawahra, désignant du doigt, à l’Est, une colline proche du village où il allait faire pâturer ses bêtes autrefois. Aujourd’hui, la colline a été intégrée dans une zone de tir et s’il devait s’y aventurer, dit-il, les résidents d’implantation l’empêcheraient assurément d’aller plus loin.
Fin août, un jour, les habitants d’Ein Rashash et les activistes ont remarqué la présence d’une vingtaine de personnes qui s’étaient dispersées de part et d’autre sur le versant d’une colline avoisinante, à l’intérieur de la zone de tir où les résidents d’implantation font souvent pâturer leurs troupeaux. Le groupe craignait qu’il s’agisse de résidents de Malachei Hashalom, venus de l’avant-poste pour chercher la confrontation mais tous avaient été finalement soulagés en entendant des coups de feu résonner dans l’air de la matinée : c’était un exercice militaire.
Ces tirs avaient duré environ une heure, se fondant dans la vallée, alors que deux jeunes résidents d’implantation descendaient, de l’autre côté de la colline, avec leurs bêtes pour les faire brouter dans un secteur adjacent aux tentes d’Ein Rashash. Ils étaient restés de huit heures du matin jusqu’au début de l’après-midi, jusqu’à ce que d’autres jeunes arrivent en véhicule tout-terrain à l’entrée du hameau, déambulant dans le village, filmant ses résidents avant de quitter les lieux.
טיהור אתני:
עיין רשאש. כל יום והפלישות שלו. זו השיטה: הרועים ה״תמימים״ מגיעים עם העדרים לפאתי היישוב לעיתים מסתובבים בינות לבתים. ואז חוזרים בתואנות וטענות, עם הצבא חד-הם, חמושים ומזויינים. עזרו לנו לעצור את גירוש הקהילות. עיזרו לנו לעצור את הטיהור האתני שנעשה ע״י המחבלים היהודים pic.twitter.com/mpApyZHS6g— מסתכלים לכיבוש בעיניים (@Mistaclim) August 22, 2023
En plus du harcèlement, les habitants d’Ein Rashash expliquent se faire évincer, lentement mais sûrement, par les bergers de Malachei Hashalom qui, petit à petit, empiètent sur leurs pâturages traditionnels, ce qui les oblige à supplémenter l’alimentation des moutons en achetant de la nourriture.
« Dans le passé, on avait environ 3 000 moutons. Aujourd’hui, on en a à peu près 500 », dit Zawahra. « Il y a quelques années encore, on ne dépensait pas beaucoup d’argent pour leur alimentation : on les emmenait brouter et c’était suffisant. On avait, à ce moment-là, aux alentours de 5 000 shekels en suppléments alimentaires. Aujourd’hui, on dépense environ 40 000 shekels pour ces suppléments. »
Même si ces incidents surviennent sous leur surveillance, les autorités israéliennes ne font que peu de choses pour empêcher les résidents d’implantation d’amener leurs bêtes sur les pâturages qui étaient traditionnellement utilisés par les Bédouins, ou pour les empêcher de venir dans leurs villages. Une des raisons expliquant cet immobilisme est que l’Administration civile, une unité du ministère de la Défense qui met en œuvre les politiques civiles en Cisjordanie, ne reconnaît que rarement les habitants palestiniens comme les propriétaires légaux des terres où ils sont implantés.
La famille Zawahra affirme avoir acheté les 10 000 mètres-carrés de terrain où Ein Rashash a été construit, ajoutant que les terres adjacentes sont la propriété de Talfit et de Qaryut, des villages palestiniens plus grands situés au nord du hameau. Ils n’ont pas de titre pour prouver leur bonne foi, et Muhammad Zawahra explique qu’il est en train de remédier à cela.
Dans une déclaration faite au Times of Israel, Gantz dément que l’avant-poste puisse être en partie situé sur des terres palestiniennes. « Toutes les fermes se trouvent sur des terres qui appartiennent à l’État », déclare-t-il. Ce qu’avait aussi indiqué Lerner, le fondateur de Malachei Hashalom, dans sa vidéo promotionnelle.
Lerner et les autres résidents de l’avant-poste ont refusé de s’entretenir avec le Times of Israel.
Toutefois, l’Administration civile n’a jamais annoncé que le secteur appartenait à l’État, fait remarquer Dror Etkes, le directeur de Kerem Navot, une organisation qui contrôle les politiques israéliennes relatives aux terres qui sont mises en œuvre en Cisjordanie.
Les partisans du mouvement pro-implantation estiment que les Palestiniens étendent illégalement leur présence dans la Zone C, se déplaçant dans d’autres secteurs et faisant des constructions sans les autorisations nécessaires de la part des autorités israéliennes.
« Les constructions illégales dans le secteur entrent dans le cadre du projet de l’Autorité palestinienne, qui est la saisie, par les Arabes, des terres de l’État israélien », dit Gantz.
Néanmoins, Israël ne délivre que rarement des permis de construction pour les Palestiniens dans la Zone C, indiquent les experts, ce qui oblige les résidents à violer la loi, un phénomène qui ne fait que s’aggraver avec la croissance démographique.
Zawahra, qui est né et qui a grandi à Ein Rashash, rejette l’idée d’un empiètement des Palestiniens sur les terres occupées par les habitants d’implantation. Il note que lui et sa famille vivent là depuis 33 ans.
Le patriarche, Hajj Salameh, est né dans la région de Tel Arad, qui se trouve, aujourd’hui, dans les frontières d’Israël. Il avait pris la fuite, rejoignant la Cisjordanie, en 1948, à une époque où cette dernière était placée sous le contrôle de la Jordanie.
Dans la mesure où la terre qui accueille Ein Rashash n’est pas réglementée, qu’elle ne fait pas l’objet de cultures agricoles intenses, Etkes pense que l’Administration civile l’a placée sous le statut de « terre sous enquête » – ces secteurs qui sont en cours de réexamen avant d’être potentiellement désignés comme appartenant à l’État, sur la base de l’interprétation israélienne du code foncier ottoman.
L’Administration civile ne dévoile pas quels sont les terrains, en Cisjordanie, sur lesquels elle mène des enquêtes.
Si les autorités déclarent qu’Ein Rashash a, en fin de compte, été construit sur des terres appartenant à l’État, il est probable que la famille Zawahra devra partir se réinstaller ailleurs. Sur les terres qui ont été déclarées comme appartenant à l’État que l’Administration civile a pu allouer en Cisjordanie, 0,2 % ont été remises aux Palestiniens.
Ascherman affirme que le débat sur la propriété foncière permet d’esquiver la question bien plus large des politiques inégalitaires qui sont mises en œuvre par Israël en Cisjordanie.
« Selon le droit international, Israël ne devrait rien avoir à faire avec tout ça », s’exclame-t-il. « Le fait qu’on soit en train de se demander si telle, telle ou telle terre appartient à l’État, ce sont des règles du jeu qu’Israël a mis en place seul et en violation du droit international. Si j’installe ma tente dans un parc public, cela ne signifie pas que quelqu’un peut par ailleurs venir à l’intérieur en me menaçant avec une arme ».
Malgré leur illégalité dans le droit international comme dans la loi israélienne, les avant-postes continuent à fleurir, renforçant le contrôle exercé par Israël sur les territoires de la Cisjordanie. Depuis des années, les responsables du mouvement pro-implantation vantent les vertus des avant-postes pastoraux qui, selon eux, sont un moyen peu onéreux, rapide et efficace de renforcer la présence et le contrôle des Juifs dans la Zone C.
Lors d’une conférence sur internet, en 2021, le leader d’implantation Zeev « Zambish » Hever avait déploré que l’élargissement de la mainmise d’Israël sur la Cisjordanie, par le biais de la construction de nouvelles habitations et autres infrastructures dans les implantations, était trop lente et trop chère.
« Après 50 années, nous n’avons atteint que 100 kilomètres-carrés », avait dit Hever, qui dirige la firme de construction Amana, qui travaille dans les implantations.
Les avant-postes agricoles et pastoraux, qui se sont substantiellement renforcés au cours des trois dernières années, « représentent presque deux fois le périmètre des implantations construites… Une ferme peut – et c’est ce qui arrive en réalité – porter sur des milliers d’hectares en matière de parcelles », avait-il ajouté.
Même si Zawahra et le reste de sa famille ne souhaitent pas quitter Ein Rashash, il s’inquiète, dans ce climat d’angoisse, d’éventuelles conséquences psychologiques pour ses sept enfants, dont le plus jeune a un mois.
« Parfois, quand je dors la nuit, je vois encore ces jeunes des implantations dans mes rêves. Je rêve de ce qui est déjà arrivé, de ce qu’ils pourraient faire la prochaine fois », dit Muhammad. « Mes enfants ont peur maintenant alors que ce n’était pas le cas auparavant – et je crains que cette peur qu’ils ont au cœur ne les quitte plus ».