Israël en guerre - Jour 372

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John Lewis et Norbert Bikales, qui a fait partie du Kindertransport de Berlin vers la France en juillet 1939 à la suite de la déportation de ses parents et de son frère en Pologne, allument l'un des six bougies représentant les plus de 6 millions de Juifs ayant péri pendant la Shoah, lors d'une cérémonie au Capitole à Washington,le 9 avril 2002. (Crédit : Scott J. Ferrell/Congressional Quarterly/Getty Images via JTA)
John Lewis et Norbert Bikales, qui a fait partie du Kindertransport de Berlin vers la France en juillet 1939 à la suite de la déportation de ses parents et de son frère en Pologne, allument l'un des six bougies représentant les plus de 6 millions de Juifs ayant péri pendant la Shoah, lors d'une cérémonie au Capitole à Washington,le 9 avril 2002. (Crédit : Scott J. Ferrell/Congressional Quarterly/Getty Images via JTA)

John Lewis et la communauté juive : 6 moments d’une alliance durable

Qu’il s’agisse d’aider à fonder la Coalition juive noire d’Atlanta ou d’appeler à la libération des Juifs soviétiques, l’icône des droits civils était un ami puissant des Juifs

WASHINGTON (JTA) – Lorsque John Lewis, l’icône des droits civils et membre du Congrès de Géorgie, est mort à 80 ans ce week-end, les Juifs d’Amérique et d’ailleurs ont perdu un allié de près de six décennies.

John Lewis ne s’est jamais lassé de dire aux gens de « s’attirer des ennuis », de défier les autorités et la sagesse conventionnelle. C’est un credo qui l’a guidé lorsqu’il a aidé à organiser la Marche sur Washington en 1963 ; qui a conduit la police à le rouer de coups à Selma, en Alabama, en 1965 ; et qui a souligné ses 33 ans de carrière au Congrès américain.

Il entretenait également une relation étroite avec la communauté juive depuis les années 1960, renforcée par les alliances qu’il avait forgées tout au long de sa carrière au Congrès. De nombreux dirigeants juifs des deux côtés de l’échiquier politique ont fait l’éloge de Lewis lorsqu’il a annoncé souffrir d’un cancer l’année dernière et l’ont pleuré cette semaine.

Voici six moments juifs de la longue et riche carrière de l’élu, qui a œuvré pour la justice en Amérique.

Prier avec ses pieds

La marche de Selma ? Elle a commencé avec 12 hommes et femmes qui ont, bras dessus bras dessous, mené le cortège sur le pont Edmund Pettus. Parmi ces 12 personnes se trouvaient Martin Luther King, Jr. et le rabbin Abraham Joshua Heschel. Après la marche, on a demandé au rabbin s’il avait trouvé le temps de prier. Il a répondu de façon célèbre : « J’ai prié avec mes pieds. » John Lewis, alors âgé de 25 ans, était juste à côté d’eux.

Le Dr Martin Luther King Jr. en compagnie d’autres leaders des droits civils alors qu’ils entament la marche vers la capitale de l’État à Montgomery depuis Selma, Alabama, le 21 mars 1965. Le Dr Martin Luther King Jr. (quatrième à partir de la droite) est accompagné à sa gauche par Ralph Bunche, sous-secrétaire des Nations unies, le rabbin Abraham Joshua Heschel (deuxième à droite) et le révérend Fred Shuttlesworth. (AP Photo)

Création de coalitions

Il y a un récit selon lequel l’unité qui définissait l’alliance judéo-noire dans les années 1960 s’est dissipée dans les années 1980, en partie parce que des leaders noirs comme Andrew Young et Jesse Jackson ont ouvertement pris position en faveur des Palestiniens.

Si c’était là le récit, John Lewis ne semblait pas avoir lu le livre. En 1982, il a travaillé avec le Comité juif américain pour fonder la Coalition juive noire d’Atlanta. Cette alliance a abouti en 2019 à la création, l’année dernière, du Congressional Black-Jewish Caucus.

Laissez les miens partir

Les Juifs ont parfois hésité à établir un lien entre la souffrance des Juifs et celle des Afro-Américains. Ce n’était pas le cas de John Lewis. Lors d’une manifestation de masse à Washington en 1987, appelant à la libération des Juifs soviétiques, il n’a pas hésité à faire le lien.

« Je me tiens ici non pas en tant que membre du Congrès mais en tant qu’être humain », déclare-t-il alors. « Il y a près de 25 ans, j’ai participé à une marche ici pour l’emploi et la liberté. Des centaines et des milliers de membres de la communauté juive ont alors défilé avec nous. Je pense qu’il est approprié pour moi d’être avec vous aujourd’hui ».

John Lewis s’exprime lors d’un rassemblement de soutien aux Juifs d’URSS en 1987 à Washington, D.C. (Capture écran / C-SPAN via JTA)

« Notre message, le message de la communauté noire, est très simple. Nous disons au président Reagan, Monsieur le Président, dites à M. Gorbatchev d’ouvrir les portes, d’ouvrir les portes et de laisser sortir les gens. J’ai dit que tant qu’un juif se verra refuser le droit d’émigrer, tant qu’un juif se verra refuser le droit d’être juif en Union soviétique, nous sommes tous juifs en Union soviétique ».

Le rejet de Farrakhan

En 1995, le fondateur de la Nation of islam, Louis Farrakhan, a entrepris de réunir des hommes noirs à Washington, D.C., lors d’un rassemblement destiné à prolonger le symbolisme de la Marche sur Washington de 1963.

Certaines personnalités du mouvement des droits civiques ont participé à la Marche pour un million d’hommes sur Washington, dont Rosa Parks, mais John Lewis a déclaré qu’il ne le ferait pas en raison des antécédents de Farrakhan, qui comprenaient à l’époque comme aujourd’hui des propos antisémites.

« Je ne peux pas ignorer les déclarations passées de Louis Farrakhan – et d’autres personnes associées à la Nation of islam – qui sont source de division et de fanatisme », avait déclaré le responsable politique à Newsweek à l’époque. « Bien que son objectif général d’encourager les hommes afro-américains à être responsables soit sain, la marche est fatalement sapée par son principal parrain ».

Boycotter Bibi mais soutenir Israël

En 2015, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accepté l’invitation du président de la Chambre des représentants américaine de l’époque, John Boehner, un républicain, à s’exprimer au Congrès contre la politique iranienne du président Barack Obama.

Boehner, qui n’avait pas consulté les démocrates au Congrès ou à la Maison Blanche au sujet de l’invitation, a présenté le discours de Netanyahu comme une prise de position plus sérieuse sur l’Iran, et les membres du Congressional Black Caucus ont considéré qu’il s’agissait d’une dissidence trop familière : l’homme blanc poussait l’homme noir hors des feux des projecteurs.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu devant le Congrès américain, le 3 mars 2015. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO/Flash90)

Des groupes et des personnalités pro-israéliens avaient également été pris au dépourvu par l’invitation ; néanmoins, la perspective d’un boycott les a consternés, et ils se sont mis à essayer de persuader les démocrates de se présenter. John Lewis ne l’a pas souhaité – mais il a souligné son soutien à Israël dans sa décision de ne pas assister au discours.

« Je suis attristé que l’orateur menace cette position historique, le soutien bipartite de nos frères et sœurs israéliens, par cette action », avait-il dénoncé.

Les responsables israéliens se sont joints au chœur des dirigeants du monde entier qui ont pleuré la disparition de John Lewis. « Les États-Unis ont perdu un héros. Israël a perdu un ami », a tweeté Dani Dayan, le consul général sortant d’Israël à New York, avec une image d’un tweet de l’élu lui-même datant de 2015 et disant : « Je ne me mets pas en retrait de mon engagement et de mon soutien à Israël ».

S’opposer au BDS tout en soutenant le droit au boycott

Le représentant de Géorgie était opposé au mouvement de boycott d’Israël, mais – ses pensées se tournent vers les boycotts d’entreprises qui ont contribué à propulser le mouvement des droits civils – il défendait farouchement le droit au boycott.

John Lewis, décédé à l’âge de 80 ans, était le plus jeune et le dernier survivant des six grands militants des droits civiques ayant organisé la Marche sur Washington en 1963, et s’est exprimé peu avant que le chef du groupe, le révérend Martin Luther King Jr, ne prononce son célèbre discours « I Have a Dream ». Atlanta le 19 juillet 2020. (AP Photo/Mike Stewart)

Il s’est opposé à une législation locale et a proposé des lois fédérales qui pénaliseraient les boycotteurs et s’est joint à deux jeunes élues du Congrès soutenant le mouvement de boycott, de désinvestissement et de sanction d’Israël en parrainant une résolution affirmant le droit des Américains à boycotter, une résolution contre laquelle des groupes centristes pro-israéliens ont fait pression.

Le co-parrainage de la résolution était « une simple démonstration de mon engagement continu à la capacité de chaque Américain à exercer le droit fondamental du Premier Amendement de protester par des actions non violentes », avait-il justifié à l’époque.

« Je veux qu’il soit très clair que je ne suis pas du tout d’accord avec le mouvement BDS », a-t-il précisé dans la même déclaration. Il a traduit ses paroles en actes, en co-parrainant une résolution qui condamne, mais ne pénalise pas le mouvement BDS.

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