Israël en guerre - Jour 646

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  • « Pièce de danse » de Rona Yefman, pour l'exposition Ramat Yohanan Shavouot, du 30 mai au 30 juin 2025. (Crédit : Elad Sarig)
    « Pièce de danse » de Rona Yefman, pour l'exposition Ramat Yohanan Shavouot, du 30 mai au 30 juin 2025. (Crédit : Elad Sarig)
  • « With the Wheat » (Avec le blé) de Noa Arad Yairi, pour l'exposition Ramat Yohanan Shavouot, du 30 mai au 30 juin 2025. (Crédit : Elad Sarig)
    « With the Wheat » (Avec le blé) de Noa Arad Yairi, pour l'exposition Ramat Yohanan Shavouot, du 30 mai au 30 juin 2025. (Crédit : Elad Sarig)
  • « Stepping and Harvesting » (Marcher et récolter) de l'artiste Efrat Natan, pour l'exposition Ramat Yohanan Shavouot, du 30 mai au 30 juin 2025. (Crédit : Noam Edry)
    « Stepping and Harvesting » (Marcher et récolter) de l'artiste Efrat Natan, pour l'exposition Ramat Yohanan Shavouot, du 30 mai au 30 juin 2025. (Crédit : Noam Edry)
  • Photo d'une fête de Shavouot à Mishmar HaEmek, en 1942. (Crédit : Yaakov Rosner/Archives KKL-JNF)
    Photo d'une fête de Shavouot à Mishmar HaEmek, en 1942. (Crédit : Yaakov Rosner/Archives KKL-JNF)
  • Célébrations de Shavouot, au kibboutz Ramat Yohanan, en 1945. (Crédit : Yaakov Rosner/Archives KKL-JNF)
    Célébrations de Shavouot, au kibboutz Ramat Yohanan, en 1945. (Crédit : Yaakov Rosner/Archives KKL-JNF)

Le kibboutz Ramat Yohanan fête 80 ans de chants et de danses de Shavouot

Pour la fête des récoltes, le kibboutz accueille une grande exposition inspirée d’œuvres de la période pré-étatique de la chorégraphe Leah Bergstein et du compositeur Mattityahu Shelem

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Cela fait longtemps que les kibboutzim Israéliens fêtent Shavouot par des cérémonies qui célèbrent la fête des récoltes grâce à des chants et grâce à des danses qui imitent le mouvement des faucheuses en train de couper le blé, ou des agriculteurs qui portent des paniers remplis de fruits frais.

Certains de ces rituels sont attribués à deux membres fondateurs du kibboutz Ramat Yohanan, situé dans le nord du pays : la chorégraphe Leah Bergstein et le compositeur Mattityahu Shelem. Ensemble, ils ont créé des cérémonies agricoles il y a de cela près de 80 ans.

Désireux de fêter les moments importants de l’activité agricole et du calendrier juif, Bergstein et Shelem ont composé des morceaux de musique et chorégraphié des danses inspirées des traditions naissantes de leur communauté agricole, antérieure à la création de l’État d’Israël.

Cette année, le kibboutz Ramat Yonanan, dirigé par l’un des siens, l’artiste Noam Edry, célèbre le 80ᵉ anniversaire de la première cérémonie de Shavouot organisée par le kibboutz avec les chants et avec les danses de ces artistes, en 1945. Edry, qui a grandi dans ce kibboutz et qui est revenue y vivre il y a de cela plusieurs années, a invité des artistes contemporains à y exposer leurs œuvres.

L’exposition « As the Sheaf Passes » (« Ainsi passent les gerbes ») rassemble des artistes confirmés et des créateurs des environs autour d’installations dynamiques qui redonnent vie aux chorégraphies de Bergstein et aux chants de Shelem.

« Tout le kibboutz est un musée », explique Edry.

Mère de la danse folklorique israélienne, la chorégraphe Leah Bergstein, issue des archives du kibboutz Ramat Yohanan. (Crédit : Bibliothèque nationale d’Israël)

« C’est une idée très nouvelle pour nous, réellement novatrice, tout comme ils l’ont été, eux qui ont été des pionniers sur le plan artistique. »

Souvent considérée comme l’une des pionnières de la danse folklorique israélienne, Bergstein est originaire de l’actuelle Ukraine. Avec ses parents et ses six frères et sœurs, elle a trouvé refuge à Vienne au début de la Première Guerre mondiale. C’est d’ailleurs là qu’elle a étudié la danse moderne avec un compagnon d’Isadora Duncan, en chorégraphiant des œuvres inspirées de vases de la Grèce antique et en s’initiant aux festivals folkloriques grâce aux travaux du chorégraphe austro-hongrois Rudolf von Laban.

La toute jeune chorégraphe, qui s’installe en Palestine sous mandat britannique en 1925, vit alors dans le kibboutz Beit Alfa lorsque des bergers lui demandent de créer une fête autour de la tonte des moutons, inspirée de ce que font leurs voisins bédouins.

Né en Pologne, Mattityahu Shelem est l’un de ces bergers du kibboutz. Il est l’auteur de chansons israéliennes bien connues autour de la tonte des moutons, comme« Se uGedi » (« Un agneau et un chevreau »), « Sisu vesimchuna » (« Réjouissez-vous et célébrez ») et « Sheep and Goat, Goat and Sheep Went Out Together to the Field » (« Les moutons et les chèvres sont partis ensemble dans les champs »), que Bergstein a chorégraphié.

Le compositeur et berger Mattityahu Shelem, au kibboutz Ramat Yohanan. (Crédit : Archives de Ramat Yohanan)

Dans les années 1940, Bergstein, Shelem et d’autres membres du kibboutz Beit Alfa s’installent à Ramat Yohanan suite à une querelle idéologique.

« Ramat Yohanan offrait beaucoup plus de liberté que Beit Alfa », explique Edry. « Beit Alfa penchait davantage vers le stalinisme. Lorsque le kibboutz s’est divisé, Ramat Yohanan a triplé de taille du jour au lendemain. »

Dans leur nouveau kibboutz, Bergstein et Shelem créent plusieurs cérémonies festives inspirées des calendriers juif et agricole, comme la fête d’Omer, qui marque le début des 49 jours depuis Pessah, sans oublier Shavouot et Souccot.

Bergstein construit une scène dans les champs de blé dont la piste de danse est recouverte de gerbes de blé afin de donner l’illusion que les danseurs évoluent sur les épis. Sa troupe, issue du kibboutz, se produit partout en Israël et d’autres communautés adoptent ses chorégraphies inspirées des fêtes rurales, souligne Edry.

L’exposition d’Edry pour le 80ᵉ anniversaire s’inspire des chansons de Shelem et des chorégraphies de Bergstein.

« Ces pionniers, Matti et Leah, voulaient rendre hommage aux cérémonies sacrificielles anciennes et les adapter à ce nouveau monde. Leur collaboration était tellement forte que leur oeuvre s’est diffusée comme une traînée de poudre », ajoute-t-elle.

« Tout a du sens ; ce n’est pas uniquement du divertissement. »

Les artistes ont été invités à comprendre en quoi ces cérémonies sont devenues essentielles à la vie israélienne, en s’inspirant des paroles de Shelem et des chorégraphies de Bergstein, en les disséquant et en les recombinant dans leurs œuvres, poursuit Edry.

Une sculpture de l’artiste conceptuelle Efrat Natan, intitulée « Stepping and Harvesting » (« Marcher et récolter »), est composée de 24 faucilles disposées en spirale pour reproduire à la fois les mouvements inhérents à la récolte du blé et les chorégraphies de Bergstein.

Le musicien Noam Enbar, dont les grands-parents font partie des fondateurs de Ramat Yohanan et dont les souvenirs de la fête d’Omer l’ont inspiré pour créer le Great Gehenna Choir, un chœur original et décalé, a installé des œuvres vidéo dans l’miklat – abri anti-atomique – du kibboutz.

« Bubbling Bubbles » d’Atar Geva pour l’exposition Ramat Yohanan Shavouot, du 30 mai au 30 juin 2025. (Crédit : Elad Sarig)

Décédée en 2017, Rona Yefman, artiste new-yorkaise qui a grandi à Ramat Yohanan et qui a étudié avec Bergstein, a chorégraphié une œuvre avec des danseurs du kibboutz, présentée en plusieurs points du kibboutz, tandis qu’Atar Geva, artiste plasticien formé à Bezalel, a créé « Bubbling Bubbles », une installation composée d’algues spirulines et d’eau en hommage à la fête de l’eau de Ramat Yohanan, habituellement célébrée pendant Souccot.

« Nous tentons de montrer que Matti et Leah voyaient dans ces cérémonies quelque chose de magique, qui a inspiré des générations d’artistes dans tous les domaines », explique Edry.

« Nous voulons montrer l’énorme influence qu’a eu leur œuvre sur l’art et la culture en Israël. »

Ce sont 52 artistes qui exposent leurs œuvres dans le cadre de cette exposition ouverte tous les week-ends jusqu’à la fin juin. Les œuvres sont réparties en six lieux du kibboutz, habituellement utilisés à d’autres fins, comme cette salle commémorative où l’on fait habituellement du yoga ou encore la piscine du kibboutz.

C’est une grande première pour Ramat Yohanan, qui a très à coeur la préservation des cérémonies traditionnelles, ajoute Edry.

Elle qui a passé une partie de son enfance et de son adolescence à Londres est finalement revenue au kibboutz après avoir vécu avec son époux et leurs enfants à Tel Aviv.

Cela faisait longtemps qu’elle rêvait de faire venir des artistes contemporains au kibboutz, et l’occasion s’est présentée lorsque le kibboutz lui a demandé de s’occuper de cette exposition.

Ces dix-huit derniers mois, suite au pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, le 7 octobre 2023, au cours duquel plus de 1 200 personnes ont été tuées et 251 prises en otage et emmenées de force à Gaza, Edry et ses bénévoles ont parfois douté de la pertinence de leur travail.

Mais leur projet a pris un sens nouveau.

Noam Edry, conservatrice de l’exposition Ramat Yohanan Shavouot, du 30 mai au 30 juin 2025. (Crédit : Itzik Edry)

« L’exposition présente des œuvres consacrées au 7 octobre, créées par des artistes en hommage aux victimes du massacre », souligne Edry.

« Elles montrent à quel point les symboles imaginés par Shelem et Bergstein, comme le blé et les champs, sont plus que jamais d’actualité. Ce sont des allégories de notre temps, de la situation actuelle des kibboutzim en Israël et de ce que signifie faire partie d’une communauté face à cette guerre. »

Une artiste, Michal Shachnaï, s’est inspirée d’une chorégraphie de Bergstein pour créer une œuvre vidéo dans laquelle des dunes de sable s’élèvent et s’effondrent, métaphore des kibboutzim du sud attaqués si violemment le 7 octobre, se demandant si le kibboutz pourra un jour renaître de ses cendres.

« Nous ne pouvions ignorer ces éléments », conclut Edry.

« Tout cela a, aujourd’hui encore, un fort écho en nous. »

« Dor leDor Yabia Omer » est visible du 30 mai au 30 juin, à Ramat Yohanan. Les vendredi, de 10 h à 13 h, avec des visites guidées à 10 h et 11 h. Les samedi, de 11 h à 14 h, avec visites guidées à 11 h et 12 h.

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