Israël en guerre - Jour 495

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  • Jonathan Elkhoury (à gauche), qui a fui le Liban à l'âge de neuf ans en tant que réfugié avec ses proches, anciens membres de l'ALS, devant la Maison Blanche lors d'un rassemblement pro-israélien en septembre 2024. (Autorisation)
    Jonathan Elkhoury (à gauche), qui a fui le Liban à l'âge de neuf ans en tant que réfugié avec ses proches, anciens membres de l'ALS, devant la Maison Blanche lors d'un rassemblement pro-israélien en septembre 2024. (Autorisation)
  • Maryam Younnes photographiée à l’université Bar Ilan, où elle est étudie et est membre du service de presse. (Autorisation)
    Maryam Younnes photographiée à l’université Bar Ilan, où elle est étudie et est membre du service de presse. (Autorisation)
  • Stephani Haleli Elias sur son lieu de travail au Hashef College de Haïfa, le 6 octobre 2024. (Autorisation)
    Stephani Haleli Elias sur son lieu de travail au Hashef College de Haïfa, le 6 octobre 2024. (Autorisation)
  • Jonathan Elkhoury prend la parole lors d’un événement organisé par DiploAct, dans le New Jersey, en septembre 2024. (Autorisation/DiploAct)
    Jonathan Elkhoury prend la parole lors d’un événement organisé par DiploAct, dans le New Jersey, en septembre 2024. (Autorisation/DiploAct)
Pour les Libanais, le Hezbollah roule pour l’Iran

Pour la deuxième génération de l’Armée du Sud-Liban, la mort de Nasrallah est un « espoir »

Les ex-membres de l’ALS refusent de parler des représailles, mais ces jeunes Libano-Israéliens croient de leur devoir de dire la vérité sur le Hezbollah

Une semaine après l’assassinat d’Hassan Nasrallah, Maryam Younnes, 29 ans, chrétienne maronite et fille d’un ancien commandant de l’Armée du Sud-Liban, disait que l’assassinat du chef du Hezbollah était « la chance dont nous avions toujours rêvé mais que nous ne croyions pas possible ».

La jeune génération, qui a grandi en Israël, est prête à parler publiquement de l’assassinat de Nasrallah, mais leurs aînés – les hommes qui ont combattu pour l’ALS ou ceux qui ont de la famille proche au Liban – sont plus réticents à s’exprimer.

Certains craignent pour la sécurité de leur famille restée dans le sud-Liban, d’autres sont impliqués dans la fourniture d’aide aux villages chrétiens isolés – comme Rmeish -, proches de la frontière avec Israël et pris sous le feu de tirs croisés.

« Un jour, je parlerai », assure un ex-officier de l’ALS, dans le nord d’Israël, qui demande à ce que son nom ne soit pas révélé. « Mais en ce moment, c’est trop dangereux. »

Un autre homme encore, autrefois lié à l’ALS, explique qu’Israël « doit en finir avec le Hezbollah une bonne fois pour toutes ».

Younnes, qui a grandi dans une petite ville du nord d’Israël, s’estime particulièrement bien placée pour parler de ce qui se passe actuellement au Liban et en Israël. Elle est extrêmement fière de son pays d’adoption, qui l’a « aimée immédiatement », dès son arrivée et celle de sa famille en tant que réfugiés en 2000. Mais elle aspire à retourner dans son pays natal, le Liban.

« La plupart des Libanais voient le Hezbollah comme une entité étrangère qui travaille pour l’Iran et non pour le peuple libanais », expliquait-elle au Times of Israel lors d’une visio-conférence.

Etudiante en master de communication politique à l’Université Bar Ilan, Younnes est membre de Sharaka, ONG dont le nom signifie « Partenariat » en arabe et qui a vu le jour dans la foulée des accords d’Abraham, en 2020. Dans ses vidéos en anglais, elle est éloquente, intelligente et précise ; en arabe, elle met l’accent sur la culture israélienne et son style est tout aussi persuasif qu’amusant.

Ses publications optimistes sur les réseaux sociaux – en arabe, avec un accent libanais – lui ont valu des centaines de milliers de vues un peu partout dans le monde, et particulièrement en Égypte, Syrie et Liban. Elle a un faible pour les vidéos culturelles sur les fêtes et lieux très spéciaux en Israël, comme le Saint-Sépulcre à Jérusalem ou les terrasses à Tel Aviv. Elle a envie que les arabophones comprennent Israël. Elle a aussi envie que tout le monde sache comment le Liban voit le Hezbollah.

« Evidemment que je reçois des messages de haine », dit-elle. Certains la maudissent, mais beaucoup, en privé, soutiennent secrètement ce qu’elle fait. Elle n’a pas peur pour sa sécurité mais s’inquiète pour ses proches restés au Liban.

Le peuple libanais est soulagé que le Hezbollah ait subi des pertes mais il n’en reste pas moins une « organisation terroriste qui pourrait chercher à se venger ».

Illustration : Des combattants du Hezbollah lèvent le poing et crient des slogans lors des funérailles de leur commandant en chef Ali Dibs, tué par une frappe aérienne israélienne dans la ville de Nabatiyeh, dans le sud du Liban, le 16 février 2024. (Crédit : AP Photo/Mohammed Zaatari)

« Personne ne nous connaît ou presque »

Younnes avait cinq ans quand son père a fui le sud-Liban en même temps que des milliers de soldats de l’ALS et de leurs familles, dans la foulée du retrait de Tsahal de la zone de sécurité, en mai 2000.

Cette zone de sécurité était large d’environ 24 kilomètres : là, l’armée israélienne et son mandataire, l’armée du Sud-Liban, ont tenté d’éloigner les terroristes palestiniens et du Hezbollah de la frontière israélienne.

« Malheureusement, Israël s’est retiré sans un accord à la clef », explique M. Younnes. « Nous avons dû nous enfuir parce que le Hezbollah a dit : ‘Nous allons vous massacrer pendant votre sommeil.’ »

En Israël, Younnes a grandi en regardant les émissions de télévision libanaises et les informations libanaises », dit-elle, avec des parents qui « voulaient retourner au Liban ».

Maryam Younnes photographiée à l’université Bar Ilan, où elle est étudie et est membre du service de presse. (Autorisation)

Toutefois, elle – et d’autres enfants de membres de l’ALS – étaient « très intégrés au sein de la société israélienne, parlant parfaitement l’hébreu et célébrant les fêtes juives avec des amis ».

En 2004, la Knesset a adopté une loi accordant la nationalité à tous les membres de l’ALS et à leurs familles, quatre ans après le retrait de Tsahal.

« Nous sommes considérés comme des frères de sang et c’est pourquoi Israël nous a accordé la nationalité », estime Younnes.

Elle est allée en classe avec des élèves juifs et les enseignants lui demandaient toujours « de raconter notre histoire », ce que ses parents encourageaient eux aussi.

Younnes se considère désormais comme la « voix » des chrétiens maronites, « les peuples autochtones du Liban ». Elle veut aussi parler de l’ALS, que « personne ne connaît ou presque ».

L’ironie de l’histoire

Depuis le 8 octobre 2023, les forces dirigées par le Hezbollah attaquent presque chaque jour les communautés israéliennes et postes militaires situés le long de la frontière, officiellement en gage de soutien à Gaza en proie à la guerre.

Jusqu’à présent, les escarmouches ont fait 28 morts côté civils israéliens sans oublier 37 soldats et réservistes de Tsahal.

Younnes souligne qu’il est ironique que le Hezbollah prétende mener la guerre contre Israël en soutien au Hamas alors que, de 1984 à 1990, les Palestiniens – qui sont des musulmans sunnites – se sont battus contre certains adeptes du Hezbollah, qui sont eux chiites.

Des soldats de l’armée libanaise se déploient après des affrontements entre hommes armés sunnites et chiites dans la ville portuaire de Sidon, dans le sud-Liban, le 11 novembre 2013. (Mohammed Zaatari/AP)

À peu près à la même époque, les chrétiens de l’armée du Liban-Sud ont également combattu plusieurs factions musulmanes. La guerre civile qui a éclaté en 1975 et s’est propagée à des pans entiers de la société libanaise, a duré jusqu’en 1990.

Aujourd’hui, on estime que le Liban compte environ 60 % de musulmans, avec une quasi parité entre chiites et sunnites, 30 % de chrétiens – principalement des maronites et des grecs orthodoxes et 10 % de Druzes et d’autres minorités. C’est une démocratie extrêmement fragile.

Younnes voudrait que tout le monde comprenne qu’Israël est en guerre contre le Hezbollah, et non contre le Liban : selon elle, il faudrait qualifier ces conflits de « guerres Israël-Hezbollah », et non de deuxième et aujourd’hui troisième guerre du Liban, comme certains le font.

La première guerre du Liban, en 1982, a été « beaucoup plus compliquée », estime Younnes, et ne peut pas être qualifiée de guerre contre le Hezbollah puisque l’organisation terroriste n’a pris le pouvoir que dans les années 1990.

La guerre actuelle pourrait être l’occasion de forcer le Hezbollah à rendre les armes, dit-elle, et laisser les autorités libanaises être les seules dépositaires de l’autorité au Liban.

Le Liban et Israël sont semblables, ajoute Younnes, « les deux pays veulent la paix ».

Des chrétiens libanais tiennent des rameaux d’olivier et des feuilles de palmier lors de la procession traditionnelle du dimanche des Rameaux à Rmeish, village libanais frontalier d’Israël, le dimanche 24 mars 2024. (Crédit : AP/Mohammed Zaatari)

Un défenseur des minorités

Jonathan Elkhoury, 32 ans, avait neuf ans lorsque ses proches et lui, ex-membres de l’ALS, ont fui le Liban en tant que réfugiés : il a grandi à Haïfa. En sa qualité de membre de la communauté LGBTQ+, il est devenu conférencier pour défendre Israël.

Il explique au Times of Israel avoir été « tellement absent ces dix dernières années » et qu’il n’a pas peur. Pourtant, nombreux sont les Libanais à « craindre les représailles des terroristes du Hezbollah qui se trouvent toujours dans le sud-Liban ».

« Nous parlons de milliers de soldats du Hezbollah », précise-t-il. « Je ne les qualifie pas ‘juste’ de terroristes parce qu’ils opèrent comme une armée, mieux que l’armée libanaise. »

Elkhoury dit que « beaucoup de Libanais savent que le Hezbollah a causé la chute de l’économie et du mode de vie au Liban », et ce, même s’ils ne le disent pas haut et fort.

« Tout est bloqué, politiquement, économiquement et stratégiquement à cause du Hezbollah », poursuit-il. « Nasrallah et le Hezbollah terrorisent le peuple libanais depuis les années 1980. »

Lorsque les gens s’opposaient au Hezbollah, Nasrallah les faisait assassiner, affirme Elkhoury. Aujourd’hui, il espère que les choses ont changé.

Jonathan Elkhoury prend la parole lors d’un événement organisé par DiploAct, dans le New Jersey, en septembre 2024. (Autorisation/DiploAct)

Silencieuse, la vague de fond d’opposition au Hezbollah s’est levée après l’explosion, en 2020, du nitrate d’ammonium que l’organisation terroriste stockait dans le port de Beyrouth. L’explosion a tué plus de 200 personnes, en a blessé des milliers et mis 300 000 personnes à la rue.

Ensuite, explique Elkhoury, lorsque les hommes armés du Hezbollah libanais ont commencé à se faire tuer au Yémen, en Irak ou en Syrie, les gens ont pris conscience que l’organisation terroriste était la « résistance islamique ‘au’ Liban, et non ‘pour’ le Liban ».

Le Hezbollah a toujours fait partie d’une « vision impérialiste de l’Iran pour prendre le contrôle du Moyen-Orient », explique Elkhoury.

Mais l’assassinat de Nasrallah est un « espoir », dit-il. La guerre donne au Liban l’occasion de créer une coalition entre Libanais et Israéliens capable de « rétablir la souveraineté du Liban et créer les conditions d’une paix durable ».

Maryam Younnes, à droite, avec Dan Feferman, directeur exécutif de Sharaka, lors d’une table ronde à Los Angeles en janvier 2024. (Autorisation)

Un message prophétique pour Nasrallah

Plus de 40 000 personnes, notamment au Liban, en Syrie, en Jordanie et en Égypte, ont regardé en juin dernier, sur différents réseaux sociaux, le message adressé en arabe par Stephani Haleli Elias, 28 ans, à Nasrallah.

« Des plus terribles que vous sont partis », a déclaré Elias face caméra. « Même vous, finirez par partir et vous ne nous ferez plus peur. »

Elias, qui a elle aussi quitté le Liban avec ses proches membres de l’ALS, à l’âge de quatre ans, explique au Times of Israel qu’en juin dernier, au moment de cette vidéo, elle avait « un fort pressentiment concernant Nasrallah ».

Elle pensait que l’armée israélienne « l’entraînerait dans cette guerre, et que cette fois-ci, il n’y survivrait pas ».

Stephani Haleli Elias sur son lieu de travail au Hashef College de Haïfa, le 6 octobre 2024. (Autorisation)

Là où Younnes fait découvrir Israël à ses followers, Elias publie des vidéos de son quotidien. Le jour de l’enregistrement de son message pour Nasrallah, elle portait un t-shirt rayé noir et blanc, simple mais élégant, et ne semblait pas intimidée, comme si elle s’entretenait en tête-à-tête avec l’un des chefs terroristes les plus infâmes qui soit.

Elle précise que sa famille, ainsi que « tous ceux qui appartenaient à l’ex-armée du Sud-Liban, sont heureux » que Nasrallah soit mort. Sa mort lui donne de l’espoir, mais elle précise que, pour ses parents, la guerre contre le Hezbollah ne s’est pas terminée – et ne doit pas se terminer – avec la mort de Nasrallah.

« Nous avons arrêté les combats en 2000, une nouvelle fois en 2006 », poursuit-elle. « C’est la troisième guerre, cette fois, il faut aller jusqu’au bout. »

Le 7 octobre 2023, 3 000 hommes lourdement armés dirigés par le Hamas ont envahi les communautés de Gaza pour s’y livrer à des actes de violence sans commune mesure qui ont fait 1 206 morts. Au-delà de ces morts, les terroristes ont commis des atrocités d’une effroyable brutalité, s’adonnant à la torture et au viol, et fait 251 otages. Selon les autorités israéliennes, 97 d’entre eux sont toujours otages, auxquels s’ajoutent quatre autres personnes otages à Gaza depuis une dizaine d’années.

Peu de temps après les faits, Elias a publié une vidéo en arabe pour expliquer ce qu’elle ressentait suite au pogrom perpétré par le Hamas. Cette publication a été vue plus d’un million de fois et a permis à la réceptionniste du HaShef College, une école culinaire de Haïfa, de faire quelques apparitions à la télévision israélienne.

Stephani Haleli Elias lors d’une interview avec la Treizième chaine en janvier 2024. (Capture d’écran)

Certains arabophones l’ont attaquée « parce que la vérité les dérange » mais d’autres lui envoient des messages pour lui dire qu’ils sont – secrètement – d’accord avec elle.

Scolarisée dans une école hébréophone, elle a souvent été en butte au racisme. « Des gamins me traitaient de terroriste », se souvient-elle, mais elle avait aussi des amis juifs et vivait parmi les Juifs. Au fil de l’eau, elle est tombée amoureuse du judaïsme et s’est dit qu’elle voulait que les enfants qu’elle aurait un jour soient juifs et vivent en Israël.

En février dernier, Elias, en larmes, a publié la vidéo de sa conversion sur les réseaux sociaux.

« Il faut bien comprendre que nous sommes un pays spécial », dit-elle. « Ni la Knesset, ni le gouvernement, ni la guerre n’y changeront rien. »

En pensant à l’avenir du Liban, de l’autre côté de la frontière, Younnes affirme que l’élimination de Nasrallah « a créé un vide immense ».

« Qui pourrait prendre cette place ? » interroge Younnes.

« J’espère que ce sera l’occasion d’en finir avec le Hezbollah et de permettre aux forces libanaises de reprendre le contrôle du Liban. »

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