Israël en guerre - Jour 395

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  • Une cérémonie commémorant les 20 résidents tués par le Hamas le 7 octobre 2023 à  Netiv Haasara, le 6 octobre 2024. (Crédit : Shalom Yerushalmi/Times of Israel)
    Une cérémonie commémorant les 20 résidents tués par le Hamas le 7 octobre 2023 à Netiv Haasara, le 6 octobre 2024. (Crédit : Shalom Yerushalmi/Times of Israel)
  • Le drapeau israélien à Netiv Haasara est mis en berne pour commémorer le premier anniversaire du massacre du 7 octobre, le 6 octobre 2024. (Crédit : Shalom Yerushalmi / Times of Israel)
    Le drapeau israélien à Netiv Haasara est mis en berne pour commémorer le premier anniversaire du massacre du 7 octobre, le 6 octobre 2024. (Crédit : Shalom Yerushalmi / Times of Israel)
  • Itamar Revivo, le chef du conseil régional de la côte d'Ashkelon (vêtu d'une chemise bleu clair) à la plage de Zikim le 6 octobre 2024 (Crédit : Shalom Yerushami/Times of Israel)
    Itamar Revivo, le chef du conseil régional de la côte d'Ashkelon (vêtu d'une chemise bleu clair) à la plage de Zikim le 6 octobre 2024 (Crédit : Shalom Yerushami/Times of Israel)
  • Le colonel (Rés.) Marco Azuelos à "l'exposition des voitures incendiées" qu'il a organisée. 6 octobre 2024 (Shalom Yerushalmi / Times of Israel)
    Le colonel (Rés.) Marco Azuelos à "l'exposition des voitures incendiées" qu'il a organisée. 6 octobre 2024 (Shalom Yerushalmi / Times of Israel)

Un an après, dans les communautés frontalières de Gaza, du désespoir et un espoir énorme

Au premier anniversaire du pogrom du 7 octobre, les habitants de « l’enveloppe de Gaza » pleurent leurs morts tout en promettant d’aider à reconstruire un foyer meilleur, plus sûr

Shalom Yerushalmi est analyste politique pour Zman Israël, le site en hébreu du Times of Israël sur l'actualité israélienne.

« Le pays est comme un disque rayé », me dit le député Benny Gantz. « Au mois d’octobre 1973, nous avons connu la débâcle de la guerre du Kippour. Cinquante ans plus tard, nous connaissons la débâcle du 7 octobre. Nous sommes sortis de la catastrophe du Kippour et nous sortirons de celle-ci aussi ».

« Notre société est étonnante – elle est bien meilleure que ses dirigeants », ajoute-t-il. « La semaine dernière, je suis allé dans tout le pays, de Kiryat Shmona aux communautés frontalières de Gaza, en passant par Tibériade. La société israélienne est bien plus forte que ceux qui la gouvernent. Elle s’en remettra. »

Gantz, qui réside actuellement au kibboutz Yad Mordechai – un kibboutz qui est situé à 5,6 kilomètres au nord de la frontière de Gaza – insiste sur le fait que son désormais célèbre « discours des anémones » est toujours d’actualité et que les communautés de la frontière de Gaza connaîtront à nouveau la prospérité. Même au cours de l’année à venir, dit-il.

Il y a dix ans, alors que l’Opération bordure protectrice, qui avait pris pour cible le Hamas, était sur le point de s’achever à Gaza, Gantz, qui était alors le chef d’état-major de l’armée israélienne, avait prononcé ce discours controversé alors qu’il se tenait à proximité de la frontière avec l’enclave côtière : « En effet, l’été a été particulièrement chaud ici », avait-il dit, faisant référence à la vie agitée qui avait été celle de nombreux habitants du sud du pays. « Mais l’automne va venir. La pluie nettoiera la poussière des chars. Les champs verdiront et le sud rougira – d’un rouge éclatant, au sens positif du terme. Les anémones, les fleurs et la stabilité seront là, et elles se maintiendront pendant de très nombreuses années. »

En ce dimanche, je rencontre Gantz, qui dirige aujourd’hui le parti d’opposition HaMahane HaMamlahti, au moshav Netiv Haasara, lors d’une cérémonie remplie d’émotion qui a été organisée en hommage aux 20 résidents qui avaient été assassinés par le Hamas au sein de cette communauté, le 7 octobre 2023.

Un jardin circulaire qui porte le nom de « jardin des vingt » a été aménagé dans le moshav en mémoire des défunts. Il est entouré de 20 oliviers. En son centre, un mât de 50 mètres de haut sur lequel flotte ce qui est dorénavant considéré comme le plus grand drapeau israélien du pays, d’une taille de 200 mètres carrés. Ce dimanche, le drapeau a été mis en berne – il reste pourtant visible depuis Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Une cérémonie commémorant les 20 résidents tués par le Hamas le 7 octobre 2023 à Netiv Haasara, le 6 octobre 2024. (Crédit : Shalom Yerushalmi/Times of Israel)

Un grand nombre de personnes présentes laissent couler leurs larmes lors de la cérémonie. Les familles des victimes pleurent, incapables de retenir leurs sanglots, alors que les résidents évoquent leurs êtres chers. Et pourtant, dans cette atmosphère lourde, recueillie, il y a aussi de l’espoir – cet espoir exprimé par ceux qui ont pourtant subi les coups les plus durs.

« Ne laissez pas le chagrin et l’obscurité l’emporter », demande Alfredo Wachs, qui a perdu ses deux fils, Amit et Yigal, qui étaient membres de l’équipe d’intervention de Netiv Haasara, le 7 octobre.

Et telle est la réalité sur le terrain. Un an après le massacre, les habitants des communautés de la frontière de Gaza ressentent un désespoir profond – mais aussi de l’optimisme. Et aucun d’entre eux n’est en mesure d’établir clairement où il se situe personnellement sur cette échelle émotionnelle.

Yad Vashem du 7 octobre

A proximité du village de Tkuma, il y a un nouveau site – celui qui accueille « l’exposition des voitures incendiées », une exposition qui a été inaugurée il y a déjà quelques mois. Elle est unique au monde. Mille cinq cent soixante voitures brûlées il y a un an, dont certaines avec leurs passagers à l’intérieur, ont été amenées ici depuis toute l’enveloppe de Gaza.

« L’exposition des voitures incendiées » qui présente 1 560 voitures brûlées par les terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023 (Crédit : Shalom Yerushalmi / Times of Israel)

Des centaines de véhicules sont ainsi empilés les uns sur les autres. Des centaines d’autres voitures ont été garées dans un champ. Des dizaines d’entre elles, qui sont l’occasion de raconter des histoires d’actes héroïques, sont placées à l’avant du site. Des véhicules et des motos brûlés qui appartenaient à des terroristes du Hamas ont également été amenés ici.

Un projet terrible qui est l’œuvre du colonel réserviste Marco Azuelos, qui appartient au Commandement du front intérieur. Le colonel Azuelos a baptisé les lieux le « Yad Vashem du 7 octobre ». Chaque véhicule calciné rappelle une tragédie. La visite de cette exposition est souvent un moment bouleversant et difficile pour les membres des familles des victimes – certaines ont dû être prises en charge par les secours.

Les descriptions, les reconstitutions et les images des objets trouvés dans chaque voiture sont insupportables. Après une année passée à examiner la catastrophe et ses ravages, Azuelos est parvenu à une conclusion ferme : il ne faut pas compter sur l’armée.

En ce dimanche, des membres du conseil régional de Mateh Yehuda sont présents sur le site. Seize communautés de ce conseil sont situées le long de la ligne qui sépare Israël de la Cisjordanie, en face de villages palestiniens, tels que Zurif et Beit Surik. Azuelos exhorte le chef du conseil, Avishai Cohen, à se préparer à un assaut palestinien qui viendrait de Cisjordanie, une invasion semblable à celle du 7 octobre.

Le colonel (Rés.) Marco Azuelos à « l’exposition des voitures incendiées » qu’il a organisée. 6 octobre 2024 (Shalom Yerushalmi / Times of Israel)

« Préparez-vous. Efforcez-vous de tout faire vous-même. Personne ne viendra vous aider », déclare Azuelos. « Personne ne viendra dans les petites communautés, oubliez ça », ajoute-t-il, encourageant les chefs des conseils locaux à créer des milices privées.

« Ce n’est pas non plus une bonne idée de compter sur la police », renchérit Shai Hajaj, le chef du conseil régional de Merhavim, qui est membre du Likud. Dans son conseil, 17 hommes et femmes ont été assassinés le 7 octobre, dont un de ses proches au kibboutz Nahal Oz.

Pourtant, Hajaj considère le 7 octobre comme un tournant historique. Selon lui, la menace de Gaza est définitivement écartée pour la première fois depuis la guerre du Sinaï, qui avait eu lieu en 1956. « La bande de Gaza est démantelée », dit Hajaj en désignant Beit Hanoun avec dédain. « Cet événement est dorénavant derrière nous. Nous ne pouvons que regarder vers l’avenir ».

Reconstruction obsessionnelle à Zikim

Il y a un sentiment de dépression qui imprègne la zone frontalière. Mais il y a aussi comme de l’obsession.

La plage de Zikim a toujours été considérée comme l’une des plus belles plages d’Israël. Le 7 octobre, 19 civils israéliens y avaient été assassinés après l’arrivée, en hors-bord, de terroristes du Hamas. Parmi les victimes se trouvaient des adolescents qui s’étaient cachés dans un abri antiaérien qui était situé à proximité.

Des travaux en cours sur la plage de Zikim, le 6 octobre 2024. (Crédit : Shalom Yerushalmi / Times of Israel)

La plage est désertée depuis un an – elle a été fermée sur ordre de l’armée. L’Autorité Tekuma, l’instance gouvernementale qui est en charge de la reconstruction et du développement des communautés qui courent le long de la frontière de Gaza et qui a été établie après le 7 octobre, a annoncé le mois dernier qu’elle rouvrirait rapidement. Pour l’instant, elle reste inaccessible au public – mais Itamar Revivo, le chef du conseil régional de la côte d’Ashkelon, a décidé de raser la plage et de la reconstruire en repartant de zéro.

Revivo a investi des millions dans ce projet. Il a construit une large promenade bordée de palmiers qui mène à la plage. Il a créé de nouvelles routes d’accès pavées ; il a créé un lac artificiel, il a installé des auvents et un bureau pour les services de secours en mer. Il a même mis en place un centre de sports nautiques.

Il se rend sur le site deux fois par jour, tous les jours, pour superviser les travaux. Dans son obsession, Revivo prévoit de rouvrir la plage dans deux semaines, pendant Souccot, comme s’il y avait des Israéliens qui seraient intéressés à l’idée de passer une journée sur la côte adjacente à Gaza à ce moment-là.

Revivo en est convaincu : la plage de Zikim est importante pour les communautés situées le long de la frontière de Gaza – et tant qu’elle ne sera pas rouverte, la vie des habitants ne pourra pas reprendre son cours habituel. C’est ce qui explique son empressement, note-t-il.

Itamar Revivo, le chef du conseil régional de la côte d’Ashkelon (vêtu d’une chemise bleu clair) à la plage de Zikim le 6 octobre 2024 (Crédit : Shalom Yerushami/Times of Israel)

« Le rétablissement de la région frontalière de Gaza commence par la réouverture de cette plage », insiste-t-il. « Une plage est un lieu qui soigne. C’est un lieu qui guérit les âmes. Quand on va à la mer, on ressent toujours quelque chose qui est de l’ordre du renouveau. Zikim fera son retour et les communautés de la frontière de Gaza feront aussi le leur ».

Colonne de nuée

Retour à Netiv Haasara où une centaine de personnes seulement vivent encore aujourd’hui dans un moshav qui comptait autrefois 900 habitants. La peur est toujours là mais Revivo, le chef du conseil, promet que « aucune maison ne restera vide ».

Il envisage déjà d’agrandir la communauté en y ajoutant 140 habitations supplémentaires. Un tel discours semble improbable et désorientant pour le visiteur qui est amené à observer les maisons abandonnées et négligées du moshav. Mais qui sait ?

Le drapeau israélien à Netiv Haasara est mis en berne pour commémorer le premier anniversaire du massacre du 7 octobre, 6 octobre 2024. (Crédit : Shalom Yerushalmi / Times of Israel)

Lors de la cérémonie, Levi, un résident, prononce un discours rempli d’amertume où il s’en prend au gouvernement et à l’armée, les accusant d’avoir abandonné les communautés. « Mais nous sommes déterminés à voir la lumière », ajoute-t-il dans la foulée.

Levi appelle les familles éplorées à servir de « colonne de nuée » – cette colonne qui, dans la Bible, avait guidé les anciens Israélites. Il souligne l’importance de rendre ses jours de gloire à Netiv Haasara. Comme avant.

« Ce n’est pas juste de vous demander cela, mais c’est la réalité », dit Levi aux familles assises au premier rang, qui sanglotent de manière incontrôlable.

Ce reportage a été initialement publié en hébreu sur le site hébréophone du Times of Israel, Zman Yisrael.

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