SAN FRANCISCO — Quand le rabbin Arthur Ocean Waskow avait terminé d’écrire, début 2020, Dancing in God’s Earthquake: the Coming Transformation of Religion, le militant de 87 ans avait présumé que le plus fort « séisme », dans l’année qui s’annonçait, serait l’élection présidentielle du mois de novembre.
Des tremblements de terre, Waskow en a déjà connu quelques-uns au cours de son existence. Il a été arrêté à 27 reprises pour son militantisme non-violent – destruction de séquoias le long de la frontière mexicaine, mais aussi de pipelines pétroliers. Sans oublier sa forte implication dans le mouvement de lutte en faveur des droits civiques qui avait amené à la création du Freedom Seder, le Seder de la liberté en 1969, lequel faisait la jonction entre le récit de l’Exode raconté à Pessah et l’histoire du combat des Afro-américains pour l’égalité aux Etats-Unis.
« Ce qui est à la fois drôle et qui me rend fou, c’est ce que ce texte, dans sa globalité, a été écrit avant cinq séismes majeurs qui ont touché la société américaine et le monde », s’exclame Waskow au cours d’un entretien téléphonique à la veille de la publication de son 28e livre, une interview accordée depuis son domicile de Philadelphie.
« Le livre parle du séisme divin et pas une seule fois, le mot ‘coronavirus’ n’y est prononcé ! », plaisante le rabbin dans une courte préface du livre consacrée à la COVID-19. Il a, un mois plus tard, rajouté un court texte sur les réactions et les manifestations qui ont entouré la mort de George Floyd.
« Les séismes proviennent de ce que les rabbins appellent ‘la Torah du feu blanc’, » explique Waskow. « Ils disent que la Torah n’a pas été écrite à l’encre noire sur un parchemin blanc, mais avec un feu noir sur un feu blanc. On peut penser que le feu blanc n’est finalement qu’un espace vierge mais, si vous le lisez, si vous lisez le feu blanc, vous allez créer des midrash [des interprétations], et là, vous allez ouvrir la porte à une toute nouvelle compréhension du texte ».
Son ouvrage de 200 pages se consacre aux nouvelles manières de comprendre ce feu blanc – ou l’environnement qui entoure les mots anciens, ainsi que les manières de réimaginer cet espace vierge dans un monde moderne et militant. L’auteur plonge dans les profondeurs de ses cinq décennies de militantisme, se concentrant en particulier sur les droits des femmes et les questions environnementales, et sur les façons de réagir lorsque le sol semble trembler sous nos pieds.
Aujourd’hui – et peut-être plus que jamais, note Waskow – nous traversons un « séisme social, un séisme multidimensionnel ». Tout ce que nous connaissons – les écoles, les institutions, les gouvernements, les autorités – semblent secouées, trembler, s’effondrer sous nos yeux.
« Lors d’un tremblement de terre physique, il y a deux sortes de comportement », dit-il. « Il y a le déni : ‘Qu’est-ce que je vais faire ? Je vais continuer à marcher comme si tout était normal et si un bâtiment doit s’écrouler sur moi, alors qu’il s’écroule’. »
L’autre réaction est de se mettre en quête de quelque chose de stable et de s’y accrocher de toutes ses forces. « Cela peut être s’accrocher à quelque chose qui, selon vous, est inébranlable, comme une version de la religion qui date du 17e siècle, qui vous dit de faire ce qu’on vous dit de faire ou qui vous demande de vous soumettre entièrement à ce qu’on vous dit de faire », ajoute Waskow.
Une métaphore qui m’est venue à l’esprit, c’est que vous pouvez apprendre à danser même si la piste de danse tremble, qu’elle est secouée – ou peut-être que vous pouvez apprendre à danser précisément parce qu’elle tremble et qu’elle est secouée
Aucun de ces deux extrêmes ne permet la survie, pense Waskow – ni le déni total, ni s’agripper à ce quelque chose dont on présume qu’il est immuable pour s’accrocher à une vie chère et indépendamment des conséquences. La survie, et peut-être même la joie, consistent à tenter de trouver l’équilibre quelque part au milieu. Peut-être, suggère Waskow, tout consiste à apprendre à danser dans ce même milieu déterminé.
« Une métaphore qui m’est venue à l’esprit, c’est que vous pouvez apprendre à danser même si la piste de danse tremble, qu’elle est secouée », dit-il.
Dans des périodes de tels bouleversements, les textes religieux anciens comme la Torah, le Nouveau testament ou le Coran peuvent offrir un réconfort, une stabilité, mais ils doivent être réexaminés avec un regard nouveau, affirme Waskow. Dans son ouvrage, il présente des manières différentes et radicales permettant d’interpréter la Torah pour davantage soutenir les femmes, les minorités raciales ou les étrangers, les lesbiennes, les gays, les bisexuels, les transgenres ou les gender-fluids – ainsi que la planète Terre. Des interprétations progressistes qui, pour certaines, amèneront de nombreux lecteurs bien au-delà de leur zone de confort.
« Il ne s’agit absolument pas d’une ignorance de la Torah. En fait, je me suis profondément appuyé sur elle, mais j’ai puisé dedans de manière totalement nouvelle », explique-t-il. « Le judaïsme rabbinique a fait la même chose : il a dû abandonner les offrandes alimentaires au temple et il a dû abandonner le judaïsme du corps au profit du judaïsme du mot ».
« La modernité a détruit le vieux judaïsme et la version classique de toutes les traditions religieuses, et nous nous bousculons tous pour savoir quoi faire dorénavant. [Ce livre] est une tentative de ma part d’imaginer ce que pourrait être un avenir sacré, qui s’appuie sur la Torah, mais qui va au-delà des lettres, qui va au-delà du feu noir pour pouvoir lire, encore et encore, le feu blanc », explique-t-il.
« L’une des raisons pour lesquelles j’utilise la danse comme métaphore, c’est que certains types de danse unissent à la fois la parole et le corps », continue Waskow. Au cours de sa carrière de militantisme et de ses actes de désobéissance civile, il a souvent cité le rabbin Abraham Joshua Heschel, qui avait dit que défiler aux côtés de Martin Luther King, Jr. à Selma s’était apparenté à « prier avec mes jambes ».
« La danse peut être l’équivalent de ce que nous pouvons appeler la prière : la danse peut exprimer des émotions et des idées profondes au même instant », dit-il.
Le souffle de vie
Le rabbin a écrit un certain nombre d’autres livres et notamment « Seasons of Our Joy, » un ouvrage qui réimagine les fêtes juives dans le contexte de la justice sociale. Dans « Dancing in God’s Earthquake, », comme dans d’autres de ses livres, l’auteur accorde une importance toute particulière à la langue, allant jusqu’à remplacer le langage masculin par une option plus neutre en termes de genre.
Il présente dans son livre une lecture qui est à la fois spectaculairement différente et novatrice de la prononciation du nom de Dieu – un sujet très examiné dans la liturgie juive. Le nom de Dieu est traditionnellement écrit avec les lettres en hébreu « Yud Hey Vav Hey, » et sa prononciation habituelle est « Jehovah », « Yahvé » chez les chrétiens et « Adonai » – ce qui signifie « mon seigneur » – chez les Juifs qui évitent généralement de prononcer le nom lui-même. Pour sa part, Waskow prononce « Yud Hey Vav Hey » par le biais d’une lecture phonétique des lettres en hébreu qui donne « Yahhhhh » – ou ce qu’il appelle « le souffle de vie ».
Ce nom, il n’est ni en égyptien, ni en chinois, ni en russe ou en swahili si on veut évoquer un Dieu qui serait véritablement universel ou echad [un]. Il y a cet élément qu’on retrouve dans tous les langages humains, c’est le souffle, il y a un souffle dans chacun d’entre eux
« La première chose que j’ai réalisé [après avoir lu ainsi le nom de Dieu], cela a été : ‘Oh, mais ça a du sens !’, » s’exclame Waskow. « Ce nom, il n’est ni en égyptien, ni en chinois, ni en russe ou en swahili si on veut évoquer un Dieu qui serait véritablement universel ou echad [un]. Il y a cet élément qu’on retrouve dans tous les langages humains, c’est le souffle, il y a un souffle dans chacun d’entre eux ».
« La deuxième chose à laquelle j’ai pensé, c’est que ce souffle, cette respiration ne sont pas seulement humains – tous les arbres, tous les brins d’herbe, tous les lapins, tous les écureuils, tous les moustiques respirent et nous échangeons nos souffles les uns avec les autres… Je suis ainsi amené à inspirer ce qu’a expiré l’arbre », ajoute-t-il.
Cela paraît étrange et d’une certaine façon visionnaire, estime-t-il, d’offrir cette interprétation de la lecture du nom de Dieu comme le Souffle de vie – alors que le souffle devient une question si centrale entre les problèmes respiratoires entraînés par le nouveau coronavirus et les derniers mots qui avaient été prononcés par George Floyd : « Je ne peux plus respirer ».
« J’avais écrit cet essai pour Yom Kippour, cette année – sur la manière dont je ne peux plus respirer, la manière dont nous ne pouvons plus respirer, la manière dont la terre ne parvient plus à respirer », poursuit Waskow.
« Il m’a fallu un moment pour relier le souffle de vie à la crise du climat – mais la crise du climat est une crise intervenant dans l’harmonie des différentes respirations de la planète, dans la façon dont elles s’entremêlent les unes aux autres. Nous, les êtres humains, avons mis en place un système qui crée plus de CO2 que ce que les arbres et les plantes sont en mesure de transformer. Tout déraille, et la planète se heurte à un excès de CO2 », décrit-il.
Pas un monde d’hommes
Cette interprétation a une résonance profonde en termes de justice sociale, parce qu’elle unit simultanément tous les peuples et tous les êtres humains et qu’elle supprime la langue qui encourage à la soumission et la hiérarchisation, commente le rabbin. Les termes « mon seigneur », « mon maître » et d’autres qui se retrouvent tous communément dans les traductions en anglais des prières en hébreu sont des mots que Waskow veut retirer de la liturgie.
« Les communautés religieuses qui ont souvent un sens profond de ce que sont la compassion et de la justice utilisent le langage du ‘roi’ et du ‘seigneur’, ce qui est un langage de domination », précise-t-il. « Il y a des individus qui disent : ‘C’est une question politique et la politique n’a rien à faire dans une synagogue’. C’est une question qui est effectivement politique, la justice et la compassion sont politiques et il faut en parler à la synagogue. Pas de domination, pas de soumission, mais un langage religieux intérieur et des pratiques qui sont sources de vie dans la mesure où l’imagerie relative au roi/à la domination du seigneur/à la soumission n’est plus ».
« Il y a des individus qui veulent écraser l’individualité, qui veulent soumettre et qui veulent dominer », continue Waskow. « Il y a un grand danger pour la planète aujourd’hui, celui que la race humaine se comporte comme si elle pouvait dominer, soumettre et détruire l’écosystème », ajoute-t-il.
Il y a des individus qui disent : ‘C’est une question politique et la politique n’a rien à faire dans une synagogue’. Ce sont des politiques de justice et de compassion et il faut en parler à la synagogue
Faire disparaître le langage de domination dans la prière pourrait être une avancée radicale pour encourager l’égalité sous tous ses aspects, depuis l’écologie jusqu’aux relations entre les personnes, explique l’auteur.
À l’âge de 65 ans, Waskow est ordonné rabbin par un beit din – une cour rabbinique – multiconfessionnel. Il s’identifie aujourd’hui étroitement aux mouvements du Renouveau juif et au courant Reconstructionniste. En 1983, il fonde le centre Shalom, qui se consacrait à ses débuts au désarmement nucléaire avant de se tourner vers les problèmes climatiques, appréhendés à partir d’un point de vue juif.
Il travaille actuellement sur deux livres et a une vague idée d’un troisième. L’un des deux ouvrages s’appelle « Liberating Your Passover » et réunit des essais écrits par différents auteurs qui ont réfléchi à de nouvelles interprétations du Seder de Pessah, comme Waskow l’avait lui-même fait en 1969 avec le Freedom Seder.
« L’idée qui a entièrement prévalu lors des cinquante dernières années, c’est que le Seder lui-même peut devenir un élément dans le Pessah réel, dans la transformation de la société et dans l’avènement d’une plus grande liberté et d’une plus grande justice », note Waskow. Le deuxième livre sera pour sa part intitulé « Tales of the Spirit Rising, », un recueil de récits racontant des moments spirituels qui ont changé sa vie – et celle de différents co-auteurs.
Waskow a publié « Dancing in God’s Earthquake » par le biais de la maison d’édition catholique Orbis Books. Il indique que le choix de ne pas faire appel à un éditeur juif a été volontaire, espérant ainsi que l’ouvrage puisse attirer des lecteurs issus de toutes les religions. La plus grande partie du livre est consacrée à la tradition juive. Il contient des mots et des phrases en hébreu. Mais le rabbin aborde aussi des problématiques chrétiennes et quelques questions musulmanes.
« J’ai voulu m’intéresser à la nature des noms de Dieu et à la question entière de la nature de l’image de Dieu, et à ce que la Torah dit au sujet de l’espèce humaine », confie Waskow. « Et ce n’est pas une problématique exclusivement juive. Le rabbin Jésus se saisit de la question d’une manière très subtile et intéressante, et il en tire un enseignement rabbinique. Les Juifs ne voulaient pas que les évangiles soient lus en tant que document juif et les chrétiens n’ont pas voulu lire les évangiles – ce que j’appellerais pour ma part la vie du rabbin Jésus – comme une histoire juive. Une question qui nous a totalement isolés, les uns par rapport aux autres, dans notre génération ».
Les Juifs ne voulaient pas que les évangiles soient lus en tant que document juif et les chrétiens n’ont pas voulu lire les évangiles – ce que j’appellerais pour ma part la vie du rabbin Jésus – en tant qu’histoire juive
C’est sur cette idée de briser les barrières entre les différents groupes que Waskow a bâti son travail de défense de la justice sociale.
« L’une des choses que je fais dans le livre, c’est de parler de théologie et de sociologie de l’écologie », dit-il. « Nous sommes non seulement dans un écosystème biologique, mais dans une écologie culturelle qui reconnaît la valeur de chaque être humain, de chaque culture et de chaque espèce appartenant au système ».
Même si les séismes récents qui s’incarnent dans les manifestations raciales, dans une pandémie globale et dans une crise du climat, entre autres, semblent mettre à nu les profondes inégalités et les écarts qui, parfois, étaient restés sous la surface de cette écologie culturelle, Waskow pense qu’il y a une initiative simple qui permettrait de s’attaquer à certains des gouffres qui séparent les différents groupes de personnes : écouter l’autre en faisant preuve d’ouverture d’esprit.
Il dit l’avoir fait lui-même suite à un voyage dans le Tennessee, en 2016, lorsqu’il a vraiment commencé à écouter ceux qu’il considérait comme « l’autre » – ceux qui voulaient voter pour le président Donald Trump.
« Il y a des gens qui ont le sentiment d’être des Américains oubliés », explique-t-il. « Ils ont le sentiment de ne pas être traités comme faisant partie intégrante de la famille, au profit de personnes qui n’en faisaient pas partie mais qui y appartiennent dorénavant ».
Dans son livre, le rabbin fait aussi le parallèle entre l’histoire de Sodome et Gomorrhe – qu’il interprète non pas comme une dénonciation de l’homosexualité masculine en tant que péché, mais plutôt comme une dénonciation de la haine des étrangers en tant que péché.
« Nous devons tenter de soutenir ceux qui ont toujours fait partie de la famille comme tous ceux qui en font dorénavant partie depuis une période récente – les Afro-américains, les femmes, les Amérindiens, etc… », commente-t-il.
Mais tout en réclamant qu’un espace soit accordé à ceux qui en ont été privés, note Waskow, il faut aussi laisser de la place aux besoins des groupes dominants dont l’appartenance à la société est d’ores et déjà acceptée. Rien ne doit se faire au détriment de l’autre – il évoque plutôt une danse entre des parties opposées qui pourront finalement peut-être se rassembler si elles acceptent l’une et l’autre de s’écouter – et peut-être même de danser ensemble.
Et c’est la raison pour laquelle Waskow veut que les divisions entre les communautés, voire entre les pays, puissent ressembler à des franges mouvantes plutôt qu’à une frontière fixe. Ces dernières années, il a protesté avec vigueur contre ce qu’il considère comme des pratiques injustes en termes d’immigration à la frontière américano-mexicaine et a des mots très durs envers les leaders israéliens s’agissant de leur traitement des Palestiniens.
Qu’est-ce qu’une frange ? C’est une combinaison de tissu et d’air. C’est mon tissu, mais l’air ne m’appartient pas. C’est l’air du monde, c’est l’air de Dieu
Les franges sont sacrées dans la pratique religieuse juive avec le commandement ordonnant de porter « des franges au bord de vos vêtements ».
« Qu’est-ce qu’une frange ? C’est une combinaison de tissu et d’air. C’est mon tissu, mais l’air ne m’appartient pas. C’est l’air du monde, c’est l’air de Dieu », dit-il. « Ce qui distingue une frange, c’est son caractère flou – ce n’est pas une frontière nette ».
« Les clôtures ne font pas naître l’amitié, ce sont les franges qui la font naître. Et une frontière désarmée est un exemple, comme le sont aussi les connexions culturelles qui n’exigent pas de l’individu qu’il adopte la culture d’un autre, mais qu’il s’ouvre aux deux ».
Les Juifs qui ont adopté des pratiques de méditation bouddhiste pour approfondir leur spiritualité sont un exemple de frange mouvante entre les différentes pratiques confessionnelles, et la musique jazz a été une frange qui a lié les sous-cultures blanches et afro-américaines dans la société aux États-Unis, continue-t-il.
Le manifestant masqué
Waskow a eu 87 ans le 12 octobre, ce qui signifie qu’au cours des manifestations sociales de cet été, il est majoritairement resté chez lui – avec « la tristesse très forte de ne pas pouvoir me trouver dans la rue ». Il a toutefois mis son masque et a pris part à quelques petits mouvements de protestation organisés aux abords de son domicile, incapable de rester entre quatre murs tandis qu’une transformation sociétale semblait prendre corps dans les rues.
« Ce qui est arrivé au cours des trois derniers mois est largement multiracial, je pense que c’est formidable et encourageant, et j’ai l’impression que le champ des possibilités est en train de s’ouvrir », dit-il.
Et s’il ne peut pas « prier avec ses jambes », Waskow espère que son livre aidera les personnes de toutes confessions à envisager un avenir qui sera différent – peut-être en retravaillant la langue, en la délestant du poids des anciens mots, pour permettre de refléter une nouvelle réalité en pleine évolution.
« Il y a de la politique dans la Bible et la Bible a un certain effet sur la politique. Les mots comptent, la nourriture que nous cultivons compte, la manière dont nous cultivons compte, et la façon dont nous brûlons notre énergie compte aussi », souligne-t-il
Alors que ce mot même de « compte » est aujourd’hui repris dans toutes les rues américaines avec le mouvement Black Lives Matter {La vie des Noirs compte], Waskow veut que son ouvrage puisse mettre en lumière l’importance de la langue. « Les mots ne sont pas inutiles », rappelle-t-il. « J’ai beaucoup lutté contre l’absence du corps dans de nombreux aspects du judaïsme rabbinique. Le corps était absolument présent dans le judaïsme biblique parce que le moyen d’entrer en contact avec Dieu était lié à la nourriture cultivée sur la terre. »
Mais avec la destruction du temple, il y a presque 2 000 ans, le judaïsme est devenu une religion basée sur le langage, où les mots sont devenus une échelle permettant à chaque croyant d’accéder à Dieu. Et aujourd’hui, la forme, le son et la résonance de ces mêmes mots dans la promotion de l’égalité et une forme d’unité sont plus importants que jamais, indique Waskow.
« Quand je dis ‘Yahhhhh’, le souffle de vie, cela me rappelle que c’est ce que je considère comme profondément sacré : cette respiration que nous partageons tous, pas seulement les êtres humains, mais bien toutes les formes de vie », dit-il. « Je me souviens de cela à chaque fois que je vois ‘Yud Hey Vav Hey’ – et ça a un certain impact ».