Une pierre calcaire vieille de 2 700 ans et d’un poids de deux shekels et dotée d’une inscription unique, qui a été découverte dans la terre lors de fouilles réalisées à proximité du mur Occidental, serait un exemple « très rare » d’artisanat médiocre. L’inscription figurant sur la pierre, explique le co-directeur des fouilles, le docteur Barak Monnickendam-Givon, indique que l’artisan n’était « pas familier du symbole international » utilisé pour de telles pierres et qu’il avait donc gravé « quelque chose d’approchant ».
Pendant la période du Premier temple, cette pierre de 23 grammes, de la taille d’une pièce de monnaie, faisait partie d’un système précis et internationalement reconnu de poids et de mesure importé d’Egypte qui était utilisé sur la terre d’Israël pour le culte, au temple, et sur le marché.
Ce système égyptien se basait sur des unités de huit, contrairement au système décimal, plus connu, qui se base sur des unités de dix et qui apparaît souvent dans la bible, déclare Monnickendam-Givon au Times of Israel. Pendant l’âge de fer, ce système égyptien était utilisé dans le commerce mondial et son usage en terre d’Israël témoigne de ce que cette monarchie naissante se considérait elle-même comme un acteur international.
La pierre a été retrouvée dans la terre par les archéologues de l’Autorité israélienne des Antiquités Monnickendam-Givon et Tehillah Lieberman, au cours de leurs fouilles en cours entreprises sous le siège de la Fondation du patrimoine du mur Occidental à Beit Strauss, parallèlement aux portions souterraines du mur.
Comme une grande partie de ce type de pierres qui avaient pu être découvertes lors de fouilles archéologiques, en Israël, depuis les années 1950, ce morceau de calcaire de forme ronde et lisse trouvé pendant un processus de tamisage de la terre est orné d’un symbole égyptien qui ressemble à la lettre grecque Gamma (γ). Ce symbole était utilisé à l’époque du Premier temple pour représenter, sous forme d’abbréviation, l’unité « shekel », selon un communiqué de presse de l’AIA. A côté du symbole du shekel, deux lignes parallèles avaient été gravées pour indiquer la valeur double de la masse – soit deux shekels.
Tandis que des centaines de poids de deux shekels ont été découverts lors de fouilles sur les sites antiques de Jérusalem et à proximité, cet exemple est « très rare », confie Monnickendam-Givon au Times of Israel. C’est le premier à avoir été trouvé lors des fouilles actuelles et il semble avoir été issu d’une « fabrication très locale », explique-t-il : En effet, l’artisan paraît ignorer le symbole égyptien correct qui est généralement utilisé pour graver ces pierres.
« Sur la plupart des poids, le symbole du shekel est rond. Sur le nôtre, c’est un triangle », fait remarquer Monnickendam-Givon.
« Peut-être l’une des raisons en est que celui qui a gravé la pierre n’était pas familier de la forme originale exacte du symbole et qu’il s’est contenté de faire quelque chose d’approchant », continue Monnickendam-Givon.
Tandis que l’inscription du symbole égyptien est faite de manière douteuse, le poids de la pierre, pour sa part, est précis. Des poids d’un shekel, retrouvés lors de fouilles, se sont révélés peser 11,5 grammes en moyenne.
« Un double shekel doit donc peser 23 grammes – et c’est très exactement le cas », notent les archéologues dans le communiqué de presse.
« La précision du poids atteste de compétences technologiques avancées, et nous indiquent quelles étaient les mesures de poids en vigueur et respectées lors des commerces et des échanges dans la Jérusalem antique. Les pièces n’étaient pas encore utilisées à ce moment-là et l’exactitude des poids jouait donc un rôle significatif dans le commerce », constatent les archéologues.
La période du Premier temple avait précédé l’usage des pièces de monnaie. Et le système de poids était donc utilisé pour indiquer aux vendeurs et aux clients, sur les marchés, la valeur relative de leurs produits.
« Une femme, sur le marché, l’a utilisé pour acheter ses épices et sa nourriture », explique Monnickendam-Givon.
Une autre utilisation commune du shekel était la collecte des taxes pour la maintenance du Temple – l’impôt était d’un demi-shekel par tête – dont on retrouve la trace dans le livre de l’Exode, 30:12: « Lorsque tu compteras les enfants d’Israël pour en faire le dénombrement, chacun d’eux paiera à l’Eternel le rachat de sa personne, afin qu’ils ne soient frappés d’aucune plaie lors de ce dénombrement. Voici ce que donneront tous ceux qui seront compris dans le dénombrement: un demi-shekel ».
La pratique de cette taxe d’un demi-shekel aura perduré pendant toute la période du Second temple – des pièces spécifiques étaient déjà en usage à ce moment-là – et elle est évoquée dans le nouveau testament, dans l’évangile de Matthieu. En 2008, un shekel de Tyre – que, selon les chercheurs, Jésus et Pierre auraient utilisé pour payer l’impôt au Temple – avait été découvert dans la cité de David. Seuls quelques-uns ont été retrouvés même si cette taxe était annuelle.
Pendant la période du Premier temple et plus tard, disent Monnickendam-Givon et Lieberman dans le communiqué de presse, le site adjacent au mur Occidental où le poids de deux shekels a été trouvé était un endroit animé. Et tout comme les pièces se perdent facilement, cela a été le cas également de ce poids.
« Pendant toute l’année et particulièrement en cette période de pèlerinages, la zone qui se trouve au pied du mont du Temple était animée. Les locaux et les pèlerins devaient faire du commerce en vue des sacrifices et des offrandes et pour acheter à manger, des souvenirs et autres objets. Un poids tel que celui que nous avons découvert peut avoir été utilisé pour mesurer des quantités exactes de produits sur le marché », notent-ils.
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(en anglais) :