L’écrivaine et journaliste Amy Klein ne savait pas à quoi s’attendre lorsqu’elle n’était pas enceinte. N’ayant jamais beaucoup pensé à la fertilité – et encore moins à l’infertilité – elle s’est trouvée mal équipée pour faire face à l’échec de son mari et d’elle-même à concevoir rapidement et naturellement.
Il y a presque dix ans, il y avait peu d’informations claires, concises et pratiques pour les personnes confrontées à l’infertilité.
« À ce moment-là, les gens avaient l’impression que les traitements de stérilité garantissaient de finir par avoir un enfant », explique-t-elle au Times of Israel.
Bien qu’Amy Klein, 48 ans, ait finalement donné naissance à une fille il y a cinq ans, elle a pris conscience, au cours de trois années de traitement intensif, que toutes les personnes ou tous les couples initialement stériles n’ont pas autant de chance. Elle a également appris par essais et erreurs qu’il n’existe pas d’approche unique pour ceux qui luttent pour devenir parents.
Son nouveau livre, « The Trying Game : Get Through Fertility Treatment and Get Pregnant Without Losing Your Mind », est un guide complet pour naviguer dans le domaine complexe et déroutant de l’aide médicale à la procréation.
L’ouvrage est plein d’humour, il permet à son auteure de retranscrire la douleur et la frustration des traitements de fertilité afin que les lecteurs puissent se concentrer sur l’absorption des informations incroyablement utiles et bien organisées qu’elle partage.
Les 24 chapitres du livre sont présentés en quatre sections, couvrant des sujets tels que le fonctionnement du système hormonal de reproduction, la manière de trouver le bon médecin et la bonne clinique, la planification financière, la manière de gérer (ou non) les inévitables montagnes russes émotionnelles, et la manière de faire face à la pression familiale et religieuse (Klein a été élevée dans une famille moderne orthodoxe à Brooklyn). L’auteure s’intéresse aux différents traitements, notamment l’insémination intra-utérine (IIU), la fécondation in vitro (FIV), les tests génétiques préimplantatoires (TGP) et le don de sperme, d’ovules et d’embryons.
Contributrice chevronnée à des publications juives et israéliennes, Amy Klein a d’abord fait part de son expérience de tentative de grossesse dans la rubrique « Fertility Diary » du blog parental Motherlode du New York Times.
« L’idée serait que j’écrive à ce sujet pendant trois ou quatre mois environ, puis que cela se transforme en chronique sur la grossesse », indique-t-elle.
Comme elle n’a pas réussi à tomber enceinte aussi vite qu’elle l’avait prévu, elle a écrit une trentaine d’essais sur l’infertilité en trois ans. Elle explique ne pas avoir envisagé l’adoption dans sa quête pour devenir parent.
Au moment où Amy Klein a finalement accouché et a trouvé ses marques en tant que mère, le paysage était différent en termes de partage public sur le traitement de la fertilité. En outre, la science et les tendances dans ce domaine évoluaient à une vitesse fulgurante. Au lieu d’un manque d’information, il y en avait maintenant trop, ce qui laissait les gens submergés.
C’est pourquoi elle a décidé d’écrire « The Trying Game » non pas comme un simple mémoire, mais plutôt comme un guide et une ressource. Elle a inclus ses propres expériences, celles d’autres personnes souffrant d’infertilité, ainsi que des informations médicales actualisées provenant de médecins et d’études.
Je veux que les erreurs que j’ai commises et ce que j’ai subies aient un sens
« Je veux aider les gens à traverser ce périple. Je veux que les erreurs que j’ai commises et ce que j’ai subies aient un sens », commente Amy Klein. « J’ai donc rendu le livre en partie personnel, en partie prescriptif. »
« The Trying Game » s’adresse à un public plus large que les seuls couples hétérosexuels. Dans un chapitre intitulé « I Did It My Way », elle aborde les problèmes d’infertilité rencontrés par les mères célibataires, les parents homosexuels et transsexuels, et le sujet de la congélation des ovocytes.
« Pour moi, il a toujours été question d’inclure tous ceux qui essaient d’avoir des enfants. Beaucoup de luttes sont les mêmes », juge-t-elle.
Elle se considère chanceuse d’avoir la citoyenneté israélienne (elle a vécu dans le pays dans les années 1990), et d’être mariée à un homme né en Israël. Cela lui a permis de venir en Israël pour des traitements qui n’étaient pas disponibles ou dont le coût était prohibitif aux États-Unis.
Après l’échec de quatre cycles de FIV aux États-Unis, Amy Klein et son mari ont quitté New York pour Jérusalem pendant huit mois en 2013-2014. Au centre médical Shaare Zedek, ils ont eu accès gratuitement aux tests génétiques préimplantatoires et à d’autres traitements.
« Nous serions déçus si le test génétique préimplantatoire ne nous aidait pas, mais ce serait moins terrible que de voir 50 000 dollars s’envoler comme nous aurions pu le faire aux États-Unis », rapporte-t-elle.
Alors qu’elle était en Israël, elle est tombée enceinte grâce à un don d’ovule, mais elle a malheureusement fait une fausse couche un mois plus tard.
« La fausse couche avec la FIV est peu comprise », indique la journaliste, qui a finalement découvert grâce à l’expertise d’un immunologiste de la reproduction de New York qu’il n’y avait en fait aucun problème avec ses ovules, comme on le lui avait dit. Au contraire, son corps rejetait les embryons qui avaient été transférés dans l’utérus.
Forte de ces nouvelles connaissances, Amy Klein – suivant désormais un traitement immunologique – est retournée brièvement en Israël pour une dernière série de FIV avec un deuxième don d’ovule. L’embryon transféré a fonctionné, et Klein a finalement réussi sa grossesse.
« Je suis très reconnaissante à Shaare Zedek et à Israël, mais il est difficile d’aller à l’étranger pour un traitement de fertilité », confie-t-elle. « Ce n’est pas facile d’être loin de ses amis habituels et de son système de soutien. »
Le plus grand avantage de suivre un traitement de fertilité en Israël est que le traitement répété de FIV est gratuit pour une femme de citoyenneté israélienne jusqu’à 45 ans, dans la limite de deux enfants. Israël a le taux de fécondité le plus élevé de l’OCDE et est le leader mondial du nombre de FIV par habitant.
De plus, il est réconfortant pour l’auteure qu’en Israël, tant de personnes suivent un traitement de fertilité ou en connaissent d’autres qui le font. Elle a constaté qu’aux États-Unis, les gens sont moins bien informés et plus critiques (surtout du fait qu’elle a commencé à essayer d’avoir des enfants seulement après s’être mariée à l’âge de 41 ans).
« En Israël, les gens sont plus conscients et optent plus tôt pour un traitement de fertilité. C’est juste considéré comme un traitement médical là-bas », explique-t-elle.
« The Trying Game » est sorti en avril, juste au moment où la Covid-19 a éclaté à New York et a commencé à se répandre aux États-Unis. En conséquence, certaines cliniques de fertilité ont fermé toutes ensemble, ou ont cessé de faire des transferts d’embryons. Cela a été une période difficile pour les personnes qui étaient en plein traitement, qui doit être soigneusement chronométré et contrôlé. (Le traitement par FIV a été interrompu ou reporté pour de nombreux Israéliens en raison de la pandémie, et a été partiellement rétabli fin mai).
« Il a été si difficile pour les gens d’être coincés chez eux et sur les réseaux sociaux de voir des parents se plaindre du fait que leurs enfants sont à la maison alors que vos rêves sont mis en attente », rapporte Amy Klein, qui est maintenant l’ambassadrice de reConceiving Infertility (Reconcevoir l’infertilité), la nouvelle initiative de Hadassah pour déstigmatiser l’infertilité et plaider pour un changement.
La journaliste est passée par dix médecins, neuf cycles de FIV, quatre IUI et quatre fausses couches avant d’avoir sa fille Lily. Même après avoir enduré tout cela, Amy Klein affirme qu’elle n’aurait pas abandonné si elle n’était pas tombée enceinte cette dernière fois. Même si elle était physiquement et mentalement épuisée, elle aurait envisagé d’autres options, notamment le don d’embryons.
« C’est une chose d’arrêter les traitements de fertilité, c’en est une autre de renoncer à vouloir être parent », conclut-elle.