Alors que des milliers de personnes se rassemblaient dans tout le pays, la semaine dernière, pour protester contre l’avancée par le gouvernement du projet de loi sur la notion juridique de la « raisonnabilité », Yinon Magal, le présentateur de la Quatorzième chaîne, avait montré un visage particulièrement joyeux sur le petit écran.
« Ils ne pourront pas effacer le sourire que nous arborons sur nos lèvres. En cet instant même, nous sommes en train de faire adopter nos lois », avait-il dit. D’ici quelques jours, avait-il prédit, le projet de loi passerait en deuxième lecture et en troisième lecture à la Knesset. Et « enfin », s’était-il réjoui, « nous aurons une limitation du réexamen judiciaire à l’aune du principe de ‘raisonnabilité’, » en référence à la première étape du projet de refonte radicale du système de la justice qui interdira aux tribunaux d’utiliser ce concept du « caractère raisonnable » pour les décisions prises par le gouvernement.
Ensuite, prenant à dessein un ton moqueur, le présentateur avait donné le coup d’envoi à son émission-phare sur la chaîne, « Les Patriotes », en glapissant : « On nous a volés la démocratie, oy oy oy! »
Malgré ces pitreries – ou peut-être à cause d’elles – l’émission de Magal, ce soir-là, avait connu une audience record pour cette chaîne encore toute nouvelle sur le paysage audiovisuel israélien, réunissant 9,3 % des téléspectateurs juifs – le deuxième record d’audience de la chaîne depuis sa création.
La Quatorzième chaîne, qui défend contre vents et marées les politiques qui sont mises en place actuellement par le gouvernement de la ligne dure, a connu une véritable métamorphose ces derniers mois : Si elle était, dans le passé, une actrice marginale, largement rejetée, de l’industrie des médias dans le pays, elle est finalement devenue un réel poids lourd qui menace dorénavant la domination des chaînes établies qui, jusqu’à présent, donnaient le ton du débat portant sur l’actualité nationale.
Poursuivant son ascension, faisant un appel du pied aux téléspectateurs insatisfaits des chaînes d’information mainstream, la chaîne a toutefois essuyé de lourdes critiques pour son approche souvent incendiaire de l’actualité. Son soutien fervent apporté au Premier ministre Benjamin Netanyahu et à son gouvernement a amené certains à la considérer comme un outil pur et simple de propagande.
Cela fait des années qu’un grand nombre de politiciens de droite – faisant écho à des propos tenus par Netanyahu lui-même – accusent les chaînes de télévision Kan 11, Keshet 12 et Reshet 13 de partialité à l’encontre du gouvernement, leur reprochant de ne porter la voix que de la minorité de gauche.
Orly Goldklang, rédactrice-en-chef du journal de droite Makor Rishon, estime qu’il y avait « une soif réelle d’alternative médiatique » face aux chaînes d’information mainstream.
Malgré cela, la Quatorzième chaîne n’avait pas semblé vraiment décoller jusqu’au début de l’année 2023 – alors que les fractures sociétales devenaient plus profondes dans le contexte du projet gouvernemental de refonte du système israélien de la justice et du mouvement de protestation massif des opposants au plan. Salués par les uns qui rendaient hommage à une démocratie dynamique en action, honnis par les autres qui dénonçaient un climat d’anarchie sapant la légitimité d’un gouvernement démocratiquement élu, les rassemblements et les manifestations étaient alors au cœur de l’actualité.
« La percée de la Quatorzième chaîne n’est pas une coïncidence », explique-t-elle. « Quand vous avez le sentiment que vous ne pourrez pas regarder les infos du soir, sur n’importe quelle chaîne, sans entendre parler du mouvement de protestation sous un certain angle seulement, les téléspectateurs commencent à chercher autre chose ».
Dans la soirée qui a suivi les manifestations majeures de la semaine dernière, le journal d’information en primetime, sur la Quatorzième chaîne, a commencé par ces mots : « Bonsoir. Ce n’est pas tous les jours que quelques milliers de personnes perturbent le quotidien de millions de citoyens. Aujourd’hui, avec des violences occasionnelles, avec des violations flagrantes de la loi, les opposants aux réformes sont sortis manifester. »
Goldklang suggère que l’audimat a grimpé en flèche « parce que les gens ont constaté que toutes les autres chaînes de télévision étaient favorables aux manifestations – avec les options illimitées d’aujourd’hui, avec Netflix et tout le reste, vous pouvez trouver une bonne émission à la télé ou vous pouvez choisir, à la place, de regarder une chaîne d’info qui saura dire les choses de manière différente ».
Une chaîne sans audience pour une audience sans chaîne
La chaîne semble enregistrer les meilleurs résultats en matière d’audimat lors des événements majeurs, très politisés. Le jour de l’attentat terroriste meurtrier qui avait eu lieu dans une station-service, aux abords de l’implantation d’Eli, à la mi-juin, le journal en primetime de la Quatorzième chaîne avait été le deuxième journal le plus regardé de la soirée (avec 6,5 % des téléspectateurs juifs) derrière l’indéboulonnable Douzième chaîne (13,6 %) – mais devant la Treizième chaîne (5,2 %) et Kan 11 (4,7 %), selon des données publiées par l’IARB (Israeli Audience Research Board).
L’émission « Les Patriotes » avait aussi été la deuxième émission la plus regardée dans sa tranche horaire, dans la même soirée, avec 7,2 % des téléspectateurs juifs – avant Kan et Reshet 13 mais toujours après la Douzième chaîne. Vingt-quatre heures plus tard, les chiffres avaient été différents et la chaîne était tombée en bas du classement (5,3 %), derrière la Onzième chaîne et la Treizième chaîne (6,6 % et 6,3 %) toutes à la traîne derrière la très populaire Douzième chaîne (11,5 %).
Quand la chaîne avait été lancée, elle était regardée par moins de 1 % des téléspectateurs juifs – elle était ensuite sortie du classement de l’IARB. Quand elle avait réintégré ce classement au mois d’octobre dernier, elle réunissait entre 2 et 3 % des téléspectateurs pour sa programmation du soir.
Un chiffre qui était ensuite devenu plus respectable, avec 3 % à 4 % des téléspectateurs juifs en soirée, début janvier – elle occupait alors encore la dernière place du classement. Elle avait battu pour la toute première fois Kan 11 à la mi-février.
Et, le 2 mars, elle avait présenté le deuxième journal le plus regardé par les Israéliens juifs.
« La vaste majorité des Juifs israéliens disent être de droite ou être au centre-droit », commente Oren Meyers, professeur de journalisme à l’université de Haïfa. « Et pour des raisons variées, ils ont le sentiment que leur voix n’est pas entendue dans les médias, que leurs points de vue n’y sont pas non plus représentés… c’est ce qui a donné l’espace nécessaire à l’ascension presque naturelle de cette chaîne qui est apparue dans le pur style de Fox News ».
Goldklang dit penser qu’une chaîne comme la Quatorzième chaîne était nécessaire depuis longtemps dans un paysage audiovisuel qui, pendant des décennies, n’offrait qu’une seule chaîne. La première chaîne commerciale avait été lancée en 1993 et une troisième chaîne n’avait fait son apparition qu’en 2002.
« J’ai passé les années 1980 et les années 1990 à me mettre en colère devant mon écran de télévision… Il n’y avait personne pour représenter mon point de vue », déclare Goldklang, à l’exception « d’invités religieux ou de droite qui se trouvaient sur le plateau pour la forme. »
Même aujourd’hui, estime-t-elle, « il est clair que le consensus, il se forme derrière l’habitant blanc et laïc de Tel Aviv et que tous les autres ne sont, d’une certaine manière, que des invités » lorsque des journalistes de droite sont présents sur les trois chaînes principales.
Le périple vers le primetime
La Quatorzième chaîne était née sous le nom de Vingtième chaîne, en 2014, lorsqu’elle avait remporté un appel d’offres lancé par le gouvernement qui souhaitait alors diffuser « une chaîne consacrée au patrimoine juif ». A l’époque, il lui avait été interdit de traiter l’information et elle avait été condamnée à de multiples reprises à des amendes pour ses violations répétées de cette règle. En 2016, elle avait obtenu le droit de diffuser 90 minutes d’information par jour – mais elle avait continué à contrevenir à cette autorisation en dépassant régulièrement la limite qui lui avait été imposée.
Début 2018, la Knesset avait adopté une législation qui plaçait la chaîne, qui relevait alors de la compétence du Conseil de diffusion de la télévision par câble et par satellite, sous le contrôle de la seconde Autorité de télévision et de radio – ce qui avait largement mis un terme à toutes les restrictions auxquelles elle était jusque-là soumise, et ce qui lui avait permis de diffuser librement des informations 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. En même temps, la chaîne avait été exemptée du paiement des frais de licence – des frais qui s’élevaient à hauteur de dizaines de millions de shekels – et elle avait aussi obtenu une plateforme gratuite chez les fournisseurs de télévision par satellite HOT et Yes.
Ces exemptions ont été prolongées une fois encore au début de l’année.
Cette semaine, le ministre des Communications issu du Likud, Shlomo Karhi, a dévoilé un plan qui serait outrageusement favorable à la Quatorzième chaîne – prévoyant notamment la fermeture de l’instance de régulation actuelle au profit d’une simple commission de supervision. Réagissant à cette proposition et dans un communiqué conjoint, la Douzième chaîne, la Treizième chaîne et la chaîne Kan ont dénoncé de nouvelles mesures « visant à écraser la liberté de la presse en Israël ».
La chaîne profite d’une autre exemption : elle n’est ainsi pas tenue de respecter une loi interdisant aux chaînes commerciales d’être la propriété exclusive d’un seul et unique individu. Depuis sa fondation, elle appartient à un milliardaire israélo-russe, Yitzhak Mirilashvili.
En 2021, Mirilashvili avait posé cinq millions de shekels sur la table pour acheter les droits de diffusion de la Quatorzième chaîne en lieu et place de la Vingtième chaîne, plaçant ainsi la chaîne sur un pied d’égalité avec les autres chaînes d’information mainstream et lui apportant un nouveau vernis de légitimité aux yeux du public.
« Depuis un certain nombre d’années et jusqu’à aujourd’hui – et c’est encore le cas actuellement – la chaîne a bénéficié de concessions, d’indulgences qui lui ont rapporté des millions de shekels », s’exclame Shuki Tausig, rédacteur en chef de The Seventh Eye, un groupe de veille, sur internet, du paysage médiatique qui penche à gauche. « Ce qui lui a donné un avantage sur les autres chaînes ».
Tausig ajoute qu’en plus, la Quatorzième chaîne « profite aussi d’une promotion démente de la part du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de ses ministres sur les réseaux sociaux… Tout ça s’additionne ».
Un porte-parole de la Quatorzième chaîne indique au Times of Israel dans une déclaration que la chaîne « tire beaucoup de fierté d’être la chaîne de télévision connaissant la plus forte croissance depuis un an, et ce, malgré les tentatives livrées par l’ex-Premier ministre Yair Lapid qui avait voulu la faire disparaître du paysage audiovisuel et malgré le boycott de la chaîne qui est organisé par la majorité des membres de l’opposition ».
Alors qu’il lui est demandé si la chaîne a bénéficié d’un traitement de faveur de la part du gouvernement ou si elle a été promue par le Premier ministre et par les membres de l’opposition de manière inappropriée, le porte-parole ne souhaite pas apporter de réponse.
L’année dernière, Lapid s’était efforcé – en vain – de convaincre la Commission centrale électorale de déclarer la Quatorzième chaîne comme outil de propagande du parti du Likud. Si cette plainte avait trouvé un écho favorable, la chaîne aurait alors disparu des écrans en raison d’un usage inapproprié de sa licence de diffusion. L’initiative prise par Lapid avait été dénoncée – même par les critiques de la Quatorzième chaîne.
« C’était stupide, ça a été fait de façon terriblement mauvaise, ce n’était pas la bonne direction à prendre, c’était une initiative qui aurait porté atteinte à la liberté d’expression, une initiative qui aurait pu être utilisée contre d’autres chaînes qui, elles, ne font pas de propagande », explique Tausig.
« C’était une initiative vaine qui visait à faire les gros titres », regrette-t-il, ajoutant qu’elle n’a fait qu’attirer un plus grand nombre de téléspectateurs vers la Quatorzième chaîne.
Meyers, pour sa part, déclare que la démarche entreprise par Lapid, ancien journaliste, a été « injuste », notant qu’il « est difficile de définir ce qu’est la partialité dans le journalisme de manière exacte. Et on peut argumenter sans fin en ce qui concerne les penchants politiques des différents médias… Il aurait dû faire attention ».
Admiration mutuelle
Les visages les plus connus de la Quatorzième chaîne – Erel Segal, Yinon Magal et Shimon Riklin – sont des soutiens acharnés du Premier ministre Netanyahu, de sa coalition de droite, d’extrême-droite et religieuse et du plan de refonte radicale du système judiciaire israélien avancé par cette dernière – et ils ne s’en cachent pas. Magal, le présentateur des « Patriotes » avait été brièvement député à la Knesset sous l’étiquette HaBayit HaYehudi de l’ex-Premier ministre Naftali Bennett et il a servi, dans le passé, dans une coalition placée sous l’autorité du Likud de Netanyahu.
Une admiration qui va clairement dans les deux sens. Ainsi, les membres de la coalition sont fréquemment invités sur les plateaux de la Quatorzième chaîne. La ministre de la Diplomatie publique, Galit Distel Atbaryan, a encouragé ses soutiens à « marquer l’Histoire » en regardant la chaîne, estimant que l’émission présentée par Magal est « l’heure de télévision la plus agréable à être offerte par la télévision israélienne ». Moshe Passal, un député du Likud, a pour sa part envoyé une lettre à Yes, le fournisseur par satellite, le mois dernier, demandant pourquoi sa télécommande avait des touches de raccourci permettant d’accéder directement à la Douzième chaîne et à la Treizième chaîne, mais pas à la Quatorzième chaîne.
Les chiffres publiés à la mi-juin par The 7th Eye ont révélé que si Netanyahu n’avait pas accordé d’entretiens à la Onzième chaîne, à la Douzième chaîne et à la Treizième chaîne depuis sept mois, il avait fait sept apparitions sur la Quatorzième chaîne pendant cette période pour un total de 169 minutes.
« D’un point de vue politique, je peux comprendre le choix qui a été fait par Netanyahu », note Meyers. « C’est la même chose qui se passe avec les politiciens américains de droite qui ne veulent être interviewés que par Fox News. »
Les tentatives livrées par Netanyahu pour façonner et pour influencer le paysage médiatique israélien ont été prouvées et elles se trouvent d’ailleurs au cœur de deux dossiers dans son procès pour corruption actuel.
« Netanyahu est obsédé par les médias, ils font partie de sa survie politique et de ses batailles politiques », a déclaré au début du mois Arnon Milchan, un témoin déterminant dans ce procès, aux juges dans le cadre de son témoignage.
Netanyahu « a cette croyance presque religieuse dans le pouvoir des médias », dit Meyers, qui ajoute que les faits ne semblent pourtant pas soutenir un tel point de vue. « Disons que ces médias lui sont tous défavorables – mais comment cela se fait-il alors qu’il ait pu être Premier ministre depuis si longtemps ?… Donc soit l’argument est fallacieux, soit les médias n’ont finalement qu’une influence très, très limitée ».
Quand l’information fait la Une
Même ceux qui ne regardent pas la Quatorzième chaîne en entendent parler quand il arrive qu’elle fasse la Une des journaux pour un scandale, ou pour un incident particulier.
Cela avait été particulièrement le cas le mois dernier lorsque le journaliste militaire de la chaîne, Hallel Bitton Rosen, avait déclaré – le jour où trois soldats avaient été tués dans une attaque frontalière par un officier paramilitaire égyptien – que deux des défunts, un homme et une femme, pouvaient s’être adonnés à d’autres activités que la mission de garde qui leur avait été confiée au moment de leur mort. « Un soldat et une soldate, laissés seuls en pleine nuit pendant douze heures… Ça pue dès le début », avait dit Bitton Rosen, alors que le présentateur Boaz Golan déplorait « l’agenda de gauche » qui, selon lui, a poussé Tsahal à promouvoir la mixité pendant le service militaire.
Ces paroles avaient été largement condamnées et elles avaient même entraîné une manifestation spontanée devant le domicile de Mirilashvili à Herzliya. Des milliers de plaintes avaient été soumises à la Seconde Autorité de la télévision et de la radio, chargée de superviser les chaînes commerciales en Israël.
Le mois dernier, la chaîne avait suscité la polémique après l’apparition de la présentatrice Lital Shemesh dans une vidéo anglophone qui avait été financée par le ministère de la Diplomatie publique et publiée pour le compte de ce dernier, où elle critiquait la couverture médiatique, à l’étranger, du conflit israélo-palestinien.
Fight the fake: a quick guide in reading the news about Israel. pic.twitter.com/qFcRosVE0N
— Israel Public Diplomacy (@IsraelMOPD) June 27, 2023
Dans un autre incident qui avait été très critiqué au mois de juin, la chaîne avait accueilli le rabbin provocateur Amnon Yitzhak, un théoricien du complot, qui avait interrogé : « Qui a abandonné les Juifs pendant la Shoah, vous le savez ? Ce sont les gauchistes, les mêmes qui ont établi le Mapaï [le parti politique qui avait précédé Avoda] ; sur les trains, il y avait écrit ‘Mapaï’ et on faisait monter les gens à bord des wagons ».
Yitzhak faisait probablement là référence à une vidéo datant de 1947 montrant un train commandité par le Mapaï qui avait transporté des survivants de la Shoah vers la Palestine mandataire, au départ de la Pologne. Riklin, qui accueillait le rabbin sur le plateau, n’avait pas réagi aux propos de Yitzhak pendant son émission – mais il avait ultérieurement présenté ses excuses en évoquant des propos « insensés » dont il « se désolidarisait ».
En août 2022, la chaîne avait été fustigée pour avoir tenté de vendre des articles positifs consacrés à des candidats des primaires du Likud au prix de 50 000 shekels.
Lorsqu’elle portait le nom de Vingtième chaîne, la chaîne avait également souvent entraîné la controverse : elle s’était réjouie de la mort d’un député arabe ; elle avait déploré l’absence de victime lors d’une attaque à la roquette qui avait frappé une ville arabe israélienne ; elle avait offert une plateforme d’expression à un homme qui avait incendié une école fréquentée par des enfants juifs et arabes, l’individu n’ayant jamais exprimé de repentir et elle s’était livrée à des propos sexistes et sexuels en parlant d’une députée.
« Le problème avec la Quatorzième chaîne, ce n’est pas qu’elle est de droite, c’est qu’elle est fasciste, qu’elle fait se propager des mensonges – c’est ça, le problème », déplore Tausig. « Ce n’est pas tolérable. La Quatorzième chaîne est une chaîne dangereuse – elle est plus dangereuse encore que le Hezbollah. »
Goldklang admet que la chaîne peut parfois aller trop loin, être trop provocatrice – mais elle laisse entendre que cette emphase toute particulière était peut-être nécessaire si la chaîne espérait se distinguer parmi toutes les autres chaînes mainstream.
« La réalité est que la Quatorzième chaîne est une chaîne d’opposition – elle est trop tranchante, trop bruyante, elle n’est pas équilibrée… Je pense que le discours qu’elle tient est très réactionnaire, très prononcé – et que c’est un discours qui est très demandé », ajoute-t-elle.
« Certains diront que la chaîne et ses présentateurs détonnent trop mais je pense, pour ma part, que cela fait partie d’un cri – de ce cri qui dit que c’est assez, on ne nous entend plus, on ne peut pas se contenter d’entendre un seul point de vue », poursuit-elle.
Meyers estime que si la couverture médiatique de la chaîne est souvent problématique, la solution n’est pas de chercher à la faire disparaître des petits écrans.
« Je ne pense pas que la Quatorzième chaîne fasse du bon journalisme – au sens fondamental de ce que devrait chercher à être le journalisme », explique-t-il. « Et pourtant, je ne pense pas qu’il faille faire face à de telles fautes en les sanctionnant, voire en faisant baisser le rideau à la chaîne… Si un problème d’ordre juridique se pose, alors il faut porter plainte. Sinon, les gens peuvent encore faire le choix de regarder les informations sur une autre chaîne ».