Suite à la publication de notre article sur les institutions chrétiennes de Jérusalem dont les toits et beffrois offrent une vue magnifique, nous avons reçu le message d’une lectrice nous disant : « Super article ». « Mais vous avez oublié de parler de la vue splendide depuis Nebi Samuel ! »
Nous voyons parfaitement bien ce qu’elle veut dire, car lorsque les premiers Croisés entrèrent en Terre Sainte, ils virent Jérusalem depuis Nebi Samuel, le tombeau du prophète biblique, et en furent profondément émus. À tel point que, des larmes sur le visage, ils s’agenouillèrent avec ferveur et remercièrent le Seigneur de leur avoir permis de voir un spectacle aussi magnifique.
Depuis Nebi Samuel, légèrement à l’ouest de Jérusalem, on jouit en effet d’une belle vue. Mais il existe des centaines d’autres points de vue en Israël, des endroits merveilleux et absolument gratuits, souvent accessibles grâce à l’action du Keren Kayemet LeIsrael, le Fonds national juif (KKL-JNF).
La plupart des belvédères sont dédiés aux soldats tombés au combat ou aux victimes d’attentats terroristes. Et un grand nombre d’entre eux, comme les belvédères décrits ci-dessous, disposent de masbiranim, ces audio-guides qui prodiguent d’excellentes explications en anglais sur les sites, la vue, l’histoire des lieux.
Voici quelques points de vue spectaculaires qui proposent des audioguides en anglais.
Le belvédère de Malkiya
En avril 1948, un mois avant de quitter la Palestine, les Britanniques remettent leur poste militaire du sud du village arabe de Malkiya aux habitants. Craignant que l’armée libanaise n’entre par là en Galilée au moment de la guerre d’Indépendance, alors imminente, la force militaire naissante d’Israël, la Haganah, décide de prendre les devants et de prendre Malkiya.

Israël parvient à ses fins le 15 mai, juste après la déclaration de création du nouvel État, mais l’armée libanaise contre-attaque sans attendre. Israël subit de lourdes pertes et ses soldats sont forcés de battre en retraite. Deux semaines plus tard, camouflée en convoi de ravitaillement, sans lumières, une unité israélienne se dirige vers Malkiya. Au même moment, une deuxième unité attaque le village arabe pour faire diversion. Les soldats israéliens prennent les Arabes par surprise et conquièrent le village, repris par l’armée libanaise le 6 juin.
Malkiya est repris pendant la campagne d’Hiram le 30 octobre 1948, quand Israël attaque par surprise depuis le sud. En mars 1949, quelques soldats démobilisés s’implantent dans le village, qui a été vidé de ses habitants. Le belvédère qui s’élève en surplomb de l’implantation, avec ses imposants monuments aux soldats morts au front, offre une vue magnifique sur la vallée de Kadesh, les hauteurs du Golan et le mont Hermon.
Le parc volcanique du mont Bental
Peu de temps après la victoire d’Israël lors de la guerre des Six Jours, en 1967, l’armée construit un belvédère au sommet du mont volcanique Bental. Culminant à plus de 1 160 mètres et nimbé d’une sérénité délicieuse, le sommet de la montagne est occupé durant plus d’une dizaine d’années avant d’être abandonné. Dans les années 1990, des membres du kibboutz voisin Merom Golan, aidés par le KKL-JNF, nettoient les bunkers et aménagent l’endroit de manière à accueillir des touristes.

Les plus jeunes peuvent aller dans les tranchées pendant que les parents contemplent la vue – étonnante – sur la Syrie, le Liban et tout le nord d’Israël. On distingue notamment le Merom Golan, tout premier kibboutz à s’être établi sur les hauteurs du Golan après la guerre des Six Jours.
Situé à l’origine sur le plateau central du Golan, Merom Golan s’installe quelques mois plus tard dans la ville syrienne déserte de Qouneitra, et en 1972, à l’intérieur du cratère volcanique du mont Bental, où il se trouve toujours. Au début, le kibboutz extrait du tuf (une roche volcanique), élève des animaux de ferme et cultive des pommes. Ces derniers temps s’y sont notamment ajoutées les truffes, détectées par des chiens spécialement entraînés. Les touristes ne sont pas oubliés car le kibboutz met à leur disposition un beau village de villégiature et le fameux restaurant de viande Bokrim (cowboys).
Le belvédère de Shamir

Eran Shamir était l’adolescent israélien typique, brillant et sérieux, amoureux de son pays. Lors de son pré-service militaire en qualité de guide de l’école de terrain de la Société pour la protection de la nature en Israël (SPNI) sur les hauteurs du Golan, il fait preuve d’un grand intérêt pour tout ce qui est roche, fleur, arbre ou animal en Terre Sainte. Il connait la Bible par cœur. Et quand il parle des 2 000 ans de batailles sur les hauteurs du Golan – de Gamla à la guerre du Kippour –, il remplit ceux qui l’écoutent d’une grande fierté. Nous en avons fait partie, lors d’un voyage en famille en 1993. Connaissant Eran, nous n’avons pas été surpris d’apprendre qu’il s’était porté volontaire au sein de la brigade parachutiste de l’armée israélienne, qu’il avait servi dans une unité de commando et était devenu officier.
Eran a été tragiquement tué au Liban le 15 mai 1997. Un magnifique mémorial lui est dédié, ainsi qu’à son père Dubi, tombé au combat 20 ans avant lui, le long de la route panoramique Gilboa du KKL (route 667), en surplomb de la vallée de Beit Shean.

On se souvient également du Cpt. Eran Shamir lors de l’ascension d’Eran dans l’implantation de Keshet, dans le Golan. La vue, notamment celle depuis le sommet, est exceptionnelle.
Le belvédère de Hila

Victime d’un accident, le 18 avril 2012, la lieutenante Hila Bezaleli meurt écrasée par des projecteurs lors des préparatifs pour les commémorations du Jour de l’Indépendance. Elle est inhumée à quelques centaines de mètres de la catastrophe qui lui a coûté la vie.
Née et élevée à Mevaseret Zion, dans les collines de Jérusalem, Bezaleli était une jeune femme des plus généreuses, souriante et d’une grande curiosité, bénévole pour une organisation de distribution d’aide alimentaire et fondatrice d’un camp d’été pour enfants de familles pauvres. Dans le cadre de l’organisation Young Maccabee, elle a été envoyée en Inde pour dispenser les premiers secours. Son envie de sauver des vies l’a également amenée à faire du bénévolat pour le service de secours du Magen David Adom dès l’âge de 14 ans. La liste de ses contributions à la société israélienne est interminable. Son nom même – Hila, qui signifie « aura » – lui allait à merveille, car elle répandait l’amour et la compassion tout autour d’elle.

Le belvédère de Hila dispose d’une belle aire de jeux et d’un joli chemin. Les visiteurs y ont une vue dégagée sur l’entrée de Jérusalem, l’ancienne route menant au Temple Saint. On peut également voir le quartier autour de Mevaseret, appelé Rehes Halilim (Crête des flûtes) et Har Hamenuhot, le plus grand cimetière de tout Jérusalem. Au-dessus du cimetière, à l’entrée de la ville, se dresse le pont, avec ses couleurs chatoyantes.
Le Mont Naphtali et le belvédère de Liran
Pour bénéficier de l’une des vues les plus saisissantes de tout Israël, faites un tour en voiture dans la forêt de Kiryat Shmona, au sommet du Mont Naftali. À gauche, la vue sur les hauteurs du Golan est magnifique. Les pentes verdoyantes se déroulent dans la vallée étincelante de Hula en contrebas, et le mont Hermon enneigé brille à travers la cime des arbres. À droite, pendant la quasi-totalité du trajet, on peut admirer les pentes imposantes du Mont Naphtali.

La route panoramique longue de six kilomètres que vous parcourrez est l’oeuvre du KKL-JNF, au début du 21e siècle. La moitié environ de la forêt est faite de térébinthes, chênes et genêts espagnols d’un jaune flamboyant. Mais les beaux pins parasols, ces arbres en forme de goutte aux sommités touffues et aux longs troncs, ont été plantés par le KKL-JNF.
Le long de la route se trouve le belvédère dédié à la mémoire du premier sergent Liran Saadia. Né à Kiryat Shmona, officier de liaison dans l’unité de reconnaissance Egoz de Tsahal, il est tombé au combat pendant la deuxième guerre du Liban, en juillet 2006. Profitez de la vue de la ville où Saadia est né et a grandi, et suivez le chemin menant au belvédère pittoresque pour admirer quelques uns de ses merveilleux croquis.
Kiryat Shmona a beaucoup souffert des roquettes Katioucha pendant la deuxième guerre du Liban (été 2006). Regardez au sol pour retrouver le pin qui a été touché et la roquette, toujours fichée dans le sol.
Le belvédère de Tel Azekah
Voilà un point de vue qui n’a pas encore d’audio-guide et qui se trouve à Tel Azekah, près de l’endroit où David a affronté Goliath (1 Samuel 17: 1). Les visiteurs n’y trouveront ni panneau ni chemin comparable à ceux que l’on trouve dans la plupart des parcs naturels. Et ce, parce que les fouilles n’ont commencé qu’en 2012, bien plus tard que sur d’autres sites archéologiques en Israël.
Selon Oded Lipschits, professeur d’histoire biblique et d’archéologie à l’Université de Tel Aviv, ce retard est dû à ce qu’il appelle la légende de Tel Azeka.

Au tout début de sa carrière d’archéologue, explique Lipschits, on disait aux étudiants que fouiller ce tel était une perte de temps. Il semble qu’à la toute fin du 19e siècle, deux archéologues anglais ont été autorisés par les Turcs au pouvoir à fouiller quatre tels dans les basses terres d’Israël.
Leur premier chantier a porté sur Tel Azekah, occupé depuis environ 3 000 avant notre ère par les Cananéens et plus tard par la Judée, détruit par l’armée assyrienne en 701 avant notre ère et plus tard par l’armée babylonienne, en 586 avant notre ère.
A l’évidence, les méthodes modernes de fouille n’avaient pas encore été inventées et les deux archéologues ignoraient les techniques permettant de déterminer les niveaux de population, de dater les poteries et de tirer toutes sortes de conclusions sur l’histoire du lieu. Ils ont creusé des tunnels très profonds sur le tel et tout autour de son acropole, avant de partir fouiller ailleurs.

Lipschits dirige les fouilles actuelles, qui ont lieu chaque été depuis 12 ans. Avant même le début des fouilles, le KKL-JNF avait planté des arbres sur les pentes du tel, aménagé un terrain de pique-nique et construit un belvédère au sommet du tel (accessible depuis un escalier en pierre). Dans la mesure où Tel Azekah est situé au-dessus du niveau de la mer, dans les basses terres de Judée, la vue depuis le belvédère est magnifique, ouverte à tous les vents (même si les arbres bouchent grandement la vue en direction de la mer Méditerranée).
Les visiteurs les plus aventureux peuvent se promener dans les sept zones de fouilles du Tel, où une multitude de découvertes les attendent comme les grottes de la révolte de Bar Kochba (132-135), qui ont servi de cachettes, ou ces objets du début de l’âge du bronze (3ème millénaire avant notre ère). Préparez votre visite pour le printemps, lorsque le tel sera recouvert de fleurs sauvages.
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Cet article est en partie tiré du livre d’Aviva Bar-Am, « Israel’s Northern Landscapes: Guide to the Golan Heights, Eastern Galilee and Lake Kinneret ». Un grand merci à Masbiran Koli – Marla Van Meter et Avi Zeira – pour nous avoir permis d’utiliser des ressources de leurs audio-guides.