Israël en guerre - Jour 424

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  • Une ouvrière du projet pilote de volaille de l’Association Abayudaya, près de Mbale (Ouganda), le 13 juillet 2023. (Crédit : Sharon Amali)
    Une ouvrière du projet pilote de volaille de l’Association Abayudaya, près de Mbale (Ouganda), le 13 juillet 2023. (Crédit : Sharon Amali)
  • La synagogue Namanyonyi Abayudaya près de Mbale (Ouganda), le 13 juillet 2023. (Crédit : Sharon Amali)
    La synagogue Namanyonyi Abayudaya près de Mbale (Ouganda), le 13 juillet 2023. (Crédit : Sharon Amali)
  • Une Abayudaya élue chef communal du village de Namanyonyi dans sa synagogue près de Mbale, en Ouganda, le 13 juillet 2023. Mère de jumeaux, elle porte le titre honorifique de « nalongo ». (Crédit : Amanda Borschel-Dan / Times of Israel)
    Une Abayudaya élue chef communal du village de Namanyonyi dans sa synagogue près de Mbale, en Ouganda, le 13 juillet 2023. Mère de jumeaux, elle porte le titre honorifique de « nalongo ». (Crédit : Amanda Borschel-Dan / Times of Israel)
  • Des membres de l'Association Abayudaya à la synagogue Namanyonyi près de Mbale (Ouganda), le 13 juillet 2023. (Crédit : Amanda Borschel-Dan / Times of Israel)
    Des membres de l'Association Abayudaya à la synagogue Namanyonyi près de Mbale (Ouganda), le 13 juillet 2023. (Crédit : Amanda Borschel-Dan / Times of Israel)
  • Des membres de la communauté juive Lemba du Zimbabwe lors d’une prière. (Autorisation)
    Des membres de la communauté juive Lemba du Zimbabwe lors d’une prière. (Autorisation)

Comment l’agriculture basée sur la data peut sauver les Juifs d’Afrique de la famine

Survivant grâce à l’aide alimentaire et aux donateurs, les communautés juives de 10 pays d’Afrique se réunissent pour partager les meilleures pratiques agricoles

Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »

MBALE, Ouganda — Une expérience peu commune d’agriculture basée sur la data a été lancée dans la communauté juive d’Abayudaya, en zone rurale de l’Ouganda : une ferme avicole pilote. À partir du moment où les poussins arrivent, alors âgés d’un jour, jusqu’à leur vente, au jour 36, presque tous leurs mouvements et leur nourriture sont cartographiés sur une feuille de calcul soigneusement remplie.

L’effet et le bruit que fait un millier de poulets dans une pièce de la taille d’une chambre à coucher moyenne sont impressionnants. Fondée en 2021, l’AMC Pilot Broiler Farm est maintenant en passe de se développer, s’agrandissant de plus de 20 fois en comparaison à la taille que faisait le tout premier terrain acheté par la communauté juive, alors d’environ 6 hectares.

Le Times of Israel a récemment été invité en Ouganda pour assister aux prochaines étapes de ce projet avicole – qui, avec une marge bénéficiaire de 15 à 20 % pour chaque lot de poussins, est un succès sans réserve – et rencontrer Sam Muwalani et Allan Zilaba, les deux entrepreneurs déterminés à ce que leurs communautés Abayudaya puissent se passer des programmes de charité.

« Inspirés par les valeurs juives, nous donnons aux personnes en situation de pauvreté les moyens d’être plus indépendantes et autonomes », ont écrit les deux hommes dans un prospectus au sujet de la vision qu’ils ont de leur projet agricole. En conséquence, déclarent-ils, leur organisation, le Abayudaya Men’s Club, s’engage dans ce qu’ils décrivent comme des « activités économiques stratégiques ».

Selon un récent indice de pauvreté mondial des Nations unies, 534 millions des 1,1 milliard de personnes dans le monde qui vivent dans la « pauvreté multidimensionnelle aiguë » sont originaires d’Afrique subsaharienne. Les minuscules communautés juives de la région qui parsèment 10 des pays de la région ne sont ainsi pas à l’abri.

En Afrique, chaque communauté juive a sa propre histoire et chacune fait face à des problèmes singuliers dans son pays d’origine. Mais le fil qui unit les 10 pays membres de l’Alliance juive d’Afrique subsaharienne (SAJA) est l’insécurité alimentaire.

Sam Muwalani (à gauche) est le directeur financier et Allan Zilaba (à droite) est le président de l’Association du club des hommes d’Abayudaya, qui dirige l’AMC Farm, près de Mbale (Ouganda), le 13 juillet 2023. (Crédit : Sharon Amali)

« Chaque communauté est unique en soi. Nous sommes confrontés à différents problèmes, certaines des persécutions, certaines manquent de ressources pour apprendre. Nous voulions donc partager nos expériences avec l’idée de nous rassembler, de nous entraider et de développer des communautés juives africaines plus fortes », a expliqué Modreck Maeresra de la communauté juive du Zimbabwe lors d’un récent appel Zoom.

« Mais nous avons plus tard remarqué que l’autre problème en ce qui concerne l’Afrique subsaharienne sont les pénuries alimentaires », a déclaré Maeresra.

Et c’est alors qu’un philanthrope juif de Boston nommé Mark Gelfand est arrivé.

« Connecter l’idée d’aider les communautés juives à devenir autonomes et connectées les unes aux autres est vraiment important pour moi », a déclaré Gelfand au Times of Israel lors d’un appel Zoom en juin. Gelfand, ancien physicien et entrepreneur en série, avait déjà acquis de l’expérience dans des initiatives agricoles en Éthiopie.

Puis, pendant l’épidémie de COVID, des membres de la communauté ont perdu leur emploi et ont été confrontés à la faim, jusqu’à être affamés. Les besoins des Juifs africains déjà défavorisés ont alors considérablement augmenté.

Gelfand a conseillé à la SAJA de commencer par des initiatives de sécurité alimentaire : « Commencez par la nourriture. Faites en sorte que personne n’ait faim. Commencez ainsi. Et puis, d’accord, nous mettrons une mezouza sur la ferme. Nous allons grandir à partir de ça », a-t-il déclaré.

Parmi les 10 pays de la SAJA – Zimbabwe, Ouganda, Cameroun, Nigéria, Éthiopie, Gabon, Côte d’Ivoire, Tanzanie, Kenya et Madagascar – quatre ont commencé à mettre en œuvre des projets agricoles. La communauté en Ouganda est en phase 2 en aviculture, au Zimbabwe, ils ont augmenté la taille des cultures de 8 000 mètres carrés à 10 hectares, et au Nigeria et au Cameroun, ils en sont à un « niveau de mise en œuvre », a déclaré Maeresra.

La construction de la ferme AMC, près de Mbale (Ouganda), le 13 juillet 2023. (Crédit : Sharon Amali)

En Ouganda, d’immenses poulaillers sont en construction, avec une production en vue à partir de cet hiver. Lorsque l’auteure de ses lignes s’est rendue sur les lieux, l’entrepôt était en grande partie achevé et les toitures de quatre immenses poulaillers étaient installées. Un bâtiment administratif, qui abritera également un centre scientifique STEMpower, était déjà là, imposant, bien qu’encore inachevé.

Même avec seulement 1 000 poussins par lot, le projet pilote de volaille a déjà changé la donne en termes d’alimentation de la communauté, puisqu’environ 10 % de chaque lot est donné vivant aux nécessiteux de la communauté.

Une visite des terres arables de la ferme AMC présente une multitude de possibilités agricoles. Aujourd’hui, l’organisation consolide encore plusieurs parcelles privées pour créer une grande ferme commercialement viable. Au cours de notre visite, nous avons vu des villageois locaux laver leurs vêtements dans le ruisseau voisin, nous avons vu de petites huttes avec des cultures semi-permanentes. Selon Zilaba, l’AMC est également en pourparlers pour acheter ces parcelles, ce que souhaitent les propriétaires actuels.

En plus d’une journée de plantation du terrain, l’initiative comprend un service de labourage par tracteur AMC, des installations de stockage à sec et la location d’équipement de construction.

Historiquement, la majorité des Abayudaya sont des agriculteurs, cultivant des ignames, des arachides, du manioc et autres. Cependant, c’est là la première fois que la data oriente leurs méthodologies et leurs décisions. Dans un pays où les familles fabriquent encore leur propre charbon de bois en utilisant des techniques vieilles de plusieurs milliers d’années, le « renouveau » peut être un peu déconcertant.

Une ouvrière du projet pilote de volaille géré par l’Association du club des hommes d’Abayudaya, près de Mbale (Ouganda), le 13 juillet 2023. (Crédit : Sharon Amali)

Cependant, cette collecte de données modernes et cette mentalité hi-tech porte déjà ses fruits dans une autre communauté juive.

Au Zimbabwe, a déclaré Maeresra, grâce à une bonne composition du sol et à une irrigation intelligente, la terre peut produire annuellement 20 tonnes de pommes de terre, qui peuvent nourrir 300 personnes pendant 3 mois, et 20 tonnes de maïs, qui peuvent nourrir 300 personnes pendant 6 mois, ainsi que 20 tonnes de sorgho et de millet qu’ils peuvent utiliser pour faire de la nourriture pour poulets. Cependant, il a fallu des années à la ferme pour arriver à ce stade de production.

C’est pourquoi l’objectif primordial de Gelfand de rassembler les communautés africaines disparates est si essentiel au succès des différentes communautés.

« Ce que nous prévoyions avec Mark était avant tout de rassembler ces communautés où les projets se déroulent. Et l’une des choses dont nous pouvons bénéficier est le partage de compétences, le partage d’expériences », a déclaré Maeresra.

Modreck Maeresra (quatrième à partir de la gauche) et des membres de la communauté juive Lemba du Zimbabwe. (Autorisation)

Des communautés uniques avec des défis uniques

La communauté juive ougandaise Abayudaya a été fondée en 1919 par un ancien chef militaire qui, élevé païen, s’est d’abord converti au christianisme puis, en lisant la Bible, a décidé d’adopter le judaïsme. Semei Kakungulu a appelé ses troupes, nouvellement circoncises, « Abayudaya », le mot luganda pour « peuple de Juda ».

Les Abayudaya ont vécu dans un isolement relatif pendant des décennies et ont observé leur judaïsme local, priant en luganda. Finalement, ils ont été exposés au judaïsme rabbinique et ont entamé une série de conversions officielles, en grande partie sous la direction de rabbins conservateurs des États-Unis. Leur statut juif n’est pas accepté par le grand rabbinat israélien et les efforts de quelques membres pour immigrer en Terre sainte ont été vains.

Ce n’est pas la première fois que la communauté fait face à une adversité politique.

Selon Muwalani et Zilaba, « dans les années 1970, [l’ancien dictateur] Idi Amin a interdit les rituels juifs et détruit des synagogues, forçant certains Abayudaya à se convertir au christianisme ou à l’islam. Un groupe central d’environ 300 membres, cependant, est resté attaché au judaïsme, priant en secret. Les Abayudaya sont depuis passés à 3 000 individus. Nous sommes répartis dans l’est de l’Ouganda, vivant parmi nos voisins non juifs ».

Des membres de l’Association Abayudaya à la synagogue Namanyonyi près de Mbale (Ouganda), le 13 juillet 2023. (Crédit : Amanda Borschel-Dan / Times of Israel)

Lors de la visite de deux synagogues dans les villages de Muwalani et de Zilaba près de Mbale, il a été évident que la plupart des habitants vivaient côte à côte – chrétiens, musulmans et juifs.

« Je connais tout le monde dans mon village, même celui qui est né aujourd’hui », a plaisanté Muwalani, qui vit à Namanyonyi, à deux pas de la synagogue. Comptable de profession, il est le directeur financier du projet. Né dans une famille descendante du groupe central d’origine, Muwalani a été officiellement converti avec ses parents et ses frères et sœurs lors d’un processus de conversion en 2001.

Le grand-père de Zilaba faisait partie des disciples du fondateur Kakungulu, mais il a été élevé dans un foyer chrétien. Il a retrouvé ses racines juives grâce à l’influence de ses oncles juifs et a choisi de se convertir au judaïsme en 2005, devenant finalement le chef spirituel de sa synagogue locale. Diplômé en administration publique et gestion, le président de l’initiative agricole fait preuve d’une autorité tranquille.

Le duo compte utiliser les recettes de l’initiative agricole pour assurer la sécurité alimentaire de leur population ainsi que pour aider à financer l’éducation de la prochaine génération. Muwalani, dont la femme est médecin, rêve d’un centre médical.

Le chef spirituel de la synagogue Namanyonyi, Eria Muyamba (à gauche), est le directeur des opérations de l’Association du club des hommes d’Abayudaya, le 13 juillet 2023. (Crédit : Sharon Amali)

« En tant que groupe minoritaire, confronté à un faible nombre de personnes instruites, à de graves problèmes de santé et à l’incertitude entourant la reconnaissance de notre communauté par l’État d’Israël, la communauté Abayudaya fait face à un risque sur sa longévité », affirment les deux hommes.

« Nous cherchons à devenir moins isolés et à avoir plus d’interactions avec le monde judaïque extérieur », ajoutent-ils.

L’organisation faîtière SAJA constitue une étape vers une réduction de cet isolement.

Modreck Maeresra de la communauté juive Lemba du Zimbabwe fabrique du haroset pour Pessah. (Autorisation)

La communauté juive du Zimbabwe a des racines tout aussi inhabituelles.

Maeresra, qui est également président de la synagogue Harare Lemba, a déclaré au Times of Israel que sa communauté était composée de descendants d’une tribu de personnes qui, selon leurs traditions orales, sont historiquement juives. « Nous sommes venus du Yémen vers 730 de notre ère, puis nous avons traversé l’Afrique et nous y sommes restés jusqu’à maintenant. Nous avons une culture composée significativement de traditions qui sont reconnaissables comme juives, et nous nous sommes toujours identifiés comme Juifs », a-t-il déclaré.

Lorsqu’on lui a demandé si toutes les différentes communautés juives africaines respectaient les histoires d’origine de l’autre, Maeresra a ri et déclaré : « Je mentirais si je dis que tout va bien et que tout le monde accepte l’histoire de l’autre… alors même si nous pouvons avoir certains qui questionnent les ‘Juifs par choix’ de d’autres communautés africaines, nous apprenons l’acceptation », a-t-il déclaré.

« Ce sont les défis sur lesquels nous travaillons. Lorsque des personnes d’horizons différents sont réunies, il y a généralement des frictions au début, mais les limites ont tendance à s’estomper à mesure que les gens s’habituent à travailler ensemble. Et nous remarquons cela. Lorsque nous avons commencé à tenir des réunions du conseil d’administration de la SAJA, les frictions et les tensions se faisaient ressentir. Mais lentement, les choses sont devenues de plus en plus fluides », a-t-il déclaré.

Des maisons et boutiques bordent une route reliant Mbale à Kampala (Ouganda), le 14 juillet 2023. (Crédit : Amanda Borschel-Dan/Times of Israel)

Ce qui unit vraiment toutes les communautés SAJA, a-t-il dit, est le désir de mettre fin à la faim de leur peuple, de s’éloigner du cycle de la charité et de vivre une vie épanouie et digne.

« Nous avons réalisé qu’avec le changement climatique, les sécheresses et les pénuries alimentaires devenaient pérennes, ce qui a créé une dépendance pérenne envers les donateurs », a déclaré Maeresra. En raison de l’aide continue, les membres de la communauté ont cessé de travailler dans leurs champs et ont perdu leur éthique de travail, a-t-il ajouté.

« Maintenant, nous nous réveillons, nous produisons », a-t-il déclaré. « Quand c’est Shabbat, vous l’accueillez car cela vous donne une chance de vous reposer. Lorsque vous vous reposez tout au long de la semaine, cela enlève le sens du Shabbat. »

« Donc, la plus grande chose que nous devrions retirer de ces projets, c’est la capacité de travailler pour nous-mêmes, de produire pour nous-mêmes, et cela apporte de la dignité », a-t-il déclaré.

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